There is nothing more deceptive than an obvious fact :: Rhebel

Appuyant sur la touche enter, j’envoyais mon dernier courriel de la journée. Pour une rare fois, je me sentais complètement lessivé, avec l’élection présidentielle c’était devenu la folie au bureau. Je prenais pratiquement plus de temps pour moi, entre les débats et tout ce qui avait à faire d’autre. Je ne voyais même plus la couleur de mes draps. Si je pouvais arriver à trouver le temps de dormir c’était déjà un exploit en soit. Pour une fois, je ne demandais qu’un peu de repos. Massant mes tempes, je poussais un soupir, regardant l’heure. J’avais promis à Isobel de passer chez elle après le boulot, mais au vu de l’heure, j’ignorais si elle ne préférait pas dormir plutôt que de me voir débarquer. Elle avait sans doute déjà mangé, mais bon. Une promesse est une promesse. Je ne pouvais pas rompre celle-ci, laissant tout en plan, je quittais le bureau saluant les quelques employés restant. Elle m’en voudrait certainement pour ce silence radio qui durait depuis quelques jours. Généralement, on se parlait tous les jours, mais dans j’étais surbooké ou qu’elle était sur une enquête nos moments se faisaient plus rares. Mais il y avait autre chose qui me faisait redouter ce face à face. La conversation qu’on avait eu à propos de Sheri, me laissait une sensation amère. Je ne souhaitais pas passer la soirée à faire la gueule à propos de ce sujet. En lisant ses sms, j’avais eu l’impression de me faire gronder par ma mère. Elle avait beau me connaître, cette situation n’avait malheureusement rien de simple. Et j’avais l’impression qu’elle ne regardait qu’un côté de la médaille. Ne prenant en compte que Sheri. C’était égoïste de ma part, mais on ne m’avait pas demandé mon avis quant à jouer ce rôle. Je le faisais surtout par pitié, mais agir ainsi n’en ressort jamais rien de bon. Il m’était impossible de revenir en arrière. Entrant dans le restaurant vietnamien non loin de l’appartement de ma meilleure amie, je commandais ce qu’on avait l’habitude de prendre. J’aimais bien ce petit restaurant typique et la dame était toujours adorable avec nous. Elle était persuadée que nous formions un couple et à chaque fois elle vous donnait une double ration de nems. Ce qu’elle fit aussitôt en me reconnaissant : « Le fiancé pas là ? » me demandait-elle dans un anglais médiocre. « Non pas ce soir, je vais la rejoindre. » Je n’avais pas le cœur à contredire cette femme sur ma relation avec Isobel. Elle me tendait le sac contenant ma commande et la remerciant, je partais en direction de l’appartement de la blondinette. Je n’avais que quelques coins de rue à faire pour arriver là-bas. La soirée était fraîche, remontant le col de mon blouson Levis, je réalisais que le fond de l’air sentait l’hiver. L’automne toucherait bientôt à sa fin et les flocons de neige apparaîtraient avant qu’on s’y attende. Frottant mes mains l’une contre l’autre, je me posais devant le tableau donnant sur les adresses du bloc. Sonnant au numéro 23, j’attendais qu’elle me réponde. « Salut, c’est moi. J’amène le drapeau blanc. J’ai une double ration de nems et du vin bon marché ! » C’était plutôt rare que je boive du vin de médiocre qualité, mais celui-ci avait une histoire. Première bouteille. Premier appartement. Première soirée hors de chez moi et l’université. Ce moment, je l’avais passé avec Isobel. Seuls tous les deux dans cet appartement minable où des locataires grouillaient sur le sol de ma cuisine. Pourtant, jamais je ne pourrais oublier ce moment. C’était le début de la vie adulte !

Même si je vouais pratiquement un culte à mon boulot — façon de parler, passer des moments avec Isobel était tout aussi important. Je ne le laissais pas forcément paraître dans nos sms ou comme ailleurs, mais afficher mes sentiments les plus profonds n'avait jamais été mon point fort. Je pouvais aisément jouer double jeu, mais quand il s'agissait de dire les vrais choses, je me fermais comme une huître. Ce n'était pas pour rien qu'avec les gens que j'appréciais, je ne parlais pas beaucoup. Une chose qu'Isobel avait toujours sut porter à son avantage. Elle pouvait bien parler pour nous deux. J'avais donc tout laisser en plan au bureau, avant que je n'arrive chez elle pour la retrouver entre les bras de Morphée. Un petit détour à notre restaurant vietnamien et je me retrouvais à sonner à sa porte. Ma main qui tenait le sac contenant le repas commençais à s'engourdir avec le froid. Je ne pouvais pas me dire être un grand fan de l'hiver et bien que j'aime l'été, la saison hivernale avait aussi de bon côté. J'entendais la voix de ma meilleure amie, ouvrant la porte au son du buzz. Passant une main dans mes cheveux, je gravis les étages pour finalement faire les quelques pas qui me sépare de l'appartement d'Isobel, où elle m'attend. Je la laissais poser un baiser sur ma joue, chose pour laquelle je n'avais jamais été un grand amateur. Le bruit tout comme la sensation était pour le moins désagréable. Je m'empressais donc d'essuyer du revers de la main cette marque d'affection en grimaçant légèrement. « J'ai horreur que tu fasses ça ! » disais-je en posant mon regard sur elle. « Je sais. J'ai même laisser ma paperasse en plan pour venir. » argumentais-je en la suivant à l'intérieur de son appartement et fermant la porte derrière moi avant de retirer mon blouson et de le suspendre à la patère. Je retire mes souliers et dénoue ma cravate. En y repensant, on n’avait pas mal changé depuis l'époque où on s'était connu. Je la laissais prendre le sac contenant le repas. Si j'avais voulu être le meilleur ami qui soit j'aurais moi-même fait à manger, mais si on voulait se nourrir, ça irait plus vite avec des plats pour emporter ! Je la regardais, laissant un sourire apparaître sur mes lèvres. Je m'approchais d'elle, déposant ma main sur son épaule et la contournant par derrière, j'allais lui murmurer à l'oreille : « Voyons, tu devrais savoir que je fais plus souvent cela hors de mon lit. » Je la regardais se lever et partir vers la cuisine. Sa réaction m'amusait, mais elle m'avait tendu la perche. Satisfait de mon petit commentaire, je me laissais tomber sur le canapé, basculant ma tête vers l'arrière. « Mais tu sais, c'est dur de s'endormir quand on n’a pas notre berceuse sous la main. Peut-être que ce soir, j'y parviendrais. » Je laissais planer mon sourire espiègle, avant de me redresser pour sortir les divers plats du repas. La voyant revenir, je prenais le tir bouchon pour ouvrir la bouteille. Je piquais la torsade dans le bouchon, m'arrêtant en entendant sa phrase. Ce genre de mot, qui ne veulent rien dire et tout dire à la fois. Ça ne m'annonçait rien qui vaille ! « Si c'est pour que je te regarde faire pipi sur un test de grossesse, demande à Freya. » Une banale plaisanterie, quoique vrai. Je ne me voyais pas faire ce genre de chose, même si elle était ma meilleure amie. Et c'était mieux que de lui faire comprendre que je n'avais pas envie qu'on revienne sur le sujet tabou ; Sheri. Je tournais le tir bouchon et m'apprenant à en retirer le bouchon de la bouteille, je continuais : « Mais si c'est pour autre chose, tu sais très bien que je vais t'écourter, mais par pitié... » Je me laissais tomber sur elle, appuyant ma tête sur son épaule et relevant mon regard vers elle, je poursuivais « ...ne me parle pas de politique. J'ignore qui va gagner entre Trump et Clinton, j'en parle toute la journée ! Ça me suffit amplement ! » Je me redressais et tirait un coup pour extirper le bouchon de la bouteille dans un POP sonore. Je versais le vin dans les verres, déposant la bouteille et tournant la tête pour qu'elle me délivre ces secrètes pensées.

Pourquoi j’acceptais que cette fille se permette des choses que personne n’aurait droit ? C’était vraiment à se demander ! Je la regardais sachant qu’il était inutile que je dise quelque chose de toute manière je n’aurais pas le dernier mot. Je ne l’avais jamais quand il s’agissait d’Isobel. « Tu sais bien que ce n’est pas vrai, enfin pas en parti. Je fais de mon mieux pour te voir, mais je dois aussi gagner ma vie. » Hors mon frère, elle était la personne que je voyais le plus souvent, même plus qu’Elijah ou mes parents. Je ne pouvais pas compter Sheri, comme elle s’incrustait chez moi et que je la voyais simplement parce que je devais jouer son petit ami. En d’autres occasions ça aurait été différent. Faisant comme chez moi, j’entrais dans son appartement. Je prenais mes aises avec le plus grand naturel, habitué à venir chez elle c’était normal que je me sente comme chez moi ! Bien qu’on eût grandi et vieilli certaines choses ne changeaient pas. On avait beau avoir échangé un baiser dans notre adolescence, on avait jamais tenté d’aller plus loin, mais ça ne nous empêchait pas de se lancer des piques. Et puis, je devais bien me venger de ce baiser mouillé qu’elle m’avait fait ! Mon sourire s’étirait à la commissure de mes lèvres en sentant sa tape sur ma main. Je savais qu’elle ne désirait pas savoir, mais je pouvais bien lui mettre des images en tête. Ce serait une douce punition ! « Qui dit que je parlais de chez moi ? » Bon je n’étais pas le genre de mec conventionnel qui se limitait au missionnaire dans un lit, mais je me ravisais de lui donner plus de détail qu’elle n’en possédait déjà. Surtout que je me voyais mal lui faire le récit de mes plans cul comme si on se faisait une vulgaire pyjama party. Hors de question qu’elle me mette un masque et me fasse une manucure pendant que je parlais des femmes que je m’étais fait au courant de ma vie… J’en parlais de tout façon qu’avec mon frère. Je la laissais aller à la cuisine, prenant plutôt place sur le canapé où je m’occupais des plats. « Oh. » J’affichais une mine boudeuse, même si en vrai le fait qu’elle parlait beaucoup ne me dérangeait pas. Si ça avait été le cas, il y aurait bien longtemps que je ne lui parlerais plus. J’étais habitué – même immuniser, et puis c’était ainsi que je l’appréciais. Elle était la voix que je n’avais pas. En fait, je me demandais si un jour j’arrêtais complètement de lui parler, si elle se ferait la conversation toute seule ? « Je dois prendre ça comme un compliment ? » demandais-je en me stoppant dans mes mouvements. Me voler du sperme, on me l’avait jamais fait celle-là ! Et franchement, je n’y comptais pas. Me retrouver avec un mioche, sans façon… Même si c’était Isobel qui me le demandait un jour avec le désir d’être mère, je n’étais pas certain d’accepter cette requête, au grand dam de mes parents qui devait attendre impatients d’être grands-parents. Je continuais de déboucher la bouteille, jusqu’à l’ouvrir pour y verser le vin dans les coupes. « Il n’a pas le choix, il a fait ses deux mandats. » soulignais-je en lui tendant un verre. « Bon appétit. » Prenant les baguettes, je vole un nem pour le porter à ma bouche. Je ne ressentais pas tant la faim, jusqu’à me nourrir. J’allais me goinfrer tellement j’avais faim, comme si je n’avais pas manger depuis des lustres. Je me tournais la bouche pleine vers ma meilleure amie. Moins sérieux ? Elle m’intriguait, car je me demandais bien de quoi elle souhaitait me parler. Je mastiquais la laissant parler. Shane… Ça ne me disait rien. Ça commence bien, pensais-je. Mais je comprenais où elle voulait en venir, tout du moins une partie. J’avalais ma bouché. « Qu’est-ce que tu crois qu’il fait ? » demandais-je en me levant pour me diriger vers mon sac où se trouvait mon pc. Le prenant je revenais m’asseoir près d’elle. J’ouvrais celui-ci. « Tu n’as pas pensé à le pirater ? Généralement, ça en dit beaucoup sur les gens. » Chose que je savais puisque je le faisais sur tout le monde qui croisait ma route. Paranoïaque. Sans doute. Je prenais une seconde bouchée. « C’est quoi son nom complet ? » Si elle ne voulait pas le faire, moi je n’avais aucun scrupule à le faire. Si c’était pour le bien de ma meilleure amie. « Et je savais pas que tu aimais les hommes en uniforme. Je pensais qu’avec tous ces mecs que tu stalke t’aurais flashé sur un acteur ou un truc comme ça. » Ça ne m’aurait pas étonné, loin de là. Je savais qu’elle aimait le monde du showbiz. « Et sinon, tu voulais qu’on fasse quoi pour l’espionner ? » Car après tout, je pouvais seulement me connecter sur ses réseaux sociaux, j’avais besoin d’avoir accès à son téléphone ou ordinateur pour pouvoir ensemble le pirater complètement.

« Au moins, tu connais ma drogue. » répliquais-je un sourire narquois après qu’elle ait retiré son doigt de mes lèvres. En fait, ma véritable drogue c’était le pouvoir. Savoir que sous mes doigts qui pianotait sur mon clavier j’avais un contrôle sur les gens. Il y avait aussi l’argent, une chose que j’avais toujours voulu pour ainsi me sortir de la merde dans laquelle je vivais, mais comme je n’avais pas de soucis à me faire de ce côté-là, le pouvoir devenait bien vite ma plus grande drogue. Sauf, qu’il était bien inutile que ma meilleure amie sache ce détail, elle connaissait bien assez sur moi, inutile que je lui ajouté un défaut de plus à ma liste incalculable de défauts. Bien entendu, on arrivait bien vite à un autre de mes défauts, la luxure. Douce luxure. Je ne savais jamais comment j’arrivais à avoir une aventure avec une femme avec tout mon boulot, mais j’y parvenais toujours. Explorer de nouveau horizon, ça devait être ça qui m’ouvrait plus de porte. Je regardais Isobel avec un petit sourire en coin, bien amusé par ses propos. « Je dirai rien alors. » Une pipe dans la salle de bain, est-ce que ça compte ? Et qui dit encore le mot copuler ? En bon meilleur ami, je devais décoincer ma meilleure amie. Pour son bien, après tout le sexe est une bonne chose. On en a tous de besoin. C’est quelque chose de vital, que l’on doit ressentir jusque dans nos tripes. Avait-elle déjà eu un tel feeling ? Ça restait à voir et je ne cherchais pas plus loin, préférant porter mon attention sur la nourriture que je nous avais ramené. Après l’avarice, l’envie et la luxure, je devais bien faire face à la gourmandise ! Je ne m’attendais tout de même pas à ce qu’elle me parle d’insémination, encore moins pour m’en faire un compliment. Certes, je connaissais ma gueule et je savais qu’elle plaisait, mais de là à ce qu’on me dise vouloir ma semence parce que je ferais de beaux bébés, il y avait de quoi rire. J’haussais toutefois les épaules, préférant ne pas me montrer impoli, même si quelque chose me brûlait les lèvres : « Tu trouverais pas ça étrange un mini Rhett ou une mini Isobel ? » Moi j’avais dû mal, mais c’était sans doute dû au fait que je ne désirais pas d’enfant. Je n’en avais jamais voulu et j’étais catégorique sur cela. Mon bébé c’était mon pc et encore je n’avais pas de mal à le jeter si je devais m’en acheter un nouveau. Donc ce que je serais prêt à faire avec un enfant… Le vendre sur ebay serait pas une si mauvaise idée, même si on dirait que c’est inhumain. Aussi saugrenue soit cette idée de vente, celle de me voir président l’était davantage. J’éclatais de rire, un rire que seul Isobel connaissait, avait entendu. Un rire presque enfantin, l’écho d’un vieux souvenir de moi. « Moi président. » Je me laissais perdre dans mon hilarité. « Tu me vois un grand avenir, mais je pense pas que je ferais un bon président. » avouais-je une fois mon rire calmé. J’étais trop perfide pour être à la tête d’un pays, j’y verrais mon intérêt personnel avant celui du peuple. Un pouvoir bien trop immense pour que je ne perde pas complètement pied. Je ne serais sans doute pas le premier si j’arrivais à ce stade, mais bon je pouvais tout de même admettre que le pays méritait mieux que Rhett Howden comme président. Mais le pays méritait aussi mieux que Trump… Je le sentais bien mal cet élection. Mangeant, je la comprenais bien vite la raison pour laquelle j’étais venu, non pas que je croyais qu’elle m’avait fait venir simplement pour cela, mais ce n’était pas non plus anodin, une banale invitation. Je l’écoutais tout en allant chercher mon ordinateur portable, que je posais devant moi sur la table basse. Je fronçais les sourcils, un flic dans le trafic… Elle avait décidément des goûts bien particuliers… Un ripou en vue et un meilleur ami hacker… Elle devait vraiment revoir ses goûts et son entourage ! J’allumais mon ordinateur, prenant une nouvelle bouché. « Je pensais que tu étais une meilleure menteuse. » disais-je avec cet ultime sourire aux lèvres. « Le suivre ? » Elle voulait tout de même pas qu’on espionne se mec ? Je voulais bien derrière mon écran, mais en personne c’était tout une autre paire de manche. Je me voyais mal vêtu de noir caché dans un arbre avec des jumelles pour voir ce que ce mec faisait ! J’entrais dans mon système, cherchant le nom qu’elle m’avait donné. Bien que je poussasse rapidement en soupir en l’entendant parler de ce chanteur. Elle m’avait bassiné les oreilles avec ce groupe durant notre adolescence, elle m’avait montré tellement de photo d’eux que je pouvais plus les voir en peinture. « Oooooooouais. » disais-je sans conviction, il aurait pu être le frère du pape que franchement je n’aurais pas été plus enthousiaste. Après, elle faisait bien ce qu’elle voulait, mais je n’allais pas lui dire que c’était une bonne chose. Un flic possiblement véreux et un chanteur de boysband. Les goûts de ma meilleure amie était vraiment discutable, secouant la tête, je reportais mon regard sur mon écran. J’avais réussi à trouver son facebook. Je roulais mon regard, sachant qu’elle ne pouvait pas le voir. Flic, chanteur kitch, uniforme… Elle n’avait pourtant pas tant bu ! Au mot porno, je me reculais pour la regarder. « Déjà tu me vois vraiment en uniforme ? Nash peut-être, mais moi j’aurais l’air d’une échalote qui s’est trompé de profession. Et puis, si tu veux en rencontrer des vedettes, je t’inviterai la prochaine fois à une soirée organisé par mon boulot. Tu devrais en voir. » Je m’en vantais pas, simplement parce que je ne savais même pas ce qu’une vedette pouvait avoir comme tête. Ne regardant pas la télévision, je connaissais vaguement que les personnes que me montrait Isobel, et encore j’avais tôt fait de les oublier. Je parcourais le facebook de ce Shane, tombant sur une photo avec une blonde que j’avais déjà vu. « Tu veux quoi qu’on pose des micros chez lui ? Tu nous prends pour quoi des espions ? » demandais-je en tournant ma tête vers elle, avant de soupirer. « Mais si je peux avoir accès à son portable, je pourrai t’arranger de quoi. Seulement t’es certaines que tu veux savoir tout ça ? Parfois savoir fait plus mal que d’ignorer tout cela. » Je me pinçais les lèvres, voilà que je craignais qu’elle retourne cette phrase contre moi et me parle de Sheri. Avec mon majeur, j’appuyais sur la flèche passant à la photo suivante. « Et bien ils semblent proches… C’est pas ton chanteur ? » demandais-je en pointant le châtain foncé près de celui qui devait être Shane.

« Ensemble… Les gens croient vraiment ça ? » demandais-je en haussant un sourcil, surpris. Je ne pensais pas qu’on pouvait avoir une telle vision de nous… Je ne disais pas qu’Isobel n’était pas mon genre ou quelque chose comme ça, simplement, je ne me voyais pas avec elle. C’était ma meilleure amie, et ça me suffisait. J’avais beau être différent avec elle, il en restait pas moins, que ça me semblait trop étrange d’être avec elle. Cela impliquait me réveiller pratiquement chaque matin près d’elle, de la trouver désirable au point de vouloir d’elle à n’importe quel instant, de lui faire des attentions particulières, et plus encore… Je ne pouvais pas envisager une telle chose. Je la regardais, elle semblait plus encline à avoir des enfants de nous que de ne pas en avoir. Je savais qu’elle n’était pas totalement sérieuse, mais au fond de moi, je ne voulais pas non plus la décevoir ou lui créer du regret. « Le premier homme de ta vie ? » Elle disait cela en plaisantant, tout comme moi. Je ne pensais pas être le premier homme de sa vie, mais je m’amusais de sa phrase, la regardant avant de prendre une gorgée de vin. Si je n’avais pas avalé ma gorgée de vin sans doute que je l’aurais recraché en l’écoutant me parler de présidence. Au contraire, je me mettais à rire de bon cœur, amuser par ses projets. On aurait dit une maman poule qui souhaite que son enfant arrive au sommet. Je n’avais rien contre cela, mais je n’avais jamais vu plus haut que ce que je faisais déjà. J’avais ma notoriété dans le domaine et je ne cherchais pas à devenir député, brasser la corruption. Certes, je rêvais du pouvoir, mais je désirais d’avantage l’exercer sur les gens plutôt qu’une nation. « Je travaille dure, mais je suis bien où je suis. » Avouais-je peut-être pour la première fois de toute ma vie. Et puis, ça me permettait de faire un peu ce que je souhaitais sans être sous les feux des projecteurs. Je ne souhaitais pas qu’on découvre mes petites activités illégales, voir cela éclater au grand-jour ne me disait rien qui vaille, si un jour ça venait à se savoir. Mais ça ne m’empêchait pas de le faire ouvertement devant Isobel. J’avais confiance en elle et c’était bien la seule à posséder cette confiance. J’avais beau changé de partenaire de plaisir, avoir quelques relations dites un peu plus sérieuse, il en restait pas moins, qu’en réalité, j’étais très secret. Cette partie de moi, je n’en parlais pas, je n’en montrais même pas une parcelle. Entrant mes codes pour ouvrir mon ordi, je m’assurais tout de même qu’elle ne regarde pas. J’avais confiance, mais celle-ci avait une limite. Ce n’était pas contre elle, mais je ne souhaitais pas qu’on s’introduise sur mon ordinateur. Je les changeais aux deux jours, toujours aussi plus compliquer d’une fois à l’autre. Elle mangeait notre petit pique-nique improviser dans son salon, alors que je continuais de me connecter. « Il faudrait que tu penses à te montrer plus forte avec eux. » Si elle perdait ses moyens avec eux, où celui pourrait la conduire ? Et je savais que si l’un d’entre eux avait le malheur de lui faire du mal, j’allais déverser ma colère sur eux. J’étais le seul qui avait le droit de faire de la peine à Isobel, aussi égoïste soit cette pensée. « Tu veux vraiment que je me tape toutes les caméras ? » J’haussais un sourcil, poussant un soupir, mais allant tout de même sur le réseau de la police. Le bien fait avec la technologie, c’est que le numérique est facile à trouver. Il suffisait que je fasse quelques clics pour arriver au réseau où se trouvait les caméras. Je me branchais sur celles-ci, tout en cherchant d’autre information via d’autre site, comme facebook. J’étais en train de pirater les identifiants de Shane, lorsque je m’arrêtais net, tournant la tête lentement pour regarder ma meilleure amie. « Pourquoi tu m’imagines nu ? Eux, je comprends… Enfin, du moins j’essaie… mais moi ! » Là j’étais sidéré. Pourquoi, elle me faisait imaginer des trucs… à la simple idée de la voir nue, pour ma part c’était censuré de barre noire. Et c’était peut-être mieux ainsi, je n’avais pas imaginer ses seins, deux collines pouvant tenir dans mes mains… Réalisant que mon cerveau partait à la dérive, je prenais mon verre de vin et le finissait d’un trait. Valait mieux pas que je sache, qu’elle ne réponde pas à ma question. J’en avais même oublié qu’elle était partante pour venir à la prochaine soirée démocrate. Je tombais sur des photos, tournant de l’œil en entendant le commentaire de ma meilleure amie. « J’le trouve banal. » disais-je en regardant l’un des frère Holloran. Sans broncher, je la regardais du coin de l’œil, sa tête posée sur mon épaule, son regard rivé sur le chanteur. « Je te pensais plus combative. » avouais-je en changeant de photo, avant de me retrouver avec un coulis de bave sur mon épaule. Bien que je ne connusse pas ce mec, j’étais à peu près sûr qu’il ne pourrait pas mettre un râteau à Isobel, enfin que ce soit l’un ou l’autre. Je remplissais de nouveau mon verre et la soirée prenait une tournure près de l’harcèlement, du facebook de Shane on se perdait sur celui du chanteur et je lui abandonnais mon ordi pour qu’elle fantasme, alors que je cuvais doucement avec le vin bon marché.