Elisa & Amalia + That song in my head

N’ayant quelconque détail à ajouter sur le pourquoi du comment je ne travaillais pas dans mon domaine d’études pour le moment, je secouai la tête afin de répondre par la négative, sans plus. Cela me permit d’écouter attentivement Elisa alors qu’elle venait à me parler d’un ami qui étudiait la médecine, ce à quoi j’acquiesçai avec un air qui se voulait admiratif, bien que discret. Admiratif puisque personnellement, je serais incapable de faire une telle profession. Non pas que je manquais de capacités, mais parce que je ne pourrais travailler dans un milieu bruyant, au vu de ma condition. Cela ne voulait pas dire que j’avais des regrets pour autant, puisque c’était qui j’étais, je l’acceptais, et c’était beaucoup mieux que de m’en attrister et éventuellement ne pas être heureuse avec ce que je faisais, alors que pour le moment, tout me convenait, à l’exception peut-être de ce fameux stage qui ne m’enchantait pas vraiment et pour lequel je n’avais pas d’explication, d’où le fait que j’haussai les épaules en confusion évidente. Ce n’était certainement pas parce que je ne m’étais jamais posé la question : Manque de place en milieu médical ? Manque de qualifications pour m’envoyer là-bas ? Était-ce en raison de ma condition ? La dernière option m’avait toujours parue quelque peu particulière, compte tenu du fait que je m’attendais à ce que ce soit encore plus bruyant à l’académie de police. Mais encore là, je n’en savais pas grand-chose, puisque jamais je ne m’étais renseignée sur le domaine et le lieu. Peut-être faudrait-il que je le fasse avant que le stage commence, histoire de montrer un minimum de volonté, de sorte à ce que le contraire ne vienne pas faire tache dans mon dossier ou quelque chose dans le genre. Mais bien sûr, ce ne serait pas là tout de suite que je le ferais, refusant d’être impolie, encore moins avec une interlocutrice qui se montrait tout simplement adorable, comme elle vint me le prouver par de nouvelles paroles on ne peut plus sympathiques, qui m’arrachèrent un sourire, de même qu’un petit:  « Merci. » qui faisait office de politesse. Je ne sus en dire plus, préférant rendre la pareille à Elisa concernant sa situation, ne pensant certainement pas que cette discussion aurait pour effet de lui faire dire qu’elle voulait changer de voie complètement. Ou bien la musique lui permettrait-elle de faire ça d’une certaine façon ? Sceptique, je n’osai pas tant m’aventurer sur le sujet, me contentant de la laisser faire sa réflexion en acquiesçant, signe que je l’écoutais, signe que je ne voulais pas cesser la discussion pour autant, bien au contraire. Mais là, elle prendrait place en un autre lieu, lieu duquel je ne connaissais pas encore l’emplacement, mais apparemment, ça ne saurait tarder, au vu de la suggestion qu’Elisa me fit, non pas juste pour le café, mais aussi pour les autres lieux. Attendant cela depuis un bon moment maintenant, bien que je n’aie jamais osé le demander à qui que ce soit, je n’hésitai pas trop avant de dire:  « Si ça ne prend pas trop de ton temps, j’aimerais bien, je t’avoue. Je ne m’oriente pas tout à fait dans la vie et j’aimerais bien apprendre à connaître un peu plus les environs… » Je ne demandais pas non plus de connaître chaque recoin de la ville, surtout qu’il y en avait certains que je ne fréquentais jamais, et que je ne fréquenterais certainement pas avant la fin du semestre, faute de temps, et aussi, faute de courage de prendre le risque de me perdre pendant un moment indéterminé. Du coup, l’essentiel ne serait pas de trop, serait même plus qu’apprécié. Et pour montrer cette appréciation, rien de mieux, à mon avis, que d’exprimer ma reconnaissance, en ajoutant un petit:  « Merci beaucoup. » avec un sourire, prête à aller où Elisa allait me guider pour la suite.

Est-ce que mon stage me tracassait au point où je n’arrivais pas à en parler à d’autres gens ? Jamais je n’avais vu la chose comme ça, je ne pensais pas que ce soit à ce point et pourtant, je me trouvai à reconsidérer la question pendant un bref instant au moment où Elisa me le demanda. Premièrement parce que je ne comprenais pas pourquoi elle me demanda pourquoi je semblais embêtée par quelque chose, puis ensuite quand elle vint à préciser sa pensée, pensée qui m’arracha inévitablement un discret soupir. Après une dernière seconde de réflexion, j’inspirai, puis je finis par répondre:  « Je ne sais pas… » Avoir été sûre de moi, je n’aurais pas eu ce genre de réponse. Du coup, il me fallut donc admettre:  « Peut-être un peu… », même si cela ne me fit pas nécessairement plaisir. Mais histoire que personne ne pense que c’était parce que je doutais de mes capacités - parce que ça, ce n’était pas le cas, même si je n’irais pas jusqu’à être arrogante - j’ajoutai:  « C’est la peur de la nouveauté qui m’effraie, je crois. » Je craignais aussi de voir comment j’allais m’adapter à la situation et surtout, si j’allais me retrouver dans un environnement qui n’était pas convenable à ma condition. Si j’avais choisi ces milieux précédents aussi, ce n’était pas pour rien. C’était parce que je savais que je pourrais être tranquille, dans un coin. Mais n’ayant cherché aucune information concernant le milieu policier, je ne savais à quoi m’en tenir. Bon, parfois, vite fait, dans quelques séries, on en voyait, des laboratoires liés à la police, mais les séries, il ne fallait pas tant y croire. Enfin moi, je n’y croyais pas, et c’était peut-être mieux ainsi, puisque bien souvent, il se passait quelque chose de rocambolesque, pile le genre que je voulais éviter. Mais je n’avais pas le choix, j’allais tenter de m’y faire, juste une fois que j’y serais, et non pas maintenant. Pourquoi m’embêter avec ça de toute façon, alors que je me trouvais devant une occasion en or de me concentrer sur autre choix, de plus joyeux, bien que nécessaire dans mon cas ? Ce serait tout simplement stupide de ma part. Retrouvant mon enthousiasme, je servis un large sourire à Elisa, sourire qui se dissipa un peu quand je fus appelée à réfléchir un peu plus pour répondre à sa question. Où voudrais-je aller ? Justement, je ne savais pas. J’étais perdue à ce point en fait. Dans un haussement d’épaules, je finis par dire:  « Pas nécessairement. Peut-être pourrais-tu commencer par les endroits que tu préfères ? » Ce qui se trouvait dans les brochures touristiques, je savais que je pouvais m’y rendre facilement, dès que j’avais du temps libre, temps que je n’avais pas encore consacré à ça. Et dans le pire des cas, rien ne m’empêchait de me payer un tour guidé en bus pour tenter de me repérer un peu mieux dans la ville. Mais je n’étais pas qu’une touriste, j’y habitais maintenant. Il fallait donc que je puisse voir au-delà des attractions et incontournables, et en mon sens, il n’y avait rien de mieux que de le voir avec une personne qui s’y connaissait déjà. Et pour rendre la visite plus agréable à Elisa, autant lui demander d’aller voir ce qu’elle préférait. Enfin, ça, c’était, après être allées chercher ce fameux café, dans cette fameuse chaîne que je connaissais déjà de nom, mais bien peu, tel que je vins à le prouver en répondant:  « Oui, mais pas souvent. Il n’y en avait qu’un seul dans ma région et il était très populaire, donc souvent bondé. » Donc bruyant, donc désagréable à vivre, même pour la normale des gens, alors encore moins pour ma personne. L’explication me valut ensuite d’ajouter, dans un sourire amusé:  « Il y en a beaucoup plus ici. » Il y en avait même sur le campus de l’université. Bref, ils pullulaient partout et pourtant, jamais je n’avais eu le courage de m’y rendre. Il fallait bien une première fois à tout.

J’étais nerveuse pour mon stage, quelque peu en tout cas, mais pas au point de stresser et faire une crise d’angoisse ici et maintenant. Et je ne pensais pas que ça venait tant affecter ma capacité à faire la conversation. Voilà pourquoi je ne compris pas vraiment dans un premier temps ce qu’Elisa me demanda, d’où le fait que j’arquai un sourcil, cherchant à avoir plus d’explications, qu’elle m’offrit par la suite. Ce ne fut pas suite à ces explications que je devins complètement détendue, sans questions par rapport à cette technique que je n’avais jamais vraiment utilisée, puisque l’inconnu et l’adaptation, après tout, ça faisait partie de mon quotidien depuis que j’étais une enfant. Sommes toutes, c’était juste un mauvais moment à passer, après ça irait mieux, je l’espérais en tout cas. Du coup, le rire que je sortis au commentaire de la jeune femme fut un peu nerveux, mais poli, et ne me voyant pas dire autre chose, je finis par lui répondre:  « Je vais essayer. », ajoutant à mes paroles un petit sourire timide, montrant que j’étais reconnaissant quant au fait qu’elle tentait de m’aider, ce qui était quand même adorable de sa part, même si on ne se connaissait pas beaucoup. Honnêtement, elle était que gentillesse avec moi, et ça ne me donnait pas envie de mettre fin à la discussion, surtout si c’était pour une banalité susceptible de causer un malaise. Heureusement, ma réaction ne parut pas jeter de froid, puisque peu de temps après, nous commençâmes à faire des plans pour la suite des choses, afin que je puisse apprendre à connaître un peu plus les environs, que je connaissais si peu que je laissais Elisa être ma guide, du début à la fin. Je n’avais pas de préférence, je n’avais pas d’exigence. En fait, je ne saurais pas tant quels endroits lui indiquer, n’ayant pas tant commencé à m’orienter dans la ville. Conséquemment, je ne vis rien de plus logique que d’hausser les épaules, montrant que je n’avais pas de préférence, que c’était vraiment à son choix. Même que si elle le voulait, nous pourrions juste marcher, sans de but précis, et aller à un endroit et un autre, à tout hasard, que ça me conviendrait. Mais pour le moment, nous en avions, un plan, celui d’aller au Starbuck’s le plus près. La discussion se poursuivit autour de ce café connu partout à travers le monde, sur l’affluence de gens qu’il y avait et tout ce qui venait avec. Et ce fut dans cette discussion qu’à un moment, je me permis de demander:  « Est-ce qu’on peut prendre nos boissons… » Je cherchai le mot pendant un bref instant, certains termes m’échappant encore dans cette langue qui n’était pas ma langue natale, et quand j’eus trouvé, j’ajoutai:  « Pour emporter… Pour aller marcher après ? » Si le temps était clément, après tout, pourquoi pas ? Après, si le café était vide, cela ne me gênait pas de m’y asseoir, mais si on pouvait marcher tranquille aussi, je n’étais pas contre, même si je ne me voyais pas l’imposer, seulement le proposer.

Qu’on marche ou pas en buvant notre boisson respective, ça ne faisait pas tant de différence pour moi. Si je l’avais proposé, c’était surtout parce que je voulais joindre l’utile à l’agréable et surtout, je ne voulais pas être un fardeau pour mon interlocutrice, qui avait déjà eu la bonté de m’aider à m’orienter un peu dans les environs. Et en mon sens, prendre du temps pour boire un café, puis après aller marcher, ça prenait plus de temps que de prendre le tout pour emporter. J’étais soucieuse du fait, encore plus compte tenu que nous venions tout juste de nous rencontrer, même si pour le moment, tout se déroulait pour le mieux, et on s’entendait bien aux premiers abords. Je n’irais pas jusqu’à dire que nous étions déjà de grandes amies, mais je n’avais rien à dire qui puisse être négatif sur la façon dont nous nous comportions l’une avec l’autre. En tout cas, de mon côté, je ne saurais me plaindre. Elisa s’était montré gentille du début à la fin. Même qu’elle s’était montrée d’une grande aide, considérant le fait que personnellement, jamais je ne serais parvenue à m’ouvrir sur mes craintes concernant mon stage si ça n’avait pas été de ses questions. Parce que pour tout dire, jamais je n’avais tant osé en parler, me sentant inconfortable, ayant l’impression que j’allais râler plus qu’autre chose. Je ne savais pas ce qui avait pu changer pendant cette brève discussion, mais j’étais un peu plus soulagée, même si ça ne changeait pas le fait que je ne voulais pas trop déranger non plus. Mais après, ça ne changeait pas non plus mon intérêt pour marcher ou non en buvant, d’où le fait qu’à la question d’Elisa, je répondis, dans un haussement d’épaules:  « Ça dépend. » Trouvant que c’était un peu faible comme réponse, j’ajoutai sans trop tarder:  « Ça dépend du lieu en fait. Si c’est un café tranquille, je peux y rester sans problème. Sinon, je préfère me déplacer. » Ce fut en tenant mes propos que je me rendis compte que ceux-ci, depuis quelques minutes, tournaient autour de la même chose, soit le fait que j’aimais les endroits plus tranquilles. Et comme si c’était limite devenu gênant, ou peut-être que ce serait mieux de l’admettre tout de suite, j’ajoutai, en passant une main dans mes cheveux:  « Je préfère quand ce n’est pas trop bruyant… », puis je conclus mon propos d’un sourire timide, espérant ne pas en avoir trop dit, et peut-être, au passage, avoir aiguillé un peu Elisa sur où elle pourrait m’emmener, à condition que les lieux qu’elle avait en tête lui plaisent, bien évidemment. Loin de moi l’idée de jouer la difficile dans le cas présent.

Éviter les grandes foules, voilà une expression que j’aimais bien pour décrire la situation. Du coup, je ne vis pas ce que je pouvais faire d’autre que d’hocher la tête pour confirmer le fait, ajoutant un petit:  « Exactement. » pour compléter le tout. Je ne voulais pas entrer dans les détails, puisque je ne voulais pas éviter d’en dire trop, et faire en sorte qu’Elisa se fasse de fausses idées sur ma personne, en pensant par exemple que j’étais agoraphobe, ou bien qu’elle vienne à découvrir que ce n’était pas tant une hantise, mais bien un fait lié à ma condition. J’étais capable de vivre dans un grand groupe après tout, mais je ne pouvais pas dire que c’était les moments que je préférais, au vu de comment je me perdais en termes de sons, ayant parfois du mal à capter si quelqu’un était en train de m’adresser la parole ou quelque chose du genre. Mais dans le pire des cas, je savais supporter, comme là, lorsque nous arrivâmes au café et que nous vîmes qu’il y avait beaucoup de monde, je ne me vis pas demander quoi que ce soit. Pour ça, je fis, en quelques sortes, confiance à Elisa, qui, au final, vint me soulager en me proposant d’aller marcher après avoir passé commande. Ne sachant clairement m’en plaindre ou même redire quoi que ce soit, je ne tardai donc pas à répondre, dans un petit sourire:  « Ça me va, je te suis. », venant au passage confirmer cette confiance que je lui accordais pour la suite des choses, de laquelle, étrangement, je n’avais jamais vraiment douté. En tout cas, Elisa ne m’avait jamais donné l’impression qu’elle était là pour me faire du mal de quelconque façon, et ce qu’elle venait de faire en parlant d’aller marcher vint me le confirmer encore une fois, renforcer ce sentiment de confiance que j’éprouvais envers sa personne. Après, ça ne voulait pas dire que je m’évitais complètement la foule, puisqu’à un moment, il nous fallut, bien sûr, entrer dans le café, afin de passer commande. Sachant que j’avais envie d’un café, mais que je n’étais pas celle qui aimait le prendre classique, bien noir, quelque chose comme ça. Mais avec toutes ces appellations, qui différaient pas mal de ce que je connaissais - et à la base, j’en connaissais peu, donc ça venait encore moins aider - qui différaient de ma langue maternelle, soit la seule dans laquelle j’avais lu un menu pareil, j’étais un peu perdue. Mais voulais-je vraiment admettre que je n’y comprenais rien ? Pas tout de suite. Pas pour le moment, je n’en avais pas tellement le temps. Mais je voulais quand même un peu d’aide, alors je me tournai vers ma nouvelle amie, lui demandant de façon bien candide:  « Tu… Tu vas prendre quoi ? » Ce n’était pas la première fois que je me rendais dans un tel endroit - café, restaurant, ou autre - et que je posais la question à la personne qui m’accompagnait, puis j’étais certaine que ce n’était pas une chose tout à fait anormale, d’où le fait que je ne me sentis pas tant gênée, même si au fond, j’étais un brin nerveuse, puisque j’espérais que ce ne soit pas vain. Quoique dans le pire des cas, je pourrais lui poser de plus amples questions. Ce n’était pas comme si j’avais tant honte de dire que je venais d’ailleurs, même si je ne le criais pas d’emblée sous tous les toits non plus.