Drôle d'endroit pour une rencontre ! (Rhett)

Décidément rien ne changeait dans ma vie, j’avais toujours l’air d’une poule qui court sans tête. Et bien entendu aujourd’hui ne faisait pas exception à la règle. C’était même pire qu’à l’habitude en ce jour d’élection. Tout devait être prêt pour l’ouverture des bureaux de vote. Cette journée s’annonçait comme étant infernal. J’avais à peine mis les pieds au bureau, qu’on me disait que je devais me rendre à l’autre bout de la ville pour un problème. Je prenais donc le premier taxi, textant mon frère pour le prévenir de ce contretemps. Manquerait plus qu’on soit deux à courir dans tous les sens, sachant qu’il restait tellement à faire pour ce soir. Je pouvais néanmoins me dire que par la suite, j’aurais quelques jours de répits pour me reposer adéquatement. Mes nuits de plus d’une heure étaient devenu rare ces derniers jours. J’en venais presque à faire des micro sommeil au bureau. C’est ce que je fis dans le taxi et une fois arrivé, je m’arrêtais dans un Starbucks pour prendre mon quatrième café depuis 8 heures ce matin – et c’était sans compter les redbull et la nicotine que je consommais en aussi grosse quantité. Je passais près d’une heure avant de repartir. Devant les portes, je maudissais le temps de merde. Par chance, ce n’étais pas de la neige. Dépliant mon journal, je l’utilisais pour couvrir ma tête, sortant du bâtiment pour aller appeler un taxi. Sans grand succès, à mon plus grand dam. Je prenais donc l’option deux, pas le choix ni le temps, je me précipitais vers la première entrer de métro que je trouvais sur mon chemin. Dévalant les marches, je serrais mon journal avant de défroisser mon veston bien imbibé. Si je ne voulais pas choper la crève, je pris l’initiative de le retirer et dénouais légèrement ma cravate. C’était plutôt rare que je prenne le métro, enfin maintenant depuis que ma carrière était au plus haut je n’avais plus à m’abaisser à prendre les transports en commun. En quelques sortes j’en avais horreur, ça me rappelait le milieu où j’avais grandi. Plus que tout, je voulais oublier le garçon pauvre que j’avais été et par chance je réussissais très bien. Tout en marchant, j’envoyais un nombre pratiquement incalculable de sms, embarquant dans un wagon je me trouvais une place assise. Puisque j’avais un bon moment à faire assis dans ce wagon infâme, je fermais les yeux. Je ne pensais pas m’endormir, mais c’est tout de même ce qui arriva. Je ne me réveillais qu’en sentant le poids de quelqu’un sur mes genoux. Ouvrant les yeux, je m’attendais à voir un ivrogne ou peut-être un sdf, mais c’était plutôt une blonde assez mignonne. « Ce n’est pas grave. » répondais-je d’une voix roque, regardant autour de moi pour voir que désormais le wagon était bondé. Mon regard se portait sur la jeune femme, je la détaillais rapidement. « Vous désirez vous asseoir ? » demandais-je avec un sourire charmeur, prêt à céder mon siège, malgré le bon nombre de destination qu’il me restait à faire.

Cette journée s’annonçait longue très longue, je devais encore me rendre au bureau pour ensuite allez à l’aéroport pour me rendre à New York. C’était à se demander si j’avais du temps juste pour moi, pour respirer. Je ne m’étais pas attendu à trouver ce peu de temps en allant prendre le métro. J’avais à peine posé mes fesses sur un siège que mes paupières s’étaient fermés, m’endormant. Dormir dans les lieux publics ce n’était pas une habitude courante, tout au contraire j’avais en horreur ces endroits pleins de germes ou autres substances qu’on préfère ne pas savoir. C’était simplement un signe que j’avais besoin de dormir et sans doute qu’après ce soir j’allais me retrouver à hiberner dans mon appart. Bon sachant que je me ferai harceler par Isobel ou bien Sheri, mon hibernation ne serait que de courte durée. Bref, je dormais sans un seul rêve à l’horizon, percevant au loin le son de la rame de métro grinçant tout au long du trajet. Ouvrant les yeux en sentant quelqu’un sur moi, je fus surpris d’y voir une jeune femme. Certain rêverait qu’une femme s’assoit ainsi sur leurs genoux – peut-être un vieux fantasme de père noël, en tout cas, je préférais cette fille à un clochard. Poliment, je lui offrais ma place. De tout manière j’avais assez dormi, selon moi, mon esprit dirait sans doute d’autre chose. Sauf qu’un café réglerait le problème, comme toujours. « Comme vous voulez. » répondais-je en sortant mon portable. Si j’arrivais à capter un signal, je pourrais voir si j’avais reçu des messages importants. Mon regard regardait l’écran de mon iphone, mais rien. Aucun réseau, poussant un soupir je relevais la tête réalisant que la jeune femme portait une jupe plutôt courte, très courte même. Je faisais donc mine de regarder mon potable, pourtant mon regard se portait surtout sur la courbe de son corps. Je ne prenais pas de photo ni de vidéo, je trouvais puéril les gens qui faisait ça. Mais ça ne m’empêchait pas d’admirer la vue. Je reste un homme après tout ! Et je semblais bien ne pas être le seul quand j’observais autour de nous, plusieurs hommes avaient leur regard river discrètement ou non sur elle.

Mon portable, ma force vitale. Je pouvais manquer cruellement de sommeil, si j’avais mon portable, une barre de réseaux c’était amplement suffisant pour me combler. Sauf que là j’avais que dalle ! Ne rien faire, ce n’était pas moi, je devais faire quelque chose, m’occuper tout simplement. Mais comment ? Là était la question. Je n’en avais pas la moindre idée et me faire un combat de pouce n’était pas un passe-temps que j’affectionnais. Non, mon regard décidait plutôt de mâter la jeune femme qui était tombé sur mes genoux. J’étais rendu bien bas pour reluquer une pure inconnue dans le métro. Certain dirait que ça ne me changeait pas tellement des bars, mais bon… Je pouvais toujours mettre ça sur le fait que je n’avais rien de mieux à faire et puis, la vue était agréable. Je n’avais rien à redire. Laissant croire que mon regard se portait sur l’écran de mon iphone, je laissais mes yeux passer par-dessus observant ses jambes blanches qui semblaient ne plus finir. Fermant un instant les yeux, j’eus une penser pour Sheri. Je ne pouvais pas lui faire ça. C’est du moins ce que je pensais pendant une fraction de seconde, reprenant mes esprits. Je ne lui devais rien, on était ensemble que parce que le médecin disait que c’était la chose à faire. Ce que je continuais de douter. Mais officieusement ça faisait de moi un célibataire, je pouvais donc me permettre de me rincer l’œil. Ce n’était pas non plus comme si j’allais me taper cette nana en sortant du métro. On n’était pas dans un mauvais porno ou la fille croise le mec et sans se poser de question ni même échanger un dialogue développé, ils se retrouvent à baiser. Les miracles ne sont pas si beaux ! Toutefois, je ne m’attendais pas à ce qu’elle m’adresse la parole, relevant mon regard vers cette blondinette. Elle me prenait de court, je me serais attendu à une phrase me disant de regarder ailleurs… Qu’elle n’était pas de la viande ou un objet. J’avais plutôt droit à une conversation sur la météo. Qui l’aurait cru !? « Hum. » C’était tout ce que j’avais trouvé à dire. Pathétique. « Rhett. » Mais pourquoi je lui disais mon prénom ? Je n’en savais trop rien, mais je lui adressais un sourire charmeur, comme j’avais l’habitude de le faire en toute circonstance. « Vous arrivez à avoir du réseau ? » demandais-je, j’étais peut-être con de le demander, mais j’étais tellement peu habitué à prendre ce moyen de transport que j’ignorais si certaine compagnie arrivait à capter dans le métro.

Sans portable, autant dire que j’étais six pieds sous terre, et je n’étais qu’à un cheveu de l’être. Enfin peut-être que si, je n’ai jamais été au courant de la distance entre le métro et la surface, mais en toute logique c’était sans plus que cela puisque ma taille dépasse les six pieds. Je passais ma main dans mes cheveux couvert de gel et léché soigneusement. Je ne pouvais pas me permettre une apparence débraillée, toujours soigné, toujours sur son trente-six, je savais néanmoins que la pluie avait fait des ravages sur mon apparence, mais à quel point ? Là, je ne savais pas trop, mais je pourrai toujours voire une fois revenu à mon bureau et me changer avec mon costard de rechange, toujours pratique. Ce que mon frère n’avait pas encore compris et aurait peut-être mieux fait de suivre l’exemple. Je ne pouvais même pas le prévenir que j’aurais du retard… « Dommage. » soufflais-je en regardant mon portable. J’aurais cru qu’avec le temps la technologie se serait développé, mais ça ne semblait pas être le cas. Je laissais un rire m’échapper. Nerveux ? Non, mais je me trouvais quelque peu idiot, je semblais presque sorti d’une autre planète à ne pas savoir pour le réseau des portables dans les métros. « Je n’ai pas l’habitude de me déplacé en métro. » ajoutais-je en relevant mon regard vers la jeune femme. On pourrait croire que j’étais né avec une cuillère d’argent dans la bouche, alors que non. J’avais simplement perdu l’habitude de les prendre, préférant de loin les taxis, transport que j’étais en train de regretter. J’aurais peut-être mieux fait d’attendre l’un d’eux ? « Généralement, les trajets se font rapidement ? » J’avais décidément l’air con ! J’aurais mieux fait de ne pas poser cette question, mais ça semblait trop tard pour reprendre mes mots. Mais quand j’entendais ma stagiaire, elle semblait toujours évoquer des problèmes dans le métro, ralentissement ou bien panne. J’amenais mon pouce à mes lèvres, venant gruger la peau bordant mon ongle. Geste qui ne dura qu’une fraction de seconde après avoir réalisé où je me trouvais. Je n’avais jamais été un maniaque des microbes, mais je n’allais pas non plus chercher à me contaminer avec tout ce qui pouvait se trouver dans ce lieu. « Vous auriez du désinfectant ? »

Poussant un soupir de soulagement en découvrant que la jeune femme devant moi n’avait pas non plus pour habitude de prendre le métro, je me sentis immédiatement soulagé. Soupir qui se transformait en sourire, je me sentais tout à coup moins seul, mais aussi moins con. Beaucoup de personne ne jure maintenant que pour les transports publics, ce dont je n’avais rien contre, mais ne correspondait pas à mon rythme de vie. Tout du moins, ne correspondait plus. Et qui sait comment quelqu’un aurait pu réagir vis-à-vis de mes réactions. Je ne voulais pas paraître hautain, car bien que j’eusse un caractère plutôt difficile à vivre, je n’étais pas le genre de personne à me croire au-dessus des autres. Tout du moins, dans ce genre de situation, mettez-moi un ordinateur entre mes mains et je pouvais pratiquement devenir invincible. Avec celui-ci comprendre le principe du métro aurait été plus aisé, mais n’ayant pas accès à ce dernier, je me fiais au dire de la jeune Elena. Le sourire que j’avais eu quelque instant plus tôt, s’était mit à fondre au fur et à mesure qu’elle répondait à ma question. Savoir qu’il n’était pratiquement pas à l’heure, ne me disait rien qui vaille. Je poussais un soupir, avant de gruger la peau bordant mon ongle. Mauvaise habitude, mais dans ce genre de moment où tu regrettes de ne pas pouvoir contrôler le temps, il n’y a pas grand-chose à faire. « Merci. » soufflais-je tout de même à la jeune femme, réitérant cette même réponse lorsqu’elle me tendait la bouteille de désinfectant. Il y avait tout de même ça de bien avec les femmes, elles avaient toujours sur elles une panoplie de chose qui pouvait s’avérer utile. À croire qu’elles planifiaient tout, sachant déjà ce qui pourrait se produire dans leur journée. Bien que je n’aurais jamais osé mettre ma main dans l’un de leur sac à main, sait-on jamais ce qu’on pourrait y découvrir. Je déposais une noisette du gel sur ma main, tendant la bouteille à sa propriétaire en lui adressant un sourire tout en frottant mes mains pour étendre le désinfectant partout. Le train s’arrêtait à une station et je tournais la tête pour regarder le nom de celle-ci, j’en avais encore quelques-unes à faire pour arriver à bon port. « Vous descendez prochainement ? » demandais-je.