Discussion autour d'un livre (Sasha)

Même si je préfère largement lire des bandes dessinées ; j’ai toujours trouvé les romans barbants ; je me suis inscrite au club de lecture et j’aime bien y aller de temps à autre. Enfin, surtout quand le roman proposé ne m’ennuie pas. Le dernier en date m’ayant plus, c’est avec plaisir que je me suis rendue à la réunion pour en parler. Certes, je n’ai pas beaucoup parlé ; si je peux m’éviter l’embarras de m’exprimer en public je le fais volontiers ; mais j’ai beaucoup écouté. Là-bas, j’ai fait la connaissance de Sasha, une jeune femme fort sympathique, avec qui je me suis bien entendue. J’ignore si nous avons les mêmes goûts en matière de lecture, mais nous avons un peu discuter et finalement, nous avons décidé de nous retrouver au parc, afin de discuter plus librement de ce fameux roman. Ce jour-là, comme je ne travaille pas, je décide de m’habiller de manière plus détendue ; j’évite les robes et les jupes à cause de mon patron car je n’ai pas envie qu’il en profite ; et je porte une robe noire par-dessus un legging fleuris. Ouais, j’ai look assez improbable, on me le dit très souvent. Et oui, porter une robe pour moi, c’est être détendue. Je me coiffe en laissant mes cheveux détachés, mais en posant un chapeau sur ma tête, j’enfile également une veste et une paire de chaussures montantes à lacets, j’attache Fox, mon jeune chien, puis je quitte l’appartement que je partage avec ma meilleure amie ; que je n’ai pu hier et pour cause elle n’est pas rentrée ou alors elle est rentrée très tard ; puis, je prends la direction du parc ou je me pose sur un banc afin d’attendre la brunette. Il fait plutôt beau, l’automne est installé mais le soleil n’a pas encore fait ses valises pour nous délaisser jusqu’à l’été. Tant mieux, car la pluie, c’est moyennement agréable. Je sais bien que la terre en a besoin, je suis la première à le dire, mais ça n’est pas agréable pour autant.

Une fois rendue dans le parc, je laissais Fox courir à sa guide, mais le jeune chien n’aimait pas trop s’éloigner de moi. Il me rappelait le chat de mon enfance. Lorsque je suis née, mes parents avaient un chat. C’était un grand peureux, qui ne mettait jamais une pate dehors. Une fois, je me souviens très bien ; je devais avoir six ou sept ans ; et mon père avait laisser la porte de l’appartement ouverte, alors que nous étions dedans. Le chat, s’était assis devant la porte, mais n’a jamais cherché à prendre la fuite. Il aurait pu avoir tout le loisir d’aller gambader dehors, mais non, il est resté. Du dehors, notre chat ne connaissait que le balcon, ou il aimait bien s’installé les jours de beau temps. Et une fois, alors que nous étions à table, je ne sais pas ce qui s’est passé, mais nous l’avons entendu crier. On s’est vite lever, il n’était pas sur le balcon, alors que le bruit venait de là. Mon père a alors regardé vers le bas, et il était là. Il devait être couché sur le bord et il est tombé quand il s’est étiré. Nous vivions au premier étage et il n’avait rien de cassé ; une chance qu’un chat retombe sur ses pattes ; mais il avait eu la trouille. À la suite de ça, il n’a jamais remis les pates dehors. Du moins, jusqu’à ce que l’on quitte le Japon l’année de mes dix ans. Il s’est enfuit pendant le déménagement et nous ne l’avons jamais retrouvé. Fox était donc comme mon chat, un grand trouillard et quand je le lâchais dans le parc, il restait toujours à proximité, et paniquait dès qu’il ne me voyait plus. Enfin, pour l’heure, j’attendais Sasha, du Club de Lecture, et elle était un peu en retard. Rien de bien grave cependant. Ce n’est pas comme si elle avait deux heures de retard non plus, quelques minutes, tout au plus. Donc rien du tout. De toute façon, je n’aurais pas attendu pendant deux heures. Elle s’excusa à son arrivée. « Ce n’est rien ! » lui dis-je. Elle me demanda ensuite ce que j’avais fait de beau aujourd’hui. A dire vrai, pas grand-chose. Je n’étais pas du genre casanier, loin de là, mais je préférais les week-ends pépères aux longues sorties. Et il est vrai que je n’aimais pas tellement les longues sorties dans les magasins. Je préférais les voyages, même si je n’en avais pas souvent eu l’occasion. « Pas grand-chose ! » avouais-je alors. « J’ai nettoyé l’appartement de fond en comble, et j’ai fait les courses ! » dis-je. Bref, rien de très intéressant. « Et toi ? » je lui demande à mon tour, soudain un peu curieuse.

Je n’étais pas une personne contrariante ; à part peut-être avec mon patron ; alors je ne risquais pas de lui en vouloir pour quelques petites minutes de retard. D’autant plus que j’avais faillis moi-même arriver en retard. Elle m’expliqua que le retard n’était pas dans ses habitudes et qu’elle s’était trompée de lieu de rendez-vous. « Oh ! Je me suis trompée moi aussi, ne t’en fais pas ! » dis-je alors. Ce qui était vrai, et puis, se tromper ça arrive à tout le monde même au Président. Quand elle me questionna sur ma journée, j’expliquais avoir fait le ménage et elle m’indiquait qu’elle préférait le faire en semaine en rentrant de cours ; c’est vrai que contrairement à moi, elle était encore étudiante. « En semaine, je n’ai pas tellement le temps à cause de mon travail ! » avouais-je. Mes journées m’épuisaient. C n’est pas tant que j’étais surchargée de boulot, mais disons plutôt que je me fatiguais à éviter mon patron, de peur qu’il ne recommence à être lourd avec moi. D’un autre côté, quand je ne le voyais pas, je me surprenais à espérer de le croiser dans les couloirs. Il faut croire que je n’avais pas la lumière à tout les étages en ce qui concerne Jacob Simmons. Ce type m’attire autant qu’il m’énerve. « C’est déjà pas mal ! » riais-je à mon tour, quand elle admit n’avoir rien fait d’autre que préparer le repas. Elle ajouta ensuite qu’elle avait aussi lu un peu, un livre qu’elle venait de commencer. J’allais lui demander de quel livre il s’agissait, mais elle fu plus rapide et me devança. « Je ne connais pas du tout, mais puisque tu à l’air de l’apprécier, j’essayerais de me le procurer ! » répondis-je, ravie de cette perspective. « Il y a un petit kiosque tout près ou ils vendent du café à emporter, on peut en prendre un si tu veux ! » proposais-je alors, voulant marcher un peu moi aussi. Fox était d’ailleurs d’accord avec moi, il s’agitait. Mon chien n’appréciait pas de rester trop longtemps au même endroit, mais il ne voulait pas non plus marcher tout seul. Il fallait que je sois là. Lorsque je vais chez mes parents le week-end ; ils vivent dans une maison avec un grand jardin. Il reste toujours à côté de moi, se lève lorsque je me lève, mais jamais il ne s’aventure dans le jardin tout seul. Ses réactions font beaucoup rire mon père.

Tout le monde à ses particularités, et heureusement, car si tout le monde se ressemblait, on s’ennuierait, non ? Il y a des gens qui ne cessent de s’excuser et d’autres, qui ne vont même pas y penser. Et le plus souvent, ceux qui n’y penseront pas seront ceux qui auront véritablement quelque chose à se reprocher, ce qui n’est pas le cas de Sasha, bien au contraire. Ce qu’elle à fait n’est répréhensible, elle a juste quelques minutes de retard et ça aurait très pu être mon cas, puisque moi-même, je ne me souvenais plus du lieu de rendez-vous. « Peut-être bien ! Mais possible aussi que l’on se serait tromper ! » plaisantais-je alors. J’évitais de trop prendre les choses au sérieux, parce que j’avais déjà bien assez de choses en tête comme ça. Surtout avec mon patron dans les parages, que j’avais l’impression de voir partout. L’homme brun là-bas, à côté d’arbre, ce ne serais pas lui par hasard ? Ha non, il est plus petit et à bien regarder, plus gros aussi. Il faut que je me calme, ça devient inquiétant. J’en viens soudain à parler de mon travail et la jeune fille m’avoue qu’elle se posait justement la question de savoir si j’étais encore étudiante ou non. « Les grands esprits se rencontrent ! » fais-je, puis, reprenant mon sérieux, j’ajoute « Je ne suis que secrétaire pour le moment, mais j’espère faire autre chose de mieux ! » dis-je en grimaçant. J’avais fait des études de marketing, mais je n’avais pas obtenu le diplôme, car j’avais été malade le jour du grand oral, ce qui m’avait fait perdre des points, et je ne me suis pas représentée l’année suivante, parce que je n’avais pas envie de perdre encore une année dans les livres et les cahiers. J’avais été suffisamment à l’école comme ça, et c’était trop, j’en avais assez. J’étais donc entrer dans cette entreprise spécialisée dans les véhicules de sport en temps que secrétaire, mais en profitant de mon temps libre pour bosser sur des projets de publicités, en espérant qu’ils puissent finir par aboutir à quelque chose de tangible. Quand elle me parle du livre qu’elle vient de commencer, ou plutôt de recommencer et j’avoue ne pas le connaitre, ce qui semble la surprendre. Je devine alors que ça doit être un livre connu et je me sens stupide. « J’veux bien, merci ! » répondis-je lorsqu’elle se propose de me les prêter à l’occasion. J’ai toujours pensé qu’un livre ça se partageait. Mais il y a toujours des gens pour ne pas rendre ce qu’on leur prête et je trouve ça irrespectueux. Quand elle parle de prendre un café, j’évoque aussitôt le petit kiosque tout près d’ici, non sans ajouter que nous pouvons le prendre à emporter et profiter du beau temps. Elle semble en être ravie. « C’est vrai, d’autant que ça ne devrait plus durer bien longtemps, malheureusement ! » admis-je. Les journées se faisaient de plus en plus fraiches et bientôt la neige et le mauvais seront de retour. Nous prenons place dans la file, Fox s’impatiente bien aussitôt, alors camarade du club de lecture s’agenouille pour jouer avec lui, ce qui le calme aussitôt.

C’est vrai, une secrétaire est importante dans une entreprise ou dans les services publics, je ne le nie pas, mon travail est important, mais pour autant, il ne m’intéresse pas et je m’y ennuie. « Oui, oui, c’est intéressant et utile. Enfin, si on aime la paperasse ! » je réponds. Elle reprend la parole, visant juste, quand elle me questionne. « Pas vraiment. J’ai fait des études de marketing pour pouvoir bosser dans la publicité, mais le seul poste qu’on avait à me proposer, c’était secrétaire. Alors, je l’ai pris, tout en gardant mon objectif. Là, j’ai montré à mon patron, les projets de publicités sur lesquels j’ai travaillé et ça lui à plus. Alors, je me dis que peut-être, je vais changer de poste dans peu de temps. » expliquais-je. Je n’y croyais pas tellement cela dit, car j’étais persuadé que Jacob avait accepté de regarder mon classeur, uniquement pour que je cesse de le prendre pour un pervers. Voilà qui répondait à sa question, mon travail ne me plaisait pas, mais je n’avais pas non plus besoin de reprendre mes études, puisque j’étais déjà diplômée dans le domaine dans lequel je souhaitais travailler. Nous en revenons ensuite sur les livres, but de notre rencontre aujourd’hui puisque nous sommes toutes les deux membres du club de lecture. La jeune femme me propose de me prêter le livre qu’elle est en train de lire actuellement et comme je ne le connais pas, j’accepte la proposition avec plaisir. « Super ! J’en profiterais pour le lire pendant les fêtes ! » répondis-je quand elle m’indiqua qu’elle l’apporterait à la prochaine réunion du club. C’était quand d’ailleurs ? Je ne m’en souvenais plus, je regarderais sur le calendrier de la cuisine en rentrant. Nous prenant place dans la fille d’attende, devant le petit kiosque en attendant notre tour de commander un café à emporter. « Oui, sûrement, ça se rafraîchie de plus en plus ! » répondis-je, faisant référence au temps qu’il fait. Elle ajouta ensuite que la neige n’était pas loin. « Ha oui ? Tu la ressens ? Mon père aussi le pense. » la questionnais-je. Papa dit que quand il à mal à son genou, c’est que le temps change et que le mauvais temps n’est pas loin. Généralement, il ne se trompe pas. Sasha me parle ensuite de mon chien, avec qui elle s’amuse en attendant notre tour. « Il vas avoir trois ans en janvier ! » répondis-je alors, quand elle me demande son âge.