Violet & Kacey ✻ What the hell is that ?

Je ne sais pas comment ça se passe ailleurs, mais il est vrai que la police est rarement aussi efficace qu’on le voudrait. En fait, ça dépend surtout des circonstances. Pour un accident de voiture, par exemple, ils sont toujours les premiers arrivés, souvent même avant les secours. Pour un animal prit au piège dans un endroit improbable ; en haut d’un arbre par exemple ; ils sont également là rapidement, mais étonnamment, quand il s’agit de vol, de cambriolage ou encore d’agression, ils prennent tout leur temps et c’est encore pire lorsque le « problème » a lieu dans un endroit sensible, comme c’est le cas aujourd’hui. Je ne suis donc pas surprise de ne pas les voir arrivés rapidement. Mais, pour l’heure, j’indique à Kacey, que je n’ai jamais voyager, car je manque cruellement de temps, ce qui semble la surprendre. « Je suis allée à Boston une fois, mais c’était il y à longtemps, j’étais gamine à l’époque ! » que je réponds. Et d’ailleurs, la ville n’a pas du me marqué tant que ça, puisque je m’en souviens à peine. Je n’ai même pas le temps de savoir ce qu’il se passe en ville, je ne connais finalement pas grand-chose de Washington en dehors de mon quartier et de l’hôpital. Je crois qu’en dehors du Lincoln Memorial, je n’ai rien vu. Et pourtant, je suis née ici. Mais, mes parents ne sortaient pas beaucoup. Le week-end, nous allions rendre visite à mes grands-parents ou à mon oncle et à ma tante, je jouais avec ma cousine. Plus tard, lorsque j’ai grandi, je passais bien plus de temps le nez dans un livre, à la bibliothèque, que dehors. Pour tout vous dire, je n’ai jamais mis les pieds dans un parc d’attraction ou dans un bowling. Mais, je ne l’ai jamais dis à personne. C’est sans doute préférable, sinon, je pense que je passerais pour quelqu’un qui ne sait pas s’amuser. Or, ce n’est pas le cas, c’est juste que j’ai une façon différente de prendre du bon temps. Je préfère siroter un verre de vin rouge dans mon canapé en zappant que me rendre en ville. Chacun son truc. Nous en revenons ensuite à la police et la jeune femme me demande s’ils sont toujours aussi long à intervenir. « Et bien, ça dépend des circonstances ! Là, nous sommes dans le métro, ce n’est pas l’endroit le mieux fréquenté du coin, alors, ils ont un peu les pétoches ! » que je dis, en levant les yeux au ciel. Ils sont tout de même censés être là pour faire régner la paix et l’ordre en ville.

Je n’ai jamais voyagé à cause du manque d’argent, mais aussi du manque de temps. Mes parents travaillaient tout les deux et toute notre famille habite Washington, alors nous n’avions pas de raison d’aller ailleurs. Je dois avouer que ça ne me manque pas. J’aime être active, mais j’aime la routine. L’imprévu me fait peur, alors, je ne vois pas, quel plaisir je pourrais tirer d’une ville ou d’un pays que je ne connais ni d’Eve, ni d’Adam. Je suis épuisée par mon travail, c’est le moins que l’on puisse dire et oui, je donne souvent l’impression de m’en plaindre, mais je ne me vois pas faire autre chose. Vraiment pas. Je suis heureuse de la vie que je mène, même si elle n’a rien de palpitant. Je suis une fille ordinaire qui a une vie ordinaire dans un monde ordinaire. Par chance, lorsque je dis avoir visiter Boston lorsque j’étais enfant, elle ne s’attarde pas. Je ne suis jamais aller ailleurs, alors, on ne peut pas dire qu’en parler me passionne. D’autant plus que je ne m’en souviens pas très bien. « Je ne peux malheureusement pas vous en dire plus, ça remonte à loin maintenant, donc mes souvenirs sont plutôt flous ! » avouais-je avec honnêteté. Quand elle me questionna sur la rapidité des forces de police à venir sur les lieux d’un crime, j’avouais que ça dépendait des circonstances. Elle avait raison, le métro était l’un des endroits les plus fréquentés de la ville, on pouvait donc penser que la police veillerait au grain. Je haussais les épaules. « Je ne sais pas, je ne le prends pas très souvent, mais, je m’en doute ! » dis-je, toujours avec honnêteté. La conversation se poursuivit et elle m’indiqua ne pas savoir où se trouvait le poste de police. « A dire vrai, moi non plus ! » que je réponds alors. C’était vrai. Avec ma vie ordinaire ou il ne se passait rien de bien palpitant, je n’avais jamais eu l’occasion d’y mettre les pieds, je ne savais donc pas où se trouvait l’endroit.

Je n’ai pas le temps de voyager et je n’en ai pas envie plus que ça finalement. Je suis sans doute l’une des rares personnes au monde à ne pas vouloir quitter ma ville, ne serait-ce que pour quelques jours. Mais, je me vois mal évoquer ce détail devant cette jeune femme que je connais à peine et que je ne reverrais sans doute pas une fois cet incident terminé et que chacune et chacun repartira d’où il vient. Une chose est certaine, je ne reprendrais pas le métro avant un long moment. Un très long moment. Je n’aimais déjà pas l’idée de voyager sous terre, mais, maintenant, c’est encore pire, vu les gens qu’on y rencontre. Lorsqu’elle m’indiqua que je pouvais la tutoyé, je haussais les épaules, hésitante. « Je n’ai pas tellement l’habitude ! » que je réponds. Je croisais plusieurs dizaines de personnes tous les jours, je ne saurais dire combien en tout exactement, et je n’avais jamais été capable, même avec des personnes du même âge que moi, de dire « tu ». C’est une question de respect, je trouve. Et le respect, comme chacun le sait, il est partie pour un voyage sans retour. Je ne dis pas que dire « tu » est un manque de respect, loin de là, mais quand je ne connais pas une personne, oui. Je sais, je suis plutôt bizarre comme fille. Elle me parla de Nashville, là d’où elle venait, m’expliquant qu’il fallait que j’y aille au moins une fois. J’eu un petit rire devant son excitation. Etais-je pareil lorsqu’un endroit me plaisait ? Je ne sais pas du tout. En tout cas, j’allais sans doute avoir du mal. D’une part, à cause de mes jours de congés plutôt rarissimes, et d’autre part, parce que voyager seule ne me disait absolument rien. « J’y songerais ! » que je dis alors, le plus simplement du monde. Après tout, ça pourra très bien se faire un jour. C’est juste que je ne pourrais pas dire quand, ni avec qui. « Il n’y a pas qu’ici ! » dis-je, plus pour moi-même. Quand je regardais les informations à la télévision, les rares fois où je pouvais les regarder, j’y voyais toujours le même genre de problèmes : des agressions à répétition et des forces de l’ordre complètements dépassées par les évènements. « On ne peut rien faire de plus ! Je ne suis qu’une infirmière, pas Wonder Woman ! » rétorquais-je, tandis qu’elle disait trouver grave, d’être contrainte et forcer de faire le travail de la police. C’était vrai, mais malheureusement, que pouvions-nous y faire ? pas grand-chose.

Je n’ai pas beaucoup d’amis. Je n’ai pas vraiment le temps pour ça. Quand on travaille comme infirmière, c’est comme quand on travaille comme médecin, on ne compte pas ses heures. Elles sont nombreuses, très nombreuses. Et pas forcément bien payées ; sauf pour les médecins évidement mais ils ont fait les études pour donc c’est bien normal. Du coup, et bien, je n’ai pas l’habitude d’être tutoyé, parce que les gens que je côtoie au quotidien sont des patients et je ne tutoie pas mes patients ; sauf les enfants ; et eux-mêmes ne me tutoie pas, donc oui, je n’ai pas l’habitude. Ma réponse semble surprendre la jeune femme, ce qui me fait sourire. « Ce n’est pas que je ne veux pas, hein ! » tentais-je de la rassurer. C’était vraiment comme je l’avais dit, un manque d’habitude. C’est une chose qui s’apprendre, je suppose. Je suis une solitaire. Attention, ne confondons pas solitaire et timide, car se sont deux qualificatifs différents. Je suis solitaire, pas timide, alors, je n’ai pas tellement de sujets de conversation passionnant. Je suis tout de même différente de la plus part des gens de mon âge. Je suis casanière, je n’aime pas les voyages, la mode ne m’intéresse pas. J’aime la littérature policière, la bouffe et les animaux. Et je suis quelqu’un qui aime aider son prochain. Chose, tout à fait rare de nos jours, puisque nous vivons dans un monde ou les gens ne lève pas un sourcil lorsque quelqu’un s’effondre sur le trottoir. C’est lamentable, mais c’est comme ça. On n’y peut rien. « Bien sûr ! » que je réponds, lorsqu’elle m’indique que si je veux lui poser des questions sur Nashville, je peux le faire sans hésiter. Pour l’instant, je n’ai pas de questions. Je préfère même éviter d’en poser, puisque je ne sais vraiment pas quand je pourrais avoir à nouveau des vacances. Nous parlons ensuite des services de police, qui n’ont pas l’air de se bouger l’arrière-train pour venir prendre la déposition de la vieille dame. C’est là que j’avoue être infirmière. « Je ne sais pas. Peut-être. Je ne me voix pas du tout comme ça ! » que je réponds, plutôt mal à l’aise devant ses paroles. C’était gentil, mais je ne pensais pas être Wonder Woman, loin de là. Je n’avais pas de super-pouvoirs. Et pourtant, c’est quelque chose que j’apprécierais.