Give me love like never before. Ft. Maurhett

Elle mentirait si elle disait que ce qu’elle venait d’entendre ne l’avait pas retourné. A cette ampleur, ce n’est plus seulement des rumeurs sur lesquelles ils peuvent se permettre de passer outre. Les gens parlent toujours beaucoup, certes. Mais là, c’est différent. Quand ça arrive au stade où même les associés du procureur en parlent, c’est que les choses ont définitivement échappé à leur contrôle. Dans le parking de l’immeuble de son petit-ami, elle fume la quatrième clope de son paquet. Elle ne sait plus à quand remonte exactement le jour où elle avait autant fumé en l’espace d’une petite demi-heure mais elle avait ressenti le besoin de décompresser d’une certaine manière. Son sachet de poudre blanche dans son sac à main, elle évite toutefois d’en faire usage bien que les tremblements du manque se font sentir sur son frêle corps. Elle a besoin de toute sa tête, de l’entière capacité de son esprit pour réfléchir. Mais elle ne parvient pas à trouver une solution pour faire taire tous ces bruits qui courent et plus elle attend, plus elle sent la colère monter en elle. Maureen ne veut pas croire que Rhett n’est pas au courant. Il est bien trop intelligent pour ça. Alors pourquoi est-ce qu’il n’a rien dit? Là est la question. Elle a pu entendre certaine personne dire qu’il n’était avec elle seulement pour enjoliver son image. Mais ces gens ne savaient rien. Il y avait bien mieux que de sortir avec une fausse décoratrice d’intérieur pour faire bonne figure. Elle attrape son sac et sort de la voiture. Après avoir verrouillé, elle se débarrasse d’une pichenette de son mégot et s’engouffre dans le bâtiment. Elle ne se donne pas la peine d’emprunter l’ascenseur, elle ne se sent pas d’endurer l’attente tant elle bouillonne. Il est tard, très tard et elle ose espérer qu’il est bien là. Mais elle ne prend pas en compte l’heure tardive quand elle se met à tambouriner contre sa porte d’entrée. A peine a-t-il ouvert la porte qu’elle referme pour lui derrière elle. Elle plante son regard sombre dans le sien si clair. « T’aurais pu me dire à quel point t’étais dans la merde jusqu’au cou! », pas de bonsoir, pas de bisou. Pas le temps.

Maureen observe le petit manège de son mec, son jeu de nonchalance lui hérisse les poils. Il ment, elle le sait. Et bordel, à ce stade, il devrait savoir qu’elle n’a pas l’intention d’avaler ses conneries. Qu’elle a perdue toute patience quand elle a consumé sa deuxième clope. Mais ce n’était même pas son culot à lui mentir aussi effrontément qui la rendait malade. C’était son incapacité à lui accorder un minimum de confiance. Au risque de paraître cucul. Ils étaient censés être ensemble maintenant et ce genre de choses, il était censé lui dire. S’il risquait d’aller en taule, si elle risquait de le suivre, c’était la moindre des choses en tant que complices d’un délit fédéral également. Mais s’il se risque à jouer avec le feu, elle espère bien qu’il a un extincteur sous la main. Elle le regarde pianoter sur son ordinateur portable puis s’enfoncer dans le canapé, son doigt de whisky entamé dans sa main. Et le vase déborda à ce moment précis. « D’accord. Merci, mon chéri. », sous la douceur mielleuse de sa voix, on peut sentir la tension de ses nerfs sur ses cordes vocale. Elle dépose son sac et tend les bras simultanément qu’elle lève chaque pied pour retirer ses haut talons haute couture. D’un coup, elle perd douze centimètres mais elle n’est pas moins intimidante pour autant. Le premier escarpin vole dans la direction de Rhett sans même crier gare. Le second suit dans la foulée. « Me ment pas, putain! » Maureen sait autant viser que Rhett sait éviter. A croire qu’ils ont joué à la balle au prisonnier toute leur enfance. « Si tu dois aller en taule et que je risque de t’y suivre, j’aimerais bien l’apprendre par la bouche de mon mec plutôt que de celle d’un de mes clients! »

Elle regarde la large tâche brune sur sa chemise immaculée. Large jusqu’à assombrir le haut de son pantalon. Aucune de ses escarpins ne l’ont touché mais en les balançant dans sa direction, ça n’avait pas été le but premier. Mais le voir trempé de la sorte lui apporte tout même une sorte de satisfaction. Cette histoire la met dans tous ses états et aujourd’hui, le calme habituel de son petit-ami est loin de l’apaiser. Plutôt, le contraire et c’est même un euphémisme. « Babe...! », elle plante son regard sombre dans le sien, elle le réprimande, le met en garde. Parce que l’insulter de folle ou lui demander si elle a ses règles est bien la dernière chose qu’elle a besoin d’entendre à ce moment précis. Maureen ne comprend pas comment est-ce qu’il peut prendre toute cette histoire avant tant de légèreté. Rhett a toujours eu un complexe d’Icare mais il ne faut pas oublier que le môme a fini par se brûler les ailes et s’écraser, mort sur le pavé. Mais Rhett lui assure qu’il n’a rien fait qui justifie son emprisonnement, qu’elle ne risque rien. Qu’elle devait se calmer. Qu’elle n’avait aucune raison d’en faire une montagne. « Une montagne, une montagne? Tu penses que j’en fais une putain de montagne? », elle ramasse son sac et le dégage de son chemin pour aller s’assoir sur le canapé. « Et bordel, je suis parfaitement calme. », pour un attaché de presse, l’homme avait oublié d’être diplomate. Elle fouille dans son sac, vidant la moitié de son contenue sur la table basse. Ses mains tremblent quand elle referme ses doigts sur son pochon de coke. Avec sa carte bleue, elle se trace deux lignes sur la surface vitrée de la table. En général, elle évite de faire ça devant lui, devant qui que ce soit mais là, le contrôle lui échappe et elle a besoin de se calmer les nerfs. Si lui décidait de s’en foutre, de prendre les choses à la rigolade, qui est-elle pour en faire toute une caisse. Sa meuf. Sa putain de petite amie qui n’a très certainement pas envie de le perdre, de le voir se vautré comme ce putain d’Icare. Elle dépose sa carte sur la table, ses lignes sont prêtes mais elle lève la tête pour le regarder. « Rhett... J’ai besoin que tu dises la vérité. J’ai besoin que tu me jure que... qu’ils vont pas t’enlever à moi. »

La brune lève les yeux au ciel à le voir s’offusquer pour quelques centigrammes de coke. Bien trop peu pour risquer une peine de prison ou même une amende pour ce que ça vaut. De son sac, elle sort un billet déjà roulé, bloque de son index une narine et aspire les deux rails avec l’autre. Elle dépose le billet à côté de sa carte de bleue et tout en se frottant du dos de sa main le nez, elle l’invite à continuer d’un regard. Maintenant que le problème de la drogue ne se posait plus. Il n’avait plus aucune raison de continuer à noyer le poisson. Maureen avait prit pour habitude de ne pas prendre de substance quand elle le voyait. Quand elle était avec lui, elle n’avait pas besoin de ça. Elle n’avait pas besoin d’oublier à quel point est-ce qu’elle était malheureuse puisqu’il savait la rendre heureuse. Mais là, elle ressentait le besoin d’anesthésier sa colère, sa panique... son inquiétude. Mais les deux petites lignes de poudre avaient simplement effet placebo face à l’ampleur de son agitation. Elle le regarde détacher les boutons de sa chemise, se passer la main dans les cheveux et malgré la situation et son énervement, elle parvient à le trouver incroyablement sexy. Rhett est un peu comme ces héros de manga dont on ne pouvait s’empêcher de tomber amoureuse. Ce personnage nonchalant, froid parfois même méchant mais de qui l’héroïne ne pouvait détacher le regard. Ne pouvait s’empêcher de tomber amoureuse. Il s’installe près d’elle sur le canapé, et de ses pupilles quelque peu élargis, elle soutient son regard. Elle secoue tout doucement la tête à ses mots. « Putain, d’Icare. », elle soupire, renversant la tête sur le dossier du sofa pour river son regard au plafond. Elle sait bien qu’il n’est pas innocent, ça, il n’a pas besoin de lui dire. « La moitié de ce que tu as pu faire... Bien plus pour t’inculper... », elle marmonne, réfléchi à voix haute. Elle se redresse pour le regarder et son regard dérive sur la table basse, sur son ordinateur. « Ils ne savent pas à qui ils ont affaire...? », Ses doigts caressent doucement le plastique du portable alors que les choses s’alignent dans son esprit quelque peu embrumé. Maureen a toujours et douée avec les chiffres mais elle n’a pas besoin de ça pour calculer qu’un et un font deux. Elle relève la tête pour le regarder, le ton accusateur. « Qu’est ce que t’as fait ?! »

Rien. C’est tout ce qu’il trouve à lui répondre. Maureen n’ignore pas les capacités de son mec, ce dont il peut être capable avec un ordinateur entre les doigts. Il a toujours eu tellement d’aisance avec ce genre de technologie. Plus jeune, elle trouvait ça fascinant, sexy, même. Certaines filles bavent devant les hommes sculptés ou sportifs et elle n’est pas non plus différente de ces filles. Superficielle, comme le reste du monde. Rhett a toujours été l’exception à cette règle. Il n’est pas particulièrement massif, ni n’est-il sportif. Il n’a pas le genre de physique sur lequel les jeunes femmes se retournent en général. Un gringalet, c’est de cette manière qu’elle a pu surprendre tant de personnes le qualifier. Tous ces garçons qui lui demandaient ce qu’elle pouvait bien lui trouver, du pourquoi est-ce qu’elle perdait son temps avec lui, à l’époque du lycée. Ils ne jouaient pas dans la même catégorie, on lui disait. Il était bien trop banal pour elle, on lui disait. Mais les gens parlaient toujours pour rien, sans rien savoir de plus que ce qu’ils pouvaient voir sous leur yeux. Mais elle n’a jamais partagé leur point de vue. C’est les autres qu’elle trouvait banals, indigne de son intérêt. Lui, il a toujours su la mettre au défi, il l’a toujours poussé à se surpasser. Il la met dans tous ses états mais au moins, avec lui, elle ne s’ennuie jamais. Il est calme pourtant, tellement calme comparé à elle. Mais elle n’ose imaginer ce qu’il en serait s’il avait été autrement. Peut-être qu’elle n’aurait pas juste balancé ses chaussures mais aurait essayé de le poignarder avec. Rhett est intelligent, talentueux, ambitieux et au combien énervant mais elle l’aime, cet abruti. C’est son abruti. Alors l’idée même de le voir retirer à elle alors qu’elle le retrouve à peine la bouleverse totalement. Elle s’est habituée au bonheur qu’il lui apporte. Il est son îlot de paradis au milieu de cet océan agité et tumultueux qu’est devenu sa vie. Elle ne supporte pas qu’il lui mente, qu’il ne lui fasse pas suffisamment confiance pour encaisser sa réalité. Qu’il ne la laisse pas être là pour lui. Elle sait très bien qu’il peut se débrouiller seul mais s’il veut être avec elle, il devait comprendre que seul, il n’est plus. Ils sont ensemble sur ce même rafiot. Même si de tout part, il semble prendre l’eau. « La vérité, Rhett. », elle répète, lasse d’avoir besoin de le faire. Mais à la place, il lui brandit son sachet de coke vide. Elle soupire et lui prend le sachet des mains pour le balancer de nouveau sur la table. Elle s’approche de lui et lui retire doucement sa chemise trempée de liqueur et l’envoie également sur la table. Son corps a beau être fin, il n’en est pas moins délicieusement tracé. « Si, j’en ai besoin. Ça m’aide à tenir mon rythme de vie. », elle n’entre pas dans les détails du pourquoi ou du comment. A la place, elle s’installe en travers de ses jambes et pose sa tête sur son épaule. « J’ai peur, Rhett. », elle souffle, à peine audible.