Retour à la vie normale ~ ft Levi

Passer une soirée chez un ami, ne pas se casser la tête pour planifier quelque chose d’énorme, simplement passer du bon temps, c’était quelque chose que je n’avais pas fait depuis longtemps. Plus encore, j’avais tendance à dire que c’était quelque chose que j’avais fait que trop peu souvent, ou plutôt que lorsque cela arrivait, le tout se terminait en débauche dont je me souvenais que de certaines bribes au bout du compte. De ce fait, pour moi, tout faire cela dans la sobriété, c’était quelque chose de nouveau, quelque chose qui ne me ressemblait pas, mais que je n’avais pas su refuser au moment où Sloane, une personne que je connaissais depuis un moment et avec qui j’avais partagé des moments plus qu’intimes, même si j’avais toujours eu besoin de ma dose pour m’encourager à aller plus loin, comme j’avais besoin de ma dose pour tout ce que je pouvais faire au quotidien. Mais là, apparemment, elle avait prévu quelque chose de tranquille, un repas, et peut-être un film, je ne savais pas trop, j’étais loin d’être un expert pour cela. Malgré tout, je m’étais rendu chez elle, puis j’avais frappé à la porte. Quelques instants après, j’avais eu droit à une réponse, puis même à une accolade que je ne sus repousser. Bien que je vivais mieux avec mon passé et avec la personne que j’étais devenu, il n’en demeurait pas moins que parfois, les contacts humains me rendaient un peu tendu. Mais puisque j’étais déjà conscient que Sloane ne serait pas du genre à me faire de mal, je lui rendis son étreinte, bien que je le fis maladroitement, puis, à sa suggestion, j’entrai dans la demeure en lui répondant:  « Ça va, et toi ? » Volontairement, je ne lui dis pas que je me sentais encore quelque peu paumé au quotidien, me disant que cela ne servait à rien de le faire. À la place, j’accusai réception de sa question suivante, répondant à celle-ci:  « Merci… De l’eau, ça fera l’affaire. » Peut-être était-ce stupide de demander cela, mais je ne savais pas précisément ce qu’elle pouvait avoir dans son frigo et plus encore, je n’avais pas encore totalement fait la transition sur les choix de boissons, puisque précédemment, je demandais bien souvent quelque chose contenant de l’alcool, ce que je ne ferais plus désormais, pour mon bien, et cela me convenait comme ça, même si cela donnait place à des moments maladroits comme celui-ci. Et visiblement, je n’étais pas au bout de mes peines de ce côté, puisqu’encore une fois, je me retrouvai dans cette situation où me couper du monde ne m’avait pas tant réussi. Mais cette fois-ci, je pris la chose avec un petit rire, avant de dire:  « Tu sais, ça fait tellement longtemps que je n’ai pas regardé quoi que ce soit… » Enfin, il y avait toujours Haley qui adorait regarder La Reine des Neiges, et je n’avais jamais pu lui refuser un visionnement, mais je me doutais bien que ce n’était pas ce genre de film que Sloane voudrait regarder, alors clairement, je n’allais pas le lui imposer cet unique choix qui me venait en tête, d’autant plus que de ce côté, je n’étais pas tant difficile. Cependant, je ne m’osai pas à lui proposer qu’elle choisisse le film, attendant de voir comment elle allait réagir.

Un petit sourire un peu timide apparut sur mes lèvres au moment où Sloane m’avoua être quelque peu fatiguée avec son rythme de vie plutôt rapide, chargé de partout. Ce sourire, il servait d’abord à lui montrer que j’avais accusé réception de l’information, mais aussi pour lui montrer que limite, j’étais vraiment gêné qu’elle ait pris la peine de m’inviter pour une petite soirée, alors qu’elle aurait très bien pu prendre ce temps pour elle-même. Je n’allait toutefois pas jusqu’à lui suggérer que je reprenne la route, mais cela me fit encore plus apprécier cette invitation et ces retrouvailles. Cependant, ce ne fut pas pour autant que je me permis de jouer les capricieux. Après tout, si nous pouvions garder ça simple, pour sûr, je n’allais pas m’en plaindre de quelconque façon. Par exemple, le verre d’eau que Sloane vint à me donner fut suffisant pour étancher ma soif, et la pizza serait parfaite pour le repas, qu’importe ce qui se trouvait dessus. Il en était de même pour le film choisi. Sachant que j’étais plus que mal placé pour en sélectionner un, je laissai le choix à mon amie, qui ne tarda pas à en venir à me proposer un style de film. Satisfait de ce qu’elle avait proposé, même si me connaissant, si peu désireux de m’imposer, j’aurais probablement acquiescé à quoi que ce soit. Donc là, ce fut sans trop d’hésitation que je lui dis:  « Ça me va ! », faisant par la suite l’effort de rajouter un petit sourire à mes propos, pour lui montrer que j’étais sincère, et que je ne faisais pas qu’acquiescer par principe. Ce fut qu’au moment où vint le temps de prendre un morceau de pizza que je fis un réel choix. Personnellement, si Sloane n’avait commandé qu’une saveur, cela ne m’aurait pas gêné, mais là, j’avais pas mal plus d’un choix, ce qui me fit encore plus apprécier tout ce qu’elle avait pu préparer. Déterminé à lui montrer que je n’étais pas complètement indifférent, je ne fis pas celui qui ne voulait pas choisir, optant tout seul, comme un grand, pour:  « Classique, s’il te plait. » La pizza au fromage, ce n’était pas ce que je préférais le plus, au vu de mon intolérance au lactose, et pour les fruits de mer… Peut-être j’allais céder plus tard, qui sait ? En vérité, je ne savais plus trop quelles étaient les limites de mon appétit, maintenant que j’étais sobre, que je pouvais manger ce que je voulais, et non pas juste de la nourriture de cantine qui laissait à désirer. Et là, je savais que j’avais faim, alors lorsque mon amie vint à ma rencontre avec mon morceau, rapidement, je lui dis, aussi chaleureusement que possible:  « Merci, c’est gentil. » et sans attendre plus longtemps, j’attaquai ma part. En revanche, cela ne m’empêcha pas d’écouter mon amie quand elle vint à commenter mon absence, mon isolement en raison de mon internement au centre de désintoxication. Touché par ses propos, j’avalai ma bouchée, puis je lui souris doucement avant de lui dire:  « Tu m’as manquée aussi. » Et comme si le fait qu’elle m’ait dit que cela pouvait paraître bizarre qu’elle dise une telle chose m’avait inspiré, que je me rendais compte que je n’avais peut-être pas le comportement le plus jovial qui soit, j’en vins à lui confier:  « Je t’avoue que ça me fait encore drôle d’être… libéré de la sorte. J’ai encore fort à faire pour m’habituer à tout cela, mais je suis content que ça n’ait rien changé à notre amitié. » Et ça, je le pensais vraiment. Si j’en étais venu à perdre sa considération, alors qu’elle faisait partie de mes rares amis, en raison de cette cure, pour sûr, je ne l’aurais pas nécessairement bien pris. Après, je ne disais pas que les choses seraient comme avant, jamais elles ne sauraient l’être, mais le fait que je puisse passer une soirée à regarder un film en sa compagnie, pour moi, c’était déjà beaucoup, et je lui en étais très reconnaissant.