Gant de velours ou bien gant de fer ? :: Rhella

« C’est bon j’y vais ! » disais-je en me levant de mon bureau, alors que ma stagiaire me faisait de gros yeux. « Vous devriez déjà être rendu là-bas. » Je poussais un soupir, bien que les élections étaient fini que j’avais pu prendre un peu sur moi pour m’accorder un petit ralentissement dans mon boulot, ma vie de travail me rattrapait. Et cela bien plus vite que je ne l’aurais souhaité. J’avais un millier de dossier à clôturer, mais aussi une tonne de rendez-vous. À plusieurs reprises j’avais dû reporter ma présence au Capital Hilton pour la soirée qu’on organisait pour le départ d’Obama au sein de la maison blanche. Une perte colossale selon moi, surtout au vu de qui prendrait sa relève en janvier. J’aurais cru l’issu de cette élection différente, mais il fallait croire que les gens voulaient du changement. Pour en avoir, ils ne seraient pas déçus. Montant dans un taxi, je prenais la direction de l’hôtel. Habituellement, j’étais ponctuel, mais en ce moment vingt-quatre heure n’était pas suffisant pour ma journée. J’avais recommencé à ne faire que quelques heures de sommeil dans mes nuits, me shootant à la caféine et a nicotine. Silencieux, je jetais un coup d’œil au dossier que ma stagiaire m’avait donné avant que je parte. L’organisation de la soirée avait été donné à une certaine Manuella Wyatt. En mon fort intérieur, je me disais que j’aurais bien aimé faire des recherches à son sujet avant de la rencontrer, mais je ne pouvais pas utiliser mon pc dans le taxi et on arrivait déjà devant l’hôtel. Payant la course, je descendais pour me rendre à la réception. « Bonjour, j’ai rendez-vous avec Madame Wyatt. » La réceptionniste m’indiquait la salle où je pourrais trouver. La remerciant, je tournais les talons pour me rendre vers celle-ci prenant le soin de soigner mon apparence en lissant ma cravate et tirant sur les manches de mon veston pour cacher les manches de ma chemise un peu trop visible à mon goût. J’envoyais un sms à mon frère pour le prévenir d’où je me trouvais. Espérant que cette réunion ne durerait pas une éternité et ainsi m’éviter d’être en retard pour mon prochain rendez-vous. Arrivé devant la salle qu’on m’avait indiquée, je toquais deux fois attendant qu’elle m’invite à entrer. Une fois faite, j’ouvrais la porte me glissant dans la pièce en abordant ce sourire charmeur que j’avais l’habitude de toujours aborder. Ce sourire n’avait rien de réellement franc, j’étais simplement doué pour avoir une bonne approche avec les gens. Leur montrer qu’il pouvait avoir confiance en moi, même si j’étais loin de l’image qu’on avait réellement de moi. « Bonjour, je suis désolé pour mon retard. Je suis monsieur Howden, on a rendez-vous pour l’organisation d’une soirée en l’honneur de monsieur Obama. » disais-je en tendant ma main vers la jeune femme.

Pour une apolitique telle que moi, travailler et vivre à Washington était un comble. J'avais quelque peu le sentiment d'être cernée par tous et tout le monde. Le moindre pas me rappelait que le pays venait de vivre des élections hors du commun et qu'un nouvel "élu" allait s'évertuer à rendre la vie plus compliquée pour tout le monde tous en faisant croire à une majorité que "tout est pour le mieux, merci". Qu'on se le dise, le problème n'était pas réellement la politique  à mes yeux mais plutôt les politiciens, un groupe de parfait "je m'enfoutisme", présent uniquement pour leur propre bien. J'aimais mon pays, j'étais patriote au possible, fêtant le 4 juillet avec ferveur, chantant "The Star-Spangled Banner" avec passion. Mais la politique, non.

Alors oui, j'en avais marre de ces gens là. Et je n'avais qu'une hâte, que le remue-ménage lié à Trump, Clinton et Obama s'arrête enfin, d'autant que tout cela venait me toucher même au travail !

D'ailleurs, j'avais rendez-vous avec un dénommé Rhett Howden, attaché de presse à la maison blanche. En tant que responsable de l'événementiel à l'hôtel Hilton, je devais mettre en place une soirée pour le président sortant. J'avais beau détesté le milieu de la politique, je savais pertinemment que je n'avais aucunement le droit de me planter.
C'était d'autant plus stressant qu'à plusieurs reprise monsieur Howden avait reporté notre rendez-vous. Pire, aujourd'hui il était en retard et j'avais un peu peur qu'il me pose un lapin. J'avais pas mal avancé sur la soirée en question mais il suffisait d'un mot de cet homme pour que mon travail s'écroule comme un château de sable. Donc oui, j'étais plutôt à cran.

Enfin, le téléphone sonnait pour m'indiquer que mon rendez-vous du jour était enfin là. Instinctivement, je lissais ma robe et arrangeais une mèche de cheveux, puis affichais un sourire de façade. Aux deux coups à la porte de mon bureau, j'invitais le retardataire à rentrer et me levais pour l'accueillir. Bien sûr, nul besoin qu'il se présente ou qu'il m'explique le pourquoi de sa venue. Il avait annulé tant de fois que j'avais fini par le googeliser pour savoir à qui j'avais à faire.

-Bonjour Monsieur Howden, Manuella Wyatt. Je vous en prie, installez-vous dis-je en lui montrant un canapé installé face à une table basse.Pour ma part, je prenais place sur le fauteuil, non sans avoir pris au passage un dossier "sa-obama2016" et ma tablette.Je peux vous commander quelque chose à boire peut-être ? Café, thé ? Plus fort peut-être ?

J'attendais sa réponse avant de demander à ma secrétaire le nécessaire. Pour ma part et comme toujours, je choisissais un chocolat viennois. (boisson non proposé mais il était rare de voir des adultes prendre des chocolat...)

- Bien, j'ai déjà commencé à travailler sur le projet. Le Hilton n'est pas novice dans l'organisation d'événement présidentiel. Pour ma part, je suis arrivée en août dernier mais il m'a suffit de reprendre les dossiers de mon prédécesseur.


Rien de bien compliqué en soit. Mais peut-être que pour leurs adieux, le président et son équipe voulait quelque chose de "plus", plus grand, plus somptueux, plus marquant. Juste une dernière façon de dépenser l'argent du contribuable.

Arriver en retard n’avait jamais rien de professionnel. D’où le pourquoi j’étais toujours ponctuel, mais là c’était loin d’être le cas. L’image que l’organisatrice avait de moi devait être peu glorieuse ! Ayant repoussé bon nombre de rendez-vous à cause de conflit d’horaire ou d’urgence de dernière minute. J’arrivais dans son bureau me présentant, après tout c’était la moindre des choses. Je lui adressais un sourire lorsqu’elle me présentait le canapé, allant m’y assoir. « Je suis désolé pour mon retard. » disais-je en m’assoyant et déposant mon sac à mes côtés pour y sortir mon pc, ma tablette, le dossier ainsi que mon portable que je mettais en mode vibration. Si je ne le faisais pas, j’étais certain d’avoir une bonne dizaine d’appel durant cette réunion. Je n’allais pas l’importuner davantage ! J’allumais mon pc, relevant mon regard au-dessus de mon écran pour regarder l’organisatrice. « Volontiers, un triple expresso noir si possible. » Dans mes veines, il devait y couler de la caféine en quantité monstre plutôt que du sang. Je la laissais passer commande, prenant pendant ce temps un crayon que je bloquais entre mes lèvres. Mauvaise habitude de fumeur. Posant mon regard sur la femme devant moi, j’écoutais ce qu’elle disait, apprenant qu’elle était nouvelle. Je n’avais rien à redire, ce n’était pas parce qu’elle était nouvelle dans cet hôtel qu’elle faisait un mauvais boulot. Je retirais mon crayon d’entre mes lèvres. « Je vois. » disais-je en pianotant sur mon clavier quelques notes. « Vous pourriez m’en dire plus. Vous pensez prendre quelle salle ? Car nous prévoyons avoir une bonne centaine d’invités si ce n’est pas plus. » Je ne savais pas le nombre exact, ayant donné ce travail à ma stagiaire. « Quel genre de traiteur, celui de l’hôtel ? Vous avez vu pour le menu ? Car je me disais que ce serait bien d’avoir quelque chose de varier peut-être de la viande, du poisson, mais aussi des plats végétariens. » Au fur et à mesure que je parlais, j’écrivais ce que je disais moi-même. Je ne voulais pas perdre mes idées. « Est-ce qu’il y aura une table d’honneur ? » Je continuais ainsi quelques instants, ressemblant à une machine, avant que je ne réalise mon agissement. Je m’arrêtais net, laissant glisser mes doigts sur mon clavier. « Pardon, je débite tout ce qui me vient à l’esprit sans vous laissez parler. » Et dire que je n’avais pas encore bu mon expresso… Seulement, j’étais ainsi. « Je vous laisse me présenter votre idée. » Je lui adressais un sourire en déposant mon pc sur la table basse.