Dealing with ambiguity is far easier if you learn how to enjoy it ✤ Sasha M. Hawpkins

Depuis déjà quelques semaines, le beau temps régnait sur Washington et aujourd'hui encore, le soleil affichait ses plus belles couleurs. Ayant pris la résolution de moins travailler, je bénéficiais de beaucoup de temps libre de mon côté : il faut dire que sans rouler sur l'or, je gagnais très bien ma vie et je pouvais donc me permettre ce luxe sans craindre d'en payer le prix. J'avais surtout décidé d'alléger mon emploi du temps car je n'avais plus envie de donner la priorité à mon boulot. C'est justement parce que j'avais consacré toute ma vie à ma carrière de DJ durant de longues années que je m'étais éloigné de mes proches et désormais, je ne voulais plus commettre la même erreur surtout que je savais que le temps m'était compté.

Depuis le début de l'année, je m'étais rapproché de ma famille et cela m'avait fait le plus grand bien. Même s'ils ignoraient que j'avais une tumeur au cerveau, l'amour qu'ils m'apportaient au quotidien me permettait de ne plus penser à ma maladie ainsi que d'oublier la triste réalité de mon existence. D'une certaine manière, je me sentais revivre et je me disais que j'avais de la chance d'être si bien entouré. Dans le même temps, j'avais aussi élargi mon cercle d'amis au cours de ces derniers mois : il est vrai que je faisais mon possible pour m'ouvrir aux autres et cela m'avait permis de faire quelques rencontres intéressantes. Justement, en ce début d'après-midi, je m'apprêtais à rejoindre une jeune femme que j'appréciais au plus haut point. On se fréquentait seulement depuis quelques semaines mais le courant passait très bien entre nous. A dire vrai, je ne savais pas comment l'expliquer mais il arrivait souvent qu'elle occupe mes pensées ou que j'éprouve comme une sensation de manque dès lors que j'étais plongé dans mes songes. Je ne m'inquiétais pas outre mesure puisque je la voyais comme une simple amie mais je trouvais cela troublant que l'on puisse partager un lien si fort alors qu'au final, nous avions juste passé quelques soirées ensemble.

Malgré tout, dans la mesure où j'appréciais tout particulièrement sa compagnie, j'avais décidé de l'emmener dans un lieu que j'avais découvert récemment et que je considérais comme un petit coin de paradis. Même s'il était rare que je m'en sépare, j'avais confié Lucky à l'un de mes amis afin que l'on soit plus tranquille. Afin de m'assurer qu'elle était libre, je lui avais envoyé un SMS au préalable tout en lui confiant que je lui réservais une petite surprise. Arrivé devant son appartement, je décidai de klaxonner pour lui signaler ma présence.

Sasha était en réalité la petite sœur de Megara, une jeune femme que j'avais rencontré lorsque j'étais encore au lycée et avec laquelle j'avais eu une aventure sans lendemain. Je l'avais perdue de vue durant de longues années puis il y a environ trois mois, le hasard avait voulu que je la rencontre dans un parc de la ville alors que je promenais mon chien. Nous avions discuté durant une bonne partie de l'après midi en nous remémorant certains souvenirs croustillants de notre jeunesse et avions rapidement retrouvé notre complicité d’antan. C'est ainsi que quelques semaines plus tard, lors d'une soirée qu'elle avait organisé pour l'un de ses amis, elle m'avait présenté sa petite sœur. Ce qui était assez surprenant, c'est qu'à compter de cet instant, j'avais passé beaucoup de temps avec Sasha alors qu'à l'inverse, je m'étais plutôt éloigné de Megara. Peut être que cela était dû au fait que j'étais pour le moins gêné d'avoir développé une relation si fusionnelle avec sa petite sœur mais pourtant, jusqu'à preuve du contraire, on ne faisait rien de mal. Cependant, la jeune femme m'avait côtoyé durant plusieurs années lorsque nous étions de simples étudiants et et savait parfaitement qu'à l'époque, j'étais connu pour être un coureur de jupons. Certes, je n'étais plus le même homme aujourd'hui mais Megara n'en savait rien et j'avais dans l'idée que si elle était au courant de la vérité, elle verrait d'un très mauvais œil notre relation.

Toujours est-il que même si j'étais conscient de cette réalité, je n'avais jamais envisagé de couper les ponts avec Sasha : après tout, j'estimais que je menais ma vie comme je le désirais. Il était normal que Megara veuille prendre soin de sa petite sœur mais je partais du principe que la jeune fille était assez grande pour faire ses propres choix : en d'autres termes, tant qu'elle avait envie de me fréquenter, je ne comptais pas briser le lien qui nous unissait. Finalement, Sasha ne tarda pas à me rejoindre et me claqua la bise tout en arborant un sourire rayonnant qui ne faisait que rajouter à son charme.

- Tu sais bien que je suis toujours heureux quand j'ai la chance d'être en ta compagnie.

Ce que je venais de dire pouvait sembler très niais mais ce n'était que le reflet de la réalité : dès que je voyais Sasha, je baignais dans un océan de bonheur et de volupté comme si sa simple présence suffisait à égayer ma journée. Je fis en sorte de lui retourner la question et me permit de la taquiner quand elle fit allusion à Lucky.

- Dis tout de suite que c'est lui qui t'intéresse et que tu t'en fiches que je sois là : encore un peu et tu finirais presque par me vexer.

Oui, j'adorais charrier Sasha mais jamais sans la moindre méchanceté. Par la suite, je repris finalement mon sérieux.

- Tu le connais, c'est une vraie tornade et en l'occurrence, je voulais que l'on soit en paix tous les deux donc je l'ai confié à un ami.

Sa dernière réflexion ne manqua pas de m'amuser : je savais que la patience n'était pas le fort de Sasha mais même sous la torture, je ne comptais pas lâcher le morceau.

- Si je te le dis, ce ne sera plus une surprise.

Après lui avoir offert un clin d’œil, je décidai donc de reprendre la route et de la conduire dans ce lieu magique qui allait sûrement lui donner des étoiles pleins les yeux.

Depuis que je souffrais d'une tumeur au cerveau, j'évitais d’effectuer de longs trajets en voiture car même si je faisais tout ce qui est en mon pouvoir pour être prudent, je savais pertinemment que je n'étais jamais à l'abri d'une mauvaise surprise. Malgré tout, il n'était pas rare que j'emprunte ma berline plusieurs fois par semaine afin de partir à l'aventure : même si Washington était ma ville de cœur, il arrivait parfois que j'éprouve le besoin de fuir l'atmosphère étouffante de la ville pour m'évader. Il est clair que j'aimais être entourée de mes proches et que je n'étais jamais le dernier pour aller m'amuser en boîte de nuit ou passer des soirées de folie avec mes amis mais de temps à autre, je reconnaissais volontiers que j'appréciais la compagnie de la solitude. Dès mon adolescence, j'avais découvert que j'aimais être en communion avec la nature : quoi de plus merveilleux que de partir à la découverte d'endroits paisibles et somptueux où la main de l'homme n'avait pas encore sévi ? Je ne comptais plus le nombre de fois où au gré de certaines de mes ballades, j'avais eu l'opportunité de contempler des paysages féeriques qui m'avaient permis de faire le vide dans mon esprit : il n'y avait parfois rien de mieux pour se ressourcer et recharger ses batteries.  

C'est justement lors d'une de mes escapades en voiture que j'avais repéré ce petit coin de paradis qui était devenu en quelque sorte mon jardin secret. Comme je m'y rendais assez régulièrement, je connaissais la route par cœur désormais et je savais donc qu'il nous faudrait environ une demi-heure pour parvenir à destination. En général, le trajet me paraissait toujours très court mais aujourd'hui, pour une raison que j'ignorais, il me donnait l'impression d'être interminable. Or, à moins de ne pas vouloir affronter la vérité en face, je devais bien reconnaître que seule la présence de Sasha pouvait être à l'origine de la sensation que j'éprouvais. Ce qui demeurait le plus troublant, c'est qu'au fil de nos rendez-vous, j'aurais dû me sentir plus à l'aise en sa compagnie mais il n'en était rien. A contrario, j'en arrivais à croire qu'à ce rythme, j'allais finir par perdre tous mes moyens en sa compagnie. J'étais d'autant plus désorienté par cette situation que je n'étais pas du genre à être intimidé par la gente féminine. Dès mon adolescence, j'avais même fait preuve d'une grande assurance dans ce domaine et c'est d'ailleurs pour cette raison que très vite, j'étais devenu un coureur de jupons. Je m'étais tout de suite aperçu que je ne manquais pas d'atouts pour séduire les étudiantes que je désirais mettre dans mon lit et j'avais rapidement appris à les utiliser à mon avantage pour obtenir ce que je désirais. Si je rajoutais à cela le fait que depuis des années, je fréquentais Lisbeth et qu'en sa compagnie, j'estimais que j'avais testé tout ce qui était possible et imaginable en matière de sexe, ce n'était pas prétentieux que d'affirmer que je n'étais pas du genre à être totalement déstabiliser quand je croisais la route d'une jeune femme.

C'était d'autant plus vrai aujourd'hui que j'avais beaucoup changé à ce niveau. Même si je demeurais coquin sur bien des aspects, je n'avais plus pour habitude de coucher avec la première venue ou de draguer une jeune femme simplement parce qu'elle me plaisait ou que je la trouvais charmante. Mais alors, pourquoi la compagnie de Sasha me perturbait à bien des égards ? Sans doute parce que j'étais confronté à une situation que je n'avais jamais connue auparavant et que je n'avais donc aucun repère sur lequel m'appuyer. Par ailleurs, je n'avais de cesse de ressasser ce que la jeune femme m'avait dit quelques minutes plus tôt : j'avais beau vouloir me persuader que certaines de ses réflexions étaient parfaitement innocentes, je réalisais qu'il y avait anguille sous roche. C'est justement parce que je ne connaissais que trop bien la gente féminine que j'étais soucieux : tout dans l'attitude de Sasha me poussait à penser qu'elle me voyait autrement que comme un simple ami même si j'espérais me tromper.

L'ambiance resta pour le moins pesante durant tout le trajet si bien que je fus soulagé lorsque l'on arriva enfin à destination. Je garai alors ma voiture sur une aire de repos avant de couper le moteur de ma berline. Je reportai alors mon attention sur Sasha et fis mon possible pour détendre l'atmosphère.

- Rassure-moi, tu n'as pas perdu ta langue ? Parce que même si je voulais garder ma surprise intacte, je ne t'interdisais pas de me parler : tu sais, je ne mords pas sauf sur demande.

Encore une fois, j'affiche un sourire espiègle histoire qu'elle comprenne que je cherche juste à la titiller puis je repends mon sérieux tout en arborant un air empli de tendresse.

- J'espère que tu es en forme car on va devoir marcher un peu.

A cette heure de la journée, le soleil affiche ses plus belles couleurs et les températures sont pour le moins douces. En d'autres termes, le temps est vraiment idéal pour aller se balader et si la chaleur qui règne en ces lieux n'a absolument rien d'étouffante, l'atmosphère ambiante n'en demeure pas moins particulièrement pesante. A dire vrai, j'ai l'impression qu'à ce rythme, notre rendez-vous pourrait vite tourner court dans la mesure où on éprouve les pires difficultés du monde à tenir une conversation décente. En réalité, c'est un peu comme si l'on marchait sur des charbons ardents et qu'à chaque fois que l'on se mettait à parler, on prenait mille précautions par peur d'effectuer le moindre faux pas. Pour le moment, on parvient à faire contre mauvaise fortune bon cœur mais combien de temps cela va-t-il durer ?

Les silences sont parfois lourds de sens et au sein de notre relation, ils deviennent légion comme si doucement mais sûrement, on s'enfonçait dans un cercle vicieux qui risquait d'être fatal pour notre lien. Nous avions beau partager une complicité des plus magnifiques, je doutais fort que celle-ci puisse demeurer au beau fixe si on continuait de faire l'autruche. Ce n'était jamais évident de mettre les pieds dans le plat mais combien de temps encore allions-nous refuser de voir la vérité en face en croisant les doigts pour que cela n'affecte pas la jolie relation que l'on entretenait ? La vérité, c'est que nous étions sur le point de nous retrouver dans une impasse et il n'était pas exclu que notre complicité vole en éclats si on restait campé sur nos positions. Si ce qui faisait l'essence même de notre lien continuait de s'effriter, je ne donnais pas cher de notre duo.

S'il y a bien quelque chose que la vie m'a apprise au cours de ces dernières années, c'est qu'à force de jouer avec le feu, on finit inévitablement par se brûler les ailes. C'est pour cette raison que même si je continue de profiter de chaque minute de mon existence, je me suis promis de ne plus jamais tenter le diable. A cet instant précis, je réalise donc que je me dois de trancher dans le vif mais une question subsiste alors dans mon esprit : quelle est la meilleure décision à prendre ? Pour éviter de confondre vitesse et précipitation et ainsi éviter d'aller trop vite en besogne, je décide alors de contempler Sasha pendant que je converse en sa compagnie : il faut que sache avec certitude si je l'attire. D'ailleurs, la jeune femme ne tarde pas à rebondir sur mes propos et rapidement, je dois me rendre à l'évidence : Sasha en pince clairement pour moi. Il faut dire que tout trahit la jeune femme : son attitude au combien nerveuse, ses tics ainsi que certaines de ses répliques qui sont pleines de sous-entendus.

- Si je voulais vraiment, crois-moi que je pourrais te faire taire donc ne me mets pas au défi.

Bien que je sois sur le point de prendre une décision d'une importance capitale, je reste impassible afin que Sasha ne se doute de rien. A contrario, je continue de la charrier pour qu'elle arrête de crouler sur le stress qu'elle éprouve. Il faut dire que comme elle n'arrête pas de me tendre des perches, je m'en donne à cœur joie. Ainsi donc, quand elle me demande si je la rattraperai au cas où elle viendrait à trébucher, j'arbore un air faussement songeur et garde le silence quelques secondes avant de prendre la parole.

- Cela dépend de ce que tu as à m'offrir : je gagne quoi si je t'empêche de chuter ?

Dans la foulée, j'affiche un sourire espiègle ainsi qu'un regard qui se veut innocent puis je finis par me montrer plus sérieux.

- Tu me prends pour qui ? Evidemment que je veillerai à ce que tu ne tombes pas et si tu es trop fatiguée, je suis même prêt à te porter sur mon dos.

J'offre un clin d’œil à Sasha avant de finalement sortir de la voiture en sa compagnie. Je me dirige alors vers le coffre pour prendre mon sac à dos puis je reporte alors mon attention sur Sasha.

- Allons-y.

Je quitte donc l'aire de repos en compagnie de la jeune femme et emprunte un sentier que je connais sur le bout des doigts tandis que dans mon esprit, tout est clair désormais : je sais ce qu'il me reste à faire.

Désormais, j'avais fait un choix et je comptais bien m'y tenir. D'une certaine manière, cela m'enlevait une épine du pied mais je savais parfaitement que le plus dur demeurait à venir. Malgré tout, j'étais persuadé de m'être posé les bonnes question et en pesant le pour ainsi que le contre, je restais convaincu que le chemin que j'avais emprunté allait me permettre de faire un pas dans la bonne direction. En quelque sorte, j'avais décidé de prendre mes responsabilités estimant que dans ma position, j'étais le mieux placé pour assumer ce rôle même si j'avais le sentiment que j'allais sûrement avancer à l'aveuglette. Tout était loin d'être planifié dans mon esprit mais au moins, j'avais compris que dans mon intérêt ainsi que celui de Sasha, je ne devais plus me tourner les pouces. Désormais, j'étais donc concentré sur un seul et unique objectif : ouvrir mon cœur à la jeune femme afin qu'elle comprenne vraiment ce qu'elle représentait à mes yeux.

Étais-je plus serein ? Pas forcément car il fallait encore que je trouve le bon moment pour passer à l'action et j'avais dans l'idée que quand j'allais prendre Sasha entre quatre yeux pour lui confier ce que je ressentais à son égard, il y avait de grandes chances pour que je perde tous mes moyens et que je me couvre de ridicule. Néanmoins, j'avais l'esprit un peu plus libéré car maintenant, je n'étais plus dans le doute concernant mes intentions. Finalement, il avait simplement suffi que je m'accorde quelques minutes de réflexion pour que tout me semble clair comme l'eau de roche. Après avoir eu la confirmation que j'en pinçais pour Sasha, j'avais étudié les deux solutions qui s'offraient à moi et j'en étais rapidement arrivé à la conclusion suivante : si je continuais de me mentir à moi-même et que je restais les bras ballants, le malaise qui s'était installé au sein de notre relation n'allait pas manquer de s'accentuer au fil des semaines si bien qu'à un moment ou à un autre, on en viendrait sûrement à s'éviter pour arrêter les frais. Pour ne pas qu'on en arrive à une telle extrémité, j'avais jugé qu'ouvrir mon cœur à Sasha semblait être la meilleure option même si elle n'était pas sans risque. Pour valider définitivement mon choix, j'avais alors essayé de percer à jour la jeune femme et en l'espace de quelques secondes, j'avais pigé qu'elle n'était pas insensible à mon charme. A partir de là, la décision s'était imposé d'elle même.

Provisoirement, je me sentais donc moins angoissé mais c'est aussi parce que j'étais conscient que je n'allais pas me mettre à table dans l'immédiat. Comme souvent, j'espérais que mon instinct vienne à ma rescousse : d'une façon ou d'une autre, j'étais persuadé qu'il s'arrangeait pour m'envoyer un signe quand le moment serait venu de me jeter à l'eau. En attendant, je n'avais plus l'intention de cogiter inutilement et je comptais tout mettre en oeuvre afin de profiter de chaque seconde de cette délicieuse journée. Seulement, si je voulais y parvenir, il fallait aussi que je m'emploie pour que Sasha arrête de se prendre le chou inutilement et autant dire que ce n'était pas gagné d'avance.

La question qu'elle me posa suite à ma réflexion me donnait l'impression qu'elle me mettait au défi. Qu'elle me provoque était loin de me déplaire mais en l'occurrence, j'avais peur de rendre les choses encore plus complexes si on en venait à déraper dans l'immédiat. Ainsi donc, je préférais une nouvelle fois jouer la carte de l'humour pour le moment.

- C'est très simple : il suffit que je prenne un bout de scotch puis que je le place sur ta bouche et le tour sera joué.

Je ponctuai ma réplique d'un clin d’œil malicieux mais Sasha ne s'arrêta pas en si bon chemin. Une nouvelle fois, elle me posa une question qui paraissait pleine de sous-entendus. En réalité, tout dans son attitude me laissait à penser que d'une certaine manière, elle me tendait des perches. C'était très subtil de sa part mais cela en disait long sur ses envies : elle désirait clairement que je cède à la tentation. Si j'en doutais encore, en agissant de la sorte, Sasha me prouvait également qu'elle n'était pas décidée à se mouiller : sans doute qu'elle avait peur de se prendre un vent si jamais elle en venait à m'embrasser ou à me dire qu'elle était tombée sous mon charme. En un sens, il était donc normal qu'elle se lance dans ce petit jeu : elle espérait ainsi obtenir des réponses aux questions qu'elle se posait.

- Je vais y réfléchir mais j'ai déjà une petite idée sur la question.   

Ma réponse contenait clairement un message caché et je laissais le soin à Sasha de le découvrir par ses propres moyens. De mon côté, cela me permettait de gagner du temps sans pour autant donner le sentiment à Sasha que je ne la trouvais pas à mon goût.

- Et en plus tu te rebelles ? Dois-je en conclure que tu aimes jouer avec le feu ?

Pour la taquiner, je m'approchais alors de la jeune femme en arborant un regard narquois puis je fis mine de la chatouiller en déposant mes mains au niveau de ses hanches tout en me gardant bien de passer réellement à l'acte. Après lui avoir offert un sourire moqueur, je repris mon sérieux et l'on se mit donc en route pour rejoindre mon jardin secret.

Le sentier sur lequel on se trouvait était en bordure d'une forêt tandis qu'une rivière se trouvait sur notre droite. Pour éviter qu'un nouveau silence pesant s'installe, je décidai de prendre les devants.

- Alors dis-moi, quoi de neuf dans ta vie et comment se porte Megara ?