don't look back in anger ✻ Nash

La gloire. La richesse. Le pouvoir. Trois mots qui servent de mantra pour le cadet Howden. Tout ce qu’il est prêt à faire pour arriver à tout cela est loin de ce qu’on pourrait s’imaginer – ou bien au contraire, on peut s’imaginer ce qu’il serait prêt à franchir pour arriver à ses fins. Se détourner de ce passé qu’il n’a jamais su apprécier, pour lui, il est hors de question qu’il puisse être dans la même situation que ses parents. Il ignore l’amour, il se refuse à celui-ci, puisque l’amour est une faiblesse. La franchise, il la noie sous un torrent d’hypocrisie, un domaine où il excellent dans cet art. Il sait dévier les sujets, évitant de dire cette vérité si pénible à entendre. Cette manière d’agir, il l’utilise depuis tellement d’année qu’il a noircit son âme, créant une coquille de pierre entourant son cœur. Connard de la pointe de ses cheveux jusqu’au bout des ongles, il reste tout de même deux personnes qui arrivent à fissurer son cœur, la première, Maureen. Il ouvre un œil, son lit est vide, les draps sont froids. Elle n’est pas restée, ce qui ne le dérange pas, bien au contraire se réveiller prêt de quelqu’un le dérange. Il aime être seul et même si Maureen, il l’a laissé dormir durant leur enfance et leur adolescence dans son lit avec lui, aujourd’hui, il a des habitudes différentes et il n’est pas prêt à les laisser redevenir comme avant. Il aime la fraîcheur de ses draps, le silence du matin. Sa routine est déjà bien tracée et comme à chaque fois, il n’en déroge pas une seule seconde. Douché et vêtu de son tailleur, il quitte son appartement pour se rendre dans un petit café non loin de chez lui et commande un croissant, ainsi qu’un café noir et il prend la direction du bureau. Il ne pense déjà plus à sa nuit passé avec son ex, ces montes qu’ils ont recommencés à avoir ensembles. Bien qu’imprévisibles, il ne s’en plaint pas. Tout ce dont il est persuadé c’est que tôt ou tard, tout se compliquera. Tout se complique toujours. Et si Maureen est la première personne à qui il s’ouvre, la seconde est sans doute son frère, Nash. Il a beau lui caché une multitude d’informations, il sait que ce dernier le connait mieux que beaucoup d’autre et c’est sans doute celui qui le connait le mieux au bureau. Enfin, au moins une part de lui, car tout ce qui le relie à des histoires quelques peu douteuses, Rhett s’assure de protéger son aîné, jamais il ne le fera couler avec lui si les emmerdes finissent par tourner autour d’eux. Une chose qui commence à se tramer et dont le jeune Howden se soucie guère. Perdu dans les méandres de son pouvoir, de ces gens qu’il tient au creux de la paume de sa main, il en oubli d’être prudent, pourtant, il devrait. On lui envoi des signes, mais il se sent au-dessus de tout cela. Arrogent. Supérieur. Il risque de tomber de haut. La journée se termine comme bien d’autre ressemblant à celle-ci, mais cette fois, quelques personnes proposent d’aller boire un verre, la chaleur du printemps se fait sentir dans l’air, les gens troques leur manteau d’hiver contre de simple gilet. Le fond de l’air encore un peu frisquet n’empêche pas les gens de sortir, de profiter de cette période plus chaude pour être dehors au lieu de s’encabaner dans leur maison. Rhett est plus enclin à refuser, il refuse pratiquement toujours. Se lier d’amitié avec ses collègues ce n’est pas son point fort, il préfère même éviter. C’est tout de même son assistante qui le convainc de se joindre à eux. Il sait donc comment finira cette soirée, mais il se garde bien de passer un commentaire – même s’il est loin de pouvoir s’imaginer la réalité. Le bar semble être rempli de tous ses collègues, certains profitent de la terrasse et d’autres, comme lui, sont à l’intérieur. Il se commande une bière blonde, posant son regard sur un visage familier. Nash. Il a l’impression que ces dernières semaines, ils ne se sont pas vraiment parler, pourtant, les occasions auraient pu être nombreuses. Mais il a le sentiment que Nash l’évite, mais peut-être que cela n’est qu’une illusion, mais il prend les devants. Posant sa bière sur le comptoir à côté de son frère, il s’assoit sur le tabouret : « Tu fais la gueule ? » Tourner autour du pot, ce n’est pas son genre, autant y aller franc jeu.  

C'était leur lot quotidien. Les rumeurs, plus fracassantes les unes que les autres, prêtes à faire tomber le premier venu. Il fallait être capable de les entendre, aussi inoffensives soient-elles, car il ne suffisait d'un rien dans leur milieu pour ruiner une carrière. Ruiner une vie. La bête noir des publicistes, le cauchemar de toute une stratégie de communication bien rodée. Nash en entendant jour après jour, certaines drôles, certaines inquiétantes. Certaines qu'il savait véridiques et d'autres qui l'amenaient à se questionner. Longtemps, il avait été en périphérie de ce manège. Témoin des causes et des conséquences, mais jamais réellement atteint. Ça n'était que son boulot après tout, rien qui ne l'affectait personnellement. Jusqu'à aujourd'hui. Ça avait d'abord été une plaisanterie au sein du service. Des taquineries partagées entre deux tasses de café, des railleries presque jalouses au sujet de Rhett, lui qui arrivait toujours à dénicher la bonne information, à être au premier rang des scandales. Blessé dans leurs égos fragiles, il avait été plus simple de suspecter des choses louches que d'admettre le talent de négociation et d'investigation de Rhett. Nash, lui, n'en avait pas douté un instant. Son petit frère était le meilleur à ce qu'il faisait, et c'est pour ça qu'ils bossaient ensemble. Tous ces petits commérages lui passaient bien au-dessus de la tête, et si lui-même s'était questionné à certaines moments, il faisait entièrement confiance à Rhett. Parfois, il lui faisait des remarques, mais il suffisait que son cadet le rassure pour que ses craintes s'échappent. Rhett ne lui mentirait pas en pleine face. Il en était persuadé. Mais tout de même. Dernièrement, ce qu'il entendant ne se limitait plus à de légères piques envoyées d'un service à l'autre. Non. Les échos venaient d'ailleurs, de segments plus inquiétants et moins enclin à la plaisanterie. Des doutes sérieux mais pudiques, encore murmurés dans les sphères privées à défaut de faits plus concrets. Et le nom de son frère, au milieu de tout ça. Et là, soudainement, ça ne faisait plus rire Nash du tout. Ça l'inquiétait même. Beaucoup. Quelle connerie avait-il faite? Cet imbécile s'était-il mis en danger pour récupérer une info, pour s'octroyer une place auprès d'un tel ou bien une entrée quelque part? Rien ne valait la peine de mettre en péril son poste et sa réputation. Ça n'était qu'un job pour eux, ils n'étaient pas des politiques, pas là pour grimper dans les plus hautes sphères et naviguer les eaux dangereuses qui s'y trouvaient. Et si c'était le cas, pourquoi Rhett ne lui avait-il rien dit? Ne lui faisait-il pas confiance? Ou bien son erreur était-elle trop importante pour qu'il ose l'admettre à ce frère qui l'avait plusieurs fois mis en garde? Rhett savait que s'il s'était procuré des informations de manière illégale, ça n'est pas seulement sa tête qui allait tomber. Nash avait été incapable de se sortir ces doutes de la tête ces dernières semaines. Il n'avait pas souhaité confronter Rhett. Après tout, ça n'était que des rumeurs, non? Mais sa colère latente suffisait à le tenir à l'écart, à attendre d'avoir plus d'information avant de foncer tête baissée. Il avait suivi plusieurs collègues dans un bar après la journée de travail. Il avait besoin de se vider la tête, et rien ne le détendait plus qu'un moment agréable à boire un verre et discuter. Il était resté avec un groupe de collègues sur la terrasse pendant une bonne heure, savourant l'air étonnamment doux de la soirée. Il était de bonne humeur lorsqu'il alla au bar chercher une nouvelle boisson. Il n'y était pas depuis longtemps lorsqu'un corps se glissa à côté du sien et une voix bien familière résonna dans son oreille. Nash se donna une seconde pour se contenir avant de pivoter la tête pour poser un regard plat sur son petit frère. « Je sais pas Rhett » dit-il d'une voix calme et maîtrisée. « J'aurai une raison de te faire la gueule? » demanda-t-il en haussant les sourcils. C'était son opportunité. Le moment idéal pour qu'il s'explique s'il avait en effet des choses à se reprocher. L'un dans l'autre, Rhett avait lui aussi dû entendre les rumeurs.

S’amuser, c’était un luxe que Rhett semblait avoir perdu avec les années, trop plonger dans cette quête de pouvoir. Il ne prenait que peu de temps pour des loisirs, se détendre ou prendre du plaisir, tout du moins si on ne prenait pas en considération ces périodes qu’il pouvait passer dans un lit en charmante compagnie. Le voir dans un bar, alors qu’il n’était pas là pour manger. Il venait se poser près de son aîné, son regard détaillant celui-ci, une analyse rapide. Rhett pouvait aisément voir quand quelque chose trottait dans la tête de Nash ou encore lorsque ce dernier contenait ses émotions. Cerné les gens, c’était quelque chose qu’il arrivait à faire avec une aisance déconcertante. Peut-être était-ce pour cela qu’il était tellement doué pour berner les autres, mais aussi utiliser leur faiblesse contre eux. « J’ai oublié ton anniversaire ? » demandait le cadet, loin de posséder un humour enviable. Ses talents n’avaient rien à voir avec sa capacité à faire le plaisantin. Appuyant son coude contre le bar, il continuait de regarder le brun devant. Haussant les sourcils, comme s’il se doutait que son frère n’allait pas répliquer à sa réponse complètement idiote, il prenait une longue gorgée de bière, avant d’hausser les épaules. Déposant son verre, il plongeait son regard dans les yeux clairs de son aîné. « J’en déduis que c’est pas ça… Quoi tu t’en fais pour des racontars ? » Après tout, il n’y avait que cela pour que Nash tire une tête pareille. Rhett le savait, tous deux voyaient leur boulot comme étant important, seulement à la différence l’un de l’autre, Rhett pouvait l’utiliser à certaine fin. Ce qui commençait à se savoir et ça ne le dérangeait d’aucune façon. Des rumeurs ça restait que des rumeurs, c’était toujours plus difficile à prouver et il savait que ceux à qui il s’en était pris au court des dernières années n’oseraient pas parler. Pour la simple et bonne raison qu’ils risquaient tout autant tomber que lui, si ce n’était pas plus. Qu’est-ce qu’il pouvait encourir ? Ça aussi il le savait, mais beaucoup sur de lui, il ne prenait même pas la peine de croire qu’on pourrait découvrir le pot aux roses. « Les gens parlent… Ils ont que ça à faire. Pourquoi tu devrais les croire ? Je te le dis, tout ce qui se dit c’est rien, d’ici peu se sera oublié, mis aux oubliettes comme toutes les rumeurs qui peuvent être dite. Suffit de quelque chose de plus croustillant pour les faire saliver. » Il affrontait le regard de Nash, soutenant celui-ci, alors qu’il lui mentait en plein visage. Il n’avait pourtant pas l’habitude de le faire, tout du moins, lorsque ça ne s’agissait pas de mes magouilles. Là, il y avait des années qu’il mentait ouvertement à son frère. C’était peut-être stupide, mais il cherchait qu’à le protéger ainsi. Si on venait à découvrir la vérité, en ignorant celle-ci, il savait que Nash pourrait nier qu’il connaissait la vérité, ce qui serait vrai. Il n’aurait pas à mentir, ce que Rhett n’avait aucun mal, peaufinant cet art depuis des années.