Oh I wanna dance with somebody (Azraël)

Tu es un peu fatiguée Azraël, heureusement pour toi, tu as cette grande baignoire pour toi toute seule, dans cette immense chambre d'hôtel. Tu oses te demander combien de temps Oliver va mettre pour venir te rejoindre pour que tu te sentes moins seule, mais tout ce que tu sais c'est qu'il fait le voyage seulement aujourd'hui. C'est étrange pour toi de redormir toute seule après tout ce temps. Tu avais passé une semaine loin de chez toi, loin de ton appartement avec tes soeurs pour ne rester que chez lui. Vos matins étaient réglés comme sur du papier à musique, il partait au travail alors que tu te réveillais seulement et il te laissait toujours une tasse de café bouillante. Parfois, quand les nuits étaient blanches, vous partagiez une tasse de café et une cigarette mais tu dormais tellement bien avec lui que tu avais souvent du mal à sortir des draps blancs. Trop souvent. Mais tu aimais être dans son appartement, puis vous aviez trouvés une routine tout les deux, la plupart du temps, tu rentrais avant lui, il te passait ses clés et tu passais toujours pour aller chercher à manger au chinois en bas, ou même à l'italien. Parfois tu passais dans ce restaurant, ou quand ça te prenais, tu cuisinais. Alors briser cette routine dans ce grand hôtel t'avais un peu paru étrange la première nuit, tu t'étais même réveillé pour le chercher. La place était vide et froide. Alors tu lui avais envoyé un sms et ça allait mieux, tu avais pu trouver le sommeil. L'eau chaude te relaxe tellement, tu ne sais pas comment tu fais pour rester éveillée. Tout ce que tu sais, c'est que tu as Sophie qui doit arriver d'un instant à l'autre et qu'il faut encore que tu te prépares, c'est d'ailleurs pour cela que tu te presses, tu sors cette jolie robe de créateur que tu as trouvé l'autre soir, et les chaussures qui vont avec pour finir par les enfiler et te maquiller. Tu n'as jamais été vraiment maquillage, mais tu veux faire un effort ce soir, pour lui, pour vous. Tu ne sais pas ce que vous êtes, mais c'est certain que vous avez dépassé le stade du professionnalisme. Quand Sophie toque à ta porte, tu lisses ta robe et attrape ta veste, avant d'ouvrir la porte et son regard te tire une grimace « C'est trop ? Trop quoi ? Décolleté ? » Elle secoue la tête négativement, avant de t'offrir un sourire bienveillant « Bien évidemment que non, tu es parfaite. Il va beaucoup apprécier. » Et tu te sens rougir un peu, avant de vérifier que tu as la carte de ta chambre, ton téléphone et ton poudrier -au cas où- et vous vous mettez en route, rejointes toutes les deux par Paul qui te fait un compliment, qui,une fois de plus, te tire une rougeur au niveau des joues. Quand le taxi arrive, tu tritures tes mains pour te calmer, calmer les battements affolés de ton coeur. Tu aurais préféré être dans ta baignoire pour le coup. Sophie remarque bien ton malaise et doucement, elle t'intime de te calmer en posant une main bienveillante sur tes dux mains et tu soupires de soulagement. Fort heureusement pour toi, tu arrives à te calmer alors que vous arrivez à deux minutes du lieu où se déroulera le gala. Tu as le coeur qui bat trop vite, et tu te demandes s'il est déjà là. Evidemment qu'il l'est. Quand tu sors de la voiture, tu lisses ton manteau, ta robe et tu l'aperçois de loin. Vous avancez tout les trois et tu restes un peu en retrait alors que Paul et Sophie le salue. Paul se presse de rejoindre sa compagne d'un soir, tu remarques d'ailleurs, que ce n'est pas la junior qui semblait l'apprécier. Tu oses alors t'approcher et Sophie vous jette un regard malicieux avant de s'éclipser, rejointe par son mari. Doucement alors, tu t'approches de lui et tu déposes tes lèvres sur sa joue, profitant de ce court rapprochement pour humer son odeur qui te manquais tout de même un peu et tu murmures « Tu m'as manqué. » puis tu te recules un peu feint de regarder dans ton sac avant de le regarder, presque désespérée « Est-ce que vous auriez une cigarette ? » Tu as bien remarqué les gens autour de vous, et tu as fais semblant alors qu'un type venait de le saluer. Vous pouvez un peu vous débrider, mais il faut quand même que vous restiez sur vos gardes. Quand finalement, vous êtes tout seuls, tu allumes ta cigarette avant de tirer dessus, ailleurs. Tu le regardes et tu finis par lui sourire « Tu aimes ma robe ? Je te trouve très élégant. » Tu as l'impression d'être retombée en enfance Azraël et ça te fait du bien, le plus grand bien. Tu aimerais que tout se passe si bien ce soir, mais pourtant, vous allez devoir faire attention. C'est devenue une habitude maintenant, mais vous êtes loin du bureau alors peut-être que ce sera différent. Tu balances alors ton mégot consumé de moitié avant de plonger ton regard dans le sien pour finir enfin par prononcer « Tu m'escortes ? » Tu avais bien le droit de rêver ne serait-ce qu'un instant non ?

Tu es heureuse de le retrouver, même si vous n'êtes pas seuls, à croire que tu t'étais bien trop habituée à sa présence et que désormais, tu ne peux plus te passer de lui. Tu es heureuse en ce moment Azraël et rien ne pourrait changer cela, vous ne vous disputez pas et vos relations professionnelles sont au beau fixe. Tu es plutôt heureuse qu'il ait accepté de prendre le dossier concernant ton meilleur ami et tu ne t'en préoccupes pas. Quand vous vous retrouvez tout les deux, il est hors de question de parler du boulot, vous en avez déjà bien trop assez. Tu n'avais pas préparé ton coeur à battre aussi vite de le voir dans son costume trois pièces, il faut dire que tu as l'habitude au travail mais là, c'est différent, tu ne sais pas en quoi, mais c'est différent. Tu peux déceler de la surprise dans ses yeux quand tu l'embrasses sur la joue et ses mots te tirent un petit rictus en coin, amusée « Bientôt, on ne sera que tout les deux. » Tu joues certainement sur une mauvaise pente Azraël, mais tu as envie de le faire, tu as envie de t'amuser un peu ce soir histoire de pimenter cette soirée. Les galas ont toujours été pour toi, synonyme d'ennui mortel quand vous y alliez avec votre père, tes soeurs et toi, la plupart du temps, vous trouviez des défis plus stupides les uns que les autres à vous donner et c'était toujours plus amusant que de sourire et tendre des mains pour saluer les avocats de la haute. Tu haïssais les galas à un niveau qui t'était inimaginable, mais ce soir, c'est différent, ce soir c'est avec Oliver que tu es, et tu es persuadée que c'est beaucoup mieux qu'être avec ton père ou avec tes soeurs. Tu es soulagée que le monde ne reste pas vraiment autour de vous et tu ne t'attendais pas à cette main possessive sur ta hanche mais tu lui souris, tu te mords l'intérieur de la joue, discrètement et quand ses lèvres se posent sur ton cou, tu fermes les yeux un instant, le temps d'un millième de seconde, électrisée. Son murmure te tire un léger soupir et tu rouvres les yeux pour murmurer à ton tour « Si tu savais comme j'ai besoin de toi aussi.. » Vous jouez définitivement tout les deux à un jeu dangereux mais c'est ça qui est amusant. Tu saisis le bras qu'il te tend alors, un sourire dressé sur tes lèvres maquillées, ta main s'active doucement le long de son bras et au fur et à mesure que tu avances, ton regard balaye la salle à la recherche des issues de secours que tu ne trouves pas, tu serres alors un peu le tissu de sa veste et tu te sens soulagée de sentir son bras dans le bas de ton dos, même si ça te fait un peu bizarre. Tu te mordilles la lèvre, il faudra que tu te presses d'aller demander à quelqu'un où elles se trouvent sinon, tu risque de fuir cet endroit comme la peste. Le surnom qu'il t'offre te fait cligner des yeux et arborer une mine surprise, tu le regardes alors et tu murmures « Mon coeur...? Ca me plaît. Sais-tu a qui je dois demander pour les issues de secours ? Je n'ai pas envie de partir maintenant. » Et tu sais que tu le feras si tu ne les trouve pas. Quand vous vous éloignez, tu trouves que le moment avait duré trop lentement mais tu es obligée de retrouver Paul, Sophie et leur compagnon et compagne d'un soir. Tu restes assez loin d'Oliver et tu le regardes discrètement qu'il fixe Paul et une femme que tu ne connais pas. Tu retires alors ton manteau que tu laisses à un homme qui semble être de service, tu le remercies par la suite et tu regardes tes pieds quand Sophie te tire de ta rêverie, ton regard croise celui d'Oliver et tu baisses le regard en souriant en coin. Une fois de plus Sophie brise le silence et elle te murmure « Vous semblez être... heureux tout les deux. » Ca t'étonne qu'elle parle de tout cela maintenant alors que vous n'êtes pas seule. Tu réponds alors d'une voix pas plus élevée « Oui.. Je suis bien avec lui. J'aimerais que les moments qu'on a tout les deux durent toujours. » Elle te sourit et quand tu vois revenir Oliver, tu saisis la coupe de champagne qu'il te tend, vous trinquez alors tous ensemble et ton regard se perd dans le sien parce que tu es superstitieuse et ne pas regarder l'autre personne dans les yeux porte malheur. Apparemment. Et du malheur tu en as assez eu dans ta vie. Tu te ressaisis alors et tu bois une gorgée de champagne, avant de te racler la gorge « Si vous voulez bien m'excuser, je dois aller me renseigner sur ...
les sorties de secours. C'est bête à dire mais je suis rassurée de savoir où elles sont. » Tu fais alors comprendre à Oliver que tu veux qu'il t'accompagne, mais il ne semble pas comprendre, Sophie intervient alors « Oliver, pourquoi tu n'accompagnerais pas Azraël ? Après tout, tu connais mieux les lieux qu'elle. C'est son premier gala. »

S’il y avait bien une chose que tu ne regrettais pas c’est d’avoir postulé dans ce cabinet. Tu y as gagné beaucoup plus que tu n’as perdu et tu ne sais pas ce que serait ta vie s’il n’était pas là. Peut-être qu’elle serait triste, monotone. Mais la, tu es à un gala. La, tu es dans un lieu que tu n’as jamais fréquenté et tu sens bizarrement soulagée. Et tu sais que c’est grâce à lui. Parce qu’il te pousse un peu dans tes retranchements et il te permets d’être une plus jolie personne. Il te comprend peut-être mieux que tu ne te comprends toi même et tu ne sais même pas comment cela est possible en si peu de temps. Les nuits blanches passées à vous découvrir l’un, l’autre ont certainement été très bénéfique. Plus que ce que tu n’imagines en tout cas. Tu es apaisée en sa présence et tu ne peux que le remercier, toi qui est une boule de stress ambulant quand tu ne connais pas le lieu. Mais la, c’est étrange, tu es bien. Puis tu es avec des personnes que tu apprécies, malgré le fait que tu as un peu de mal avec Paul. Mais au moins tu es avec Oliver c’est ce qui compte. Le problème que tu as Azrael c’est que tu ne te contentes pas du bonheur, le stress reprend le dessus. Toujours. Tes phobies et tes tocs reprennent toujours le dessus à un moment de la soirée. Et tu te détestes pour cela, mais tu ne peux t’empêcher de parler de ses foutues sorties de secours. Tu vois en celles-ci une occasion de passer ne serait-ce qu’une minute loin de tout le monde avec ton compagnon. Et quand sa main se pose sur le bas de ton dos, tu souris et ses lèvres contre ton cou te font te mordre la joue. Parce qu’il sait comment te faire craquer et tu pourrais fondre sur place. «  Arrête de me rendre folle. » Et tu le penses, cependant tu te racles la gorge quand il se met à te parler sérieusement des issues de secours, tu soupires de soulagement et tu fermes les yeux au contact de sa bouche contre ta joue. « merci mon amour... » Tu ne t’attendais pas à ce qu’il sorte celui à mais pourtant c’est le cas, tu te sens rougir et tu reprends une contenance quand vous vous dirigez jusqu’au bar. « oui ça va aller. Parce que tu es la. Parce qu’on est ensemble. » Tu pourrais affirmer que c’est le cas mais pourtant quand les cauchemars sont la, il est la aussi. Mais c’est un autre cas de figure. Tu es vulnérable quand tu dors alors que la, tu as ta pleine conscience. Tu peux contrôler ton esprit un peu trop farceur. Tu ne comprends pas pourquoi il se redresse ainsi et tu le regardes un peu étonnée. Puis tu comprends et tout s’active. Tes pensées dansent, te torturent. Non. Pourquoi. Tu fermes les yeux quand il continue. Tu ne veux pas être confrontée à ça toute seule mais pourtant tu vas devoir. Tu attrapes sa main le temps d’une seconde et tu commandes un whisky pour lui et un Bloody Mary pour toi. Tu sais que l’alcool et les médicaments que tu prends ne font pas bon ménage mais pourtant tu consomme de l’alcool. Tu t’en fiches un peu de ses foutus anti-dépresseurs, tu es bien en ce moment. Tu les rejoins alors et le cœur n’y est plus. Ton regard peine à trouver celui d’Oliver et tu lui tend son verre de whisky avant de siroter ta boisson. Puis il arrive, il débarque. Tu fais la fille surprise et tu lui rends son accolade. « Papa je te présente Maître Deirdre, mon patron. Maître Smith. Et Maître Beckett. » Tu les vois qu’ils se serrent la main et toi tu as le cœur au bord des lèvres. Tu as l’impression que tu vas tomber d’un instant à l’autre. Sophie tente de se rassurer mais en vain. Tu vas finir par faire un malaise. Ta robe est trop serrée d’un coup. Tu reprends une contenance quand ton père s’adresse à Oliver « Vous n’êtes pas accompagné ce soir ? C’est étonnant. » Et toi tu as le cœur qui se comprime un peu plus encore. Et tu le regardes avant de défendre Oliver habilement. « Voyons Papa... Laisse le, il vient accompagner s’il le désire ! » Rire jaune qui traverse tes lèvres et il te regarde avant de te sourire, grand sourire qui épouse ses lèvres [i] « Parlons de ça ! Laisse moi te présenter Connor ! vous devriez faire plus ample connaissance. »[/b] Et tu vois bien ce type qui arrive, et qui t’offre un regard lubrique. Tu fermes les yeux puis quand tu les rouvre, tu es toujours dans ce cauchemar. « Enchantée Connor. » Sec, froid. Et tu ne comprends pas comment tu fais pour te retrouver sur la piste, l’une des mains de cet inconnu sur ta hanche, ta main dans la sienne. Et ton regard désolé que tu adresses à Oliver. Tu ne le mérites pas. Et lui ne mérite pas ça.

Est-ce que ça s'arrêtera un jour ? Tu as l'impression d'être une poupée coincée dans un bocal, secouée de part et d'autre par des âmes malveillantes. Ton père, ton géniteur, devrait comprendre la raison de tes sourires, il devrait savoir distinguer quand tu feins le bonheur ou quand tu n'es pas heureuse. Quoique, il n'a pas su déceler ton mal-être et quand tu as voulu te foutre en l'air, tout ce qu'il a eu envie de faire c'était aller trouver ton ex fiancé pour lui casser les deux genoux. Il n'a même pas osé éprouver de la compassion pour toi. Tout ce qu'il voulait c'était vengeance. Ton ex avait failli lui ôter l'une des choses les plus précieuses de sa vie, mais grâce à lui il avait pu te modeler à sa façon. Petite fille deviendra avocate pas une de ses artistes qui vivent en donnant trois coups de pinceaux sur une toile vierge. Il n'avait jamais toléré ta passion pour l'art et il était bien heureux finalement que ta galerie coule et que tu te retrouves à devoir faire du droit. Mais ça t'a plutôt bien réussi, s'il t'avait observé plus d'une minute, il aurait pu voir que tu étais épanouie. Et ce n'est pas grâce à ce type qui danse comme un pied, qui t'a déjà écrasé deux fois le pied que tu seras heureuse. Au contraire, tu as le coeur qui bat trop vite pendant qu'il essaye de te faire la conversation, il te parle d'Harvard, de Yale des université prestigieuses dans lesquels il a pu enseigner le droit. Un professeur donc. Encore mieux. Jeune professeur paraît-il. Il n'a pas d'universités d'attache et il ose te dire qu'il espère que tu lui donnes envie de venir à Washington « Vous savez, j'ai un petit ami. Tom. Il est junior dans le même cabinet que moi. Et je l'aime vraiment beaucoup. » Mais ça ne semble pas l'arrêter. Il continue de te parler et toi, tu ne l'écoutes pas, tu cherches Oliver du regard et tu ne le vois plus. Sophie et Joe sont en train de discuter, Paul est avec sa compagne. Et toi, tu as l'impression que le sol s'effondre sous tes pieds. Plus les secondes se passent, plus le trou de ton coeur s'agrandit. Quand ton père arrive finalement à vos côtés, tu le regardes et tu clignes des yeux « Tu peux répéter ? » Tu n'as pas compris. Tu ne veux pas comprendre « Je me disais que peut-être, tu pourrais l'emmener faire un tour peut-être Az ? Visiter la ville demain par exemple ? » Non, demain, tu recolleras les morceaux de ton coeur abîmé. Demain, tu répareras le cœur d'Oliver aussi. Deux coeurs abîmés qui battent au diapason. Tu cherches Sophie du regard et elle comprend, elle arrive alors, le sourire sur les lèvres « Je suis désolée mais j'ai besoin de votre fille maître Chapman. Nous avons une affaire urgente à régler toutes les deux et nous avions convenus de rentrer tôt à l'hôtel n'est-ce pas Azraël ? Je te rejoins d'ici une vingtaine de minutes, je dois encore trouver Paul, nous prendrns un taxi avec mon mari. » Ton père lui sourit, il ne se méfie pas de l'eau qui dort. Et il finit par s'éloigner, non sans t'avoir pris dans ses bras et tu soupires de soulagement. « Où est-il ? » Elle sait pertinemment de qui tu parles et elle te murmure « Il est parti. Je ne sais pas où. Essaye l'hôtel. Tu auras plus de chance de le trouver là-bas. » Tu clignes des yeux, ton regard est embué de larmes. Et s'il n'avait pas envie de te voir, et si tu avais tout cassé en venant ici ce soir ? Tu déglutis et tu remercies Sophie, tu te presses d'aller aux vestiaires, et tu hèles un taxi, tu ne ressembles plus à rien, tes cheveux sont dégoulinants, tes mains sont tremblantes et tu ne sais pas si c'est la pluie qui te gêne ou bien tes larmes. Mais tu pleures dans le taxi, tu aimerais t'arracher la peau pour ne plus rien ressentir, tu aimerais ne pas être aussi vulnérable et surtout tu aurais aimé lui dire non, ce soir à ton père, mais tu ne l'as jamais fait. Tu n'as jamais osé aller contre son sens, la seule fois, tu as fini sur un lit d'hôpital. Quand tu arrives devant la devanture de l'hôtel, tu souris fébrilement au portier qui tient un parapluie, mouillée pour mouillée, il aurait pu s'abstenir et tu entres dans cet hôtel, la chaleur n'y est plus. Tu as froid, trop froid. Tu demandes alors a la réception la suite de Monsieur Deirdre, tu dis que tu as un dossier important à récupérer, qu'il te faut à tout prix le numéro de sa chambre. Ils ne savent pas s'il est là, ils ne veulent pas te le donner, tu leur sors un billet trop important et les langues se délient. Tu sais qu'il est sur le même étage que toi. Tu ne prends pas l'ascenseur, il n'y a pas d'échappatoire dans les prisons de fer et quand tu arrives finalement à l'étage, la porte est juste en face des escaliers de secours. Ironie du sort. Tu toques, une fois, deux fois, il n'est pas là. Et s'il était parti ? Tu re-toques, tu regardes ton téléphone. Aucun message. Le vide. Le néant. Tu lui en envoie un. Ou es-tù ? Tu t'assois alors, tu attends la réponse qui tarde à venir, tes jambes allongée sur le sol et tu attends. Peut-être que Sophie le trouvera et te le ramènera. Peut-être qu'il n'était pas fait pour toi. Peut-être que c'était la dernière fois.

Tu es triste. La soirée avait si bien commencé. Pourquoi est-ce qu'il a fallu que ton père gâche tout. Vous étiez si bien, si heureux, si... complémentaires ce soir et il a fallu que ton géniteur vienne, qu'il te force à danser avec ce type. Tu ne sais pas pourquoi Oliver est parti, peut-être que quelqu'un a découvert le pot aux roses ? Tu n'en sais rien, et puis tu ne veux pas savoir, ça sera sûrement trop douloureux. Tu ne sais même pas pourquoi tu retournes à l'hôtel, tu aurais préféré te saouler, finir minable pour ne pas avoir à penser quand les démons viendront te hanter cette nuit. Parce que tu sais qu'ils seront là, malicieux, fourbes. Tu les attends impatiemment. Mais pour le moment, tu ne comprends pas pourquoi, tu ne comprends pas non plus comment vous en êtes arrivés là. Est-ce que c'est de ta faute ? La conscience te rejette la faute, le coeur tente de te consoler et toi, tu es triste. Tu as mal au coeur, ta robe est de trop, tu ne sais pas comment respirer. Tu aimerais pouvoir respirer convenablement, plutôt que d'avoir l'impression d'être un poisson qui manque d'eau dans son bocal. Tu vois bien le regard du chauffeur de taxi et le fait qu'il n'ose rien te dire, et c'est bien mieux comme ça. u n'as pas envie de parler, tu as juste envie de te dire que tu serais bien mieux dans ton lit, ou même que tu aurais mieux fait de rester à Washington. Oui ça aurait été bien mieux, tu as vu trop grand, tu as vu trop bien. Tout allait se passer pour le mieux. Mais tu es un chat noir Azraël, tu devrais savoir que rien ne se passe comme tu veux. Comme d'habitude.

Tu ne sais pas depuis combien de temps tu attends, mais tu sais que tu peux encore attendre longtemps, tout le monde est à ce stupide gala, et toi t'es là, à avoir le coeur qui bat un peu trop fort dans ta poitrine, à avoir l'impression d'être ailleurs, ici et là, pas à ta place en tout cas. Ta chambre est à l'opposé, mais elle est trop loin. Tu n'as pas envie de marcher, tu veux juste l'attendre et tu n'en crois pas tes yeux quand tu le vois en face de toi. Tu as le coeur au bord des lèvres maintenant et tu l'écoutes, en clignant des yeux. Pourquoi est-ce qu'il a l'air si mal en point ? Au moins, il te parle. Au moins, il t'adresse la parole, il ne te déteste donc pas. Tu le regardes et tu t'humidifies les lèvres. Tu aimerais qu'il te prenne dans ses bras, là, maintenant. « Oliver... » Tu ne sais pas quoi dire, quand il s'assoit à côté de toi, tu attrapes sa main et tu entrelaces vos doigts. Il est brûlant. Il est saoul aussi. Ou du moins, il n'est pas dans son état normal. « Ne t'excuse pas. » Il n'y avait pas d'excuses à prononcer. Tu te lèves alors et tu l'aides à se relever, tes mains glissent dans la poche de sa veste trempée et tu en sors la carte de sa chambre que tu ouvres, tu l'attires alors à l'intérieur et après avoir refermé la porte, tu te blottis contre lui le temps d'un instant. Puis, tu déposes tes lèvres sur les siennes, merci les talons, tu n'as pas à faire énormément d'efforts sur le coup. C'est étrange, pas comme d'habitude, tu ôtes alors ta veste qui est trempée avant de le déshabiller à son tour, ou du moins, lui retirer la première couche de vêtements mouillée. « C'est moi qui suis désolée. Je n'avais pas prévu qu'il serait là ce soir. Sinon, je ne serais pas venue. Je serais restée à Washington. Mais il ne se mettra jamais entre nous... Parce que je.. Mon amour crois moi s'il te plaît. » Parce que tu te doutes que ton père est pour quelque chose dans le mal-être de ton compagnon, tu as l'impression que tu t'enfonces, c'est horrible comme sensation. Ta main sur sa joue, tu la caresses avec tendresse, pour te rassurer. « S'il te plaît, change toi, met toi au sec, allonge toi, fais quelque chose, j'ai l'impression que tu vas tomber d'un instant à l'autre et j'ai pas envie de te voir mal en point à ce point. » Tu es inquiète, trop inquiète. Puis, il ne te parle presque pas, c'est étrange. Trop étrange. Tu as peur. Trop peur. Et si, tu avais brisé quelque chose ? Non. Tu ne veux pas.