That’s how a superhero learns to fly ✰ Jesabriel

Désordre. Casse. Débris. Un vase tombait au sol après qu’un corps s’y soit écroulé. Haletante, Jesabel regardait le corps de son mari sur le sol. Les larmes baignaient son visage, son corps la faisait souffrir, elle n’avait plus la force de rien et pourtant l’adrénaline donnait l’essence dont son corps avait besoin pour bouger encore. Elle ne prenait pas soin de regarder où elle marchait, foulant le sol couvert de verre, elle attrapait les clés de Jake et sortait de la maison en trompe pour monter dans sa voiture. Elle se fichait de ne pas avoir de permis de conduite. Ça ne devait pas être bien compliqué. C’est ce qu’elle croyait avant de mettre le pied sur l’accélérateur et entrer de plein fouet dans la porte de garage. Elle aurait peut-être mieux fait de la mettre sur reculons, comprenant son erreur, elle s’accordait une prise deux. Dans un vrombissement strident la voiture décollait, roulant à pleine vitesse dans la rue. Elle brûlait quelques arrêts. Jake était revenu saoul, il empestait l’alcool, il avait une odeur de sexe qui lui collait à la peau et si habituellement il était toujours bien mis, là ses cheveux étaient décoiffés, ses vêtements fripés. Il était rentré et avant qu’elle ne puisse faire quelque chose, Jesabel avait senti l’étau se refermer sur elle. Elle ne l’avait jamais vu ainsi et pour une fois, il la terrifiait, elle avait toujours eu peur de lui lorsqu’il levait la main sur elle, mais cette fois c’était une sensation tout à fait différente qui lui avait tordu l’estomac. Derrière le volant, elle rabattait le pan de la jupe de sa robe. Déchirée, presque en lambeau, elle sentait encore le contact de ses doigts sur sa peau alors qu’elle le suppliait d’arrêter. Son souffle qui l’enveloppait d’un arôme d’alcool. Elle fermait les yeux, mais elle entendait encore ses cris, ses supplications, elle sentait tout ce qu’il lui avait fait, mais cette fois elle ne s’était pas laissé faire. Elle s’était défendue et elle avait fini par avoir le déçu. Miracle ou non, elle s’en fichait. Elle était vivante. Elle trouvait le poste de police et se garait en double devant l’établissement, sortant de la voiture, elle se dirigeait vers la poste sous le regard des personnes se trouvant autour d’elle. Une scène tirée des films hollywoodiens et cette fois c’était elle l’actrice de ce drame. Elle poussait la porte, laissant des traces de sang sur le carrelage, mais elle ne ressentait aucune douleur, encore sous l’effet de l’adrénaline. Les conversations s’estompaient à son approche, les gens la regardant avec étonnement ou horreur. Elle s’arrêtait devant le comptoir. « L’officier Winchester. » Elle ne se souvenait plus de son grade, mais Winchester ce n’était pas non plus des communs encore moins dans ce poste de police. L’officier de l’accueille relevait son regard vers la jeune femme. Il restait bouche bée. Quelques personnes s’étaient approchées d’elle. « Vous devriez vous asseoir madame. » « On devrait peut-être appeler une ambulance ? » « Qu’est-ce qui vous est arrivé ? » Jesabel sentait l’air qui l’entourait se perdre, elle étouffait. « L’officier Winchester. » répétait-elle en boucle, sentant un flot de larmes couler sur ses joues. « Il est occupé, on peut vous référer à quelqu’un d’autre. » disait enfin l’officier derrière le comptoir de l’accueil. Elle sentit quelqu’un la toucher et elle se retournait vivement cet air apeuré sur le visage. Son esprit n’arrivait tout simplement plus à dissocier ce qui était arrivé chez elle et la réalité. Elle était perdue. Torturé. Elle avait besoin de lui. Elle n’avait pourtant pas revu Gabriel depuis qu’elle s’était endormie sur son ilot dans sa cuisine. Elle n’avait pas cherché à le revoir et pourtant, des occasions elle en avait eu. Elle aurait pu lui téléphoner. Elle aurait pu l’appeler chaque fois que Jake avait levé la main sur elle. Et elle n’avait rien fait. Il hantait ses pensées et elle ne souhaitait pas donner de chance à ce qui ne serait rien de plus qu’une erreur. Elle aimait Jake, elle ne pouvait aimer que lui. Et pourtant, en quittant sa demeure, elle n’avait pensé à quelqu’un d’autre que lui. C’est son visage qu’elle avait vu. C’est près de lui qu’en cet instant elle se sentait le plus en sécurité.

Bras croisés, sourcils froncés et l'index appuyé contre ma bouche j'étais en pleine réflexion. Debout derrière le miroir sans tain j'observais ce que disais la femme qu'Enzo était en train d'interroger. Et j'écoutais évidemment. J'attendais des résultats sur papier qu'on devait m'apporter pour rejoindre mon coéquipier mais finalement quand un de mes collègues ouvrit la porte il n'avait aucun papier en main. J'haussais un sourcil en l'interrogeant du regard "Winchester, on a besoin de toi" Comment ça besoin de moi ? Il ne pouvait pas être plus vague encore ? "Pas maintenant" mes résultats allaient bientôt arriver et Enzo m'attendait avec, je n'allais pas me barrer "Nan mais la ça urge" je fronçais les sourcils ne comprenant pas puis soupirais légèrement "Bon d'accord, tu restes ici et tu rejoins Mills à ma place dès qu'on t'apporte les papiers" je sortais de la pièce et il m'indiquait l'accueil vers lequel je me dirigeais donc. Quel ne fut pas ma surprise en posant mes yeux sur la blonde qui réclamait ma présence. J'aurais été très content de la revoir si elle n'était pas dans un aussi piteux état. Entourée de quelques autres policier qui s'inquiétaient pour elle et essayait de l'aider elle semblait surtout paniquer encore plus. Cette fois ci je comprend bien l'urgence et m'approche rapidement d'elle posant mes mains sur ses épaules sans appuyer, simplement dans le but de la calmer "C'est moi, c'est moi, je suis là" je la prenais doucement contre moi voulant lui laisser le temps de se détendre un peu même si c'était beaucoup lui demander vu la situation. Ça n'était pas très professionnel mais tant pis. Lui caressant doucement les cheveux je pouvais distinguer des marques de sang sur le sol sur le chemin qui séparait Jesabel de la sortie et je fermais les yeux un instant. Il fallait que je trouve un moyen de coffrer une bonne fois pour toute son mari. Je tournais la tête vers les autres "Appelez une ambulance" puis je me détachais de Jesabel pour la regarder. Elle avait beaucoup pleurer ça se voyait, sans parler de toutes ses blessures et sa jupe déchirée. Ça me faisait mal au cœur. "Tu as bien fait de venir" j'étais content qu'elle ai pu lui échapper et qu'elle soit venu me voir. C'était toujours mieux que d'accepter de subir et de rester. "Il est toujours chez vous ?" en tout cas elle il n'était pas question qu'elle y retourne. Pour commencer il fallait qu'elle aille à l'hôpital et moi j'allais l'accompagner. Pour ce qui était de son mari c'était une autre affaire mais on s'occuperait de parler de plainte quand elle irait un peu mieux. "Attend, viens t'asseoir" Je l'accompagnais jusqu'à une chaise et attrapais un verre en plastique pour le remplir au distributeur juste à côté avant de lui proposer en lui tendant tout en m'accroupissant à côté d'elle. Je ne l'avais pas revu depuis ce soir que j'avais passé chez elle. Ça ne voulait pas dire que je n'avais pas pensé à elle mais elle avait mon numéro, moi je n'avais pas le sien. Le courant était vraiment bien passé entre elle et moi alors même si voir n'importe quelle femme battue ça me mettait à la fois en colère et ça me rendait triste, avec elle c'était encore pire. "Raconte moi..." le fait qu'il lui ai tapé dessus ça je l'avais compris tout seul mais je parlais plutôt de comment il avait pu en arriver la et comment elle avait réussis à se casser de chez elle.

Encore en état de choc, la blonde ne semblait plus retrouver ses repères, dissocier son agression et ce qui avait devant ses yeux. Elle craignait qu’on s’en prenne encore à elle, alors qu’il n’y avait pas de raison. Elle avait su trouver un endroit où on la protègerait, mais pour combien de temps ? Elle n’en savait rien. Qui pouvait réellement la protéger de son mari ? Il existait certes des lois, mais pouvait-elle les utiliser ? Elle n’y connaissait rien et tout semblait avoir pris une tournure plus sombre depuis qu’elle avait revu Heath. Un déclencheur qui avait agi de la plus terrible des façon avec son mari. Posant son regard sur l’officier Winchester, elle le regardait tétanisée par la peur. Elle prenait un temps pour réaliser que c’était bien lui qui se trouvait devant elle et non un autre de ses collègues qu’elle aurait pu confondre avec n’importe qui. Elle sentait sa chaleur, ses bras se refermant sur elle. La blonde n’avait que faire de l’éthique professionnelle. Elle passait ses mains tremblantes autour de lui, serrant son uniforme. Les regards des autres officiers se firent plus discret, comme s’ils étaient devenus gênés de regarder cette scène qui se déroulait devant leur regard. Une ambulance. Elle n’avait pas la force de dire qu’elle n’en avait pas besoin. Elle n’en ressentait pas le besoin, puisqu’elle ne ressentait aucune douleur. Seulement, les mots ne s’échappaient pas de sa gorge, se bloquant dans celle-ci. Tout comme l’air qu’elle avait un mal fou à laisser circuler dans ses poumons. Celui-ci quittant d’avantage ses poumons plutôt que de les remplir. Elle resserrait son emprise sur sa chemise, posant son regard sur le brun avant de le détourner presque aussitôt. Si elle avait pensé à lui en quittant son domicile, se trouver face à lui dans cet état ne lui plaisait pas. Elle n’avait pas la moindre idée de l’image qu’elle offrait aux gens qui posaient leur regard sur elle, mais elle savait que les larmes avait ravagées son visage, le barbouillant de maquillage, que sa jupe était déchirée. C’était tout ce qu’elle avait conscience, les marques sur son corps, le sang, elle ne le réalisait pas encore. Jake. Elle ne savait pas ce qui était advenu de son mari, en fait, elle craignait le pire, mais pouvait-elle le dire à la police ? Les mots se bloquaient une nouvelle fois dans sa gorge, elle n’arrivait pas à les laisser sortir, maudissant son incapacité à faire plus que cela. Restant silencieuse, faible, elle le laissait la conduire jusqu’à un banc. Ses mains toujours tremblantes, elle replaçait sa jupe en remarquant qu’on pouvait y voir quelques marques. Elle le faisait surtout par habitude, mais elle ne pouvait faire autrement, elle passait son temps à soigner son apparence. Qu’est-ce que les gens diraient s’ils voyaient ce qui couvre sa peau laiteuse. Elle prenait le verre qu’il lui tendait, avec ses tremblements l’eau produisait un clapotis qui la rendait mal à l’aise. Reflet de cette souffrance qui était la sienne, elle déposait le verre près d’elle avant de tourner son regard vers Gabriel. « Je crois que je l’ai tué… » C’était la première chose qu’elle disait, illustrant le film qui s’était créer dans sa tête. Des soubresauts dans sa voix annonçait les sanglots qui ne tarderaient pas. « Il est rentré à la maison, il avait bu… Je ne sais pas ce qui lui a pris. Il n’a jamais été ainsi. Il est violent, mais pas comme ça. » Les larmes coulaient une nouvelle fois sur ses joues. « Il… il n’a jamais agi ainsi. J’avais si peur… » Elle repensait à sa main sur sa cuisse, cette violence dont il avait fait preuve en déchirant sa jupe. Ses mains froissaient le tissu, vestige de ce moment. « Il… » Les mots, elle ne parvenait pas à les dire, illustrer ce qu’il avait osé lui faire. Trop honteuse. Trop mal pour savoir quoi faire. « Je l’ai frappé avec un vase. » disait-elle finalement, coupant court à ses explications. « Il s’est écroulé sur le sol et je suis partie. » Elle ignorait donc s’il était toujours chez eux, mais dans sa tête, il ne pouvait être que mort. Elle s’était écroulé dans un bruit sourd. Il ne pouvait être que mort. Elle avait tué son mari. Elle était devenue une meurtrière. Les sanglots couvraient ses mots, elle ne parvenait plus à parler.  

Elle était terrifiée. Ça se voyait dans ses yeux. Et vu son état il n'était pas dur de deviner pourquoi. Ça me faisait mal au cœur. J'avais beau être habituée à voir toutes sortes de choses plus ou moins horribles dans mon métier je ne supportais pas de la voir comme ça. Le meilleur moyen que j'avais trouvé pour essayer de la rassurer un peu et de la calmer avait été de la prendre dans mes bras. On ne s'était vu qu'une seule fois c'est vrai mais cette seule fois avait tout de même suffis pour devenir assez intimes mine de rien. Si je pouvais me sentir déplacer de la prendre contre moi en tant que flic ça n'était pas le cas en tant qu'homme. Je finissais tout de même par la lâcher et l'amener s'asseoir. Il fallait que je sache ce qu'il s'était passé précisément puisque pour le gros du gros j'avais déjà mon idée. Cependant je ne m'attendais absolument pas à une telle réponse... « Je crois que je l’ai tué… » Mon visage s'était figé et mes yeux agrandis. Non. Non non pas ça, ça ne pouvait pas être ça ! Elle devait se tromper, j'espérais tellement qu'elle se trompe, plus pour elle que pour son mari même si je ne pouvais pas dire vouloir sa mort non plus. Mon cerveau réfléchissait à toute allure et j'avais pourtant l'impression qu'elle venait de totalement le dérégler. Si elle disait vrai il serait probablement facile de prouver qu'il s'agissait de légitime défense mais ça lui imposerait tout de même de devoir vivre le procès et de devoir tout raconter à tout le monde parce que cette fois ci elle ne pourrait rien passer sous silence comme elle avait l'habitude de le faire. « Il est rentré à la maison, il avait bu… Je ne sais pas ce qui lui a pris. Il n’a jamais été ainsi. Il est violent, mais pas comme ça. » Je secouais la tête en l'abaissant et en fermant les yeux « Il… il n’a jamais agi ainsi. J’avais si peur… » Elle n'avais pas à subir ça. Elle le subissait depuis des années et elle avait visiblement réussis à y mettre un terme et ça allait peut-être lui retomber dessus. Jusqu'au bout il lui aurait pourris la vie dans ce cas la. Je prenais sa main en lui caressant le dos de la main avec le pouce et relevais mes yeux sur elle "C'est pas de ta faute" c'était elle la victime dans l'histoire "Met toi bien en tête que ça n'est pas ta faute" même si j'espérais profondément qu'elle n'avait pas réellement tué son mari. Parce qu'en plus de tout ce que ça allait entraîner alors qu'elle n'avait pas besoin de ça ça risquait aussi de la détruire elle. Son mari était un enfoiré mais elle m'avait bien fait comprendre qu'elle l'aimait et tuer quelqu'un qu'on aime ça n'était pas quelque chose d’anodin. « Je l’ai frappé avec un vase. » je ne décrochais pas mon regard d'elle qui était de nouveau en larme « Il s’est écroulé sur le sol et je suis partie. » C'était un cauchemar. Je passais ma main sur mes yeux un instant avant de la descendre sur ma bouche. "Il est peut-être juste assommé" la vase ne l'avait probablement pas tué mais la chute ça n'était pas impossible. Si le crane avait frappé le sol... Dans tous les cas on ne pouvait pas laisser cette question en suspension. "Je reviens" je me redressais et demandais à mes collègues d'aller à son adresse et de faire également venir une ambulance. Bien sûr je rajoutais de me donner des nouvelles au plus tôt. D'ailleurs l'ambulance que j'avais demandé pour Jesabel devrait arriver dans peu de temps. Je revenais à elle, m'accroupissant de nouveau devant elle. Je tendais la main pour essuyer quelques larmes en passant doucement mon pouce sur sa joue "Je vais venir avec toi à l'hôpital d'accord ? Je te laisse pas toute seule" Ça n'était pas le moment de la laisser seule. Et puis si son mari était juste assommé et qu'il s'était réveillé depuis je n'imagine même pas dans quel état de fureur il pouvait être. D'ailleurs si son mari était en vie j'allais tout faire pour qu'elle ne retourne pas chez elle. Il fallait que ça cesse.

Tout semblait s’embrouiller en elle, ses idées, ses émotions, ses mots… Jesabel était plus que perdu face à la situation. Ses esprits n’étaient plus clairs et elle se perdait dans les méandres de ses sombres images qui la hantait. Jamais elle n’avait voulu faire du mal à Jake, jamais. Mais elle n’avait pas réfléchi, elle n’avait pas songé aux conséquences de cet acte, elle n’y pensait même pas à cet instant. Tout allait trop vite pour elle, vacillant dans cet inconnu, cette peur, cette envie de tout oublier. Ses prunelles noisette se posaient sur ce pouce qui caressait délicatement sa main. Un geste beaucoup trop doux pour elle en cet instant. Elle se sentait encore plus dépourvue face à ce geste, ces mots. Elle ne savait comment réagir hormis laisser un hoquet quitter ses lèvres. Elle se devait de formuler les événements, cette crainte qu’elle ait tué Jake, et elle parvenait à le faire. De peine et de misère, mais elle y parvenait. Les mots sortaient, l’illustrant grossièrement ce qui avait pu se passer, étouffant toutefois ses paroles dans un flot de larmes qui ravageaient ses joues naturellement roses. Assommé. Elle n’y avait pas pensé, pas une seule seconde. Si l’image d’une meurtrière avait réussi à s’immiscer dans son esprit, elle voyait une ouverture. Quelque chose se rapprochant à du soulagement. Gabriel se levait et elle tenait en vain de le retenir, elle ne désirait pas le voir s’éloigner. Cette crainte d’être seule, même s’il n’allait pas bien loin, elle trouvait cette distance étouffante. Le regard des gens se posaient peu à peu sur elle, prenant compte qu’on l’observait, elle reniflait doucement, tournant son visage vers la vitrine derrière elle. Elle ressemblait à un raton-laveur, son mascara peinturant ses jours. Elle n’avait pas avec elle son sac à main, donc impossible pour elle de se refaire une beauté. Qu’est-ce que les gens devaient bien penser d’elle ? Toujours cette importance de bien paraitre aux yeux des gens. Soit belle et tais-toi. C’était un peu toujours ce qu’elle avait fait. Prenant la manche de sa blouse, elle venait essuyer ses yeux transférant son maquillage sur le tissu. Mais rien n’y faisait, les robinets semblaient vouloir rester ouvert, couvrant encore et encore ses joues de larmes salées. Elle en profitait pour essayer son petit nez, tentant tant bien que de mal de se donner un peu de contenance face à ces gens. Son regard revenait vers Gabriel qui avait repris sa place devant elle, fermant les yeux au contact de ses doigts sur sa peau. Elle en oubliait une fois de plus ces gens qui l’entourait. Leur jugement, leur questionnement… Elle entrait simplement dans ce petit cocon d’aisance qu’elle ressentait avec lui. Cette même aisance qu’elle avait ressentie le soir qu’ils avaient passés ensembles. « Je n’ai pas besoin d’y aller. » s’entendait-elle dire, ne prenant même pas conscience de l’état réel dans lequel elle était. Mais elle ne pouvait donner d’argument, des ambulanciers franchissaient les portes du poste. Si elle s’était sentie apaisée, face à eux, elle ne ressentait aucune plénitude. Elle implorait Gabriel du regard. Elle ne voulait pas qu’on voit ses marques, qu’on la regarde. La voix d’un homme s’adressait à elle, mais son regard restait rivé sur le policier. On lui parlait, mais elle ne répondait pas, retrouvant son mutisme. Des échanges de regard et l’ambulancier prenait sa cheville pour examiner son pied. « Ce sont de vilaines coupures, vous ne sentez rien ? » Elle secouait la tête négativement, jusqu’à ce que l’homme nettoie ses plaies. Elle poussait des plaintes, grimaçant sous la douleur qu’elle ressentait à présent. Les compresses de gaze prenaient des teintes d’un rouge flamboyant. C’était son sang, à elle. Elle tournait de l’œil. Sa vision se brouillant, elle perdait connaissance. Son esprit voguait sur les derniers événements. Combien de temps elle était restée inconsciente, elle n’en avait pas la moindre idée, elle ouvrait les yeux faisant battre ses longs cils. Laissant sa vision découvrir l’endroit où elle se trouvait. Une pièce blafarde, beaucoup trop éclairé. Elle était couchée, elle sentait son corps lourd et une douleur vive ainsi qu’un picotement à son bras droit. Elle posait son regard sur le cathéter enfoncé dans sa peau blanche. Dans un élan de panique, elle tentait de retirer celui-ci affolant les moniteurs alors qu’elle se redressait dans son lit, bien décidé à sortir de cet endroit. Y rester voudrait dire que les gens sauraient et ça, elle ne pouvait se résoudre à l’accepter.

J'imagine que ça devait arriver un jour ou l'autre. Elle ne pouvait pas subir éternellement, au bout d'un moment c'était trop pour un être humain et c'était normal de se défendre. L'instinct de survis. A ce qu'elle disait il était encore pire que d'habitude, je n'osais même pas imaginer. Ou plutôt, j'aurais préféré ne pas l'imaginer mais mon cerveau n'était pas d'accord avec moi et je ne pouvais empêcher des images de défiler dans ma tête. Elle avait bien fait de se défendre, jamais je ne dirais le contraire. J'espérais juste vraiment qu'elle n'avait pas commis l'irréparable sans le vouloir. Ça la briserait et je ne voulais pas de ça, elle ne méritait pas ça. Mais il restait un espoir, Jesabel avait sûrement porté ses conclusions trop vite sans être sûre de rien. Et tout ses pleurs qui étalaient son maquillages sur ses joues j'étais persuadé que c'était pour Jake et non pour elle et sa douleur. J'avais été obligé de la laisser le temps de prévenir les autres pour qu'ils aillent voir comment se portait son mari et j'étais de suite revenue à elle après ça. « Je n’ai pas besoin d’y aller. » Je penchais légèrement la tête sur le côté, un regard compatissant et peur être un peu attristé qu'elle ne se rende même pas compte. Je calais ses cheveux derrière son oreille "Si tu en as besoin Jesabel" Je soupirais légèrement et j'entendais les ambulancier arriver "Fait moi confiance okay ?" C'était peut-être paradoxale mais même si c'était elle qui était blessée là je me jugeais en meilleure position pour savoir ce dont elle avait besoin. Elle avait l'esprit trop embrouillé et même si le miens l'était peut-être un peu aussi j'avais conscience de son état contrairement à elle.

Ce regard de détresse qu'elle me lançait alors qu'elle ne répondait pas aux ambulancier. Elle me faisait me sentir mal. J'avais l'impression de la trahir alors que je n'avais pas d'autre choix pour l'aider. Je culpabilisais presque alors que je savais que je faisais la bonne chose pour elle, et pour autant je ne pouvais pas détourner mes yeux d'elle. Quand un ambulancier se mis à nettoyer ses plaies elle sembla ressentir la douleur. Ça y est elle se rendait compte. Je me pinçais l'arrête du nez un instant en fermant les yeux. Je les rouvris juste à temps pour la voir tourner de l’œil. "Wowowo !" je passais ma main derrière sa tête pour éviter qu'elle ne se cogne. Il fallait l'emmener à l'hôpital oui j'étais d'accord avec l'ambulancier. Je passais mes bras dans son dos et sous ses jambes pour la soulever en me relevant. Après l'avoir installé dans l'ambulance je restais à côté d'elle. Ça n'était pas la première fois que je voyais quelqu'un s'évanouir et en général ça ne durait pas bien longtemps et ça n'était pas extrêmement grave. Mais là avec toutes ses blessures j'étais quand même pas rassuré. "Jesabel, Jesabel réveille toi" je tenais sa main mais je n'allais pas lui foutre des claques non plus. Ne la voyant pas rouvrir les yeux je tapotais nerveusement mon pouce sur le brancard sans arrêter de la surveiller. Le chemin fut rapide et elle fut directement prise en charge en arrivant à l'hôpital. J'avais dû les laisser faire leur travail. Je n'avais pas le droit de rentrer dans la pièce où ils s'occupaient d'elle alors je restais devant les portes de celles ci, jetant des coup d’œil à travers les minis fenêtres. Je faisais les cents pas, m'arrêtant toutes les dix secondes pour regarder si j'avais des nouvelles sur mon portable. Il finit enfin par sonner ! Je décrochais à la seconde et écoutait mon collègue parler. Je fermais les yeux en soupirant de soulagement et l'écoutais me donner un peu plus d'informations. Seulement c'est à ce moment qu'ils firent sortir Jesabel de la pièce, toujours endormie "Okay merci, je te rappelle" je raccrochais pour remettre mon portable dans ma poche en les suivant. Apparemment tout allait bien. Ils avaient nettoyé ses blessures, elle avait du avoir besoin de quelques points de sutures et allait avoir de beaux hématomes durant un temps mais sa santé n'était pas en danger. C'était déjà ça. J'allais avec elle dans une chambre de repos et les laissais finir leur boulot. Elle avait beau être normalement hors de danger ils préféraient surveiller son état, surtout en étant inconsciente. J'attrapais un tabouret et m'asseyait alors que les infirmiers sortaient de la pièce, nous laissant tous les deux. Heureusement je n'eu pas à attendre longtemps avant qu'elle se réveille enfin. Elle ne remarqua pas ma présence n'ayant regardé que vaguement autour d'elle. Elle se redressait en essayant de retirer le cathéter et je me relevais directement pour poser ma main sur la sienne, interrompant son geste "Non non n'y touche pas" il était inutile qu'elle se fasse mal elle même en plus de ça en voulant l'enlever n'importe comment "Ne panique pas, tout vas bien" enfin tout, c'était relatif. Mais son mari n'était pas mort, elle elle était réveillée et avait reçu les soins nécessaires donc c'était déjà ça "Comment tu te sens ?"

Pendant trop longtemps, Jesabel a caché à la face du monde les douleurs que son mari peut lui occasionner. En aucun cas elle ne souhaite lui faire du mal, elle veut le protéger. Une idiotie pour beaucoup, mais pour elle, elle ne peut se permettre de détruire sa vie, tout cela au nom de l’amour. Un amour qui a un dos bien large, mais l’amour tout de même. Bien qu’elle ne ressente pas la douleur qui parcourt tout son corps, elle ne désire pas aller à l’hôpital, elle sait qu’on lui posera des questions. Beaucoup trop de question pour que tout reste secret. Elle a confiance en Gabriel, si ce n’avait pas été le cas, elle ne serait pas là. Pourtant, elle n’accepte pas qu’on la soigne. Elle ne veut tout simplement. Têtue. C’est bien une facette de sa personnalité. Peu montré, mais tout de même présente. Ce qui la faisait changer d’idée, fut la vue de son propre sang. Tout du long entre chez elle et le commissariat, elle n’a pas pris conscience du sang qu’elle perdait. Même sur place, elle n’a accordé aucun regard à ses pieds ni même à ses flaques rouges qu’elle laisse depuis tout à l’heure s’étendre. Cette simple vue la fait perdre connaissance. Perdant l’adrénaline qui l’a animé jusque-là. Sa faiblesse la rattrape. Submergé par sa peur, elle se sent prisonnière de son propre corps. Elle ne peut l’expliquer, mais n’a plus l’impression de faire partie de ce corps. Elle ignore ce qui s’est passé dès l’instant où ses yeux se sont fermés, jusqu’au moment où elle les ouvre une nouvelle fois. Se retrouvant dans un endroit inconnu, la panique l’envahie une nouvelle fois. Elle se sent perdue, apeurée. Une main se pose sur la sienne, affolée, elle relève son regard sur l’homme qui se tient près d’elle. Mettant un temps pour comprendre qui se trouve devant elle. « Gabriel. » dit-elle d’une voix faible, posant finalement son regard un peu plus autour d’elle. Son cerveau revenant à la réalité, elle comprend où elle se trouve. Elle se pince les lèvres. « Pourquoi tu les as laisser m’amener ? » Elle ne peut empêcher ses mots de sortir de sa bouche. Elle ne comprend pas pourquoi, en fait si, mais elle lui a pourtant dit qu’elle ne voulait pas. Elle prend sa main. Jesabel n’est bien souvent pas très rationnelle, elle pense beaucoup trop à son image ou aux autres et cette fois ne change pas. La porte s’ouvre sur un homme en blouse blanche, posant son regard sur elle, la brune détourne le regard. Elle sait qu’il sait. « Bonjour Madame Cummings. Content de vous voir réveiller. J’aimerais vous parler de certaine chose. » L’homme pose son regard sur Gabriel. Tout doit rester confidentiel, elle le sait, mais sans Gabriel elle sait d’ores et déjà qu’elle ne coopéra d’aucune façon. « Pourriez-vous nous laisser seuls ? » demande le médecin. Instinctivement, Jesabel empoigne la main de Gabriel. Elle sait, mais elle ne peut se résigner de le laisser partir. Déontologie ou non. « Je préfère qu’il reste. » dit-elle. L’homme les regarde et elle remarque une forme de jugement comme s’il voyait quelque chose qu’elle ne peut elle-même voir. Se résignant, il commence à lui poser des questions, elle sait ce qu’il cherche, mais elle reste vague. Elle ne peut se résoudre à dire l’évidence. L’homme ayant fini ses questions, il fait signe à Gabriel l’amenant dans le couloir, laissant la jeune femme seule. « Je soupçonne que votre amie subit de la violence conjugale. Beaucoup d'hématomes datant de bien avant aujourd'hui. » commence-t-il. « Seulement, si elle ne dit rien, nous ne pouvons rien faire. Peut-être pourriez-vous essayer de la faire parler. Pour son bien. » Jesabel, seule, regarde la pièce qui l’entoure. Elle ne sait quoi penser. Quoi faire pour qu’on oubli toute cette histoire, sans oublier cependant, qu’elle doit savoir si Jake est toujours vivant. Elle attend le retour de Gabriel pour parler. « Tu as des nouvelles de Jake ? » demande-t-elle en se frottant la joue avec une certaine crainte de savoir la réponse à cette question.

L'état de Jesabel était plus qu'inquiétant et son histoire avec Jake étendu sur le sol inconscient n'était pas rassurante du tout non plus. En plus de ça elle avait tourné de l’œil en réalisant la gravité de la situation, heureusement l'ambulance était déjà la. Je savais que ça n'allait pas lui plaire de se réveiller à l'hôpital mais au moins je ne l'avais pas laissée seule, j'étais venu avec elle. Ce qui était mieux puisque de ce que je savais j'étais l'un des seuls à qui elle pouvait parler de ce qui l'avait amené à s'en retrouver là. En tout cas chez les flics j'étais le seul et je doute qu'elle en ai parlé à un quelconque membre du personnel de l'hôpital. Puis de toute façon ça mis à part je préférais y aller avec elle. Je voulais être sûr qu'elle allait mieux. J'avais attendu à côté de son lit d'hôpital qu'elle se réveille et quand elle avait enfin rouvert les yeux la première chose qu'elle avait fait c'était paniquer et essayer de retirer le cathéter. « Gabriel. » bon au moins elle semblait avoir toute sa tête. Y'avait pas de raison pour que ça ne soit pas le cas mais sait-on jamais « Pourquoi tu les as laisser m’amener ? » je laissais un peu tomber ma tête sur le côté en la regardant d'un air de dire : Tu me poses vraiment la question ? "Tu veux savoir ? Tu étais blessée de partout et tu t'es évanouis. J'ai peut-être des notions pour jouer les infirmières mais c'était mieux pour toi d'être prise en charge par des gens qui en on fait leur boulot, tu ne crois pas ?" Je n'étais pas du tout agressif dans ma façon de parler en revanche j'étais sérieux. Elle n'allait quand même pas me reprocher de l'avoir amené ici plutôt que de l'aider à préserver son secret au dépend de sa santé. C'était hors de question, je m'obligeais déjà à faire suffisamment de concession à ce niveau la mais il y avait des limites. Et puis qu'aurait-elle fait à ma place ? Elle aurait dit aux ambulancier "Non c'est bon ne l'emmener pas ça va passer" ?

Je baissais les yeux sur sa main quand elle prenait la mienne mais mon attention fut rapidement happée par le médecin qui entrait dans la pièce. Il voulait lui parler, en privé bien entendu. Je m'apprêtais à me lever pour sortir de la chambre mais je sentis sa main resserrer la mienne comme pour être sûre que je ne la lâche pas « Je préfère qu’il reste. » Je regardais successivement la petite brune puis le médecin en haussant les épaules d'un air de dire qu'il n'avait plus qu'à parler du coup. Ce qu'il fit sans insister plus longtemps par chance. Il avait bien compris comment elle s'était fait ça et essayait de lui tirer les vers du nez ce qui ne fonctionnait pas tellement. Enfin bon il n'avait pas à s'en vouloir même des pros de l'interrogatoire n'arriverait rien à tirer d'elle. Je dois quand même la laisser seule vu que le médecin veut me parler en priver à mon tour « Je soupçonne que votre amie subit de la violence conjugale. Beaucoup d'hématomes datant de bien avant aujourd'hui. » Heureusement qu'il me l'apprenait. Je soupirais légèrement et me frottais le front « Seulement, si elle ne dit rien, nous ne pouvons rien faire. Peut-être pourriez-vous essayer de la faire parler. Pour son bien. » S'il savait. La faire parler devant moi j'y arrivais. La convaincre d'en parler devant les autres pour porter plainte c'était une autre paire de manches ! "Je vous remercie docteur, je vais faire tout mon possible" je lui tapotais l'épaule et retournais voir Jesabel, évitant de trop m'attarder. « Tu as des nouvelles de Jake ? » Ben oui quel con je ne lui avais même pas dis du coup ! J'hochais la tête et revenais m'asseoir à côté d'elle. Inutile de faire durer le suspens plus longtemps, elle devait déjà suffisamment se torturer l'esprit "Il va bien, tu l'as juste assommé" rien de grave au final, plus de peur que de mal "Tu n'as pas à t'en faire pour lui" en tout cas moi je ne m'en faisais plus pour lui depuis que je savais qu'il était en vie. Pour le reste je m'en faisais bien plus pour Jesabel. "Je sais que ça ne va pas te plaire mais je suis obligé de t'en parler surtout après ça" elle devait déjà se douter de quoi je parler "Dis moi que tu vas porter plainte" c'était la seule façon de mettre fi à son calvaire. Enfin ça ou partir mais le laisser en liberté voulait dire qu'il pouvait très bien récidiver avec une autre femme. Je reprenais sa main dans la mienne et plongeais mes yeux dans les siens "Ou dis moi au moins que tu ne vas pas retourner auprès de lui" si c'était pour l'envoyer encore une fois à l'hôpital ! Surtout qu'il ne devait pas être ravis de s'être fait assomer.

Ses grands yeux bruns se posent sur le châtain, elle le regard, le détail. Elle sait pourquoi il l’a fait, mais elle n’a pas envie de l’entendre. Elle ne veut pas être déçue et c’est un peu ce qu’elle ressent alors qu’il lui donne ses raisons. Raisons tout à fait valables, mais pour la brune c’est loin d’être le cas. Elle ne cherche qu’à protéger sa vie. Si les médecins posent des questions, tout cela peut remonter jusqu’aux oreilles de Jake et qui dit que ce ne sera pas pire ? Sans parler, qu’elle veut toujours autant protéger l’homme qu’elle estime aimer. « Tu n’aurais pas dû. » lui dit-elle, en reprenant place dans son lit, tournant légèrement la tête pour poser son regard sur l’extérieur. Le soleil semble se coucher. Combien de temps elle a été inconsciente ? Sans doute trop longtemps. Ses doigts sur la main de Gabriel, elle ramène son regard vers la porte qui s’est ouverte sur l’homme en blouse blanche. Face à cet homme, elle se referme comme une huître. Elle n’arrive pas à parler, dire la vérité, tout raconter. Trop de choses sont en jeu dans cette histoire. Ses doigts réclamant la chaleur de ceux du sergent, elle s’occupe à jouer avec le drap. Ses pensées s’évadent, elle retourne à ce fameux moment où elle a vu Jake s’écraser contre le sol. Elle se sent mal, elle ressent des remords. Pourquoi a-t-elle fait ça ? Jamais avant elle n’a riposté, elle s’est défendue. Elle ne comprend pas. La porte s’ouvre de nouveau, laissant revenir l’officier dans la pièce. Jamais avant de le rencontrer lui. Elle se sent perdue et pourtant, elle arrive à poser l’ultime question. Celle qui peut condamner son futur. Elle ne déloge pas son regard du brun alors que ses mots la submergent de soulagement. Elle pousse un soupir, prenant son visage entre ses mains. Elle ne pense pas à elle, à ce que tout cela pourra créer, mais elle pense à son mari. « Il va bien. » murmure-t-elle, donnant presque l’impression qu’elle pleure, mais il n’y a rien de tout cela si ce n’est quelques larmes de soulagement, ni plus ni moins. La voix de Gabriel la rattrape et elle retire ses mains pour le regarder. Ses sourcils se froncent légèrement, ce genre de phrase qui n’annonce jamais rien de bon. Si le questionnement marque les traits de son visage, c’est l’indignation qui finit par se lire sur son visage. Elle le dévisage. « Non. Bien sur que non. » Jamais elle ne portera plainte contre son mari et il doit bien le savoir. Elle le laisse tout de même prendre sa main, gardant son regard rivé dans le sien. « Où voudrais-tu que j’aille sinon ? » Elle retire sa main, venant bloquer celle-ci sous sa poitrine alors qu’elle croise ses bras sous celle-ci. Elle n’a pas mille lieux où aller et elle sait que si elle va chez Elliot, il la retrouvera. « Je n’ai pas d’autre endroit où aller. Et puis c’est chez moi aussi. » Elle le regarde, il peut bien comprendre ça. Et pourtant, alors qu’elle repense à ce moment, son regard, sa poigne… Elle frotte ses jambes ensembles ayant la sensation que sa main se trouve toujours sur sa cuisse. Son corps se met à trembler, elle flanche, ses lèvres tremblotant alors qu’elle tente de parler. « Que veux-tu que je fasse… Je ne veux pas porter plainte, mais j’ai peur. » Elle laisse les larmes couler sur ses joues, vulnérable. « Je ne l’ai jamais vu ainsi. Bien sur que je n’ai pas envie d’être seule avec lui, mais où pourrais-je aller ? » dit-elle en le regardant désemparée, apeurée.

« Tu n’aurais pas dû. » Je soupirais. Jesabel me dépitait parfois. "Tu voulais que je fasse quoi d'autre ? Te laisser sur la chaise, dans les pommes et blessée de partout ? C'est vrai que ça aurait pas du tout été suspect et que ça n'aurait attiré l'attention de personne" puisqu'elle semblait tant accorder d'importance à son image peut-être que ça allait un peu plus lui parler ça. Jes était une femme plus que forte pour encaisser tout ce qu'elle encaissait, que ça soit physique ou psychologique. Mais elle était aussi définitivement aveuglée par ses sentiments envers son mari, quels qu'ils soient. Ele s'était enfin retournée contre lui et pourtant il semblerait que rien n'ai changé. "C'est toi qui est venue vers moi, tu savais très bien comment je réagirais, donc si tu es venue à moi c'est que tu avais besoin qu'on t'aide" Même si c'était inconscient ça restait un appel à l'aide. On ne venait pas dans un commissariat dans le but de rester discrète et d'attendre que ça passe sans rien faire. Elle était un détresse, elle avait eu besoin de moi et maintenant qu'elle était venue chercher mon aide il fallait qu'elle l'accepte. Si je ne savais pas vraiment sur quel pied danser avec elle en revanche je savais encore ce que je devais faire dans certaines situations.

Je revenais dans la pièce après avoir parlé au médecin. C'est vrai qu'elle ne savait toujours pas ce qu'il en était de son mari. Je n'allais pas la laisser se ronger les ongles plus longtemps « Il va bien. » à sa tête on aurait presque pu croire qu'elle était déçu mais je savais bien que ça n'était pas ça. Comme je m'en doutais, en lui parlant de plainte son visage se referma, mécontent. « Non. Bien sur que non. » Sans surprise, malheureusement. Tout comme ça devait être sans surprise pour elle que j'aborde le sujet. Mais c'était comme ça, tant qu'elle ne le ferait pas je continuais à lui poser la question, parce que pour qu'elle puisse répondre oui un jour il fallait qu'on lui pose la question. Parce que j'étais pas sûr qu'elle soit capable de se la poser elle même. « Où voudrais-tu que j’aille sinon ? » Si c'était que ça le problème qui lui empêchait de porter plainte ça serait vite réglé. Ça n'était pas un vrai problème, juste une excuse. Je baissais les yeux sur sa main quand elle l'a retirait de la mienne « Je n’ai pas d’autre endroit où aller. Et puis c’est chez moi aussi. » je relevais finalement mes yeux sur elle "Et tu te sens si bien que ça chez toi ? Regarde jusqu'où ça a été cette fois ci, va falloir attendre que ça dépasse quel stade pour que tu réagisses ? Elle est où ta limite à pas franchir ? T'es prête à accepter autant ? T'es sûre de toi ?" enfin elle avait réagis avec lui mais le problème c'est qu'elle ne voulait pas donner suite "Ça deviens vraiment beaucoup trop dangereux, en tout cas moi j'ai peur pour toi" c'était quand même un petit gabarit, il suffisait d'une fois de trop et elle pouvait y laisser sa peau. Non seulement ça n'était pas exagéré mais en plus c'était bien la pire chose qui puisse arriver. Qu'elle ne réagisse pas, qu'elle ne mette pas de stop avant que ça soit trop tard. Si ça pouvait paraître très sombre comme pronostique s'en était pas moins réaliste. Elle ne serait pas la première à qui ça arrivait et j'étais très bien placé pour le savoir. Je fronçais les sourcils en la voyant trembloter « Que veux-tu que je fasse… Je ne veux pas porter plainte, mais j’ai peur. » et c'était paradoxale. C'était la meilleure façon de se protéger après tout, de ne plus avoir peur. J'eu un pincement au cœur en voyant les larmes rouler sur ses joues. Il fallait vraiment qu'elle se sorte de cette situation de merde. Je ne voulais pas la laisser retourner chez elle. « Je ne l’ai jamais vu ainsi. Bien sur que je n’ai pas envie d’être seule avec lui, mais où pourrais-je aller ? » je crispais la mâchoire, n'arrivant pas à détacher mon regard du sien. Ce regard qui à nouveau appelait à l'aide. Elle semblait tellement perdue et effrayée. Tant pis si ça ne se faisait pas, je ne pouvais définitivement pas la laisser comme ça "Tu vas venir chez moi" son mari ne savait pas où je vivais, il ne savait pas non plus qu'elle me connaissait et même s'il le savait qu'il vienne chez moi et il serait bien accueillit. "Ça ne me pose aucun problème, je préfère te savoir chez moi en sécurité que chez toi avec lui" avant qu'elle ne me dise qu'elle ne voulait pas déranger. En plus c'était pas comme si un peu de compagnie pouvait me faire du mal. Faudrait juste que je prévienne Enzo de m'envoyer un message pour me prévenir avant de débarquer au cas où. Y'avait des chances qu'il me fasse remarquer que c'était bizarre que j'héberge Jesabel d'ailleurs, par rapport au travail tout ça. Mais peut importe, il serait à même de comprendre.