Violet & Kacey ✻ What the hell is that ?

Métro ou taxi ? Aujourd’hui, en quittant l’hôpital, je ne rentre pas tout de suite chez moi et j’ai la flemme d’aller jusqu’à mon immeuble pour y chercher ma voiture, parqué à sa place habituelle. Il faut bien le dire, je déteste conduire. Si j’ai passé mon permis, c’est uniquement pour faire plaisir à mes parents, mais moins je prends mon véhicule et mieux je me porte. Enfin voilà, comme je dois rendre visite à ma cousine qui vient de se faire opérée et qui a besoin d’aide, je décide d’opter pour le métro. Pour une fois, ça ne peut pas me faire de mal. C’est ce que je pense lorsque, après avoir oblitéré mon ticket, je prends place dans le wagon. C’est ce que je pensais, mais comment vous dire que …j’ai vite changé d’avis. Des jeunes ; probablement des adolescents pour la plupart et très probablement sous l’effet que quelques substances illicites ont décidé de mettre de l’ambiance. Sauf que ce n’est pas au goût de tout le monde et encore moins du mien. J’ai horreur de ce genre de petit con qui se croit tout permis. J’ai eu leur âge et je n’étais pas aussi respectueuse. Déjà, quand les places assises se faisaient rare, je n’hésitais pas à me lever pour laisser la mienne à une personne âgée ou à une femme enceinte. J’étais la seule à le faire, mais je n’allais pas me montrer désagréable et méchante, juste pour faire comme tout le monde. J’étais gentille, alors je le montrais. Et jamais, au grand jamais, il ne me serait venu à l’esprit de voler quelque chose, et encore moins quelqu’un. Non, moi, j’étais du genre à arriver en retard en classe parce que j’aidais une mamie à traverser ou que je savais la vie d’un chat, coincé dans un grillage. Voilà comment j’étais et je le suis toujours. Alors quand ces loubards ont commencé leur chahut, je n’ai pas pu me retenir de leur jeter un regard de travers, comme pour leur faire comprendre qu’ils dépassaient les bornes. Je n’ai pas peur des représailles. Je suppose qu’être infirmière et donc, de travailler au service des gens malades, me pousse naturellement à venir en aide aux plus faibles. Sauf que, mon regard de travers ne prend pas, ils ricanent. Sur le moment, comme personne ne semble réagir, je me retiens de faire le moindre commentaire, jusqu’à ce que la pauvre vielle dame en face de moi, se face voler son sac. Je me lève tel un ressort. « Non, mais ça ne va pas bien dans votre tête ! Rendez-ce sac à main tout de suite ! » que je dis, d’une voix étonnamment calme. Evidemment, je me doute bien que ça ne sera pas aussi simple, mais au moins, j’aurais essayer.

Comme je m’y attendais, lorsque je prends la parole pour interpeler cette bande de singes en pantalon de sport, ils se mettent à rire. Ou plutôt non, ils se mettent à braire comme des ânes. Des ânes stupides. Je ne dis pas que j’étais plus intelligente à leur âge, mais jamais il ne me serait venue à l’esprit de m’en prendre à une vieille dame. Jamais. Mais ce qui me choque le plus, ce n’est pas ça, mais plutôt le fait que des hommes ayant le double de mon âge ne cherchent même pas à intervenir. Merde à la fin ! Cette femme à l’âge de leur mère, l’âge de ma grand-mère. Pour moi, c’est tellement logique de faire quelque chose. Elle semble reconnaissant de mon intervention, même si ça ne sert à rien. Je n’ai jamais été portée sur les Super Héros et compagnie, mais là, tout de suite maintenant, je me dis qu’une intervention du supersonique, Flash serait la bienvenue. Mais il faut croire que Barry Allen ne se trouve pas dans le secteur ! En tout cas, après avoir bien rit, ils se lèvent, vite suivie par une jeune femme. Une blonde, comme moi. Et comme moi, elle ne semble pas vouloir ce genre d’injustice. Malheureusement, elle revient sans le sac à main. Malheureusement, ils reviennent presque aussitôt … et ils n’ont pas le sac à main. Je suppose sans trop m’avancer ; bien que dans le fond c’est logique ; qu’ils sont descendu de la rame pour le donner à un complice, avant de revenir ici pour dévaliser quelqu’un d’autre. En tout cas, ce quelqu’un d’autre, ça ne sera pas moi. « Pire que cons ! » que je lâche, entre mes dents. Un homme à ma droite approuve. Il n’a pas de dent et dégage une haleine fétide qui manque de me faire tombée de mon siège. Erk. La blonde reprend la parole pour demander à ce que quelqu’un l’aide à les retenir, jusqu’à l’arrivée de la police. Je me demande si quelqu’un les à prévenu. Mais en attendant, je suis la première debout. Je ne suis pas grande, mais je me sens forte. L’adrénaline, sans doute.

J’ai beau avoir l’habitude, la passivité des gens dans ce genre de situation me fait toujours hallucinée. Je ne la comprends pas. Ou plutôt si, mais je ne l’accepte pas. Je serais bien incapable de me résoudre à l’accepter. Je peux encore comprendre qu’en cas d’agression, on ne bouge pas, par peur de représailles, mais c’est quand même facile d’appuyer discrètement sur le bouton urgences d’un téléphone portable pour appeler la police. Les flics ont l’habitude. Si personne ne répond, ils vont tout de même envoyer une voiture de patrouille pour vérifier. Après tout, un problème est vite arrivée. Surtout dans une ville telle que Washington. Alors certes, la peur paralyserait n’importe qui, mais j’estime qu’un appel discret à la police, ça ne coute absolument rien. Mais dans le cas d’un malaise, d’un accident ou autre chose du genre, les gens restent également passif et ça, non, je suis désolée mais je ne peux pas le cautionner. De nos jours, tu peux crever sur le trottoir, tout le monde s’en fiche ! Belle mentalité que celle de l’être humain. Quand je marmonne que les d’éloquents sont pires que cons, la jeune femme semble approuver. Lorsqu’elle prend la parole pour demander si quelqu’un à appeler la police, tout ce qu’elle obtient comme réponse, c’est un simple « mais ils vont nous faire du mal ». C’est précisément le genre de choses que je pensais. « Et le bouton d’urgence, personne ne connait ? » que je marmonne entre mes dents. La jeune femme blonde prend alors la décision de passer l’appel elle-même. D’après ce que j’entends, ils seront là d’ici trente minutes. Malheureusement, en trente minutes, on à le temps de se faire cogner dessus au moins cent fois. Non pas que j’ai peur, mais je reste méfiante, c’est plus fort que moi.

Oui, les gens ont peur. Et la peur, elle paralyse. Enfin, de façon générale, c’est comme ça que ça se passe. Mais dans le cas d’autres personnes ; et à l’évidence, c’est mon cas et celui de cette fille ; la peur génère de l’adrénaline. Et là, et bien, on a plus peur de rien, on se croit fort, invincible. C’est quand elle retombe que la chute est brutale, parce que l’on se rends compte qu’il aurait pu se passer n’importe quoi. Il aurait pu arriver n’importe quoi à cette fille, mais je suppose qu’elle doit le savoir. Elle a seulement fait ce que son cœur lui dictait de faire, et c’est tout à son honneur. Moi, je n’aurais pas pu me lancer à la poursuite de ce bonhomme. Pas par manque de volonté, mais parce que je me suis foulée a cheville récemment, elle est donc encore fragile. Je ne tiens pas à me faire une entorse pour avoir trop forcé. Lorsque j’évoque le bouton d’appel d’urgence, personne ne répond, seulement des soupirs. « On ne peux vraiment compter sur personne ! » que je lâche, sèchement. Laissez-moi vous dire que même si je prends mon boulot très à cœur, si l’une de ses personnes se pointe à l’hôpital, je laisserais une de mes collègues s’en chargé. Hors de question que je porte secours à des imbéciles qui ont laisser une pauvre vieille dame se faire voler son sac. D’ailleurs, parlant de cette vieille dame, je m’approche d’elle, afin de savoir comment elle se porte. La pauvre a les yeux tout humides. « Tenez ! » lui dis-je, en débouchant la petite bouteille d’eau que je garde toujours sur moi en cas d’urgence. « Ça vas vous faire du bien ! ». Elle me remercie avant de prendre la bouteille. Dans mon dos, j’entends un homme dire que la jeune femme qui a eut le courage de se lancer à la poursuite du salopard, joue les chefs parce qu’elle est célèbre. Célèbre ? Il faut dire que je ne regarde que très rarement la télévision, alors, ce pas tellement surprenant que je ne l’ai pas reconnue. Je me retourne alors qu’elle s’adresse à moi. « Je ne sais pas. J’ai toujours vécu ici donc j’ai du mal à imaginer comment ça se passe ailleurs ! » répondis-je. « Je m’appelle Violet ! » finis-je, par indiqué à la jeune femme.