Violet & Kacey ✻ What the hell is that ?

Je n’ai jamais eu beaucoup d’amis, mais je ne suis pas une solitaire pour autant. Disons plutôt que je n’ai pas l’habitude d’avoir du contact « humain » en dehors de mon travail. Je vis seule et ma meilleure amie, qui est aussi ma cousine, n’habite plus à Washington depuis qu’elle s’est mariée. Aussi, en dehors de ma famille et de deux ou trois personnes avec qui je m’entends bien, je ne vois pas grand monde. Oh, ça ne manque pas vraiment, non pas par habitude, mais parce qu’avec mon travail, je rentre trop fatiguée pour avoir l’énergie nécessaire d’aller m’assoir à la table d’un bon restaurant. Pour tout dire, la dernière fois que je suis allée au cinéma, je me suis endormie. Pas très glorieux, n’est-ce pas ? Il faudrait que je lève un peu le pied. Des tas de personnes comme moi ont fait des dépressions à cause du manque de socialisation, du manque de sommeil, de loisirs. Et j’aimerais évité de faire partie du lot. D’une part parce que faire un séjour en hôpital psychiatrique, ça ferait moyen sur mon curriculum, sans parlé du fait que je serais probablement arrêter pendant des mois. Et je ne peux pas vivre sans travail. Déjà, parce que sans travail, pas d’argent. Et sans argent, pas de logement. Mais aussi et surtout, parce que je m’ennuierais comme un lion dans une cage. Mais, pour l’heure, j’évoque le fait que je ne me vois pas du tout comme Wonder Woman. La jeune femme s’en excuse, elle craint de ne pas avoir choisie les bons mots. « Oh, ce n’est rien du tout ! Comme je l’ai dit, je ne me vois pas comme une super héroïne, parce que je fais simplement mon travail ! » dis-je, bien vite. Si j’étais une héroïne, je ne serais pas continuellement fatiguée, j’aurais le temps de sortir, de m’amuser même, d’avoir un petit ami, pourquoi pas, de faire les magasins. Mais, les journées n’ont que vingt-quatre heures et j’en passais une quinzaine au boulot, alors, il me restait quoi ? pas grand-chose pour moi, vous en conviendrez. Kacey me demande ensuite de lui conseiller quelques endroits à voir en ville. Ça, c’était dans mes cordes. « Alors, je te conseille le Lincoln Memorial et le Washington Monument, deux lieux que j’aime vraiment beaucoup. Je ne vais pas te parler du Capitole et de la Maison Blanche, je suppose que tua s déjà dû les voir. La bibliothèque est pas mal aussi. Et si tu aimes l’astronomie, je te conseille vivement de te rendre au musée de l’air et de l’espace ! » expliquais-je, sans me rendre compte que j’étais passé au tutoiement.

Je n’avais pas une vie sociale passionnante, elle était même carrément inexistante. C’était triste, parce que j’étais jeune et que dans quelques années, probablement que j’aurais l’impression d’être totalement passer à côté de ma vie, mais je n’avais jamais eut beaucoup d’amis. J’étais timide lorsque j’étais plus jeune, j’étais un peu enrobée et toujours dans l’ombre de ma cousine. On ne voyait qu’elle, moi, je passait toujours après. Je faisais pourtant un métier bien plus utile que le sien, mais voilà, Chloe avait fait de longues études. Pas moi. Elle était aller à l’université, l’une des meilleures du pays. Pas moi. Elle avait étudier un an à l’étranger. Pas moi. Elle était mariée. Pas moi. Elle gagnait bien sa vie en ne faisant rien. Pas moi. Elle avait des enfants. Pas moi. Bref, tout ce qu’elle faisait, c’était bien, c’était louable, toute la famille la congratulait pour sa réussite, tant personnelle que professionnelle. Et moi ? Eh bien, je restais toujours dans l’ombre de Chloe. Personne ne me félicitait. Jamais. Non, à la place, on me plaignait. C’est limite si on ne disait pas dans mon dos que je n’étais pas normale, parce que je n’étais pas mariée, que je n’avais pas de gosses et bla et bla. Personne ne me demande jamais si je suis heureuse, si j’ai besoin d’aide. Rien. Je ne m’en plains pas. J’ai appris à ne jamais me plaindre, mais parfois, un peu de reconnaissance, ça ne me ferait pas de mal. Parce que j’estime être bien plus méritante que ma cousine. « Hum … J’ai fais plusieurs services, donc ça dépends. En pédiatrie ou dans les urgences, les gens sont reconnaissants, même si je ne cache pas qu’il y a beaucoup d’abrutis. En revanche, j’ai fais quelques moi en cancérologie et en psychiatrie et là, ce n’est pas du tout le même tarif. On se fait limite engueuler par les familles. Bien sûr, c’est compréhensif, mais, et c’est là que je dis que nous ne sommes pas des héros, on a beau faire tout ce que l’on peut, parfois, la médecine ne plus rien pour un patient. Et c’est assez dur à vivre. Surtout au début ! » expliquais-je à la jeune femme. A mes tout début en temps que titulaire, j’ai vu des choses assez moches. On m’avait mise en réanimation, alors je sais de quoi je parle. Devoir annoncer à des parents que leur fils de dix-sept ans, qui vient de se planter en scooter, ne se réveillera pas du coma et qu’il est préférable de le laisser partir, ce n’est pas facile. Et c’est encore moins facile que de leur demander s’ils acceptent que l’on prélève les organes pour sauver un autre jeune. Non, ce n’est pas facile. J’ai craqué à plusieurs reprises. Je m’effondrais dans la salle réservée aux infirmières. Je me suis même demandé à plusieurs reprises si je ne ferais pas mieux de faire du libéral, mais j’ai tenu bon et aujourd’hui, je me suis endurcie. On me décrit comme froide, mais je ne le suis pas. C’est simplement le métier qui veut ça. Nous changeons ensuite de conversation, lorsqu’elle me demande de lui présenter quelques lieux incontournables à voir en ville. Je tente de puiser dans mes souvenirs, car le peut que j’ai vu, c’était lorsque j’étais gamine, et je les lui explique. Elle m’indique envisager de voir Le Lincoln Mémorial et le Washington Monument, ainsi que la bibliothèque, puis me dit qu’elle n’a jamais entendu parler du musée de l’air et de l’espace et se sent donc un peut inculte. « Bof, j’ai beau être née en ville, je suis loin de tout connaitre !! » que je réponds alors. S’il doit y avoir une inculte parmi nous, ça serait donc plus moi. Pas elle.

Il est rare que je me montre bavarde. Et généralement lorsque c’est le cas, c’est parce que je parle de quelque chose qui me tient à cœur. Comme mon travail, par exemple. J’ai beau être au bord de l’épuisement, c’est toujours avec joie que je me rends à l’hôpital. Tout simplement parce que j’ai trouvé ma voix. Je ne pourrais rien faire d’autre dans ma vie. J’aime me sentir utile. Le social aurait pu me plaire, mais je n’aime pas la paperasse. J’ai des tonnes de courriers en attende d’être ranger ou jeter. Je les ouvres, je paye mes factures, mais ça reste sur la table basse. Ça doit bien faire plus de six mois que ça s’entasse depuis la dernière fois ou j’ai fait le tri. Je n’ai pas le temps et ça m’ennuie, alors forcément, même avec toute la volonté dont je sais faire preuve, je ne le fais pas. En dehors de ça, c’est propre chez moi. Je préfère le dire parce que je vous voir venir de loin … Je suis bordélique avec mes papiers, mais pour le reste, je suis très maniaque. Je trouve d’ailleurs ce mot bien disproportionné, car à mon humble avis, être organisée et avoir un intérieur propre et bien ranger n’est pas une obsession. Or, être maniaque, c’est être obsessionnel, non ? « C’est quelque chose dont on ne se s’habitue jamais ! » avouais-je, lorsqu’elle me dit qu’elle serait incapable de faire mon métier, car elle ne pourrait pas annoncer de mauvaises nouvelles aux gens. Je sais me montrer honnête, on ne s’y habitude pas. On s’endurcie, on cache ce que l’on ressent, mais dans le fond, c’est toujours aussi difficile. C’est un point commun que nous avons avec la police. Eux aussi, ils sont souvent confronté à ce genre de choses. Mais, je me demande ce qui est le pire, devoir annoncé qu’un patient malade s’est éteint ou avouer qu’une adolescente vient d’être assassinée ? Je serais bien incapable de le dire, car pour moi, c’est délicat dans un cas comme dans l’autre, même si, dans le cas d’un patient malade, la famille et les proches y sont plus ou moins préparés. Mais, être préparé au possible décès d’un membre de sa famille ne change rien au fait que les gens ont une certaine attente envers l’équipe médicale et qu’ils espèrent toujours un miracle. Sauf que, comme je l’ai bien signaler, nous ne sommes ni des héros, ni des dieux. Comme je lui dis ne pas tout connaitre de Washington alors que j’y suis née, elle semble s’en montré surprise. Je hausse une nouvelle fois les épaules. « C’est que je suis plutôt casanière ! » avouais-je finalement. Par choix et par manque de temps, les deux se valaient.

Je ne suis pas bavarde. Je n’aime pas parlé de moi, ni même parlé tout court. Mes conversations téléphoniques durent rarement plus de deux minutes. Je n’aime pas ça, tout simplement. Ce n’est pas de la timidité, vraiment, je n’aime pas ça, c’est tout ce qu’il y a à savoir. Mais, je n’ai pas le choix. Dans mon travail, il faut bien que je m’y colle ! Après tout, je ne suis pas muette. Mais il vrai que je déteste ça. Vraiment. Parce que je n’ai jamais eut beaucoup d’amis, parce qu’on ne m’a jamais considéré comme quelqu’un d’intéressant et que j’en ai pris l’habitude. La solitude me vas plutôt bien, mais, je crois que c’est quelque chose que les gens ne comprendront jamais. Pourquoi, je l’ignore, mais c’est comme ça ! Moi, je sais pourquoi je me plait à être seule, parce que je n’ai de comptes à rendre à personne et il faut bien avouer que c’est pratique ! Nul besoin de dire ou l’on vas et pourquoi on y vas. Oui, ça me plait. Je sais que je dis ça parce que je suis seule justement, parce que dans le fond, une fois de temps en temps, je ne crache pas sur un peu de compagnie. Enfin bref, tout ça pour dire qu’avec les longues journées de travail qui sont les miennes, avoir des amis ou un petit ami est un luxe que je ne peux pas me permettre. Voilà pourquoi je me plait à être seule. Pour rien au monde, je ne changerais de travail, même si je suis fatiguée et parfois au bord du burnout. J’aime ce que je fais et si être avec quelqu’un, ça signifie que je dois arrêter faire ce que j’aime alors clairement, ça ne vas pas être possible ! Ma vie est compliqué que voulez-vous ! « On peut dire ça comme ça ! » avouais-je, lorsqu’elle me demande si j’ai appris à prendre du recul, à séparer ma vie privée et mon métier. Oui, j’y arrive, le plus souvent. Mais, y arriver ne rends pas les choses plus faciles, bien au contraire ! Je soupire à sa remarque. Je suis d’accord avec elle, c’est ce qu’il y a de plus dur. On a beau être préparé, on à beau se fermer comme une huitre, lire la douleur dans les yeux des gens, c’est ce qu’il y a de pire. Heureusement pour moi, ce genre de choses revient le plus souvent aux médecins. Nous en venons ensuite à parler de la ville, une ville ou je suis née et que pourtant, je ne connais pas vraiment. J’explique être casanière, ce qui semble la surprendre. Et je ne vois vraiment pas pourquoi ! « Pourquoi ? » lui demandais-je. Est-ce que j’ai une tête à vouloir sortir à tout bout de champs ? Je ne pense pas. Quand je fais ma toilette le matin après m’être levée, tout ce que je vois, c’est une fille fatiguée. Mais peut-être est-ce à cause de ça justement ? Mon air fatigué donne aux gens l’impression que je suis une fêtarde ? Merde alors ! Je n’avais jamais pensé à ça !

Je n’étais pas une grande bavarde. Parler de moi, j’avais ça en horreur et comme la vie des autres ne me concernait pas, j’évitais ; le plus souvent ; de me montrer curieuse. Bien sûr, ça m’arrivait. Mais, je n’appelais pas ça de la curiosité, c’était plutôt une forme d’intérêt envers les gens que je côtoyais. Il est vrai que pendant que je travaillais, j’étais amener à beaucoup parler, parce que ça faisait parti de mon job. Parler pour calmer les patients. Alors, je racontais des choses et d’autres, des choses sans grande importance, parce que ça leur permettait de penser à autre chose pendant que je m’occupais de faire les soins du quotidien. Mais du coup, lorsque je me retrouvais projeter dans le monde réel, c’est-à-dire lorsque je quittais l’hôpital, je n’avais plus rien à raconter. Je passais le plus clair de mon temps au travail, alors je n’avais rien à dire en dehors de ça. Et, j’étais comme tout le monde, mais une fois à l’extérieur, je n’avais pas franchement envie de parler boulot. Alors, je restais en retrait. Et puis, il faut bien le dire, je n’ai jamais été le genre de personne à intéresser autrui. Nous évoquons donc Washington ; et au train ou vont les choses, je me demande quand la police daignera montrer le bout de son nez ; et elle s’étonne lorsque je lui indique ne pas sortir beaucoup. « Oh, c’est peut-être le cas de beaucoup de monde en ville, mais ça n’est pas le mien. En règle générale, le week-end, je suis tellement épuisée, que je dors ! » répondis-je alors. Et c’était vrai ! Je ne bougeais pas ou presque pas de chez moi le week-end, parce que j’avais du sommeil à rattraper. Quand on ne se repose que deux ou trois heures avant de devoir attaquer un autre service parce qu’il manque une ou deux infirmières, c’est normal, d’être épuisée, non ? Mais bizarrement, ça ne me dérangeais pas. Sans doute que dans quelques années, je regretterais de ne pas avoir profiter de mes jeunes années, mais pour l’heure, je m’en moquais.