Frères et sœurs sont aussi proches que mains et pieds. {ft. Noah}

Journée tranquille, journée avec rien à faire, journée où je n’allais pas chercher à faire quoi que ce soit. Rester dans ma chambre, allongé sur mon lit et dessiner, écouteurs aux oreilles et aucun problème dans la tête. Ç’avait quelque chose de thérapeutique, réconfortant. Je ne demandais pas plus, je ne voulais pas plus. Ne dérangeant pas qui que ce soit, j’étais donc en train de dessiner. Quoi ? Je ne saurais pas le dire exactement. Ça viendrait avec l’inspiration. De toute façon, j’étais de ces personnes qui étaient d’avis que leur dessin n’était jamais tout à fait terminé. Évidemment, je les lâchais à un certain point, mais ça pouvait être plutôt long, et ce ne serait pas pour tout de suite, parce que je ne voulais pas, parce que j’avais encore à faire. Ce fut dans cette ambiance que je fus brusquement interrompu. Par quoi ? Une petite soeur qui débarquait en trombe dans la chambre, d’une façon si vive et si inattendue que malgré la musique dans mes écouteurs qui bloquait majoritairement le son extérieur, je sursautai, vivement. J’étais persuadé que j’avais fait un bond d’au moins un mètre sur mon matelas et que j’allais trembler un moment. Mais le pire, ce fut que j’avais fait un énorme trait qui n’était pas le bienvenu sur ma feuille. Quand je compris qu’il n’y avait pas une urgence, je retirai mon casque, regardant ma soeur, ne me gênant pas pour lui dire:  « Mais qu’est-ce que… » Enfin, je ne terminai jamais mon propos, Summer commençant à déblatérer avec trop d’enthousiasme pour que je sois réellement fâché contre elle. Même qu’en fait, j’étais particulièrement intéressé par rapport à ce qu’elle disait. En effet, nous avions parlé, surtout à la légère, de prendre un logement ensemble. De mon côté, je voulais désespérément un appartement, mais j’en étais venu rapidement à la triste conclusion que je ne pourrais pas le faire seul, pas même le studio le plus dégoûtant qui soit. Enthousiaste, Summer avait été plus rigoureuse à la recherche que moi. Et là, apparemment, elle avait trouvé le truc de rêves, me faisant même sourire de façon un peu narquoise à la fin de son propos. Elle me connaissait bien et elle ne jouait pas les innocentes aveugles, c’était bien. Par contre, je perdis quelque peu de cette joie qui était contagieuse chez elle quand je regardai l’annonce. En effet, aux premiers abords, tout semblait parfait, mais quand j’arrivai à la partie qui me décourageait toujours, je fronçai les sourcils. Me retrouvant à le faire pile au moment où ma soeur me posait une question, je n’eus pas d’autre choix que de la regarder, lui disant:  « Je ne vois pas pourquoi elles diraient non… » Bon d’accord, si ce n’était que du fait que je n’étais pas le plus adulte et responsable de tous, mais Summer l’était, et elle restait ma petite soeur, je ferais toujours tout pour la protéger, c’était sûr et certain. Soupirant, je ne pouvais toutefois pas faire comme si on pouvait rêver de cet appartement, me retrouvant donc obligé de dire:  « Mais… Sum’… J’ai pas les moyens pour un appartement comme ça… » Je me détestais de dire ça. À ce stade, je pensais vraiment que je pourrais subvenir à mes besoins, et aux siens indirectement, en vivant de mes dessins, mais ce n’était pas du tout le cas, et ça me dégoûtait, probablement plus que jamais en ce moment.

Même si je savais que je ne pouvais pas répondre positivement à son idée d’appartement de rêve, même si je savais que j’avais raison par rapport à tout cela, parce que je connaissais mes moyens, parce que je savais désespérément ce que je ne pouvais pas m’offrir, il n’en demeura pas moins que voir l’air triste de Summer me brisa le coeur. J’avais beau ne pas être le plus serviable et le plus loyal du monde au quotidien quand je n’en tirais aucun intérêt, mais avec Summer, c’était différent. Summer, c’était ma petite soeur, ma petite protégée, et j’avais cette envie terrible de la protéger et de lui offrir tout ce qu’elle voulait. Du coup, quand elle était triste, je n’aimais pas ça, et c’était pire compte tenu du fait que c’était moi qui la rendait triste à cet instant précis. Pinçant les lèvres, je ne sus pas quoi lui dire, encore pire lorsqu’elle réitéra en disant qu’elle le trouvait magnifique. Il était magnifique, je n’allais pas le nier, il était parfait, sauf pour le prix du loyer, qui semblait impossible à atteindre, même en colocation. Et hors de question de demander de l’aide financière à qui que ce soit. Je n’avais plus envie d’être dépendant de quelconque façon. J’espérais juste que Summer ne m’en voudrait pas trop. Heureusement pour moi, bien rapidement, elle me montra une autre annonce. Avait-elle prévu le coup et avait tenté de me le montrer malgré tout ? Je ne saurais pas le dire, je n’avais pas tant envie de lui demander, préférant concentrer mon attention sur cette nouvelle suggestion qu’elle me fit. Fronçant les sourcils, je ne détestai pas l’éventualité. Bon, cette personne qui demandait des colocataires était une parfaite inconnue, mais ce n’était pas le genre de chose qui m’effrayait vraiment. Et puis, nous, Dawson, serions en majorité. L’écoutant, ce serait une bonne alternative, le temps que je fasse plus d’argent, qu’on trouve un endroit un peu plus approprié, ou peut-être juste moi, à voir. Parce que je savais bien que je ferais des concessions, mais pas au point où elle me demanda. En effet, j’arquai un sourcil à ce qu’elle me dit, répondant:  « Si je veux prendre un appartement c’est pour faire ce que je veux hein. » Parce que bien sur je gardais une retenue ici et maintenant, mais je n’avais plus envie que ce soit le cas, et si j’acceptais que ce soit avec Summer, c’était parce que je lui faisais confiance et je savais qu’elle ne me jugerais pas. Mais bon… Je pourrais faire un effort aussi. Reprenant un semblant de sérieux, je dis:  « Non mais c’est vrai que ça pourrait être faisable. Il ne faudrait peut-être pas rencontrer cette personne avant tout ? On sait jamais, peut-être c’est une cannibale. » Bon, c’était mon imagination qui parlait surtout, et je plaisantais, même si là, tout de suite, je tentais de me la jouer pince-sans-rire. À voir comment elle allait réagir, mais j’espérais juste qu’au vu qu’elle me connaissait bien, elle allait comprendre que je sous entendais que nous pourrions tenter le coup, voir de quoi cette personne avait l’air et décider si c’était une bonne idée ou pas de prendre une colocation avec une inconnue.

Je savais que c’était complètement stupide de penser ainsi, que c’était des doubles standards un peu ridicules, mais imaginer Summer ramener quelqu’un comme je le faisais avec des femmes ne me rendait pas tout à fait confortable. Peut-être parce qu’elle était ma petite soeur, mon instinct protecteur prenait le dessus, je n’étais pas rassuré, mais malheureusement, je ne pouvais pas dire quoi que ce soit. Elle était adulte, elle pouvait faire ce qu’elle voulait. Par contre, je pensais, et j’allais lui dire si nécessaire, qu’il était hors de question qu’il y ait un de ses invités, nocturnes ou autres, la blesse de quelconque façon, sinon il aurait à faire à moi, c’était certain. Me concentrant plutôt sur la proposition de prendre une demeure avec une autre personne, une inconnue, je fis une supposition un peu inusitée, faisant réagir Summer, m’arrachant un sourire en coin. Heureusement que je savais qu’elle comprenait que je n’étais pas sérieux. Voilà d’ailleurs une des raisons pour lesquelles je ne me sentais pas embêté ou complexé à l’idée de faire colocation avec elle. Je savais que nous allions nous comprendre et bien nous entendre. À voir si une troisième personne serait capable de faire de même avec nous., serait capable au minimum d’accepter notre situation, parce que celle-ci, surtout du coté de Summer, elle n’était pas simple. D’ailleurs, elle ne tarda pas à me le rappeler avec des propos qui eurent pour effet de me briser le coeur. Mon air devint plus fermé, plus triste, et ne sachant pas quoi répondre, j’y allai pour le toucher, c’était plus simple. M’approchant, je passai mon bras autour de ses épaules et je la serrai un peu contre moi. Je me permis aussi de déposer un baiser sur sa joue, lui disant:  « Je sais, et ça arrivera. Et si un mec prend la fuite, c’est qu’il est stupide. » Cliché ? Oui, totalement. J’avais possiblement entendu ça dans un film précédemment, mais je me disais que c’était approprié dans la situation actuelle ou du moins, c’était le mieux que je pouvais faire.

Utilisée comment ? Tel un idiot, je me posai la question dans un premier temps, peu certain d’avoir compris. Puis, je commençai à penser que c’était de profiter d’elle, passer du bon temps, puis la laisser après dans sa situation qui était loin d’être enviable. Et là, ma réaction fut instantanée:  « Le premier qui te fait ça, il est mort. » Oui, c’était moi, le mec un peu lâche qui ne parvenait pas à se défendre physiquement contre qui que ce soit qui disait une chose pareille. Mais j’estimais que ce n’était pas ce que je disais qui importait en ce moment, mais plutôt l’intention derrière, le fait que je serais toujours là pour protéger ma petite soeur, qu’importe la situation. Comment ? Bon, il était vrai que je ne saurais pas vraiment le dire. Je n’étais pas rendu là et pour être franc, j’osais espérer que personne n’aurait l’indécence de faire quoi que ce soit de mal à ma petite soeur. Puis, elle enchaina avec une question, un peu personnelle, qui me fit soupirer. Pas que je n’avais pas envie de lui répondre, ce n’était pas le cas. Mais pour tout dire, je ne savais pas vraiment ce que je pouvais lui raconter. Haussant les épaules, je répondis:  « Rien de spécial en fait. » Ma vie tournait en rond et j’en avais assez. Comme pour le prouver, à elle comme à moi-même, j’ajoutai:  « Je crois que bouger et vivre ailleurs ne me fera pas de mal. » Je conclus avec un petit sourire un peu timide, me sentant un peu coupable de ne pas parvenir à dire quoi que ce soit de plus d’intéressant, mais que dire ? Ce n’était pas comme si le boulot était bien productif et niveau vie amoureuse, il n’y avait pas tant à raconter. Bon, il y avait toujours Elisa, mais ne sachant pas trop où on en était, je ne pensais pas que ça valait le coup de le relever pour le moment.

Il fallait que je me bouge, une bonne fois pour toutes. Je savais que je n'avais pas choisi une voie facile, que travailler à mon compte n'était pas aussi stable qu’un emploi dans une entreprise ou quelque chose comme ça. Mais jusqu’à aujourd'hui, cela ne concernait que moi. Sauf que là, à cet instant précis, je réalisai qu’il fallait que ça cesse pas que pour mon bien, mais pour celui des autres aussi, en particulier celui de ma petite soeur qui, soudainement, parlait de se trouver un emploi, un bon emploi, pour se payer un appartement pour lequel nous n'avions pas les moyens en ce moment. Baissant la tête, je me sentais honteux, honteux de ne pas avoir su lui dire oui. Soupirant, je dis:  « C'est possible, mais tu n'as pas à le faire si tu ne veux pas. » Ou si tu n'as pas la forme ou quoi que ce soit du genre. Cette dernière partie, je ne la dis pas toutefois, de crainte de l’affecter, de crainte de la faire sentir faible alors qu'elle ne l’était pas. En effet, elle était plus forte que jamais je ne saurais l’être. Et là, je devais être fort, pour elle comme pour moi. Inspirant, je dis:  « Je... Je reprendrai mon boulot à l’université à l’automne. » Et comme ça, je pourrais assumer davantage. Pour tout dire je n’avais pas songé à le faire, j’avais envie de me détacher de tout ça, de vivre comme je le voulais vraiment, de vivre de ce que je faisais le mieux, mais si ça attendait un peu… Pour le bonheur de ma petite soeur, ce n'était pas la fin du monde, c'était pour la bonne cause, je me disais, j’espérais.