Sheri & Winnie + Let's talk about you and me

Sheri était désormais si surexcitée à l’idée d’être marraine qu’elle s’adonnait à des choses que seule une personne euphorique était susceptible de faire dans un centre commercial à mon avis. Dans un premier temps, elle se permit de parler à cette petite puce que je portais dans mon ventre, avant de finalement commencer à songer au moment où elle, elle aurait des enfants. Je ne pouvais nier que c’était mignon de la voir agir de la sorte, et que je ne saurais m’en montrer plus heureuse, mais je choisis toutefois de ne pas passer de commentaire, ou du moins, pas tant qu’elle en vint à parler de la taille qu’elle pourrait avoir au moment de sa potentielle grossesse. À ce moment, je pris un air faussement outré, faussement parce que je savais très bien que j’avais pris du poids et je ne m’en complexais pas, parce que tant que j’avais une petite fille en santé, cela ne me gênait pas. Mais histoire de l’embêter bien comme il faut et me venger, en quelques sortes, je lui répondis dans un haussement d’épaules:  « Qui sait ? Mais selon moi, tu ne pourras pas t’en sauver… Maman m’a dit que les femmes de notre famille devenaient bien souvent… gonflées pendant leurs grossesses. » Et me concernant, je ne faisais pas exception à la règle, mais ce n’était pas la fin du monde. Et puis, comment pourrais-je m’en plaindre ? Pour le moment, tout allait bien dans ma grossesse, et maintenant, je pouvais me rassurer en me disant que ma fille aurait une super marraine, et un parrain approuvé par la dite marraine. Ça, ce n’était pas obligatoire, mais disons que cela faisait plaisir de savoir qu’elle semblait être d’accord avec ce choix. Plus encore, cela me poussa à lui annoncer très bientôt, dès que j’aurais trouvé comment m’y prendre, en fait. Parce que je ne pourrais probablement pas lui demander de la même façon que j’avais fait avec ma soeur, compte tenu qu’ils étaient deux êtres complètement différents, mais que j’aimais comme ça. Cependant, j’avais encore du temps, puisque ce ne serait pas ici et maintenant que je le ferais, compte tenu que là, tout de suite, notre priorité à mon aînée et à moi-même était de trouver quelque chose à manger. Coup de chance pour nous, il ne nous fallut pas beaucoup de temps pour trouver un petit restaurant tout simplement parfait pour le moment. Sans attendre plus longtemps donc, nous nous y rendîmes, prîmes place à une table et tandis que je considérais le menu de mon côté, sans toutefois oublier la présence de Sheri, qui ne manqua pas de me faire part d’à quel point elle avait faim, ce à quoi je répondis, sans trop hésiter:  « Je ne te le fais pas dire ! », lui signifiant que bien évidemment, j’avais plus que faim, même si je ne l’avais pas fait savoir de façon aussi claire qu’elle précédemment. C’était fort probablement parce que j’avais si faim tout le temps que maintenant, je ne m’en souciais plus, et je me contentais de manger quand c’était le moment de le faire, en ne manquant toutefois pas d’être plus généreuse qu’à la normale dans les portions que je prenais. Comme là, tandis que ma soeur se contentait d’un beignet et d’un thé, je choisis de commander non seulement un jus de fruits fraichement pressé, mais également une crêpe à la pêche avec de la crème anglaise et un extra de coulis au chocolat. Rien de bien santé, mais pour tout dire, je m’en moquais. L’heure était à la fête, non seulement parce que Sheri avait définitivement accepté de devenir la marraine de ma fille à naître, mais parce que nous étions en train de passer une journée qui, sommes toutes, était exceptionnelle, et ça, ça n’avait pas de prix. Remplie de bonheur, je pris la main de ma soeur suite à ses propos, et ce fut la voix remplie de sincérité que je lui répondis:  « Toi aussi. Désormais plus rien ne va nous séparer. » Puis, peu de temps après, nos commandes arrivèrent, mais cela ne nous empêcha pas de continuer à discuter, rigoler, comme nous ne l’avions pas fait depuis ce qui me semblait trop longtemps. Mais désormais, nous n’allions plus patienter de la sorte avant de nous retrouver, ne serait-ce que le temps d’un café, un appel. Ça, je m’en faisais la promesse.