Encore le hasard...

J’avais de la chance d’être capable de combiner l’école à temps plein et le travail en début de soirée sans problème, et une des raisons pour lesquelles je parvenais à le faire, c’était parce que j’avais une fille qui était assez grande pour s’occuper d’elle-même jusqu’à ce que je rentre, capable de rentrer à l’appartement seule, que ce soit après le lycée ou suite à son cours de danse. Évidemment, il y avait de ces moments où j’aimais bien passer la prendre, pouvant parfois apercevoir ce qu’elle faisait dans son cours, ce qui ne faisait que me rendre encore plus fier d’elle. Aujourd’hui était un soir où j’allais me rendre pour aller la chercher. Non seulement parce que mon emploi du temps concordait parfaitement avec la fin de son cours, deuxièmement parce que plus tard le soir, comme ça, je me disais que c’était plus convenable de ne pas la laisser rentrer seule. Ce serait, après tout, complètement stupide, compte tenu du fait que je l’attendrais pour ce qui me paraissait être aucune raison valable. Ce que j’avais à faire pour le lendemain pouvait très bien attendre une demi-heure. Une fois que j’eus terminé le spectacle au bar de l’hôtel, plutôt que de rentrer directement, je pris mes affaires et je me rendis plutôt au studio de danse où Haley suivait ses cours. Au vu de l’heure, je ne pensais pas y voir quoi que ce soit, mais je n’allais pas en faire tout un cas, sachant très bien que c’était un cours particulier et que par conséquent, c’était peut-être un peu plus gênant. Pour cette raison aussi, je toquai à la porte avant d’entrer. La personne présente, son enseignante sûrement, prit pour acquis que j’étais celui qui venait chercher Haley, au vu de ce qu’elle dit. J’aurais pu avoir un sourire amusé, mais la voix qui s’était adressée à moi était beaucoup trop familière pour que je puisse le faire. Intrigué, je ne sus que dire, peu convaincu:  « D’accord… » Je fis quelques pas à l’intérieur du studio, au moment où la jeune femme se retourna, pour que je puisse finalement comprendre pourquoi la voix me disait quelque chose. Écarquillant les yeux, j’eus ensuite un rire nerveux à son propos, puisqu’elle avait fait exactement le même lien que moi, ce lien que nous n’avions pas fait cette fois que nous nous étions revus. Et pourtant, elle m’avait dit qu’elle était professeur de danse, pourquoi n’y avais-je pas pensé ? Toujours le sourire aux lèvres, je dis:  « C’est cette Haley là oui. » Et je l’assumais parfaitement, j’étais beaucoup trop fier pour faire autrement. Je ne m’éternisai pas non plus, réagissant plutôt à son second commentaire, ajoutant à ses propos:  « Il faut croire oui. » C’était dingue quand on y pensait à quel point le hasard pouvait jouer des tours en fait, et nous faire sentir idiot !  « Avoir su, je t’aurais demandé à quel école tu travaillais ! » Commentaire un brin stupide ? Oui, certainement, mais pour tout dire, la surprise était telle que je ne savais pas que dire. Essayant de me rattraper, je me calmai un peu, disant:  « Comment tu vas ? », m’en tenant à une base, quelque chose de simple, pour ne pas m’empêtrer dès les premières phrases.

Ce fut avec un sourire plein de fierté qui était apparu sans que je ne le commande que j’accusai réception du commentaire de Trixie comme quoi Haley avançait bien dans ses cours. Après, je ne pouvais pas dire que cela m’étonnait vraiment, compte tenu du fait que je connaissais sa passion pour la danse et même si je n’en avais pas vu autant que je l’aurais souhaité, il n’en demeurait pas moins que j’avais assisté à certains de ses spectacles - quoique bien souvent en retrait au fond de la salle, pour que personne ne remarque ma présence - je savais qu’elle avait du talent, et je ne pensais pas l’affirmer que parce qu’elle était ma fille. Mais talentueuse ou pas, je serais fier d’elle, en toutes circonstances. Après, je pensais être capable de doser mes interventions. Par exemple, je ne m’attardai pas éternellement pour le moment, reprenant mon sérieux, parlant du terrible hasard qui était en train de nous frapper, Trixie et moi. Bien qu’il y ait eu des manquements chacun de notre côté, d’initiative pour s’informer davantage, je ne vis pas de raison de faire de drame, d’autant plus qu’il n’y avait pas si longtemps, Trixie n’aurait pas pu avoir quelconque information pertinente à partir du nom de famille d’Haley, celle-ci ayant décidé de le changer pour le mien que récemment. Passant outre l’information, ne voulant pas m’engager dans une discussion qui pourrait être bien complexe, je préférais prendre des nouvelles de sa personne, voyant la question m’être retournée. À celle-ci, je répondis:  « Ça va, je tiens le coup. » Il était clair que je n’étais pas un premier de classe, je ne l’avais jamais été et ce n’était pas là que ça changerait. Mais tant que je me maintenais dans la moyenne pour avoir mon diplôme, ça me convenait.  « J'ai de la chance de travailler qu’en fin d’après-midi. » Bien sûr je ne faisais pas le métier le plus payant du monde mais pour l’instant, il pouvait payer les factures et c’était tout ce que je demandais. Et puis, pour aller en cours pendant le jour, travailler et être avec Haley le soir, c’était l’idéal. Autrement, il était évident que je n’aurais pas pu tout combiner. Bon, il n’avait pas que ça, et je crus bon de le préciser, ajoutant, bien que ce soit un peu plus à la blague:  « Et puis Haley est assez grande pour se gérer toute seule. Elle me file même un coup de main parfois. » Un petit rire discret vint conclure mon propos, même si c’était la vérité. Elle ne pouvait pas m’aider pour tout, mais quand c’était les mêmes notions, nous faisions du travail d’équipe plus qu’autre chose, et je n’avais aucune honte à l’admettre.