Give me love like never before. Ft. Maurhett

« Peur que pour une fois, tu te trompes. », autrement dit, peur que les choses soient beaucoup plus grave qu’il ne le pense. Peur que pour une fois, il se laisse surprendre par les évènements. Rhett est le genre d’homme qui s’arrange toujours pour avoir un coup d’avance sur tout le monde mais il a tendance à se croire infaillible et ses dires le lui prouve, une fois de plus. Elle ne sait pas à quel moment est-ce qu’elle est devenue le sujet de la conversation mais elle ne peut qu’admirer son habilité à mener la discussion dans son sens. C’est une technique subtile qu’il lui arrive d’utiliser très fréquemment. Pas plus tard que quelques soirs de cela avec sa propre fille. Ce n’est pas faute de lui avoir dit et redit pourquoi est-ce qu’elle continuait à faire ce qu’elle fait pour gagner sa vie. Elle aurait pu envisager un autre choix de carrière depuis le temps mais elle n’est pas comme lui, elle a une adolescente à charge et elle n’a pas un diplôme en poche. Elle ne voit pas ce qu’elle pourrait faire qui lui ferait gagner aussi bien qu’elle gagne actuellement. De quoi maintenir son niveau de vie et celui de sa fille, surtout. « Rhett… », mais on ne l’arrêtait plus. Elle lève la tête pour le regarder, pour lui intimer de se taire, de ne pas emprunter ce chemin glissant mais il continue. Et il est déjà trop tard, le mal était fait. « Tu m’avais dit que… C’était la seule condition… », parce que voilà, si ce n’est pas la prison, c’est exactement ce qui allait tout foutre en l’air. Mais sa dernière question est celle qui la sort de sa torpeur, elle repousse sa main autour de son visage et s’extirpe de ses genoux. Ses jambes sont ramenées contre sa poitrine et elle n’arrive pas à réaliser qu’ils ont atteint ce point de non-retour. Bien plus tôt qu’elle n’aurait jamais pu l’espérer. Parce que Maureen n’était pas stupide, elle savait que ce jour viendrait. Personne ne pouvait accepter de partager ainsi l’être aimé, personne. Pas même l’homme le plus intelligent et détaché qu’elle connaisse. « Bien sûr qu’elle n’est pas au courant, espèce d’abruti. Je veux la protéger de toute cette merde, c’est pas évident, déjà ? », elle soupire, inspire longuement, tentant de reprendre un tant soit peu son calme. « Sérieusement pourquoi est-ce que tu me dis ça, pourquoi est-ce que tu veux tout gâcher ? », elle passe ses mains dans ses cheveux et elle se sent monstrueuse de l’accuser de tout foutre en l’air alors que sa requête est légitime. « Je sais pas. », elle lui répond sincèrement. « Je suppose que tout sera enfin supportable. Que je n’aurais plus à mentir. Plus à laisser toutes ces personnes me toucher. Plus à redouter le jour où tu me demanderas de choisir entre eux et toi. », elle lève la tête pour le regarder, enfin. « Mais c’est aujourd’hui, n’est-ce pas ? », elle va pour se lever tout en disant « T’aurais pu m’éviter ce mal en ne me promettant pas des choses que tu ne pouvais tenir. », elle semble détachée, lasse, fatiguée mais ce n’est qu’une façade. Si sa colère, elle n’a jamais su la cacher, sa peine, oui.

Elle n’a finalement pas bougé du canapé, restée assise sur le bord du large coussin, la plante de ses pieds nus s’enfouissant dans le tapis. Sa langue n’a pas tournée dans sa belle bouche et elle a encore oublié de mâcher ses mots. Des mots qui dépassent ses pensées, qui ne savent exprimer exactement ce qu’elle peut réellement ressentir. Face à cet aveu, face à son inquiétude évidente, face à cette simple requête. Mais voilà, rien de toute ceci n’est simple. En tout cas, ça ne l’est pas pour elle. A croire que ça lui plait de baiser le premier connard friqué qui passe, à croire qu’elle prend plaisir à souiller ainsi son corps et son estime. A l’entendre pourtant, c’est tout comme si elle préférait cette vie à celle qu’elle aurait pu avoir. Mais voilà, c’était celle-là sa vie et pas une autre. Au malheur, elle y a déjà pensé. Mais le jeu en valait la chandelle. Elle jouait avec sa vie, elle se sacrifiait par amour. Ça devrait peut-être compter mais elle n’est pas conne, ce genre de conneries n’a jamais d’importance aux yeux des gens quand on ne se sacrifiait pas pour eux. Elle ouvre la bouche pour répondre mais elle l’entend rire, ce rire froid qui lui glace le sang et il reprend. Il reprend ses propres mots et elle ne peut pas mentir parce que d’un côté, c’est le cas. Il vient de tout gâcher même si elle peut le comprendre mais à aucun moment, lui n’essaie de la comprendre parce qu’il continue, encore et encore. Mettant des mots dans sa bouche, des mots qu’elle n’a pas dits, qu’elle n’a même jamais pensé. Et encore, ce refrain. Celui où la merde, elle l’aime tellement. Et cette fois, ce n’est pas la rage qui l’accable mais la tristesse. Elle est comme cet enfant qu’on serait en train de gronder, elle reste silencieuse, elle l’écoute, le regarde gesticuler et creuser ce fossé entre eux. « C’est pas ce qui me fait du mal… », elle se défend tout doucement mais il ne se tait pas, il continue et elle n’a pas le temps d’en placer une, pas le temps de répondre, de se défendre. En prison, il va aller en prison. Le reste, elle avait cessé d’écouter. Il lisait simplement sur ses lèvres qu’il n’en avait rien à battre, qu’il la foutait dehors. Mais pour ça, elle n’avait pas besoin de lire sur ses lèvres, pas quand il ouvrait si grand la porte. Elle se prit la tête en ses mains, ses doigts massant délicatement ses tempes alors que c’est dans sa poitrine que ça lui fait mal. Elle s’enfonce dans le canapé, relève une fois encore les jambes contre sa poitrine. « Ça a presque un je ne sais quoi de romantique que tu me jettes dans la rue où tu m’as trouvé. Comme si la boucle se bouclait. », elle entoure ses bras autour de ses jambes et relève la tête pour le regarder. « Je ne te parlais pas de toucher le fond. Je te disais que j’étais déjà bien au fond et que ce n’est seulement quand il m’arriverait quelque chose que je serais surement en paix. Tu penses vraiment que je l’aime tant que ça ma merde ? C’est juste que je n’ai pas le souvenir d’avoir connu autre chose. Si j’arrête, qu’est-ce qui me garantit que ce ne sera pas pire ? En tout cas si j’arrête, je ne vois pas comment je ferais. », elle se lève finalement, elle ramasse son sac, ses chaussures. « Je ne sais même pas pourquoi tu veux être avec moi. Me dis pas que c’est parce que tu m’aimes parce que si tu me balance aux ordures au premier coup dur, je ne suis pas certaine que ce soit le cas. En fait, je me demande si t’es capable d’aimer quelqu’un d’autre que toi-même. C’est à se demander pourquoi tu me veux que pour toi. A croire que c’est seulement parce que tu ne m’as pas déjà. », elle arrive à sa hauteur mais elle ne sort pas, elle laisse tomber ses chaussures et son sac dans l’entrée. « Pourquoi tu me veux quand tu ne peux même pas me dire la vérité. Pourquoi tu m’as dit toutes ces choses alors que tu n’en pensais rien ? Je comprends pas. Explique-moi comment je peux être à toi et continuer de faire ce que je dois faire ? Comment tu veux que je sois à toi quand tu me dis de m’en aller ? », elle le pousse contre le mur, la force de ses sentiments faisant remonter sa colère. Ce feu qui l’anime depuis toujours. « Alors quoi, tu comptais me laisser apprendre que t’étais en taule quand j’allais recevoir une lettre du procureur pour venir témoigner contre toi ? », elle le pousse encore, mais son corps suit le sien, l’épouse même si ses mains ne l’enlacent pas. « Tu vas vraiment y aller ? », sa voix s’est faite toute petite. « Je viens à peine de te retrouver. Tu peux pas. », ça fait gamin, tellement gamin. Mais ses émotions s’entortillent et elle ne sait plus où elle en est. Elle sait simplement qu’elle ne veut pas le perdre, elle peut pas.  

Elle ne peut nier que si aujourd’hui, elle vient à se retrouver d’une quelconque manière impliquée à ses magouilles, c’était bel et bien sa faute à lui. Il lui avait demandé d’embarquer dans sa merde alors qu’elle n’avait à l’époque seulement désirée qu’il lui apporte son aide. La proposition lui avait semblé avantageuse puisqu’ils y gagnaient au final, tous les deux. Elle mentirait si elle disait qu’elle n’avait pas été déçue par sa démarche. Il savait dans quel état est-ce qu’il l’avait retrouvé à peine un an plus tôt, qu’il fallait être totalement désespéré pour se lancer volontairement dans ce genre d’affaire une fois encore. Mais il n’avait pas cherché plus loin que le bout de son nez. Que ce qu’elle lui demandait, disait vouloir. Et il en avait simplement profiter pour tourner la situation à son avantage. Maureen avait été déçue et elle avait dû déterrer son cœur brisé par ce même homme, maintenant douze ans plus tôt pour le cajoler. Le panser par l’amour qu’un autre homme pouvait alors lui apporter. Mais son cœur n’avait jamais seulement désiré battre pour Rhett et ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même d’être rendu à brisures et miettes. Mais même dans cet état de décomposition, de putréfaction, il continue à battre encore aujourd’hui pour ce même homme. Aujourd’hui, il attente de la protéger et c’est tout à son honneur. Ça la touche de savoir qu’il pense à elle, à son bien, à sa sécurité mais ils jouent bien trop près du feu à présent pour ne pas risquer d’être bruler. « Mais je le suis en quelque sorte… », sa voix est toujours si petite quand il la repousse pour s’éloigner d’elle. Cette distance qu’il place entre eux est insupportable. Elle a besoin de le sentir, de le toucher. Elle a besoin de savoir qu’il est encore là, ici, avec elle et non en prison, non à mille lieux d’elle. Elle penche la tête sur le côté quand il lui répète encore une fois qu’il ne supporte pas de la savoir dans les bras d’autres hommes. Le regard qu’elle pose sur lui, emplit de peine. Parce qu’elle lui fait du mal, tellement de mal et qu’elle a beau eut savoir que ça ne pourrait finir qu’ainsi, le fait est qu’elle ne peut plus se voiler la face. Ce point de rupture, c’est ce qu’ils sont en train de vivre. Les choses ne seront plus jamais les mêmes, en bien, en mal. Il avait laissé le point de cette décision peser sur ses fines épaules. Et encore une fois, il voit si clair en elle et pourtant, il est incapable d’essayer de commencer à comprendre. Mais ce n’est pas nouveaux, elle a l’habitude, depuis le temps qu’il ne cherche pas à savoir plus loin. Il lui avoue qu’il ne pouvait pas savoir ce qu’il lui promettait en acceptant la condition de son travail parce qu’avant ce jour, elle n’était pas sienne. Maureen n’a pas de mal à comprendre ce point mais elle a tenté de lui dire qu’il se berçait d’illusion. Que personne, jamais ne pourrait accepter ce qu’elle fait. Malgré et envers tout contre l’amour qu’il peut ou non lui porter. Et de l’amour, bordel, il en a tellement pour elle. La brune presse sa joue contre sa paume, soutenant ce regard bouteille qu’il partage avec leur fille. Leur fille, voilà pourquoi est-ce qu’elle ne lui cède pas. Parce qu’elle a besoin, coûte que coûte d’assurer son avenir, de la garder en bonne santé et heureuse. Ce qu’il lui dit alors lui coupe le souffle, c’est bien pire que s’il lui avait envoyé une gifle en travers de la joue. Ses paroles si belles, ce contact si doux mais ce qu’il y a à comprendre la peine immensément. Il a raison, une fois encore. Elle s’est sacrifiée par amour pour Sofia, pour Alicia mais pour Rhett, elle n’a jamais levé le petit doigt. Enfin, si, une fois et avec le recul, le plaquer n’était probablement pas la meilleure décision qu’elle aurait pu prendre. Mais elle était jeune, si jeune. Et une fois de plus, il avait juste tourné les talons sans trop chercher à comprendre. Un ultimatum. Il lui donne un putain d’ultimatum. Il se détache d’elle et c’est comme si elle était soudain nue. Elle le regarde bouchée bée prendre sa chemise détrempée sur la table basse et lui proposer, comme si de rien était de lui faire à manger si jamais elle a faim. « Arrête de te foutre de moi. Arrête de jouer avec moi. », c’est presque une supplique. Elle s’approche de lui, lui prend la chemise des mains pour la reposer à sa place initiale pour ensuite, tout doucement le pousser à se rassoir sur le canapé. Elle soulève légèrement sa jupe crayon pour s’installer sur lui à califourchon, c’est à son tour d’entourer ses mains autour de son visage, délicatement. Elle caresse son nez, du bout du sien, doucement. Elle le regarde, l’admire, le détaille. Maureen ne comprend vraiment pas comment est-ce que certaine personne puisse manquer la beauté de cet homme. Elle se sent sourire à relever, une fois de plus à quel point est-ce qu’il peut ressembler à Alicia. Ce long nez, ces traits si fins, la forme de ce visage et ces adorables grains de beauté. Comment est-ce qu’elle peut tant donner à sa fille et rien donner au père de son enfant ? Comment est-ce qu’elle peut être cette horrible personne ? Elle ferme les yeux et presse son front contre le sien, respirant longuement. Se laissant embrumer ses sens par sa fragrance si familière. Il lui fait du mal et elle lui en fait aussi, depuis toujours et elle ne peut lui en vouloir d’être lassé parce que si elle avait eu le droit de l’être, si elle n’avait pas été la position de lui demander de faire des concessions pour elle, elle l’aurait été aussi. « Je viendrais te voir en prison. », si ce n’était pas maintenant, ce ne serait jamais et elle avait déjà attendu l’éternité, il lui semble pour être avec lui. Elle ferait en un mois la somme qu’elle se fait en trois jours mais même en ayant vécue ces six dernières années sans restriction, elle a amassé de quoi tenir chaud les jours de pluies. « Mais la prochaine fois que tu m’ouvres la porte, ce sera la dernière… Parce que je te jure que ce sera la fois de trop… », elle est prête à leur donner une chance, elle sent qu’elle lui doit au moins ça, qu’elle le leur doit à tous les deux. « Tu peux pas me demander de tout laisser tomber si tu ne peux pas rester ou me demander de me casser à la première couille qui se présente. Tu peux plus, je pourrais pas l’encaisser. Si tu penses que c’est trop de demander, si tu penses que tu n’en es pas capable. Va l’ouvrir une dernière fois. », pendant tout le temps où elle a parlé, elle n’a pas ouvert les yeux ou cesser de caresser son nez avec le sien. Maureen espère simplement qu’elle ne viendra pas à le regretter, qu’elle n’est pas en train de prendre cette décision de manière trop hâtive. Mais ce bonheur qu’il lui fait miroiter, ils y ont droit tous les deux. Parce qu’elle l’aime, désespérément. Mais l’amour, ça n’a jamais nourrit personne et pourtant, elle accepte à cet instant de crever la dalle.

Elle avait rouvert les yeux juste à temps pour voir ce large sourire disparaitre de son visage mais il ne perdait pourtant pas son allégresse parce qu’il riait de bon cœur. Le bonheur, le soulagement maquillaient ses traits et elle ne réalisait pas encore bien comment est-ce qu’elle pouvait être la raison de tant d’engouement. Mais c’était bien elle qui venait d’effacer la peine qui brillait si intensément de ses prunelles vertes. Peine, qu’elle avait elle-même placé au préalable, elle en avait conscience alors elle pouvait nier qu’elle le faisait tourner en bourrique. Ne pouvait contester le fait qu’en effet, ils se faisaient, à tour de rôle, beaucoup de mal. « T’aimer, c’est pas tous les jours faciles. », elle secoue la tête, un large sourire fendant ses lèvres pleines. « M’aimer, ça ne l’est surement pas non plus. », mais pourtant c’est le cas, ils s’aiment depuis tellement longtemps. Ça avait été beaucoup de souffrance mais s’ils étaient encore là, c’était bien parce que le bonheur qu’ils pouvaient s’apporter, valait toutes ces peines qu’ils pouvaient se faire endurer. Personne n’a dit qu’aimer était facile, c’est bien la chose la plus difficile et la plus complexe en ce bas monde. L’amour fait mal, l’amour rend vulnérable mais l’amour rend fort, rend heureux. Et l’être humain a tendances à être masochiste. Et Maureen, malgré toutes les précautions et tout le mal qu’elle se donne pour ne plus jamais plus souffrir. Le fait est qu’elle n’est pas exception à la règle. Mais à le voir sourire ainsi, à sentir ses mains remonter son corps et ses lèvres harper les siennes comme si elle était sienne, la seule personne responsable de son bonheur. Maureen ne peut empêcher son propre cœur de se gonfler de joie et d’amour pour cet homme. La décision qu’elle vient de prendre n’est pas facile mais il arrive à la conforter dans l’idée que c’est peut-être la meilleure qu’elle n’est jamais pu prendre dans sa vie. Il rompt le baiser et c’est à contre cœur qu’elle le laisse la déplacer sur le canapé. Elle s’adosse à l’accoudoir, souriant en le voyant étaler ses jambes galbées en travers des siennes. La latina le voit prendre son ordinateur ensuite et se mettre à pianoter à grande vitesse sur le clavier. Tout du long, elle a froncé les sourcils jusqu’au moment où il retourne l’écran. En grand ses yeux s’ouvrent en voyant la somme faramineuse qu’affiche ce compte bancaire. A en juger parce qu’elle peut déchiffrer, ce compte est visiblement un compte offshore. L’ordinateur entre les mains, elle décolle son regard de la somme pour le regarder. « Merde, Rhett, ça fait beaucoup beaucoup d’argent ! », elle ne peut s’empêcher d’articuler l’évidence. Avec cet argent, une personne avait bien assez pour vivre deux vies entières sans jamais manquer de rien. C’était hallucinant ! Et tout cet argent était à lui. A eux, si elle comprend bien ce qu’il est en train de lui dire. Il lui fait comprendre qu’elle prend la bonne décision, qu’elle ne perd rien, qu’elle ne peut qu’y gagner de le choisir, lui. Et bien que ça la rassure de savoir qu’il prend ses inquiétudes au sérieux, bien qu’il promette de lui revenir et de subvenir à ses besoins et à ceux de leur fille. Le fait est qu’elle n’est tout de même pas rassurée. Parce qu’il ne pouvait pas promettre qu’il ne la quittera jamais. Parce qu’il ne pouvait pas lui promettre qu’un jour, il ne sera pas lassé de cet amour qui fait parfois bien trop mal. Et parce qu’elle ne sait pas si elle est capable de remettre entre les mains de son amour de toujours, cette responsabilité. Maureen a toujours été une femme indépendante. Le genre de femme qui se démène et se débrouille seule. Elle n’a simplement pas en elle cette fibre qui lui laisser sa vie entière reposer sur les épaules d’un autre et c’est exactement ce qu’il lui demande de faire en cet instant. Et elle était tentée d’accepter, tentée de profiter de son euphorie pour lui faire totalement et entièrement confiance de prendre soin d’elle. De laisser pour une fois, une autre personne faire ce qu’elle a toujours attenté de faire pour sa famille. Et elle aurait pu si pendant dix-sept ans, elle n’avait pas gardé pour elle, la seule et unique chose qui pouvait les séparer définitivement. C’était le moment ou jamais. Le moment de vérité. Maureen ne peut plus laisser planer cette épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes. Pas quand il lui propose cette vie. Pas quand il lui demande de compter entièrement sur lui. Si demain, il venait à apprendre la vérité, si demain, il la quittait. Elle n’aurait plus rien. Absolument rien. Si elle n’avait pas eu ce secret, si sa vie avait été ce mensonge qu’elle nourrit depuis si longtemps, elle aurait pu accepter. Si elle avait eu une situation décente, si elle savait qu’elle pourrait retomber sur ses pieds après qu’il l’est quitté, elle aurait pu accepter. Mais si elle le perd, elle n’aurait plus que leur fille et elle ne peut pas se permettre de la faillir, elle ne peut pas. Si elle perd Rhett, elle n’aurait plus de raison de continuer à se battre pour survivre, hormis leur fille. Sa tristesse, sa peine et son désespoir ne lui faisaient pas peur en cet instant. Sans lui, elle ne serait qu’une coquille amère, putride mais elle avait suffisamment repoussé l’échéance. Elle ne pouvait pas se permettre de ne penser qu’à elle. Par le passé, elle avait essayé de le faire. De reprendre une vie normale, de vivre pour elle et seulement pour elle. Mais recevoir cet appel d’hôpital pour lui faire savoir que sa fille, sa propre fille, la chaire de son sang pouvait lui être arracher par la faucheuse. C’était une expérience qu’elle ne comptait jamais plus revivre. Elle soupira longuement, ses traits reprenant un semblant de sérieux. Elle poussa l’ordinateur vers lui, relevant le regard pour le regarder. « Massachusetts General Hospital, 2001. Tape mon prénom. », elle sait qu’il n’aura aucun mal à s’exécuter, il est doué à un point qu’elle ne peut imaginer. « Rhett… Je t’ai menti. En fait, je mens à tout le monde depuis tellement longtemps. A l’époque ça semblait faire sens et au fil du temps, rétablir la vérité me semblait juste impossible. Je… », elle le regarde opérer sa magie sur son ordinateur pendant qu’elle essaie de réunir le courage nécessaire pour dire ce qu’elle a à dire mais encore une fois, c’est loin d’être aisé. Elle prend le temps de l’observer, ce visage qui frise la perfection. Elle a presque envie de lui arracher son ordinateur des mains, presque envie de faire marche arrière mais il est trop tard. D’ici quelques secondes, il pourra voir sur son dossier la vérité. Qu’elle a mis au monde un enfant sous x alors qu’elle avait tout juste quatorze ans. « C’est pas ma sœur. », elle lui dit tout doucement. Dans sa poitrine, son cœur s’acharne sur sa cage thoracique douloureusement. « C’est… », elle ne l’a surement jamais dit à voix haute, jamais à qui que ce soit. « notre fille. », elle ne peut plus reprendre cet aveux. Elle sent cette épée descendre dangereusement sur eux mais elle se sent paradoxalement à cette anxiété de se voir arracher tout bonheur, à jamais, soulagée.

C’était dehors. Cet aveux, peut-être dévastateur de tout ce qu’ils avaient bien pu trouver pour cimenter leur relation, ce soir. Maureen venait de lâcher une bombe, une putain de boule de démolition. Il ne la regarde même plus et à mesure que dans sa poitrine se désagrège, elle ne peut cette fois pas retenir les larmes qui lui montent aux yeux. Il vire ses jambe, laisse choir son ordinateur à même le sol et s’éloigne d’elle. Dans son ventre cette boule d’anxiété qui gonfle, gonfle jusqu’en obstruer ses poumons. Lui coupant le souffle. Mais malgré toute la peine et la détresse qu’elle ressent déjà à force d’anticipation, elle ne dit rien. Préférant lui laissant le temps nécessaire d’assimiler toute les informations révélés. Dur regard, elle le suit à travers son large loft vers le coin cuisine, elle le regarde ouvrir le robinet et simplement fixer le jet. Et pendant tout ce temps, il n’avait rien dit, il ne l’avait même pas regardé. Elle se penche pour ramasser son ordinateur, qu’elle ferme tout doucement d’une main tremblante, fébrile. Il n’avait pas crier non plus mais quand il était question de Rhett, le silence était parfois même pire. Mais elle ne surprenait pas la colère sur ses traits ni autres émotions que le choc, l’incrédulité. Cette nouvelle l’avait sonné et elle ne pouvait pas faire grand-chose qu’attendre. Attendre qu’il assimile, attendre qu’il décide si c’était le mensonge de trop. Maureen a toujours su que ça le serait, toujours. Parce qu’on ne pouvait pas caché la parenté de quelqu’un pendant dix-sept putain d’années impunément. Mais quel genre de monstre aurait-elle été d’accepter de filer le parfait petit amour avec lui, de lui faire entièrement et totalement confiance quand elle ne lui rendait visiblement pas la pareille. Cette relation avait besoin de démarrer sur un pied égalitaire, cette fois-ci. Elle pose le portable sur la table basse quand il articule son premier mot et elle ne peut s’empêcher de sursauter en entendant les quelques coups distinct à la porte. Puis, un martèlement insistant. Après l’éternité qu’avait duré ce silence, tout ce qui suivit sembla aller vite, bien trop vite. « Rhett ! » Maureen avait bondit du canapé quand à la seconde où Rhett ouvrait la porte, il se retrouvait plaqué face contre sol et des hommes en uniformes déferlaient à l’intérieur de l’appartement. « Lâchez-le ! », elle hurle en essayant de se rapprocher mais des armoires à glace prennent sa direction pour probablement la couper dans son élan mais ça, c’était bien le cadet de ses soucis. Elle entend son homme au loin leur demander de ne pas la toucher mais sa position ne lui permet bien évidemment pas ce genre de requête car les hommes continuent d’approcher. Elle entend les mots de Rhett et elle sait qu’il a probablement raison. Que ces hommes ne trouveront surement rien dans tout l’espace de son appartement parce que tout était confiné ailleurs. Dans cette petite boites rectangulaire en plastique posé sur la table basse juste devant elle. Maureen a regardé suffisamment de film pour savoir qu’il mettront un temps fou à le décrypter mais elle ne voulait pas prendre ce risque. Maureen savait que Rhett se pensait infaillible mais elle n’était pas prête à ce que ces preuves tombent si facilement entre les mains d’un homme qui serait pas loin d’être aussi doué que lui. Et elle avait regardé suffisamment de film pour savoir qu’elle n’avait qu’un moyen de lui gagner un peu plus de temps. « Bordel, lâchez-le ! Vous lui faites mal !! » Elle attrapa l’ordinateur portable sur la table le basse et le balança de toute ses forces contre le mur. Des bouts de plastiques volaient encore quand elle senti les bras d’un homme se refermer autour de son buste, bloquant ainsi ses bras. Maureen se débattait avec hargne, ses pieds nus ne touchant même plus le sol mais l’homme la maintenait en place avec aisance. Elle cherche le regard de son homme alors qu’on l’embarque sous ses yeux, les larmes défilant de nouveau sur ses joues. De rage face à son impuissance. Face au meurtrissement que de voir l'amour de sa vie se faire tant malmener sous ses yeux. Et rien faire pour pouvoir l'empêcher. Voi ces gens lui arracher, l'enlever à elle. « Je viendrais te voir, Rhett. Je viendrais, je te le promet ! », elle hurlait à sa suite, le laissant comprendre que tout ceci ne changeait absolument rien pour elle. Qu’elle est prête à s’impliquer dans cette relation, corps et âme. Qu’elle ne l’abandonne pas. Maureen ne sait pas à quel moment est-ce qu’on l’a relâché pour la menotter, ne sait pas à quel moment est-ce qu’elle aussi s’est fait embarquée. Des bleus lui couvraient les bras et des questions, on lui en avait posé des tas. Mais elle était comme déphasée. Rejouant, encore et encore les évènements dans un coin de son esprit. Et son avocat avait fini par venir, la faisant sortir en un battement de cil. Ils n’avaient rien pour l’inculper. Mais ils auraient pu, s’ils avaient su qu’elle avait volontairement détruit des preuves mais Maureen était une bonne comédienne, une bonne menteuse. On pouvait facilement qualifier son acte d’irréfléchi, d’impulsif. Il ne lui restait qu’une seule chose à faire bien qu’elle sache pertinemment que Rhett n’apprécierait surement pas. Le fait était que cette situation était pourrie, merdique et qu’elle ne savait pas quoi faire. Mis à part appeler le grand frère de son mec. Nash.