Sujet: Re: J'ai croisé le Dr Mamour dans les couloirs [Levi] Ven 11 Nov - 0:22
J'ai croisé le Dr. Mamour dans les couloirs
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LJe ne sais pas pourquoi, je m'étais laissé à lui avouer ce genre de choses. Sur mes élèves, sur ce que je ressentais pour eux, sur mes états-d'âmes, mais surtout pourquoi je lui avais avoué que j'avais grandi sans jamais avoir vu le visage de mon père. Sans doute que venir sur le sujet ou au moins l'évoquer était devenu inévitable dans la conversation à partir du moment où il avait commencé à parler de sa fille et de ses responsabilités parentales. Bizarrement, j'étais beaucoup moins gêné de parler de ce genre de choses avec lui qu'avec la plupart des gens, je me sentais libre de raconter ce que je voulais, je n'avais pas l'impression d'être juger. Il ne me regardait pas de travers, il ne haussait pas les épaules de désintérêt. Il était simplement en train de m'écouter, tout naturellement. C'est vrai, que je n'avais pas eu le luxe de voir mon père. En réalité, je ne connaissais même pas son visage. Et je ne tenais pas à le voir. Il avait abandonné ma mère quand elle me portait encore dans son ventre, et je n'ai jamais tenu à savoir qui il était. Bien sûr elle m'avait donné une chance de le rencontrer en déménageant à Washington, mais c'était peine perdu, je n'avais pas choisi ce chemin pour moi, ni pour elle. Elle avait trouvé le bonheur avec un autre, et je n'avais plus besoin d'un père, j'avais fini par un devenir un homme par mes propres moyens, et j'étais désormais plutôt fière de ce que j'étais, en tout cas sur certains points. Alors, j'avais laissé ce sujet résonner entre les murs de la chambre oui, mais ça ne me faisait rien d'en parler, en tout cas plus maintenant. Je n'avais ni larmes aux yeux ni émotions quand je parlais de cet homme dont je ne savais que le nom. Pour moi il n'était qu'un prénom, Des mots perdus dans le vent.
Sa remarque avait claquée dans mes oreilles subitement, je ne m'y attendait pas, en même temps, on ne peut pas deviner quelque chose comme ça. Lors de nos soirées illusoires, nous ne parlions pas vraiment de nous, de nos vies, finalement, je crois que c'est justement pour y échapper que nous allions nous retrouver dans des mauvais délires chaque nuit. Alors nous n'avions jamais évoqué des sujets aussi personnels que ça. En fait, être ici avec Levi, c'était comme si je le découvrais réellement pour la première fois. Comme si je savais enfin qui il était, alors que pourtant j'avais déjà passé des heures et des heures à côté de lui. Je crois, que l'idée de connaître l'homme derrière le dogué, ne me déplaisait pas tant que ça. « Oh, je savais pas désolé de te rappeler ça...En fait, je connais même pas le visage du mien, je n'ai jamais eu même une photo de lui. Je sais juste où il habite et comment il s'appelle. Mais...Il ne m'a jamais manqué. » J'avais haussé les épaules, je ne savais pas trop pourquoi je poursuivais la conversation sur le sujet. Sans doute que je venais de comprendre que Levi était peut-être la seule personne de mon entourage à comprendre ma situation et mes sentiments par rapport à un père qui n'avait jamais été là. Cette nouvelle m'avait surpris, et je me sentais subitement plus légitime pour venir lui rendre visite. En fait, en une minute à peine, mon embarras du début de journée s'était envolé. Je me sentais plus léger.
Je m'étais penché pour attraper un gâteau, observant le truc que je tenais entre les doigts. « Merci...C'toi qui aime manger ses trucs ou c'eux qui te forcent à les avaler ? Genre ils croient que le lait c'est fait à base de cannabis ou quoi ? » J'avais souri, oui je n'étais pas le plus drôle mais tant pis, j'avais mon humour à moi comme tout le monde. J'avais porté le biscuit en question dans ma bouche, je ne sais pas trop si c'était du carton ou un gâteau, mais j'avais toujours été difficile de toute façon question nourriture. « Attends, c'est pas trop mal pour du papier mâché. » J'avais souri, passant le bras sur ma bouche histoire de m'assurer que je poussais toutes les miettes qui restait collées sur mes lèvres. « Quand tu verras ta fille propose lui plutôt des Oréos si tu veux pas qu'elle parte en courant. Crois moi, ils mangent que ça au lycée. » Conseil d'ami.
Sujet: Re: J'ai croisé le Dr Mamour dans les couloirs [Levi] Ven 18 Nov - 2:13
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Un haussement d’épaules fut suffisant à mon avis pour faire comprendre à Ezra que clairement, je ne lui en voulais pas d’avoir parlé du fait que je n’avais pas connu mon paternel, tout comme lui d’ailleurs. Il y avait bien des sujets de conversation qui avaient le don de me faire quelque peu sourciller, me troubler au point que j’avais du mal à en parler, mais le fait d’avoir toujours vécu sans savoir qui était mon paternel n’en faisait pas partie. Compte tenu qu’il n’avait jamais été présent, que ma mère ne m’avait jamais vraiment parlé de lui, et que j’avais considéré le fait d’être seul avec elle comme étant chose normale, et jamais je ne m’en étais senti complexé. Enfin, il fallait dire que ma mère avait fait un boulot exceptionnel pour que cela n’arrive pas, pour que je me sente à l’aise et ce, tout au long de ma vie. Mais là n’étant pas le point, je ne jugeai pas nécessaire de le relever, comme je ne jugeai pas nécessaire de commencer à raconter ma propre histoire de ce côté. Pourquoi ? Non pas parce que ça me blessait, mais disons que je ne le jugeais pas nécessaire. Après tout, qu’aurais-je pu dire ? Mentionner qu’Ezra en savait plus sur son paternel que moi-même, parce que moi, je n’avais pas de photo, pas d’adresse, à peine de nom, parce que jamais je n’avais cherché à en savoir davantage à son sujet. À ce point, j’avais le sentiment que cela reviendrait à faire un concours de celui qui pisse le plus loin, et ça n’avait clairement pas sa place dans cette conversation. Je ne pensais pas que celle-ci allait détériorer pour cette raison, mais j’étais d’avis que cela ne valait pas le coup. Compte tenu des circonstances actuelles, je préférais de loin tenter d’aller de l’avant, d’où le fait que je vins à lui proposer de manger un de ces gâteaux après l’avoir prévenu de sa consistance. Par contre, peut-être que j’aurais dû le prévenir que ceux-ci ne provenaient pas de la cantine de l’hôpital, et je m’en rendis compte que trop tard. Dans ma tête, après tout, c’était évident que compte tenu qu’ils étaient dans un plat, et plutôt présentables, ils ne venaient pas de la cantine, où ils seraient arrivés dans un emballage plastique individuel et avec une mine un peu trop triste pour me donner envie d’en manger autant. Je n’avais donc pas réalisé que ce n’était pas pareil pour tout le monde, d’où le fait que cela me troubla particulièrement par la suite. Au début, je ne m’en fis pas trop par rapport au commentaire d’Ezra en ce qui avait à trait au lait sans lactose, me contentant de lui adresser un sourire amusé, mais incapable de répondre, puisqu’aborder, même si c’était très indirectement, ce sujet, le fait qu’il avait utilisé le terme « cannabis » était encore un peu trop délicat pour moi. Et puis, cela ne l’empêcha pas de prendre une bouchée du gâteau, même si ce fut le commentaire qui suivit qui me fit tout comprendre et qui me laissa encore plus inconfortable. Puisque je me rendis compte que j’avais été trop vague et que pour le coup, c’était ma faute, je ne pus pas me sentir vexé par rapport à ses dires, même si clairement, en d’autres circonstances, je n’aurais pas su faire autrement que d’être blessé et reprendre le dessus sur la conversation très rapidement. De plus, quelque chose me disait qu’Ezra ne voulait pas parler des gâteaux en mal, même si malgré tout, ce fut gênant, au point où je le laissai aller jusqu’au bout de ses dires sans tenir mot, baissant la tête pour m’accorder un temps de réflexion pendant lequel je me sentirais à peu près isolé, même si j’étais conscient que clairement, je ne l’étais pas, bien loin de là. Puis, une fois que j’eus retrouvé un semblant de courage, je viens finalement à dire: « Ou bien quand elle viendra la prochaine fois je lui dirai que ses gâteaux sont pas si mal que ça. » Bon d’accord, c’était bien loin d’être l’idéal, mais je n’avais pas su faire autrement pour le coup. Pendant le bref moment de silence qui s’installa dans mon discours, j’eus un sourire particulièrement timide, et une fois que j’eus repris ce que je pensais être un semblant de contenance, j’ajoutai: « Le lait sans lactose, c’est parce que j’y suis intolérant, et parait-il qu’elle ne voulait pas me rendre plus malade que je ne l’étais en ce moment. » Évidemment, c’était sa perception de jeune fille de douze ans, qui ne connaissait pas tous les détails de ce qui m’avait conduit à l’hôpital et ce que cela impliquait. Et pour tout dire, c’était tant mieux comme ça, et ça donnait place à des moments soi-disant adorables comme ça, même si là, tout de suite, c’était plus gênant qu’adorable. Enfin, il fallait espérer surtout que la façon dont j’avais répondu ne jetterait pas de froid, parce que pour le coup, cela ne ferait en sorte que de complètement gâcher ce que nous avions doucement construit dans les dernières minutes, et pour tout dire, je n’avais pas vraiment envie de revenir au point de départ.
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Sujet: Re: J'ai croisé le Dr Mamour dans les couloirs [Levi] Lun 21 Nov - 21:31
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Et si j’avais eu des enfants moi aussi un jour. Aurais-je été un bon père ? Est-ce que je n’aurai pas fui tout comme le mien ? Est-ce que j’aurai su prendre mes responsabilités en main. Est-ce que j’aurai pu arrêter ma vie stupide et d’excès ? Je ne pourrais pas le dire, et je ne le pourrais jamais. Car ce destin, cette vie n’était pas la mienne. Jamais je n’aurai d’enfant. Je n’en voulais pas, et j’avais toujours tout fait pour que ça ne m’arrive pas. Heureusement pour moi, mes rares relations avec des femmes étaient matures, et je m’étais toujours assuré que ce genre d’accident n’arrive pas. Je n’avais jamais rien laissé au hasard concernant la naissance éventuelle d’un petit gnome qui dessinerait sur les murs et qui passerait ses nuits à pleurer la morve au nez. C’était peut-être terriblement réducteur comme image, mais c’est comme ça que je les voyais. Pour moi, ça avait toujours été une perte de temps et d’argent. De toute façon je n’étais pas sûr que garder une trace de mon ADN dans ce monde était la meilleure chose à faire. J’avais déjà mes élèves pour ce qui était de ma culture et de mon savoir, ça me suffisait largement, d’autant que j’étais payé pour ça. Un enfant, c’est une pompe à fric, ça n’en apporte pas. Alors oui je pouvais comprendre que certains ressentaient l’envie d’avoir une descendance, après tout, chacun son choix, mais ce n’était pas dans mon idée de profiter de la vie. Pourtant, quand j’entendais Levi parler de sa fille, je comprenais qu’être parent était bien plus compliqué que l’idée dont je m’en étais faite pendant toutes ces années. J’avais ma propre image de cette tâche, sans chercher à remettre en question mes opinions. C’était une vie, et ça ne se prenait pas à la légère. C’est sans doute pour ça que Levi avait réussi à se remettre en question, parce qu’au fond, il était sûrement moins égoïste et lâche que moi. Il tenait à sa fille, il l’aimait, et il avait le courage de faire tout ça pour elle. Intimement, j’étais convaincu, que si j’avais dû avoir un enfant, j’aurai certainement fui comme un con devant la charge de travail. Je ne savais pas gérer ma vie alors comment prendre soin de celle d’un enfant. Sans doute qu’en fin de compte, si j’avais été père, j’aurais été aussi con que le mien en fait.
« T’as raison, c’est sans doute mieux de lui dire ça pour pas qu’elle parte en courant. » Voilà, je le savais, je n’aurai jamais eu de pédagogie, c’était peine perdue, j’aurai été le genre à faire pleurer un gosse toute la journée, et à supporter ses cris en hurlant encore plus fort. C’était sans doute pas ce que faisais les bons parents. Ma mère avait toujours été patiente avec moi, alors je me demandais parfois si elle avait eu raison ou tort, si c’était à cause de son laxisme que j’étais devenu un petit con incapable d’être aimant et de penser aux autres avant sa propre gueule. Si c’était le cas, je la remerciais encore aujourd’hui, car ça m’avait épargné bien des emmerdes et des sentiments inutiles au cours de ma vie. Elle ne m’avait jamais crié dessus, son truc à elle ça a toujours été le dialogue. Je crois qu’encore aujourd’hui, si je finissais en prion pour meurtre, elle m’expliquerait avec des dessins pourquoi prendre la vie de quelqu’un, c’était mal. Y penser me faisait sourire malgré moi. « Ah ouais. Je savais pas ça. Mais elle doit être adorable pour prendre soin de toi comme ça. » J’imaginais à quoi elle pouvait bien ressembler, mais imaginer une fille avec la tête de Levi ça me donnait des angoisses hein. Je préférais imaginer une tête blonde mignonne comme mes élèves. Et moins chiante aussi. « Est-ce que, arrêter la drogue, c’était la seule condition pour que tu puisses la voir ? » Je n’avais pas besoin d’être détective pour avoir compris qu’il ne devait pas la voir tous les lundis non plus. Je me demandais simplement s’il arriverait un jour à s’occuper de sa gamine, comme un père normal. Je n’étais pas vraiment de bon conseil, mais ça me faisait de la peine pour lui. Je ne connaissais pas ses soucis avant sa femme ou ex femme, mais je trouvais ça un peu cruel de ne pas le laisser la voir comme il le voulait. Certes il se droguait mais c’est pas comme si il en filait à sa fille, enfin pour ce que j’en dis. Mon idée de la morale n’est pas très développée. « En tout cas comparé à nous, elle a la chance d’avoir un père qui pense à elle, et c’est déjà bien. » Ouais, elle avait de la chance mine de rien. Il faisait tout ça pour elle non.
Sujet: Re: J'ai croisé le Dr Mamour dans les couloirs [Levi] Mar 29 Nov - 1:43
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Mon intolérance au lactose n’avait jamais vraiment eu d’importance me concernant. Ce n’était pas une maladie grave, quelque chose de plutôt passager en général, qui ne nécessitait pas de médication quelconque, sauf dans les mauvaises passes, passes que je n’avais pas nécessairement souvent ces derniers temps. Par conséquent, je ne jugeais pas nécessaire de le mentionner à qui que ce soit. Si Haley le savait, c’était parce que j’avais eu une mauvaise passe pendant qu’elle était à la maison, un week-end, après que nous soyons allés manger une glace. Cela ne m’avait pas nécessairement plu, d’avoir eu le sentiment de tout gâcher, mais après que je lui ait expliqué pourquoi j’avais été malade, en quelques sortes, elle s’était montrée particulièrement compréhensive, en me demandant même de faire attention la prochaine fois. Évidemment pour le coup, je n’aurais pas pu trouver cela davantage adorable, mais en même temps peu surprenant de la part de ma fille qui avait pour habitude de vouloir le bien de ceux qu’elle aimait, et j’en faisais partie. Par conséquent, qu’importe ce que les autres pouvaient penser d’elle, c’était sans aucune hésitation, sans aucune gêne, que j’en vins à confirmer les propos d’Ezra, d’abord en hochant positivement la tête, puis en affirmant: « Elle l’est. », sans me rendre compte que pendant ce temps, un sourire quelque peu idiot était apparu sur mes lèvres. Par contre, ce ne fut pas pour autant que je me résignai à m’en tenir à ces brefs mots, me disant que c’était le mieux. Me connaissant, je serais susceptible dans me lancer dans un monologue qui était susceptible d’être long et peut-être pénible pour Ezra. Déjà que nous avions pu passer au travers du malaise des gâteaux, à mon avis, sans trop de séquelles, je ne voulais pas m’aventurer, volontairement ou pas, sur une autre pente glissante, surtout que je sentais que la stabilité n’était pas totalement là. Enfin, je ne me privai pas de continuer la conversation pour autant, mais disons que je pris quand même soin de mieux choisir mes mots pour répondre à la question de mon ami qui suit mon affirmation. Ce fut donc après ce moment nécessaire de réflexion que je dis: « Ouais, on peut dire ça comme ça. Et aussi pour la voir plus souvent, je crois… », m’en tenant encore à une explication plus que brève. En effet, je me voyais trop peu expliquer que la vérité était que c’était plus que ça; outre arrêter la drogue, il me fallait faire une cure de désintoxication. Voilà ce que Savannah, là mère de ma fille, avait dit. Aux premiers abords, cela semblait quelque peu brusque, une intervention non-voulue dans ma vie privée qui, depuis douze ans, ne la regardait pas vraiment, sauf quand il était question de notre fille, mais malgré les difficultés, je pensais à présent que me concernant, il était mieux qu’elle m’ait demandé cela plutôt que de me demander d’arrêter, tout simplement. Me connaissant, jamais je ne me serais poussé au point d’entrer dans un centre de moi-même. J’aurais tenté d’arrêter, fort probablement sans succès, venant très certainement empirer mon état pour le coup. D’une certaine façon, son initiative m’avait sauvé de cette torpeur, même si clairement, j’étais très loin d’être sorti de cet enfer dans lequel je m’étais plongé il y a maintenant plus de neuf ans. Et puis, je ne pouvais pas nier que si cela me permettait de la voir plus souvent, comme Savannah avait dit qu’elle y songerait, comme je lui avais demandé et que je continuais d’espérer. Déjà, je me disais que le fait qu’elle soit venue me payer une visite à l’hôpital était un bon début, maintenant il me allait continuer à faire des efforts pour que cela continue ainsi. Et pour elle, j’étais prêt à les faire, je n’avais pas besoin de le dire à quoi que ce soit pour en être parfaitement convaincu. Bien sûr, je ne pouvais pas nier qu’il était agréable d’avoir des commentaires me faisant comprendre que ces efforts étaient considérés, comme ce qu’Ezra dit par la suite. Toutefois, parce que je supposais que ses dires voulaient sous-entendre plus d’éléments que ça, je ne m’arrêtai pas là, décidant de dire, sans trop réfléchir cette fois-ci: « Je me dis que c’est la moindre des choses… Elle m’apporte tellement de bonheur que bon… » Je marquai une pause, afin de quand même mettre de l’ordre dans mes idées un minimum, puis j’ajoutai, me disant que peut-être je pourrais lancer une quelconque conversation avec cela, bien que je n’en sois pas totalement convaincu: « Après, même si je n’ai jamais vu mon père, ma mère a été suffisamment présente pour qu’au moment venu, je ne veuille pas l’abandonner ou ne pas faire partie de sa vie… Enfin… Je n’ai pas vraiment souffert de l’absence de mon père, je sais pas si ça a été la même pour toi… » Bon, clairement, je n’allais pas avoir un prix Nobel de la conversation avec ses dires que je n’étais pas certain de comprendre totalement moi-même, mais au moins, j’aurai tenté quelque chose, je supposais. Et puis, au pire, j’allais m’ajuster, ou du moins, j’espérais que j’allais avoir l’occasion de le faire avant d’avoir gâché quoi que ce soit.
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Sujet: Re: J'ai croisé le Dr Mamour dans les couloirs [Levi] Lun 5 Déc - 8:45
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J'avais cette odeur étrange, insupportable, qui venait me prendre le nez et jusqu’à la gorge. C’était typique des hôpitaux, et je ne comprenais pas comment on pouvait rester à baigner dans cette odeur désagréable de produits chimiques et de sol en plastique. J’avais toujours pris soin d’éviter les longs séjours dans ce genre d’endroit. C’était supportable pour de simples visites, mais jamais je n’aurai pu m’y habituer sur le long terme. Levi avait dû s’adapter, ou alors, ça ne le dérangeait pas plus que ça. J’avais parfois l’impression d’être le seul à avoir tant d’aversion pour ce genre d’établissement. Sans doute parce que, en tout logique, j’aurai du y finir moi aussi un jour, pour me soigner, ou parce que j’avais fini par m’éclater par terre tellement j’avais abusé de l’alcool ou de la poudre. J’avais toujours évité cet endroit, par chance, ou par malheur, ça restait encore à définir. En général, on me laissait par terre, on attendait que je me réveil tout seul. Ça pouvait mettre deux jours, d’après ce que j’ai entendu dire, ça avait été mon record. Mais je m’étais toujours réveillé en entier, alors, je n’avais pas besoin de regretter toutes ces années, toutes ces nuits manquées dans le lit d’un hôpital. Je me suis demandé un instant, si Levi, lui, m’aurait amené ici, si quelque chose m’était arrivé. Si, finalement, il aurait été plus intelligent que tous ces mecs avec qui je traînais habituellement. Peut-être, peut-être pas. Après tout, en général, dans les soirées comme ça, c’était chacun pour soi, et puis, on ne s’était jamais vraiment parlé de toute façon, on se marrait bien, mais ça s’arrêtait là. Au fil des minutes, la situation n’était plus aussi gênante qu’au début de ma visite. Je me sentais plutôt détendu. Avoir une conversation aussi personnelle y était sûrement pour quelque chose. Je sais bien que nous étions arrivés à ce sujet par hasard, mais, quelque part, je me disais que ça nous permettait de nous connaître d’une autre façon, même si on parlait plus de lui que de moi, et ça me convenait tout à fait.
« J’imagine bien. Si tu t’en sors bien, tu pourrais peut-être avoir une garde partagée non ? De toute façon je suis certain que t’arriveras à décrocher, si c’est pour quelqu’un. Moi c’est loin d’être mon cas. Je crois que je n’aurai pas eu ta patience ni ta motivation. Mais…Moi je n’ai personne pour qui le faire de toute manière. » C’était vrai. Si je m’étais retrouvé à sa place, je n’aurais pas eu envie de faire le moindre effort pour me soigner. En fait, j’aurai sûrement signé une décharge pour m’en aller le plus vite possible. Je crois que le vrai problème, c’est que je ne voulais pas changer. Cette vie me convenait, et ma santé lamentable aussi. Je ne m’apitoyais pas sur mon sort, je me punissais, je voulais m’empêcher d’être heureux, j’avais mes raisons, elles n’étaient pas forcément bonnes, mais elles étaient les miennes. N’avoir personne, ne me dérangeait pas. Ça me permettait de continuer mes excès sans me poser de questions, ça me permettait de rester moi-même. Mais, il était évident, que pour l’amour d’un enfant, on était prêt à faire beaucoup. Je ne pouvais pas me mettre à sa place. Je pouvais cependant le comprendre facilement. Moi, je n’aurai jamais eu un père aussi dévoué.
« J’imagine bien. Je n’ai pas d’enfant, mais je réussis à faire des efforts pour des classes entières d’adolescents casse-pied, alors si c’était les miens…Je ferais sans doute plus que ce que j’imagine pouvoir faire. » Est-ce que, j’aurai arrêté la drogue, l’alcool et tout le reste, si j’avais été père. Je crois, au fond de moi, que j’aurai au moins essayé. Je sentais que, je n’aurai jamais voulu ressembler à mon père, ce con que je n’avais jamais connu et que je ne voulais pas connaître. J’aurai essayé de m’en sortir pour un enfant, c’était bien possible. Mes élèves, ils me forçaient déjà à rester calme, à ne pas sortir une bouteille dans la journée, à ne pas fumer, ils me forçaient à être sage, et mine de rien, ça m’aidait à réduire de façon assez importante. Je devrais sûrement les remercier en fait. Je n’ai jamais voulu d’enfant, mais finalement, j’en avais plus de 40 par an. C’était passé d’un extrême à l’autre, ça me ressemblait bien, je faisais jamais rien dans la demi-mesure. C’était tout ou rien. Je crois que, qu’on ne sait jamais jusqu’où on serait capable d’aller pour quelqu’un d’autre. Pour un enfant, on devait sûrement pouvoir déplacer des montagnes. Si ça se trouve, j’en avais quelque part qui m’attendait, mais vu le nombre restreint de femmes qui était passé dans mon lit, j’espérais que non. « Non, je n’ai pas souffert de son absence. Ma mère m’a aimé pour deux, je n’ai jamais manqué de rien, je l’aidais autant que possible à la maison, on était bien tous les deux. Je m’occupais d’elle, elle s’occupait de moi, c’était équitable. En fait, c’est sans doute mieux qu’il se soit cassé en nous laissant ensemble. Il aurait sans doute fait plus de dégâts en restant. » Mon père, c’était le genre de mec violent qui ne connaissait rien à la tendresse, pour ce que ma mère m’en avait raconté. Alors non, il ne m’avait jamais manqué. J’avais fait ma vie sans lui, et j’avais aimé ça. Aujourd’hui, je continuais à traverser mon chemin, heureux, et seul.
Sujet: Re: J'ai croisé le Dr Mamour dans les couloirs [Levi] Lun 12 Déc - 0:37
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Aux deux propos qui, dans ma tête, étaient bien distincts, d’Ezra, j’eus une seule réaction, à savoir un sourire à la fois triste et gêné. Premièrement, parce que je trouvais cela triste qu’il n’ait personne pour le motiver à se prendre en main, d’autant plus que je savais comment ce sentiment pouvait faire mal. Moi-même, pendant bien longtemps, je n’avais eu personne de suffisamment proche, ou conscient que j’avais un sérieux problème, parce que je n’en parlais pas, pour me convaincre de faire cette cure. Plus encore, si j’avais décidé d’entreprendre ces démarches, ce n’était pas tant parce qu’on m’avait encouragé à le faire de façon positive. Aussi triste cela puisse-t-il être, c’était plutôt la crainte de ne plus jamais voir ma fille qui m’avait poussé à prendre la main que Savannah était en train de me tendre. Bien sûr, je lui en étais reconnaissante de s’être finalement attardée à ma personne, pour la première fois depuis que nous nous étions rencontrés j’en avais l’impression, même si cela m’avait mené dans cette chambre d’hôpital, mais il n’en demeurait pas moins que si ça n’avait pas été de cette peur de perdre la personne la plus précieuse à mes yeux, peut-être que jamais je n’aurais entrepris cette cure, même si encore là, aujourd’hui, je ne savais pas ce que cela allait donner au bout. Évidemment, j’espérais aller mieux, j’espérais être capable de vivre avec mes démons, avec mon quotidien merdique, mais après, en ce qui concernait Haley, sa mère et moi n’avions pas établi ce qui en serait plus tard. Voilà pourquoi j’eus ce même sourire triste pour répondre à l’idée lancée par mon ami, soit celle où je pourrais avoir la garde partagée de ma fille. Jamais je ne saurais dire non à une telle idée, déjà que si je pouvais la voir ne serait-ce qu’une heure ou deux de plus par semaine comparativement en ce moment, je serais comblé, mais la réalité était que je ne savais pas quand j’allais sortir et surtout, je ne savais pas ce qui m’attendait une fois que je serais sorti. Je n’avais pas besoin de demander à qui que ce soit pour savoir que je n’avais plus de boulot, et je ne serais pas étonné que mon appartement ait déjà été donné à quelqu’un d’autre et le peu d’affaires que j’avais, envoyés dans une remise quelque part avec mon nom sur le contrat de location, puis une facture exorbitante qui m’attendait à la fin. Dans mon cas, ce serait normal, mais légèrement embêtant. Si je n’avais pas de demeure, pas d’emploi pour subvenir aux besoins de ma fille, comment pourrais-je convaincre Savannah de la garder plus souvent ? Ce ne serait juste pas logique, et je ne lui en voudrais même pas de me le refuser. Par conséquent, puisque je ne pouvais rien déterminer, je me contentai de simplement ajouter, au final: « Peut-être, je n’en sais rien. », bien décidé à ne pas exposer mon envie de réussir à obtenir cette garde partagée, parce que bien souvent, c’était quand je m’ouvrais trop que je finissais par le regretter. Non pas que je n’avais pas confiance en Ezra, bien loin de là, mais disons que je préférais, dans le cas présent, prendre mes précautions pour le coup. Ensuite, j’étais d’avis que le mieux était de ne pas m’éterniser sur ma personne, ma condition et ma vie personnelle. Je détestais faire des monologues, raconter ma vie, donc je n’allais clairement pas continuer dans cette voix si jamais je n’étais pas obligé de le faire. Soulagé, j’écoutai plutôt Ezra parler de ses adolescents, ses élèves, et ce qu’il faisait pour eux alors que ce n’était même pas ses enfants. Cette fois-ci, j’eus une réaction plutôt amusée, puis je ne pus m’empêcher de dire: « Tu vois, moi, je n’y arriverais juste pas. Franchement, je ne sais pas comment tu fais. » Après, je savais qu’il était payé pour cela, mais supporter une trentaine d’adolescents à la journée longue, alors que je supportais difficilement le petit nouveau au boulot parce qu’il chiquait sa gomme à mâcher trop fort à côté de mon oreille ? Je n’y arriverais juste pas. D’ailleurs, je ne savais même pas encore comment j’allais composer avec Haley quand elle serait adolescente. Je ne m’y sentais pas préparé, me disant juste que j’allais faire les efforts nécessaires pour composer avec cette réalité en temps et lieux, même si j’espérais que notre complicité ne soit pas affectée et que celle-ci, au bout du compte, vienne l’aider - et m’aider - à passer au travers de cette phase clairement plus complexe. Enfin, je le supposais surtout, parce que même si j’avais été un adolescent, cette période de ma vie n’avait eu rien de normal comparativement aux autres personnes du même âge, alors la comparaison était pas mal plus complexe à faire. Après, peut-être qu’une fois rendu là, je pourrais demander conseil à Ezra ? Je ne voulais pas me projeter trop loin, mais d’un autre côté, j’avais envie d’y croire, d’une certaine façon, essentiellement parce que cette discussion était en train de se passer encore mieux que je n’aurais pu l’imaginer dans un premier temps. Clairement, je me sentais plus détendu, si bien que je me permis encore d’avoir un petit sourire, plus doux toutefois, sans amusement transparent, au moment de lui répondre: « Un peu comme moi… On a vécu sensiblement la même chose, d’une certaine façon. », sachant très bien mon propos trop peu utile dans le cas présent, mais mine de rien, je me sentais plus rassuré avec celui-ci, sans trop m’expliquer pourquoi.
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Sujet: Re: J'ai croisé le Dr Mamour dans les couloirs [Levi] Dim 18 Déc - 17:47
J'ai croisé le Dr. Mamour dans les couloirs
Ezra & Levi
P arler de mes élèves, me ramenait inévitablement aux raisons qui m’avaient poussées à déterminer mon choix de carrière. Je n’étais pas devenu professeur de Littérature par hasard. Ni par simple amour des lettres, bien que, ça semblait évident que c’était une raison qui faisait partie de la liste. A l’époque, j’avais connu mon premier amour au détour d’une salle de classe, dans le même lycée où j’enseignais à présent. Je me souviens encore de nos échanges, de nos regards, de nos sourires. Mon premier et seul amour, avait lui aussi, enseigné la Littérature, et j’avais été, son élève, il y a de cela bien des années. Je savais très bien, que mon choix de profession n’avait à la base, rien de noble, j’avais voulu suivre sa trace une fois qu’il m’avait quitté à jamais, j’avais voulu rester auprès de lui à travers un bâtiment, à travers un souvenir. J’avais orienté toute ma vie en fonction de cet homme, qui ne serait plus jamais à mes côtés. Mais je ne regrettais rien. Au fil du temps, des années d’études et de pratiques, j’avais fini par apprécier mon métier de professeur à sa juste valeur. J’avais fini par apprécier chacun de mes élèves, pour ce qu’il était. J’avais appris à aimer transmettre mon savoir, à aimer corriger chaque faute d’orthographe, même les plus effrayantes de toutes. Finalement, je ne serais jamais père d’un enfant, mais je resterai quelque part, un peu l’aide de vie d’une centaine d’autres. J’avais eu le temps de voir défiler bien des adolescents, parfois je les aimais plus que je n’aie dû, parfois, je ne pouvais m’empêcher de les détester, et pourtant, j’avais toujours eu une certaine bienveillance à leur égard. Je me comportais plus comme un frère avec eux, je voulais les aider au mieux en cours mais aussi dans leur vie. Je crois que c’est aussi pour ça, qu’ils me tolèrent bien plus que les autres professeurs. Il faut dire que, c’est plutôt rare, un professeur qui vous parle de séries en cours, qui vous jette des craies à la figure et qui vous laisse écouter de la musique une fois vos devoirs terminés, ou qui fume avec vous devant l’entrée du bâtiment. Je n’ai jamais voulu devenir ce genre d’adulte rigide, et je crois que, j’avais réussi à devenir qui je voulais. Ainsi, la remarque de Levi me fit sourire, presque rire. On me disait souvent ça, j’avais l’habitude. Si on m’avait dit à 15 ans que je deviendrais professeur j’aurai sans doute ris au nez de la personne. A 15 ans, je ne savais rien de ce que je voulais devenir. Je passais mon temps dehors avec mon meilleur ami, à fumer de la merde et à faire des projets pour pas plus loin que la prochaine nuit. Maintenant, j’accompagnai des gamins, qui me ressemblaient bien. « On me dit souvent ça c’marrant. Moi non plus, je n’aurai jamais pensé devenir professeur à un moment. Pour tout dire, pendant mes études j’étais souvent motivé par le nombre de vacances scolaires mais…Quelqu’un a réussi à me donner envie de transmettre quelque chose aux gosses, de leur inculquer l’importance et la magie des mots à travers la Littérature. Moi qui ne voulait pas d’enfants, je me retrouve avec une centaine de têtes blondes dans ma vie. Mais au moins j’ai pas besoin de les ramener à la maison celles-là. » C’était quelque part, un peu les miens sans l’être. C’était compliqué à expliquer, mais si simple à ressentir. J’avais désormais l’espoir d’être à la hauteur pour les accompagner au mieux durant toutes leurs années de lycée. Et qui sait peut-être que moi aussi, je leur donnerai ides idées de vocation ? On ne sait jamais après tout.
C’était amusant de me dire que j’étais le père de tellement de gosses, quand moi je n’en avais jamais eu aucun pour s’occuper de moi. Mais comme je l’avais expliqué à Levi, ce n’était pas un traumatisme d’enfance et je m’en fichais encore aujourd’hui de n’avoir eu qu’une mère. Son amour avait été largement suffisant pour combler le manque masculin d’un père. C’était plutôt intéressant de voir que nous avions eu une enfance un peu similaire, et que nous avions tous les deux finis par nous amuser de façon pour le moins illégale. Plus le temps de la visite passait et plus je me sentais à l’aise. Je commençais à penser que finalement, nous avions d’autres points communs que la drogue, et d’autres sujets de discussions aussi. Je ne regrettais pas d’être venu, alors qu’il y a une heure de cela, je n’aurai sûrement pas pu en dire la même chose. Parler de tout ça avec lui, c’était comme si je venais de trouver quelqu’un qui pouvait me comprendre enfin. Avant cela, je n’ai jamais eu personne dans ma vie qui avait vécu la même chose, et avec qui je pouvais en parler librement. « Ouais, sans doute. C’est cool de pouvoir en parler, de se sentir compris. » Les amis, ça vous rassure, mais ça ne comprend pas. D’ailleurs, je leur avais toujours caché l’existence de mon demi-frère et de ma demi-sœur. « Il a fait d’autres gosses par la suite, je crois que finalement, je suis celui qui a eu le plus de chances, au moins je n’ai pas eu à le voir chaque jour de ma vie. »
Sujet: Re: J'ai croisé le Dr Mamour dans les couloirs [Levi] Jeu 22 Déc - 19:00
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Sans totalement m’expliquer pourquoi dans un premier temps, je me surpris à être à la fois amusé et admiratif de la façon dont Ezra parlait de ses élèves. Toutefois, mon incompréhension ne fut pas de longue durée, parce que bien rapidement, plus exactement lorsqu’il en vint à expliquer qu’on lui avait donné l’envie de transmettre quelque chose à ces élèves, une envie qui dépassait le simple fait d’avoir deux mois de vacances en été, je saisis qu’en fait, il avait un sérieux intérêt, voire une passion à l’idée d’enseigner à ces adolescents. Et franchement, même si j’ignorais que ce n’était peut-être pas le meilleur terme à utiliser dans le cas présent, je trouvais ça limite adorable, ou beau à voir, peut-être que c’était une expression plus appropriée. Puisque j’avais vécu de ma propre passion - chanter - pendant quelques années, je pouvais deviner ce que cela faisait, vivre de sa passion, pouvoir partager ce qui nous plaisait le plus à chaque jour. Et depuis quelques années, c’était quelque chose qui me manquait, cruellement. Enfin, rien ne m’empêchait de chanter sous la douche ou en voiture, mais pour tout dire, j’avais tant souffert ces dernières année par rapport à cela que je n’en avais pas le courage, ce qui ne venait certainement pas m’aider à me remonter le moral de quelconque façon. Et là, maintenant que j’avais pris la décision de cesser de consommer quelconque substance susceptible d’affecter mes facultés, que j’allais vivre, je l’espérais, une vie à peu près lucide, que j’avais l’occasion de reprendre à peu près ma vie en main, je me rendais compte que je n’avais pas grand-chose devant moi, rien qui était susceptible de me passionner et que je serais en mesure de réaliser surtout. En effet, j’avais toujours eu ce désir d’aider les autres, histoire que certains ne prennent pas le risque de plonger dans la déchéance comme moi je l’avais fait, mais je ne caressais pas ce rêve de trop près, parce que je savais que j’étais nullement qualifié pour ce genre de chose, et sans diplôme en poche, me former de quelconque façon n’était pas du tout possible, à mon avis. Après, je me doutais bien que je n’allais pas sortir dès demain matin, que j’avais encore du temps pour trouver quoi faire, mais disons que j’étais dans le flou total et que là, tandis que je voyais mon ami se plaire dans sa profession, c’était déstabilisant. Cependant, parce que je ne me voyais pas vraiment commencer à jeter un malaise dans la discussion, je me contentai d’admirer de loin mon ami, hochant la tête avec un sourire tandis que je lui répondais: « Si tu as trouvé ta vocation, c’est tant mieux alors. », trop peu certain de pouvoir ajouter quoi que ce soit, parce qu’outre avoir une fille qui allait bientôt entrer dans l’adolescence, je ne m’y connaissais pas trop de ce côté. Par contre, je pus certainement, et tristement, discuter de ma vie de famille, du fait que je n’avais pas de père et que visiblement, Ezra avait vécu une situation semblable à la mienne. Au début, je n’étais pas trop convaincu que ce sujet allait faire long feu, mais mon ami en vint à dire quelque chose qui me soulagea sur ce point, à savoir qu’il mentionna que d’une certaine façon, ça le confortait. De mon côté, parce que j’avais accepté la situation il y a longtemps, je ne pouvais pas dire que m’ouvrir sur la question changeait quelque chose, mais si cela pouvait faire du bien à Ezra, qu’il en soit ainsi. Me mettant une nouvelle fois en mode écoute, parce que c’était en mon sens le plus logique dans le cas présent. De ce fait, je le laissai aller jusqu’au bout de son propos, ajoutant par la suite, sans trop réfléchir: « Et tu les connais, ses autres enfants ? » et par conséquent, sans me rendre compte dans un premier temps que cela était peut-être un peu trop indiscret. Baissant la tête, je cherchai à me rattraper, mais tout ce que je sus faire, ce fut de dire, maladroitement: « Enfin, je sais que moi si j’avais un demi-frère ou une demi-soeur, je ne le saurais même pas… Je n’ai pas de nom, rien du tout… » Et ce n’était pas la seule personne au courant, soit ma mère, qui pourrait me le dire, compte tenu que cela faisait maintenant cinq ans qu’elle était décédée. Peut-être qu’après, j’aurais pu lui demander avant, mais apparemment, cela ne m’avait jamais vraiment chicoté à ce point. Pour tout dire, je ne le regrettais pas non plus dans l’immédiat. En toute franchise, je regrettais un peu plus d’avoir pris un risque de poser une question plus personnelle à mon ami sans avoir été capable de rattraper vraiment le coup plus qu’autre chose, et là, tout de suite, je croisai les doigts pour ne pas avoir tout gâché pour le coup.
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Sujet: Re: J'ai croisé le Dr Mamour dans les couloirs [Levi] Mer 28 Déc - 18:26
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Finalement, c’était plutôt amusant de voir, à quel point une situation peut changer au fil de quelques minutes, ou de quelques heures. Ce matin, j’étais simplement sorti de mon lit, en pensant rendre visite à un compagnon de mauvaises habitudes, et je me retrouvais là, à me demander si finalement, pendant ce temps, je n’avais pas perdu des conversations précieuses avec lui. C’est vrai qu’avant cette journée, avec Levi, on n’avait jamais réellement parlé tous les deux. Quand on se voyait, on se contentait de se saluer, et ensuite, enfin, la suite n’était pas un secret. C’est comme ça que je l’avais connu, et je n’avais jamais une autre image de sa personne. Tout ce que je savais à l’époque, c’est qu’il avait été chanteur. Mais ça, ça n’avait rien d’un secret de toute façon. Je ne lui avais jamais parlé de ça, il faut dire que ce n’était pas le genre de choses qui m’intéressait particulièrement, et encore moins le genre de musique que j’écoutais. Je crois qu’aucun son de ce genre n’avait jamais franchi la barrière de mes oreilles et il faut dire que je ne m’en portais pas plus mal. Mais pour autant, je ne jugeais en rien ce choix de carrière. Je pouvais comprendre. Quand on aime chanter, parfois, peu importe le moyen d’y arriver ou ce qui nous tombera dessus, on chante et c’est tout ce qu’on demande. Moi je n’ai jamais été porté par des rêves grandioses, des rêves d’artistes ou bien originaux. Moi tout ce que j’avais toujours voulu, c’était entrer dans n’importe quelle faculté de la ville, réussir mes études, et devenir professeur. J’avais toujours continué dans ce sens-là, et ça m’avait réussi, puisque j’étais désormais professeur. En plus, j’avais pu rester dans le lycée où j’avais fait mes études intermédiaires. Au début, ça m’avait semblé être une bonne idée. Maintenant, j’avais des doutes. Pas une journée ne se passe, sans qu’au détour d’un couloir, au détour d’une salle, je ne pense à celui qui m’a donné envie de faire ce métier. Celui qui maintenant, me laissait vivre ma vie tout seul. Je soupirai doucement. L’heure n’était pas à la nostalgie. La situation était déjà peu joyeuse comme ça, pas besoin d’y rajouter des souvenirs déprimants. Je devais profiter de pouvoir passer un moment avec Levi, surtout maintenant que la glace des débuts semblait rompue, en tout cas, c’est l’impression que j’avais. J’étais bien content, de ne pas être passé sur ma visite, et d’avoir tenu mon engagement. Sinon, je n’aurai pas pu parler de tout ça, et surtout de mon père. Mine de rien, ça faisait un bien fou. Depuis mon enfance, je n’en parlais presque à personne. Mes meilleurs amis m’écoutaient, mais ne comprenaient pas vraiment. Et savoir que quelqu’un, quelque part avait vécu la même histoire, ça vous réconfortait un peu. Ça vous rassurait. Je me sentais moins con et moins seul dans mon malheur. Même si au bout du compte, j’avais apprécié me retrouver seul avec ma mère. Je n’imaginais pas la vie autrement maintenant.
« Ouais. J’ai eu de la chance. Beaucoup de personnes ne trouvent jamais. » Je souriais un peu. Je n’avais certes pas trouvé seul, mais quand même. En fait, j’écrivais bien quelques romans aussi, mais c’était plutôt des envies qui n’aboutiraient sûrement jamais. Je prenais ça plus pour un loisir que pour un véritable rêve. J’ai toujours été plutôt terre à terre pour ces choses-là. C’est comme si un de mes élèves venait me voir en me disant qu’il voulait être astronaute. Je l’encouragerai mais tout en lui disant qu’il faudrait sûrement avoir un plan B en poche. Pour moi c’était pareil. Ecrire oui, mais y penser sérieusement comme avenir, certainement pas. « Et toi ? T’as fait autre chose avec la chanson ? » Je demandais ça simplement parce que ça m’intéressait. D’ailleurs j’avais préféré dire la chanson que citer son groupe, je ne voulais pas le réduire à ça. Je savais qu’il avait une belle voix, et je pensais que peut-être avant d’être connu, il avait fait une formation ou avait eu le temps d’avoir un autre métier. Et si c’était le cas, que faisait-il maintenant ? Il avait sans doute assez d’argent pour vivre et touchait sans doute encore des droits d’auteurs. En tout cas, mon intérêt sur la question était sincère, et je ne voulais pas qu’il en doute. J’avais subitement envie d’une cigarette. Mais ce n’était, malheureusement pas le lieu pour ça. Alors je retenais mes doigts qui avaient voulu se faufiler dans ma poche pour en sortir mon paquet presque vide depuis ce matin. J’étais du genre pompier, je dois bien l’avouer. La conversation qui portait sur nos professions, nos chemins me convenait, mais c’est vrai que les questions ne tardèrent pas à revenir sur ma vie familiale. Personnellement, ça ne me posait pas réellement souci, après tout j’avais commencé à en parler moi aussi, je ne pouvais pas lui jeter la pierre. Je secouais un peu la tête, le regardant. Je me demandais, si il demandait ça par réel intérêt ou si il voulait simplement comparer son histoire et la mienne.
« Je les connais pas. Je le sais de ma mère. » J’haussai un peu les épaules, me grattant la nuque nerveusement. Je repensais subitement à ces deux inconnus, qui selon elle, étaient plus jeunes que moi d’au moins une dizaine d’années. Une fille, et un garçon. Il paraît, qu’il s’était occupé d’eux normalement, que ce n’était pas le meilleur père mais pas le pire non plus. Moi, ça m’était égal. Je ne voulais rien savoir de lui et de sa famille. J’étais content qu’il soit parti. Tout ce qu’il avait réussi à faire, c’était faire du mal à ma mère et lui laisser un môme sur les bras, moi. Mais elle avait assurée comme personne. Et je la remerciais encore aujourd’hui pour tout ce qu’elle avait fait pour moi. « Ta mère t’as jamais rien dit sur lui ? » Je détournai un peu les yeux. « Fin, je veux pas être indiscret désolé. Faut dire que la mienne nous a fait déménagé à cause de lui. Elle savait qu’il habitait en ville, et on est partis de Londres quand j’avais 13 ans. Elle voulait me laisser le choix de le rencontrer un jour. Bah ça s’est pas fait, et ça se fera jamais. Je veux aucune trace de lui dans ma vie, ni de ses gamins. » Je soupirai un peu. Je ne voulais rien de commun avec cet homme. Et encore moins m’embarrasser de devoirs fraternels que je n’avais jamais voulu.
Sujet: Re: J'ai croisé le Dr Mamour dans les couloirs [Levi] Mer 4 Jan - 16:12
Ezra & Levi
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En toute franchise, je ne m’attendais clairement pas à ce que la discussion sur la vocation d’Ezra allait être tournée dans ma direction et porter sur ma personne, sur mon passé. Pour cette raison, je ne sus faire autrement que d’être quelque peu perturbé par cette interrogation. Déjà parce que je ne me souvenais pas exactement de lui avoir dit ce que je faisais précédemment, mais je ne m’y attardai pas trop, considérant le fait que cela ne m’étonnerait pas que je le lui ait mentionné, dans un état second. Là, je me concentrai sur le fait de simplement lui dire: « Hum… Non… » sans ajouter quoi que ce soit, de peur de voir la conversation devenait gênante et trop délicate pour que je sois capable de la soutenir. Mais si jamais j’en avais eu le courage, peut-être que je lui aurais dit que j’avais toujours vu la chanson comme un passe-temps, quelque chose qui me rendait heureux, et parce que ce qui s’était passé autour du groupe m’avait fait perdre l’aspect de plaisir que je prenais quand j’étais enfant, je ne me voyais clairement pas m’y remettre. Plus encore, je pourrais aller plus loin en affirmant que depuis que j’avais quitté le groupe et choisi de retourner dans l’ombre, j’avais perdu en quelques sortes ma voix. Je ne chantais plus vraiment, pas pour qui que ce soit, pas même pour ma fille. Et ça, c’était probablement ce qui était le plus difficile, et j’espérais qu’à un moment ou un autre, je puisse partager cela avec elle, parce que ça avait représenté une grande partie de mon enfance, quelque chose que je n’avais jamais cessé d’aimer au fond. Le souci était que j’associais mon intérêt à de mauvais souvenirs, et je n’arrivais pas, pour le moment en tout cas, à faire la distinction entre les deux. Après, peut-être que cette cure allait m’aider, je n’en savais trop rien, je ne savais pas ce que je pourrais retrouver, les maux qui pourraient m’affliger, rien de tout cela. Par contre, j’essayais tant bien que mal de voir les choses d’un oeil plus positif, même si je demeurais conscient que je ne serais pas en mesure de tout changer par cette cure et que peut-être, au fond, les choses n’iraient pas pour le mieux non plus. Par exemple, cela ne me ramènerait pas ma mère, qui me manquait encore et toujours, même si j’avais perdu de le mentionner ou même de me lamenter. C’était plutôt dans les moments comme cela, alors qu’Ezra en vint à me demander si ma mère m’avait dit quoi que ce soit concernant mon géniteur, que je réalisais à nouveau que peut-être j’avais passé trop peu de temps avec elle, que nous n’avions pas suffisamment échangé et que maintenant, il était trop tard et que là, je me retrouvais à simplement secouer la tête en signe de négation pour signifier à mon ami que non, ma mère ne m’avait jamais parlé de mon père biologique. Après, je savais que son nom était écrit sur mon certificat de naissance, je l’avais découvert en regardant mon dossier médical ces derniers jours, quand je m’ennuyais grandement, seul dans cette chambre austère, mais je ne l’avais même pas lu, je n’avais pas cherché à réfléchir, parce que je ne voulais pas le savoir, parce que je savais que cela ne changerait strictement rien. Et puis, si j’avais voulu le savoir, je lui aurais demandé, mais je n’avais pas pensé à le faire. Choisissant de ne pas le justifier pour le moment, j’écoutai Ezra parler de ses rancunes par rapport à son géniteur à lui, pinçant les lèvres en apprenant qu’il l’avait vécu pas mal plus difficilement que moi, faisant en sorte qu’aujourd’hui, il ne souhaitait pas en entendre parler. Ne sachant pas trop comment réagir pour le coup, je laissai un bref moment de silence s’installer, et au final, même si je n’étais pas tout à fait convaincu que ce soit là la meilleure idée, je lui dis: « En fait ma mère n’a pas cru bon de m’en parler dans mon cas, et je n’ai pas cru bon de lui poser la question non plus… Et maintenant, ce serait trop tard. » Me rendant compte de l’impertinence de mes propos, j’eus un rire nerveux, et je tentai de rattraper le coup en ajoutant: « Mais tu sais quoi ? Ce n’est pas grave. Je n’ai pas besoin de gens qui ne veulent pas savoir quoi que ce soit de ma personne dans ma vie… » Enfin, je ne disais pas non plus que c’était le mieux, mais par ces nouveaux dires, j’espérais faire comprendre à Ezra à ma façon que je comprenais tout à fait sa décision de ne pas vouloir connaître son paternel. Après, peut-être je ferais mieux de le lui dire clairement, mais pour le moment, je décidai d’attendre sa réaction avant de préciser mon propos de quelconque façon.
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Sujet: Re: J'ai croisé le Dr Mamour dans les couloirs [Levi]