Athena & Daryl + This is not a love song [-18]

En d’autres circonstances, je n’aurais pas hésité un seul instant à l’emmener jusqu’à sa chambre, ou qu’importe la pièce où elle se donnait en spectacle, pour qu’elle me montre ses jouets, me montre à moi et moi seul comment elle jouait avec et qu’on puisse passer une soirée plus qu’agréable. Mais là, j’eus tout juste le courage de sourire doucement à sa plaisanterie. J’avais reconnu qu’en effet, c’était une plaisanterie pour le coup, c’était déjà un début, non ? Enfin, j’avais envie de le voir comme ça. Bien sûr, si l’ambiance s’y prêtait, je n’allais pas me plaindre qu’elle me présente ces fameux jouets, je pourrais facilement trouver ce que je pourrais faire avec ceux-ci, ce n’était pas du tout un problème. Mais là, tout de suite, ce n’était pas ce que je voulais. Je ne voulais rien d’autre que son contact, et pour le coup, penser que finalement, elle allait s’éloigner, même si ce n’était que pour quelques secondes, ne me plaisait pas. Voilà pourquoi je viens marmonner:  « Plus tard… » Après tout, ça ne pressait pas, si ? Enfin, pas pour moi, encore moins si elle avait l’intention de jouer avec à un moment ou un autre. Reprenant mon sérieux quand elle me demanda ce que je voulais faire, ce fut comme si je m’efforçais de réfléchir, comme si, par orgueil, je voulais lui offrir une réponse plus claire, plus concrète. M’avouant vaincu bien rapidement, j’abandonnai l’idée, ne faisant que poser mes deux mains sur ses hanches, d’une poigne plus légère, mais quand même ferme. Toujours en la regardant, je la guidai en direction du canapé, là où je m’assied de nouveau, l’invitant à faire de même, évidemment pas à mes côtés, mais bien sur moi, si elle le souhaitait. Et j’espérais qu’elle le souhaite, parce que moi, j’en avais terriblement envie.

Même si tout semblait sortir de l’habitude, rien en ressemblait à ce que je faisais, à ce qu’on faisait en temps normal, Athena parut comprendre le message, venant s’installer sur moi, continuant ses cajoleries, l’air nullement embêtée par tous ces bouleversements, à croire qu’elle tenait vraiment à ce que je me sente mieux. Était-ce possible ? Qu’elle tienne à ma personne autrement que pour une bonne partie de jambes à l’air assurée ? Non, ça ne faisait pas de sens. Je me rappelai vaguement la dernière fois où nous nous étions vus, où quand je lui avais dit maladroitement que j’étais son ami, elle avait voulu prendre la porte. Pourquoi changer son fusil d’épaule ici et maintenant ? Je ne saurais le dire. L’esprit toujours embrouillé, je revins à la réalité suite à son compliment, et comme si je voulais lui prouver - et me prouver à moi-même aussi - que je ne perdais pas le nord, je lui répondis:  « Ouais, je sais. » avec un sourire niais, essayant de lui montrer que je voulais l’embêter, moi aussi. Et alors qu’elle se blottissait un peu plus contre moi, je glissai mes mains sur ses cuisses, jusqu’à la chute de ses reins, la pressant un peu plus sur ma personne, ayant cette envie de la garder, comme ça, trouvant un certain plaisir, un réconfort à la sentir se cacher dans mon cou, sentir son souffle venir me chatouiller doucement. Mais inévitablement, sans que j’y songe, je vins relâcher un peu mon emprise - sans retirer mes mains - quand elle chercha à me tirer des aveux concernant mes messages. Évidemment que je lui en envoyais, elle était mon amie, mais oui, il était vrai que je ne voulais pas qu’elle m’oublie encore une fois. Jamais je ne pourrais lui dire directement, enfin, je ne pensais pas pouvoir le faire, mais la voir avec un regard vide, comme si j’étais un parfait inconnu, m’avait fait mal. Je savais qu’elle n’y pouvait rien, que ce n’était pas sa faute, mais la douleur, elle était là, elle avait été bien réelle. Cherchant encore à garder un peu de dignité, je répondis juste:  « Peut-être. » mais rapidement, je ne m’en montrai pas satisfait. Sans réfléchir, j’ajoutai:  « Je suis venu, tu sais ? » Pas en elle, pas sur elle, rien de tout ça. Je précisai:  « Quand tu étais dans le coma. » Avait-elle une preuve de ça ? Non, parce que je n’avais rien laissé. Parce que je ne voulais pas l’admettre, parce que je ne voulais pas me retrouver dans cette situation merdique dans laquelle je venais tout juste de me mettre, lui prouvant que je tenais à elle, d’une certaine façon. Est-ce que ç’avait été une bonne idée ? Je n’en savais rien, mais soudainement, comme si j’étais nerveux qu’elle prenne encore la fuite et me demande de partir, ma poigne se fit un peu plus ferme, mes doigts glissèrent un peu sous son peignoir, cherchant à toucher sa peau, comme si je craignais que ce soit la dernière fois après ça.

Je regrettai de lui avoir avoué à l’instant où je le dis, à l’instant où je vis son expression changer, se troubler, me faisant comprendre qu’elle n’allait pas bien le prendre, qu’elle n’allait pas me gratifier de baisers et de câlins pour m’en remercier. Pire encore, elle se leva, s’éloignant, me laissant assis, là, à ne savoir que faire. Devrais-je me lever aussi ? Devrais-je aller la voir, partir ? Je ne savais pas, déjà que je ne réfléchissais plus correctement, là, devant une situation plus complexe que je ne l’aurais voulu, c’était pire. J’eus envie de tout oublier, tout réprimer, mais je ne le fis pas, je n’en eus pas le temps. Je me retrouvai donc à l’écouter, écouter son discours qui, à mon étonnement, ne ressemblait à rien de ce que j’attendais. J’attendais des reproches, j’attendais à ce qu’elle me hurle des bêtises, quelque chose comme ça. Ce ne fut pas ce qui se produisit. Elle regarda plutôt sur elle-même, se reprochant, à elle, bien des choses, trop de choses, j’avais l’impression. Pourquoi ? L’air incrédule que je lui servis vient certainement confirmer le fait que je ne savais pas trop où elle voulait en venir. Est-ce ça qui la poussa à poursuivre ? Je ne saurais pas le dire. Ce que je savais, c’était que je l’écoutais, les yeux écarquillés, en ne bougeant pas, comme si dans ma tête, il ne se passait rien. Alors qu’au contraire, il se passait quelque chose, il se passait beaucoup trop de choses, et aucune ne faisait du sens dans mon esprit. Parce que plutôt que de penser au fait que c’était ridicule qu’elle se voit ainsi, son discours me brisait le coeur, me faisait sentir encore plus mal que je ne l’étais dans un premier temps. Évidemment que les évènements de la soirée y étaient pour quelque chose, même sans toute ma logique je pouvais le comprendre, mais je n’aimais pas rester comme ça. J’étais dégoûté, dégoûté de moi-même surtout. N’osant même plus la regarder, même si je ne repoussai pas sa main pour autant, la seule chose que je parvins à dire lorsque je compris qu’elle ne reprendrait pas la parole tant que je ne dirais pas quoi que ce soit, ce fut:  « Tu crois vraiment que je suis une bonne personne ? » Voilà, tout le fardeau que je portais, tout ce qu’elle voulait savoir se résumait en cette simple phrase, cette simple question, que j’avais prononcé avec une voix plus brisée que je ne l’aurais cru dans un premier temps. Et ce n’était pas quelque chose que j’avais l’habitude de dire à la légère. Normalement j’étais plutôt confiant de comment je me sentais, à l’aise dans ma peau, assumant mes gestes, bons comme mauvais. Mais là, c’était juste trop, c’était carrément impossible. Incapable d’énumérer tout ce qui faisait que je n’aimais pas qui j’étais dans l’immédiat, surtout parce que je craignais que ça vienne griller ce que je voulais absolument cacher, je tournai la tête vers Athena, et j’ajoutai:  « T’es une des rares personnes qui ne me regarde pas comme si j’étais une merde… » Bon, sauf la fois où elle ne se souvenait pas de moi, mais je n’avais pas envie de la compter, parce que j’avais envie de croire que justement, ça ne comptait pas. Mais après ça, je venais englober pourquoi j’avais préféré retrouver refuge chez elle que quiconque d’autre, pourquoi je revenais toujours vers elle, pourquoi je voulais rester là, pourquoi j’avais peur qu’elle me demande de partir, pourquoi ça m’avait blessé qu’elle ne se souvienne pas de moi. Tout ça, ça dépassait le plan cul, j’en prenais conscience doucement, mais ça ne me paraissait plus aussi tabou et effrayant, même si clairement, je ne saurais pas mettre le doigt sur ce que tout ça était, précisément.

Faire des erreurs comme j’avais fait ? Incapable d’accepter, d’assumer ce qui s’était passé ? Je doutais fort qu’il y avait bien des gens qui laissaient trainer ça trop longtemps comme j’étais en train de le faire, le nier comme je le niais. Et tout de suite, je me retrouvai à le nier encore une fois, continuant comme si jamais je n’avais songé à ce qui s’était passé, concluant avec des propos autres, des propos dont je me congratulai dans la mesure du possible par après, puisque ce fut à ce moment qu’Athena cessa de me repousser, revenant à sa position d’avant, reprenant ses caresses et cajoleries. Rassuré, je fermai les yeux, répondant à son baiser toujours en douceur, mais avec toutefois un peu plus de faim que précédemment, comme si le fait qu’elle accepte qu’on faisait tous des erreurs, qu’elle ne prenne pas peur, qu’elle ne trouve pas une raison pour s’éloigner, était venu me rassurer. Bien sûr, je ne me fis pas prier pour laisser mes mains glisser sur sa peau, la découvrant un peu plus. Lorsque le baiser fut rompu, je me sentis prêt à explorer son corps davantage, avec mes lèvres, avec mes mains, sans me presser, mais elle retarda mes plans, sans que ce soit pour le pire en tout cas. Comment pouvais-je refuser l’idée d’aller dans sa chambre ? Je refermai mes bras autour d’elle, l’obligeant à garder ses jambes non loin de ma taille, tandis que je me levais, dans un geste fluide, sans la lâcher. Je la lâchai que lorsque nous arrivâmes dans sa chambre, alors que je la déposai sur son lit. Après un baiser furtif, je lui demandai:  « Y’a que nous, n’est-ce pas ? » J’étais à la fois taquin et sérieux. Taquin parce que j’avais le coeur un brin plus léger, sérieux parce que je ne voulais pas que sa caméra soit encore allumée. Je voulais être à elle, avec elle seulement, et je n’avais aucune idée de comment les choses allaient tourner, mais je ne voulais pas que quiconque le sache, le voie.

Devrais-je être rassuré par un simple « normalement » ? Je n’en étais pas tout à fait convaincu. Je n’en fis rien toutefois, m’estimant chanceux qu’elle ne m’en veuille pas ou quelque chose du genre. Au final, peut-être que quand même, ma question m’avait trahi quand même, considérant le fait qu’elle prit un temps pour s’éloigner et fermer son ordinateur, définitivement. Est-ce vraiment pour me réconforter, ou pour qu’elle, elle se sente plus sûre ? Je ne savais pas, mais une chose était certaine, c’était que j’étais reconnaissant de son geste, et je lui fis savoir en lui rendant son sourire, pas mal plus détendu que précédemment, dans une détente qui n’avait rien à voir avec l’alcool que j’avais ingérée. J’étais détendu parce que j’étais avec elle, parce que je savais qu’elle n’allait pas me demander de partir de si tôt. Enfin, c’était ce que je déduisais de ses gestes, du fait qu’elle n’avait pas tardé à revenir prendre sa place sur le lit, me gardant dans ses bras, glissant ses doigts sur mon visage, dans mes cheveux. Ne sachant me lasser de son contact, aussi doux et peu caractéristique d’elle celui-ci soit-il, je fermai les yeux un instant, la laissant faire, en m’assurant évidemment de ne pas trop me laisser faire et éventuellement, devenir un poids pour elle. Devenir un poids physique en m’écrasant sur sa personne, puis devenir un poids psychologique en ne faisant rien. Je me devais bien de lui rendre la pareille, et après tout, ce n’était pas comme si je n’en avais pas envie. Lorsque ses avances me permirent un peu plus de liberté, je finis par retirer la ceinture de son peignoir, laissant celui-ci s’ouvrir pour découvrir un peu plus de son corps qui, je m’en rendais compte, m’avait manqué. La regardant un bref instant, je me penchai ensuite sur elle, commençant à déposer ses baisers sur sa peau dénudée, sans me presser, parce que cette fois-ci, ce n’était pas une coucherie dans un lieu public. En fait, je ne savais même pas si je pouvais appeler ça une coucherie. C’était juste ce que je pouvais appeler profiter du moment, voilà tout. Et là, tout de suite, c’était ce dont j’avais besoin.