maurhett ✻ i came in here a man. give me the strength to walk out of here a man.

« Howden tes trucs. » Passant une main lasse sur sa barbe mal trimée, Rhett regardait l’enveloppe en plastique et la pile de vêtement que le gardien lui tendait. « Change-toi. » Une douce tonalité, ça allait presque lui manquer cette façon de parler, ce regard qu’on lui portait. Il n’était pas près de remettre les pieds dans ce trou à rat. Prenant la pile de vêtement, il changeait son uniforme de prisonnier pour enfiler un pantalon propre et une chemise. Une chemise qui n’était pas à lui, mais qu’on lui avait donner à son arrestation, à croire que les flics n’aimaient pas son torse de gringalet. Le gardien énumérait ses effets personnels et lui donnait ce dont il avait besoin, quelques billets pour prendre le bus. Quelle générosité ! Laissant ses cheveux en bataille, ainsi que quelques boutons de sa chemise ouverte, il prenait ses effets qu’il glissait dans la poche de son pantalon en direction de la sortie. Libre. Il ne pouvait pas se qualifier de tel, mais au moins il quittait l’enseigne de la prison. C’était toujours mieux que rien. Ces murs, ces barreaux... le manque de sexe. C’était définitivement ce qui lui avait le plus manquer et par ce manque, il s’était retrouvé à devoir réfléchir. Réfléchir à des choses qu’il n’avait pas parler à personne, gardant tout cela pour lui. Posant son regard sur sa montre à son poignet, il poussait un soupir avant de franchir la porte. Une lumière éblouissante vint l’aveugler, l’obligeant à fermer un instant ses paupières pour s’acclimater. Sept mois qu’il était dans ce trou, sept mois qu’il avait vu sa meuf venir le voir sans pouvoir vraiment la toucher ou l’embrasser. Sept mois qu’il avait pu voir son ventre grossir chaque fois qu’elle lui rendait visite. Sept mois, qu’il se maudissait de pas avoir mis une capote. Frottant ses mains ensembles, il marchait vers la dernière porte qui l’empêchait de retrouver une part de liberté. C’est une fois franchi, qu’il se sentait soulagé, un poids immense se retirant de ses épaules. Balayant son regard sur le parking, il remarquait une chevelure ébène, des lèvres pulpeuses, de longues jambes effilées, un ventre rond. Maureen. « Je pensais pas que tu serais là. » disait-il en arrivant près d’elle.

Aujourd’hui était le début d’un nouvel air, d’une nouvelle vie. Des mois et des mois à attendre ce jour fameux, où enfin l’homme de sa vie serait de nouveau libre. Libre d’être près d’elle, libre de la toucher, de l’aimer. Mais surtout, libre, tout simplement. Se peine de prison avait été longue, très longue et elle avait bien conscience que s’ils avaient joué leurs cartes différemment, si Rhett n’avait pas préventivement pris certaine précaution avec les gros bonnets qu’il avait pu irriter, sa sentence aurait dû être encore plus longue. C’est dire qu’il s’était fait beaucoup d’ennemis, chose qui avait considérablement retardé sa libération. S’il avait mis le temps à lui autoriser à lui rendre visite, à lui décrocher un mot, elle n’avait pas manqué une seule fois ces jours de visites ces derniers mois. Ça n’avait pas été facile pour elle, vraiment pas. Entre la reprise du strip-club qui lui prenait énormément de temps, ça avait été les rencontres avec les avocats et sa grossesse protubérante qui lui avaient pris le plus d’énergie. C’était difficile de reconnaitre, d’admettre pour une femme indépendante comme elle que si elle n’avait pas eu le soutient de Nash et de sa fille, elle n’était pas certaine qu’elle aurait pu garder la tête hors de l’eau, maintenir le cap. Son médecin la suppliait de lever pied, de se mettre en congé maternité, d’arrêter de stresser pour tout et n’importe quoi mais autant dire que pour femme qui avait toujours pris sur elle de mettre la bouffe sur la table et s’occuper d’absolument tous les petits détails malencontreux de sa vie, lever le pied, ce n’était très certainement une chose qu’elle se sentait de faire. Si elle arrêtait un jour, un seul, elle était convaincue que tout ce qu’elle avait ardemment avec la sueur de son front construit, s’écroulerait aussi simplement qu’un château de carte. Il suffisait d’une brise, d’un seul inattendu pour que tout se pète la gueule. Ces derniers temps, ses rencontres avec Rhett, avaient été plus sporadique. Avec ses allers-retours au trou. Maureen se confortait au moins dans l’idée que là-bas au moins, personne ne pouvait lui faire du mal. Qu’elle ne risquât pas un coup de fil en pleine nuit pour lui annoncer que quelque chose de grave était arrivé au jeune homme. Ce n’était très certainement pas une chose qu’elle aurait pu supporter. Parce qu’elle l’aimait si fort que ça lui coupait le souffle, la réveillait chaque nuit couverte de sueur, qu’elle préférait crever plutôt que de s’imaginer le perdre aux mains de la faucheuse. Elle avait attendu une vie entière pour être près de lui et aujourd’hui était le premier jour de cette deuxième vie. Elle relevait la tête en attendant la grande porte de la prison grincer son ouverture. Un sourire étirait les coins de ses lèvres alors qu’elle pouvait enfin le voir sans cette vitre dégueulasse en travers de sa vision. Elle remontait ses lunettes de soleil sur sa tête, bien qu’il n’y ait pas tant de soleil que cela. Ainsi, il pu la voir rouler les yeux aux premiers mots qu’il lui adressait. Elle se décolla de la carrosserie de sa voiture luxueuse pour mettre derrière elle les quelques pas qui séparait encore leurs deux corps. Mais contrainte par la largeur de son ventre, elle ne pouvait coller véritablement son corps contre le sien. « Où voulais-tu que je sois d’autre ? », elle lève sa main, fébrile, hésitante vers son visage. Caressant sa barbe fournie qu’elle n’avait jamais eu l’occasion de le voir porter avant son incarcération. « T’es beau. » , ça lui allait bien. Le contact de sa peau sous la pulpe de ses doigts faisant frémir son corps entier. Elle remontait sur la pointe de ses pieds, chaussée inusuellement d’une paire de chaussures plate. Au fil de sa grossesse, elle n’avait pas eu le choix que d’abandonner ses talons hauts pour ce genre de chausses. L’adaptation n’avait pas été aisée. Être si petite, elle n’était plus habituée. Si bien que même si la pointe de ses pieds, atteindre les lèvres de son homme était chose impossible. « Aller, embrasses-moi. », elle l’invite à la rencontrer à sa hauteur.

Retourner à la vie de tous les jours, étrangement, il en avait rêvé, mais franchissant l’immense porte de fer, il réalisait qu’il n’avait pas la moindre idée de ce qui l’attendait désormais. Il devrait se trouver un nouveau boulot, sans doute un nouveau logis… Tout ce qui n’avait semble-t-il pas changé c’était sa situation civile. Son regard se posant sur la latina, il laissait un faible sourire tordre le coin de ses lèvres. En guise de réponse, il haussait simplement les épaules. Il n’en avait pas la moindre idée, mais elle venait de moins en moins le voir, peut-être qu’elle avait choisi de faire sa vie sans lui. Par moment, il avait l’impression de ressentir plus d’amour qu’elle pouvait en avoir à son égard. Après autant d’année, ses sentiments ne l’avaient jamais quitté, toujours présent, toujours aussi fort, ils animaient son cœur, son esprit, lui donnait la force d’être meilleur. Il ne l’était pas tant que cela, finalement, mais il faisait l’effort de le devenir. Le contact de ses doigts sur sa peau, ce contact, il lui avait manqué. Trop longtemps il avait maudit cette vitre entre eux, mais ils n’avaient pas le choix, n’ayant pas accès à la salle conjugale. Ses émeraudes se posant sur la brune, il la détaillait du regard, ne bronchant pas, simplement prenant le temps d’analyser le tout. Son regard, sa peau, ce ventre qui avait étonnamment grossi. Son sourire s’étirait sur ses lèvres. « Je l’ai toujours été. » répondait-il. Sachant que sa barbe, il ne la garderait pas, pas ainsi tout du moins, parce qu’il avait l’impression d’être toujours ce taulard, il avait besoin d’une douche, de se raser, de faire des choses du quotidien dont il avait été privé durant les derniers mois. Ses mains venaient se poser sur les hanches de Maureen, la pressant comme il pouvait contre lui. Sa première grosse, il ne l’avait pas vécu avec elle, ni la seconde quand il prenait le temps de réfléchir. Il en venait même à se demander s’il était fait pour être père. En tout cas, il avait des têtards vivifiants. Répondant à la demande de sa meuf, il se penchait pour venir poser ses lèvres sur les siennes, capturant celles-ci avec une certaine fougue. Ses lèvres la dévoraient presque, lui faisant vivre l’impatience dont il faisait preuve. Trop de retenu, trop de pulsion contenue en lui, il devait les laisser parler. Il finissait tout de même par rompre son baiser, s’il continuait, c’est en plein du parking pénitentiaire qu’il lui sauterait dessus. « Tu m’as manqué. On rentre ? » disait-il finalement, empressé de quitter ce lieu, mettre le plus de distance entre cet endroit et lui. Dans la voiture, il gardait le silence. Il cherchait quoi dire, mais les mots restaient pris dans sa gorge, impossible de les laisser filer. Il regardait son portable, la batterie à plat. « Tu crois que je pourrais rester chez toi. » Il tournait son regard vers la brune. « J’ai donné ton adresse, mais je peux toujours aller chez Nash. » continuait-il ne cherchant pas à vouloir s’imposer, alors qu’il venait en quelque sorte de le faire. À un feu rouge, il tournait la tête en voyant des voitures noires se garer de chaque côté d’eux. Fronçant les sourcils, il regardait la vitre s’abaisser. Sur cette rue déserte, il comprenait qu’ils étaient dans une impasse. « Faut partir d’ici. » disait-il sans trop articuler. Un murmure. Une mise en garde…