At this moment, I know that the answer has to be yes. I am defeated. By my own father. How Darth Vader. Grandir n’est pas seulement une question de croissance. On grandit en regardant nos parents, imitant leur geste, répétant ce qu’ils disent. Ils sont la forme d’enseignement le plus pur qu’un enfant puisse avoir. C’est le parent qui donne la ligne de conduite à suivre, ce qui est mal et ce qui est bien. Il délimite la frontière à ne pas franchir. Et c'est dans ce moment le plus innocent que l’enfant apprendra les valeurs qui feront de lui un adulte. «
Chip calme-toi. » Je relevais le regard pour regarder mon père assis à ma droite. «
Tu ne te souviens pas, mais c’est ce que ta mère te disait le plus souvent quand tu étais jeune. » «
Paaaaaaaaaaaaaa’ » rouspétais-je honteux qu’on révèle ce détail alors que Yasmin venait pour la première fois à la maison. «
Voyons Chip. Il n’y rien de mal là-dedans. » C’était bien son avis à lui et non le mien, pensais-je en jouant avec les petits pois qui trainait dans mon assiette. Ce repas s’annonçait comme ma potence, mon père racontant ces moments de mon enfance que j’aurais préféré taire à jamais. Je ne détestais pas mon père, depuis mon enfance je le voyais comme mon héros, mais c’était bien ça que je craignais le plus. Qu’est-ce qu’il pourrait bien sortir comme connerie. Parce que oui j’en avais fait des choses durant mon enfance qui pouvait sembler tellement adorable venant d’un enfant, mais un poids honteux pour un garçon de mon âge. «
Chip a toujours été un gamin regorgeant d’énergie. Ma femme et moi, on ne savait bien souvent pas quoi faire de lui. Déjà qu’on devait élever des jumeaux, on avait hérité d’un monstre à batterie. » Je poussais un soupir, appuyant ma joue dans la paume de ma main, alors que ma fourchette continuait de jouer avec les petits pois. Je sentais le regard de Skye se poser sur moi, relevant mes prunelles brunes vers lui, je remarquais son sourire en coin. Entre lui et moi, on avait beaucoup plus de chose à dire sur moi. Skye était l’ange entre nous deux, c’était le petit garçon tranquille qui passait inaperçu et moi, j’étais la tornade ambulante qui bousculait tout sur son passage. Parfois, j’aurais aimé être comme mon frère, mais décidément on n’était pas fait pour se ressembler. Déjà physiquement on avait rien en commun si ce n’était notre couleur de cheveux et encore. À son sourire, mon envie de prendre de la purée de pomme de terre et lui envoyer en plein visage me traversait l’esprit, je réprimais bien vite cette idée en sentant un autre regard sur moi, celui de ma mère. Elle pouvait être aussi douce que Skye, si elle voulait se montrer sévère, elle en était tout aussi capable. «
Chip a su marché bien avant son frère, je crois même qu’il a toujours tout fait avant lui. À peine savait-il marché qu’il désirait déjà courir. On avait de la difficulté à le garder en place. Toujours en train de se promener dans la maison à la moindre occasion. On ne pouvait pas se permettre d’être distrait. » En soit, je n’avais pas tant changé. Je bougeais tout autant, si ce n’était pas plus. Être assis à la table était pour moi déjà un calvaire, je sentais mes jambes sous la table trépider à l’idée de me lever. On m’avait vite diagnostiqué hyperactif. Ma famille s’était toujours demandé si je n’avais pas plutôt un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité. Parfois, je me le demande aussi, mais les médecins n’en sont jamais venus à cette conclusion, mais peut-être que j’en fais mais à un pourcentage inférieur à dix pourcents. Je n’en sais trop rien, mais il est certain que je n’arrive pas à rester bien longtemps concentré et j’ai depuis toujours du mal avec mes études. «
Je me rappelle un soir, il devait avoir environs trois ans. Amaryllis était en train de leur donner un bain. Déjà là ce n’était pas une tâche facile entre Chip qui éclaboussait partout et Skye qui demandait toujours plus de savon pour jouer avec les bulles. Je rentrais du travail, le simple bruit de la porte et des clés que l’on déposait sur le meuble d’entré, que je pouvais déjà entendre le clafoutis de l’eau dans la baignoire. Je n’avais pas encore pris la direction de la salle de bain que je voyais un Chip… » Je soupirais, baissant le regard sur ma viande. «
Paaaaa’ j’t’en prie… » «
…nu comme un verre, la tête couverte de shampoing trottinant à vive allure vers moi en criant : papa. » Si j’avais pu à cet instant même, je me serais laisser mourir en mettant ma tête dans mon assiette, espérant que les petits pois s’infiltreraient dans mes narines et ainsi je pourrais mourir plus dignement que si la honte me rattrapait. J’entendais un ricanement, discret, relevant mon regard, je remarquais Yasmin la main sur ses lèvres qui me regardait. «
Tu devais être adorable. » disait-elle en me souriant, mais j’avais peine à lui rendre son sourire tant mon envie de me cacher sous la table grandissait. J’avais pourtant demander à mon père d’être correcte, j’aurai espéré qu’il aurait tais ces souvenirs. «
Il faut dire que Chip a toujours beaucoup aimé Neil. Pendant une année entière, il a tenu à s’habiller comme son père, à se coiffer comme lui, il n’acceptait rien si ce n’était pas toi qui le faisait n’est-ce pas chéri ! » J’entendais le rire de mon père, un rire contagieux en temps normal. «
C’est bien vrai, le premier jour où il a décidé de m’imiter, je l’ai vu le matin arrivé vêtu d’une de mes chemises. On aurait dit qu’il portait un chapiteau tellement celle-ci était grande, il faut dire entre un adulte et un enfant de trois ans la différence est considérable. Quand j’ai voulu lui retirer la chemise, il a complètement éclaté en sanglot. Il a été à la garderie vêtue de ma chemise. Chérie, on a bien des photos de cette journée ? » Les albums photo, ce vieux truc qui sert plus de torture pour démontrer comment on a l’air idiot. Je détestais les séances spéciales accordé à la contemplation de photo de mon enfance. À croire que mes parents aimaient tout photographier. On avait un nombre incalculable d’album, illustrant chaque parti de notre enfance à Skye et moi. Par chance, j’avais mon arme secrète, les albums de mes parents que j’avais pris soin de numérisé pour garder en archive. Un jour qui sait ça pourrait toujours me servir ! «
Oui, on doit avoir des photos de ce moment. On pourra toujours les regarder après le repas, si tu le veux bien Yasmin. » «
Oui madame. » Je jetais un regard à mon amie qui me souriait. «
Non, mais le père de Yasmin est photographe, elle veut sans doute pas voir vos photos d’amateur. » Je tentais le coup, espérant qu’elle ne voudrait pas réellement voir ces photos. «
Au contraire, j’ai bien envie de voir à quoi tu ressemblais bébé. » C’était raté… Ne pouvant contrecarré ce complot, je me décidais à manger ce qu’il y avait dans mon assiette…
Le plat principal terminé, j’avais aidé ma mère à débarrasser la table, alors que mon père continuait de parler relatant des souvenirs plus embarrassant les uns que les autres. «
N’échappe pas les couverts. » disait ma mère, alors qu’elle me suivait jusque dans la cuisine. Je déposais le tout près du lave-vaisselle. «
Elle est vraiment adorable la petite voisine. Tu l’aimes bien non ? » Passant la première assiette sous l’eau avant de la mettre dans le panier, je me figeais me tournant pour regarder ma mère qui me souriait. «
Maaaam’n ! » Ce soir c’était vraiment ma soirée pour l’accentuation du a, démontrant mon embêtement vis-à-vis de la situation. «
Chippy, mais c’est que tu as les joues rouges. » Je restais un moment stoïque, regardant ma mère sans comprendre ce qu’elle insinuait. Sans me laisser le temps de réagir, elle passait ses bras autour de moi et me serrait contre elle appuyant sa joue contre ma tête. «
Tu grandis si vite. » Ouais c’était relatif, pour mon âge j’étais plutôt petit… «
Quel joli spectacle. » Je tournais mon regard pour apercevoir Skye entrant dans la cuisine avec le reste de la vaisselle sale. «
Mais laisse-moi. » disais-je à l’intention de ma mère qui me serrait toujours contre elle. M’éloignant, je la voyais humecter ses doigts pour venir replacer une de mes boucles rebelles en me souriant. «
Faite vite, j’ai fait votre gâteau favori. » Oui avec mon frère on était différent, mais au moins on avait la même chose en commun, on aimait le même gâteau. Le New York Cheesecake. Je continuais de passer la vaisselle sous l’eau, les donnant à Skye pour qu’il les place dans le lave-vaisselle. «
Drôle de soirée. » Je tournais ma tête pour regarder mon jumeau qui me souriait. «
Une torture tu veux dire. » Je ne savais pas ce qui prenait à mes parents, mais ils semblaient prêts de relater toute ma vie en une seule soirée. Pourtant, ce n’était pas la première fois que Yasmin venait à la maison. Rester pour manger, oui, mais sinon elle passait pour venir nous chercher et allez jouer avec elle. J’étais persuadé que mes parents complotaient pour une raison que j’ignorais encore, mais l’éventualité qu’ils nous voient ensemble n’était pas à exclure. Sauf que, je ne ressentais rien pour Yasmin, en fait les filles en générales, ni même les mecs. Disons que je ne m’en préoccupais pas, quand on jouait tout le monde était égaux. «
Je préfère pas imaginer tous ce qu’ils vont raconter. » disais-je en fermant le robinet et me tournant pour regarder Skye. Je l’enviais d’être plus grand que moi, mais je pouvais toujours espérer grandir encore. «
Ouais… Je crois que je vais surtout éviter de ramener ma première copine à la maison. » Je laissais un rire m’échapper, si c’était ainsi à chaque fois qu’on ramenait une fille à la maison, on pouvait être certain que nos relations ne dureraient jamais au-delà de ces dîners. «
Mais qu’est-ce que vous faites tous les deux ? » Notre mère entrait dans la cuisine allant chercher le gâteau dans le réfrigérateur et nous poussant pour retourner dans la salle à manger. «
Vous étiez parti vous cachez ? » Mon père semblait vraiment prendre son pied, je prenais place face à Yasmin qui abordait un large sourire. Murmurant un «
désolé » elle balayait mon mot d’un signe de la main. Elle semblait s’amuser aussi, ce qui était d’autant plus embarrassant. Je savais qu’elle s’amuserait à me sortir ces archives tôt ou tard. Ce n’était vraiment pas à mon avantage qu’elle connaisse tout ça sur moi ! «
Alors qu’est-ce que je racontais ? » «
Vous parliez de Noël. » Pourquoi l’encourageait-elle ? «
Ah oui ! Les garçons ont longtemps cru au Père Noël, ils avaient neuf ans quand ils ont cessé d’y croire, n’est-ce pas ? » demandait-il en posant son regard sur ma mère qui acquiesçait d’un mouvement de la tête tout en coupant la première part de gâteau. «
Et on l’a découvert en surprenant notre père en train de manger les biscuits la nuit de Noël. Il a ri comme le Père Noël, mais il avait zappé qu’il ne portait pas de costume comme à l’habitude. » «
Je me souviens, tu m’as dit lorsqu’on s’est vu par après que Noël c’était que mensonge. » ajoutait Yasmin, me décrochant un sourire, alors que toute la tablée se mettait à rire. Je pouvais au moins dire ça, chez nous le rire était facile et contagieux. Ma famille était plus importante que tout et même si j’avais honte de mon père à cet instant, je savais qu’il ne voulait pas à mal. «
C’est vrai que cette année-là, j’avais été plus négligeant, mais votre mère avait oublié le costume chez le nettoyeur et pour une fois vous ne dormiez pas dans le salon. » Il se tournait vers Yasmin, et je savais déjà ce qu’il allait raconter. «
Vois-tu ces deux là ont très vite eu envie de voir le Père Noël, à croire que les parades et le centre d’achat ne leur suffisait pas. Vers quatre ou cinq ans, ils ont commencé à aller en cachette dormir dans le salon. On les couchait tôt, mais on a découvert qu’ils sortaient de leur chambre en douce pour aller se coucher près du sapin. Mettre des cadeaux sous l’arbre avec eux dans les pattes, c’était une mission impossible, mais on n’osait pas les réveiller. Ils semblaient si paisibles, donc on les laissait dormir là. » Et je me souvenais de la déception que mon frère et moi éprouvions en découvrant qu’on s’était endormi sans avoir pu voir l’homme barbu du Nord. À chaque année, je voulais le remercier pour les cadeaux de l’année précédente. J’avais très souvent ce que je demandais sur ma liste pour le Père Noël. Et ce que je préférais, c’était la chaussette accrochée à la cheminé. Elle était toujours remplie, débordant de bébelles en tout genre. Je crois que c’est encore ce que je préfère. «
Vous deviez être adorables ! » Je regardais Yasmin qui semblait être sous le charme du cuteness des twins Danvers durant notre enfance. «
Ils ont toujours été adorables mes bébés. » On entendait la nostalgie dans le son de la voix de notre mère. Je piquais ma fourchette dans le gâteau pour le porter à ma bouche. Miam.
À peine avais-je mit la première bouchée du gâteau dans ma bouche, que j’entendais la voix de ma mère : «
Ça me rappelle lors de leur premier cours de ballet. » Damn it ! Je manquais d’avaler ma boucher de travers, toussant plusieurs fois et buvant une gorgée de lait pour faire passer le tout. Je voulais bien qu’on parle de moi nu sortant du bain, mais hors de question qu’on parle de cette période de ma vie. J’avais fait du ballet durant quatre années, ma mère désirait tant qu’on suive des cours… Je préférais de loin la gymnastique, mais je n’avais pas vraiment mon mot à dire à cette époque… Au moins, j’avais Skye qui me tenait compagnie, mais on restait très peu de garçon dans ces disciplines. «
Ça va mon chéri ? » J’acquiesçais, le regard rempli de larme. Je toussais une nouvelle fois, baissant mon regard sur mon assiette. Je craignais le pire pour les prochaines minutes. Option un, mourir de honte avec les souvenirs que ma mère allait raconter. Option deux, m’étouffer avec le gâteau… L’une comme l’autre me semblait tout à fait plausible et hypothétiquement réalisable. Je sentais encore le goût du fromage dans ma gorge, me versant un autre verre de lait pour changer le goût. «
Ils étaient adorables dans leur maillot de danse. Skye semblait tellement excité à l’idée de commencer, mais Chip lui faisait comme toujours il voulait faire plus que les autres. Le professeur n’avait pas encore commencé le cours, qu’il était déjà là faire des pirouettes et sauter partout. » Au moins, ça résumait bien la différence entre mon frère et moi. Je jetais un regard suppliant à ma mère pour qu’elle ne continue pas son histoire. «
Il était tellement à fond dans ce qu’il faisait, qu’il n’a pas vu le miroir. Mon petit Chippy a foncé droit sur celui-ci. » Ce n’était pas la première fois qu’elle utilisait ce surnom devant mes amis, mais j’en ressentais toujours autant d’embarras en la voyant le dire avec tant de tendresse. Je posais ma main sur mon front, accablé par cette soirée. On ne pouvait pas parler de Skye aussi ? Ce serait bien… «
Il s’est tout de suite mit à pleurer et son frère fit de même, pourtant Skye ne s’était pas fait mal. » C’est vrai que pendant longtemps on faisait cela, aussitôt que l’un de nous deux se faisait mal on pleurait avec l’autre. Avec les années ça s’était arrêté, peut-être que Skye en avait marre de toujours pleurer comme je passais mon temps à me faire mal. Repoussant mes limites, je désirais tellement faire toujours plus dans tout, que je finissais bien souvent plus amocher qu’autre chose, mais je tenais bon. Rien ne pouvait vraiment m’arrêter. Si j’arrivais à surpasser mon objectif, j’étais heureux. Et bien que le ballet ne fût pas trop ma tasse de thé, j’avais toujours voulu arriver à faire plus, me surpasser une fois de plus et c’était pareil pour la gymnastique. D’un sens si je n’avais jamais fait cela, aujourd’hui je ne serais pas si agile. Aimant bien épater la galerie en faisant quelques salto arrière et ça m’avait aidé dans d’autres disciplines. «
Tu te souviens chérie quand ils ont eu leur premier spectacle ! » Ma mère se mettait à rire doucement, je ne savais pas trop si on devait bien le prendre ou non… «
Ils étaient tout ce qu’il y a de plus adorable dans leur costume d’animaux. » «
Et c’est Skye ou Chip qui avait perdu un chausson ? » On voyait sur le visage de ma mère ce moment de réflexion apparaître. Aurait-elle oublié un moment de notre vie ? J’en doutais fort, elle saurait se souvenir de lui prolongeant notre calvaire. Je ne savais pas trop si Skye aimait cette partie de la soirée, mais en tout cas son sourire semblait s’être effacé. Je lui adressais un regard qu’il n’esquiva pas et en même temps on se frottait le front. «
Vous faites le même geste. » s’exclama Yasmin, qui se mit à rigoler, alors qu’on semblait étonné. Je posais mon regard sur ma main. «
Vous ne saviez pas que vous faite ça parfois ? » continua-t-elle en souriant. «
Euh non. » répondait mon frère, alors qu’on se regardait mutuellement comme si on ne comprenait pas ce qui se passait. «
Si vous le faite souvent même. » Je tournais mon regard pour voir mon père nous sourire. Sûrement encore un truc de jumeau. Ce n’était pas rare qu’on nous dise des choses dans ce genre, les jumeaux ont tendances à faire ça ou ça… Je n’étais pas trop certain si c’était du fait qu’on soit jumeau qui causait cela, peut-être simplement parce qu’on avait passé notre vie ensemble ? Après tout on avait toujours été ensemble et cela depuis la création. Même si on était dans deux sacs amniotiques, qu’on avait chacun notre placenta, on avait grandi dans le même ventre. Plus jeune nos parents avaient dû nous expliqué pourquoi on ne se ressemblait pas, pourquoi on disait qu’on était de faux jumeaux. Il a un terme pour cela, dizygote. On ne partagerait pas les mêmes chromosomes. Comprendre tout cela, n’a pas été chose aisé, mais on y est parvenu. On devait simplement comprendre le terme « faux jumeaux » ça ne voulait pas dire que nous ne l’étions pas, mais seulement que physiquement on n’était pas identique, ce qu’on ne pouvait pas cacher. On pouvait passer pour deux frères, mais jumeaux… Et pourtant, c’était le cas, on avait juste évité de porter les mêmes vêtements de différentes couleurs. «
J’ai jamais fait gaffe. » disais-je en mangeant une autre bouchée de gâteau. «
Moi non plus. » renchérissait Skye, mais on savait tous les deux que maintenant on allait faire attention à cela. Des plans pour qu’on surveille nos moindres faits et gestes !
On avait fini de manger, me levant je débarrassais une nouvelle fois la table, cette tâche étant accordé à mon frère et moi la plupart du temps. «
C’était très bon, madame Danvers. » disait Yasmin alors que je retirais son assiette de devant elle. «
Apelle-moi Amaryllis. » Mes parents ont toujours été du genre sociable et chaleureux, nos amis étant toujours bien accueillit – et encore plus si dans leur espoir on pouvait ramener une petite amie, j’étais de plus en plus certain que ma mère voyait cette éventualité naître en nous regardant Yasmin et moi. Seulement, on n’était pas les amis éprouvant de tel sentiment l’un envers l’autre. «
Tu as besoin d’aide ? » me demandait-elle. «
Ça va. » répondais-je en prenant la direction de la cuisine pour finir ce que j’avais commencé entre le plat principal et le dessert. Ouvrant la porte du lave-vaisselle avec mon pied, je nettoyais les derniers couverts pour les placer dans la machine. «
Tu aurais pu l’invité depuis un moment. » Je tournais la tête pour voir mon père arriver dans la pièce tenant le plateau à gâteau. «
Ça n’adonnait pas c’est tout. » disais-je en fermant l’eau du robinet. J’aimais mon père, mais je pouvais aisément prédire son discours. Il suffisait que je regarde son regard. «
Ne cherche pas, on ne sort pas ensemble. » Mon père levait les mains en l’air, après avoir déposé le plateau sur le comptoir, et d’un air innocent il disait : «
Je n’ai rien dit, mais elle te plait bien ? » Je plissais les sourcils. «
Je ne m’intéresse pas aux filles. » «
Oh ! » La boulette… Je sentais mes joues devenir chaudes, elles devaient avoir pris une teinte cramoisie. Je secouais mes mains devant moi. «
Non c’est pas ce que j’ai voulu dire. » affirmais-je en baissant le regard. «
C’est juste que je cherche pas à avoir de copine… Désolé. » Après à douze ans c’est normal, non ? Je n’avais jamais été le mec qui a des petites copines étant jeune, je n’avais même jamais embrassé une fille, pas même pour tester un bisou. Il approchait de moi, posant sa main sur mon épaule : «
Ça viendra, tu es encore jeune. C’est normal. À un moment, tu seras près et qu’importe ton choix ta mère et moi t’aimerons toujours. » Je relevais mon regard vers lui, fronçant un sourcil, certes je ne m’étais jamais penché sur la question à savoir quel était mon orientation, mais bon physiquement je ressentais plus d’attirance pour les filles que les garçons. Je n’étais pas prêt à m’intéresser à des filles de cette façon… Je n’étais peut-être pas normal ? Peut-être que j’étais attiré par les garçons sans le savoir ? En tout cas, mon père semblait insinuer cela, restait à savoir si c’était le cas. Je finissais par adresser un sourire à mon père, qui me répondait d’un sourire serrant un peu plus mon épaule. Sans ajouter un mot, je retournais dans la salle à manger, je pensais y trouver Yasmin m’attendant, mais elle n’y était pas. Il n’y avait plus personne, avançant dans la maison, je croisais Skye. «
On se voit plus tard, je sors. » J’acquiesçais d’un signe de la tête, le regardant sortir et reprenant la quête qui était destiné à trouver ma meilleure amie. Des rires parvenant du salon m’interpellèrent et je me dirigeais vers ceux-ci. Je m’attendais à tout, cette soirée prenait une tournure plutôt inattendu. En général, Yasmin passait me prendre à la maison et on partait jouer dehors, mais là mes parents semblaient bien déterminer à la garder avec nous. J’aurais peut-être dû dire qu’on accompagnait Skye à l’extérieur, mais il semblait être trop tard, elle était prisonnière des griffes de ma mère. Je la retrouvais assise sur le canapé à regarder un album photo. «
Ici on était chez les parents de Neil, c’était pour l’anniversaire des jumeaux… » Elles ne semblaient même pas réaliser que je me trouvais dans la pièce. Je poussais un soupir, me laissant tomber dans le canapé devant eux. En m’assoyant, je remarquais que Yasmin relevait son regard vers moi, m’adressant un sourire. «
Je vous savais mignon, mais tu ne m’avais jamais montré cet ensemble ! » Yasmin m’avait vu sur plusieurs coutures, comme elle était une voisine, habitant quelques maisons plus loin, on la connaissait depuis plusieurs années déjà. Elle sortait la photo de l’album pour me la tendre. Sur le cliché j’étais vêtu d’un gros pull vert avec un reine tricoté qui avait une tête plus grosse que la mienne et Skye lui avait eu droit au bonhomme de neige. On ne devait pas avoir plus de deux ans, si ce n’était deux ans pile. «
Je me souviens de ce jour… » Une main prenait la photo que je tenais, suivant du regard le geste, je croisais le visage e mon père qui semblait nostalgique à son tour. «
C’est la première fois qu’ils ont déballer leurs cadeaux sans aide et ils ont tenus la conversation à leur grand-mère sans arrêt. Je ne me souviens plus sur quel sujet, mais ils avaient de la parlotte ce jour-là. On a eu de la difficulté à les faire s’asseoir pour souffler les bougies de leur gâteau. » Je regardais mon père, pinçant mes lèvres, je savais que peu de temps après ce moment sa mère était tombé malade. Je n’avais pas tant connu ses parents contrairement à la famille de ma mère qui je voyais plus régulièrement – si ce n’était pas pour dire que je les voyais dans ma soupe ! «
Oh mais c’est splendide ! » Je tournais mon regard pour voir Yasmin qui semblait émerveiller devant d’autres photos. «
Oh oui, c’était durant notre voyage en Laponie, on avait amené les garçons voire le village du Père Noël. C’était leur premier voyage. » J’étais trop jeune pour m’en rappeler, mais on avait des photos accrochées dans l’escalier menant à l’étage, parmi tous les autres cadres photos de famille. J’avais dû aimer ce voyage puisque j’étais toujours souriant sur chacune des photos. Qui pouvait se vanter d’avoir été en Laponie ? «
Tu as déjà nagé avec des dauphins ! » «
Euh ouais, je te l’avais pas dit ? » Elle me faisait un signe de négation avec la tête regardant plus attentivement les photos. Ça devait être lors de notre voyage à Riviera Maya. J’avais eu la chance de voyager, mes parents ne nous limitaient pas à d’autre région du pays, on partait à l’étranger au moins une fois par année. Du moins quand j’étais jeune, jusqu’au moment où mon père achète un chalet dans le Vermont. On y passait les vacances d’hiver là-bas et mon père ne pouvait pas avoir autant de congé comme il était devenu PDG d’une des nombreuses entreprises appartenant à mon grand-père. Je souriais en regardant Yasmin qui semblait s’émerveiller devant nos photos. Ça n’avait rien à voir avec le travail de son père, j’avais vu ses photos, c’était incroyable. Nous on devait avoir des focus fait au mauvais endroit, des fronts coupés ou bien des ciels plus présents que nos visages. Ça avait son charme, mais bon. Puis, je sentais le regard de mes parents se poser sur moi, mais quand je regardais ma mère elle me souriait et détournait le regard pour le porter sur l’album. «
Oh ça c’était dans un temple, Chip s’était perdu et on venait de le retrouver. Pourquoi on a une photo de ça ? » Je voyais mon père sourire. «
Ça nous faisait un souvenir de plus. » «
Paaaaaaaaaaaaaaaaa’ » Décidément mon père ne ressemblait pas à l’homme qu’on pourrait croire quand on le voyait au sein de l’entreprise. «
C’est toi qui avait dit vouloir jouer Indiana Jones, tu vois tu as rayé cette option après cela. » Seriously ! Je lui lançais un regard qui en disait long, le faisant éclater de rire.
Les pages de l’album avaient continué de tourner, ma mère en avait même sorti un second. Ils semblaient bien partis pour faire le tour, je sentais déjà mes jambes se mettre à bouger. Je n’allais pas pouvoir rester bien plus longtemps assis à les regarder s’exclamer et passer des commentaires sur des photos. Je me levais. «
Je reviens. » disais-je en prenant la direction de l’étage. En montant les marches, je jetais un coup d’œil aux photos exposées. Je passais tellement souvent dans cet escalier, que je ne prenais même plus le temps de regarder celles-ci. Elles faisaient partie du décor au point tel que je les avais oubliés. Mon regard se posait sur une photo où j’étais couvert de terre sur les joues et le front, un large sourire entre ma mère et un homme d’un certain âge, mon grand-père maternel. C’était la première fois que je travaillais pour son entreprise. Il avait fondé une multinationale à partir de rien. C’était parti d’un homme aimant la botanique, qui avait passé sa vie à travailler dur. Commençant comme simple fleuriste pour ses parents, puis développant une entreprise de paysagiste et il avait connu ma grand-mère qui se passionnait pour les plantes médicinales et il se lança dans le domaine pharmaceutique. Ma famille possède plusieurs entreprises partout au pays, mais aussi dans le monde, mais on reste discret. On a toujours été ainsi. Mes grands-parents n’ont jamais possédé une immense demeure et c’est pareil pour mes parents. On a simplement un jardin gigantesque, le plus gros de toute la rue… Mais sinon, on semble assez modeste, mais en réalité j’ignore la fortune globale de ma famille. Je regardais le visage de mon grand-père, il avait toujours voulu m’amener sur le terrain, me montrer le métier de paysagiste. Sur la photo, je n’avais que dix ans, j’avais commencé jeune, mais puisque je n’étais jamais seul et que je servais surtout pour l’entretien ainsi que le plantage, je n’avais pas besoin d’être diplômé. Je devais simplement suivre les directives qu’on me donnait. Il me payait en cornet de glace, comme mon frère on avait grandi avec des plantes, on s’avait depuis notre jeune âge s’en occupé, mais je ne me voyais pas en faire mon métier plus tard. Je devais bien avouer, que je ne savais pas comment le dire à mes parents. Je voulais voler de mes propres ailes ! Depuis que j’avais commencé à aller entretenir le jardin présidentiel avec une équipe de mon grand-père, j’avais su que je voulais devenir président… Ou pas, non, je ne me voyais pas comme un leader qui gouvernerait, mes aspirations étaient moins louables, moins fantasques. Je ne savais pas encore ce que je désirais faire, mais j’avais encore le temps d’y penser. Je gravissais les quelques marches restantes, me dirigeant vers ma chambre, enfin pour dire plus précisément celle de mon frère et moi. En poussant la porte, je regardais ma chambre vide et le soleil qui se couchait à l’horizon à travers ma chambre peignant les murs d’un orange crépusculaire. Le temps ce soir avait passé à une vitesse folle. Je m’assoyais sur le lit de mon frère, je ne savais pas trop pourquoi j’étais monté. Le sentiment que je devais bouger, me changer les idées, une période trop longue assise sans doute. Je passais une main dans mes cheveux. Je me relevais pour me diriger vers la salle de bain et lorsque j’en ressortais, je tombais sur Yasmin qui m’attendait dans ma chambre. «
Tes parents sont sorti. » On était donc tous les deux seuls dans la maison. Il ne faut pas croire qu’il allait se passer quelque chose. «
Ils sont vraiment gentils. » Je souriais, glissant mes mains dans mes poches. «
Oui. Un peu chiant quand ils s’y mettent, mais je les aime beaucoup. » Elle rigolait, mais je savais qu’au fond d’elle, elle devait envier ma famille. Elle n’avait jamais connu sa mère et son père était souvent absent. Vivre avec ses grands-parents ce n’est pas comme vivre avec ses parents. «
Tu sais, tu peux venir à la maison quand tu veux. » Ce n’était pas moi que ça allait déranger, elle s’entendait bien avec Skye et mes parents l’apprécier. Elle me souriait. «
Merci Chippy. » Je me prenais le visage entre mes mains. «
Argh… Tu vas pas t’y mettre aussi ! » Elle rigolait une fois de plus. «
C’est mignon. » J’écartais mes doigts pour la regarder. «
C’est horrible on dirait une marque de chocolat… » «
Ne me fait pas t’appeler Chipits ! » Mes mains retombaient le long de mon corps, l’expression de mon visage changea immédiatement de l’embarras, il devait démontrer mon dégoût, déconfit à cette idée qu’elle m’attribut ce surnom horrible. «
T’es pas sérieuse ? » «
Oui, tout ce qu’il y a de plus sérieuse. » Je grimaçais, je savais qu’elle remettrait ce surnom sur le tapis à tout moment. Mon regard se posait sur quelque chose qu’elle tenait dans sa main. «
Qu’est-ce que… » «
Oh ! Ta mère m’en a fait cadeau ! » Elle me montrait une photo de nous deux, à voir le décor derrière nous on devait être chalet. «
Je ne l’avais jamais vu. » Je souriais. «
Et si on allait finir cette soirée dehors, tu dois bien vouloir te dégourdir les jambes ! » Je passais mon bras tour de son cou. «
T’as pas idée ! »
Me laissant tomber sur le balcon, je laissais mes jambes s’étendre dans les marches, appuyant mes bras sur les lattes de bois, et regardant Yasmin prendre place sur une des marches. On venait de passer quelques heures à jouer, la nuit était tomber et malgré qu’on soit dans une métropole, on arrivait à voir quelques étoiles. Très peu, certes, mais présentes. Je portais mon regard sur celles-ci : «
Je me demande s’il y a d’autre civilisation… » «
Tu cherches une explication à ta naissance ? » Un rire m’échappait, me redressant, je la poussais doucement suite à cette plaisante. «
Eh bien voilà que ça fait déjà des disputes. » Je tournais mon regard pour voir mon père et ma mère revenir. «
Hop hop, poussez-vous et laissez-nous monter. » On se décalait pour leur faire de la place. «
Vous désirez boire quelque chose ? Je peux vous l’amener. » proposait ma mère en nous souriant. «
Moi ça va. » «
Moi aussi, merci quand même. » On lui souriait. «
Très bien. Chip ne rentre pas trop tard. » «
Non, mais je vais aller reconduire Yasmin chez elle avant de rentrer. » Elle acquiesçait, avant de suivre mon père à l’intérieur de la maison. «
Quand je serai de l’âge de ta mère, j’aimerais lui ressembler. Ils semblent tellement heureux. » Et pourtant, ce n’était pas toujours le cas. Quand il y avait des disputes entre eux, il était préférable de ne pas se trouver dans la même pièce qu’eux. «
Tu flash sur mon père ? » Je voyais les joues de ma meilleure amie devenir rouge, avant qu’elle me pousse à mon tour, me faisant éclater de rire. «
Pourquoi vous riez ? » Je reconnaissais la voix de Skye. «
On se demandait de quelle planète tu venais ! T’es trop grand pour être humain. » Je continuais de rire, alors qu’il prenait place avec nous sur les marches. «
Tu parles, tu t’es vu. Fallait manger tes croutes ! » Je basculais la tête vers l’arrière riant de bon cœur. On aurait pu prendre un millier de photo, c’était ce genre de moment que je préférais. «
Hey une étoile filante ! » disais-je une fois que j’avais ouvert les yeux, pointant le ciel. Tous trois on portait notre regard vers le ciel, observant le point lumineux. «
Idiot, c’est un hélicoptère ! » «
Oh. » «
C’est déjà une bonne chose, tu n’as pas dit que c’était un ovni. » Je pouffais de rire, accompagné de mon frère et Yasmin. Non, vraiment pour rien au monde je voudrais échanger ces moments. C’était sans prise de tête, de simple moment où on se permettait de délurer sans réfléchir, riant. «
On sait pas il venait peut-être le rechercher pour lui greffer de nouvelle jambe et ainsi le rendre plus grand ! » Yasmin continuait le délire, en ajoutant toujours plus. «
Arrête, je vais me faire pipi dessus ! » J’en avais mal au ventre, les larmes naissant à coin de mes yeux. «
Chippy va faire pipi ! » Essayant de me retenir de rire, je voyais dans le regard de mon jumeau l’éclat d’un rire. «
Bon je devrais rentrer, sinon on va se demander où je suis. » Lui adressant un sourire, on se levait tous les trois pour se diriger vers la maison de Yasmin. Certes, elle n’habitait pas bien loin, mais valait mieux pas prendre de chance. Je n’avais pas faire deux pas, que je me mettais à faire une roue, puis une seconde. «
Ton frère ne sait vraiment pas marcher comme tout le monde. » «
Je te le dis c’est lui ET, il a même la grandeur. » Je me redressais. «
Hey je vous entends ! » Pointant mon frère du doigt : «
ET téléphone maison !! » disais-je en prenant une voix fausse ne ressemblant rien au personnage de Spielberg. Mais c’était vrai, c’était plus fort que moi, depuis que j’avais appris la gymnastique, j’en faisais dès que je pouvais. Ça me permettait de m’entraîner, garder la forme puis que je ne faisais plus de ballet contrairement à mon frère. «
Merci de m’avoir raccompagné. On se voit demain ! » «
Bonne nuit Yas’. » disions-nous en cœur, la saluant avant de retourner chez nous pour aller nous coucher.