it should have been a happy birthday ✻ jesabriel

Ses mains placées sur son ventre, cette sensation poisseuse et chaude entre ses doigts. Le temps qui s’arrêtait, le froid qui se répandait dans ses veines, glaçant son échine. Un souffle brisant le silence suite à l’écho qui venait de résonner comme la dernière note d’une mélodie. Un doigt caressant la touche d’ivoire d’un piano pour clôturer la mélodie d’une vie. Faible, sa respiration s’atténuait entre ses lèvres. Quel sentiment pouvait-on ressentir à ce moment précis ? Son regard rivé sur l’homme qu’elle avait toujours aimé, elle le voyait sans réellement le voir. Ses larmes embuaient ses cils, les sons lui échappaient, le monde autour d’elle se dérobait sous ses pieds. Sans un cri, sans panique, elle laissait la pénombre envelopper son corps, le néant l’étreindre et la mort effleurer ses lèvres.

Une note inlassablement répétée résonnait à son oreille, loin d’être le battement de son cœur, il lui indiquait toutefois qu’elle vivait encore. Un son agaçant, mais tout aussi apaisant à la fois. Prenant le rythme d’une mélodie douce et révélatrice d’un avenir encore inconstruit. Les paupières encore closes, elle laissait son cerveau replacer les pièces du puzzle. Si elle ne savait pas vraiment où elle se trouvait, elle pouvait aisément se l’imaginer. Un lieu glacial, dénué de personnalité et de réconfort. Un endroit où la maladie rampait, la mort berçait tout doucement jusqu’à la fin et où la vie quant à elle pouvait commencer. Son heure n’était pas venue, pas cette fois. Prise de conscience, faible réveil sous ses paupières, elle se rappelait. Ce dessinant à elle, ses souvenirs traversaient cette brume, brisant son ignorance. Elle voyait le visage de Gabriel, ce sourire qu’il lui adressait alors qu’elle se sentait elle-même sourire en lui tendant un donut fourré où trônait une unique bougie. Un petit clin d’œil à ce stéréotype policier. Elle rigolait, s’amusant de cette plaisanterie qu’elle avait tenue à lui faire. Loin d’être douée pour la cuisine, ça n’avait rien d’étonnant qu’elle arrive avec une pâtisserie achetée et non confectionnée de ses propres mains. Elle entendait sa voix résonner dans son esprit : « Joyeux anniversaire. ». Ce qui devait être un jour heureux prenait un tournant plus sombre, brisant l’harmonie d’un foyer inexistant et paradoxalement présent, éphémère, mais heureux pour le peu de temps qu’ils lui accordaient. Ces moments partagés lorsqu’ils le pouvaient. Ces baisers volés, ces rires et chamailleries, un lieu secret, voilé à la face de leur entourage. Un voile qui s’envolait au bruit de la sonnette qui résonne. Des amis ? De la famille ? Jesabel avait laissé tomber l’assiette contenant le beigne, laissant l’air éteindre la bougie alors que devant eux se tenait son mari. Elle ouvrait les paupières, battant ses cils pour acclimater son regard à l’environnement où elle se trouvait. Ses doigts effleuraient le tissu du drap, rugueux, il ne possédait pas la douceur des siens, ceux de son lit. Elle savait pourtant qu’elle n’était pas chez elle. Elle le savait par le bruit incessant du moniteur cardiaque, par cette douleur à la main, l’odeur des produits médicaux. Une voix résonnait à ses oreilles. « Vous êtes réveillée. » Douce, sécurisante, la brune levait son regard vers l’infirmière qui lui souriait d’un sourire chaleureux. Sans pouvoir lui rendre, Jesabel cherchait autour d’elle un repère. La femme examinait les appareilles avant de poser sa main sur son épaule, une étincelle de tristesse dans son regard. « Il y a quelqu’un qui voudrait vous voir. Le médecin ne devrait pas tarder. » continuait-elle en s’éloignant. Seule, elle ressentait une absence, un vide. Comme si on lui avait arraché quelque chose. La main tremblante, elle ramenait celle-ci vers son ventre. Pourtant, incapable de le toucher, elle s’arrêtait dans son geste lorsque la porte de la chambre s’ouvrait pour laisser apparaître Gabriel. Si elle n’avait pas montré un seul signe de faiblesse, en voyant son visage, les larmes lui montaient, brisant la barrière de ses cils. « Tu es là. » soufflait-elle entre ses lèvres tremblantes.

« Joyeux anniversaire. » ces deux mots qui étaient censés être annonciateurs d'une bonne journée. Oh cet anniversaire j'allais me souvenir oui ! Mais pas pour les bonnes raisons. Jesabel et moi on avait finalement décidé de continuer à ce voir. Après un long débat et des émotions qui avaient joué aux montagnes russes les reproches et les incertitudes avaient finalement laissés place à une entente. Si bien sûr il avait toujours un risque d'être découvert par son mari ça n'était pas du tout comme ça que j'aurais vu se finir les choses. Alors que son donut avec une bougie m'avait bien fait rire et que j'étais impatient de mordre dedans quelqu'un avait sonné à ma porte. Sur le coup je m'étais dis que c'était peut-être Enzo, qui d'autres ? Mais non, loin de la. Dès que j'avais ouvert je m'étais pris une puissante droite dans la gueule en ayant à peine le temps de voir qui était devant moi. Il s'agissait de Jake, le mari de Jes. Il s'était rapproché de moi dans le but de reprendre ses coups mais évidemment j'avais répliqué. Pendant un cours instant on s'était battu mais tout s'était stoppé quand il avait sortis un flingue et à partir de la ça avait été super rapide. N'hésitant pas à s'en servir il avait tiré, sauf qu'entre temps Jes s'était précipitée pour se mettre entre nous. On pourrait croire que l'avoir entre nous deux l'aurait empêché de tirer mais c'était trop tard, le coup était déjà partis. Jesabel était retombée sur le sol. Touchée. Joyeux anniversaire.

"Monsieur Winchester ? Elle s'est réveillée" je décroisais les bras et me décollais le dos du mur. Ça faisait des heures que j'attendais ici, pas serein un instant. Elle avait été opérée mais on ne pouvait être sûr de rien tant qu'elle ne se réveillait pas. J'étais soulagé. Pas à cent pour cent mais elle avait survécu. C'était indescriptible tout ce qu'il se passait dans ma tête. Sans parler de mon cœur qui tambourinait à un rythme impossible depuis des heures. Ça m'avait aussi laissé le temps de beaucoup cogiter, peut-être trop.. Elle avait pris une balle pour moi, littéralement. J'aurais dû être blessé ou peut-être pire et au lieu de ça c'était elle qui se retrouvait dans ce lit d'hôpital. Je m'en voulais énormément. Comme si elle n'avait pas été suffisamment blessée en plus. Sur le coup j'ai vraiment cru qu'elle allait y rester et j'ai vraiment eu une des plus grosse peur de ma vie si ce n'est la plus grosse. Ah oui faire un métier à risque ne supprime en aucun cas la peur, ça aide un peu à la contrôler à la limite mais elle ne disparaît pas. Mais la peur que j'avais eu pour elle était bien plus grande que la peur que j'avais pour moi. Je pus enfin rentrer dans la chambre où elle se trouvait. Croiser à nouveau son regard lui fit monter les larmes aux yeux quand à moi je revoyais le moment où elle s'était mise devant moi alors que le bruit du tire retentissait « Tu es là. » j'hochais doucement la tête en souriant légèrement puis j'attrapais la chaise qui se trouvait contre le mur et l'approchais du lit. Je me penchais sur elle pour déposer tendrement un baiser sur ses lèvres puis je m'asseyais en prenant sa main "Comment tu te sens ?" je ne savais pas vraiment pas ou commencer mais c'était la question qui m'importait le plus. "Tu te souviens de ce qu'il s'est passé ?"

Lorsque la porte s’ouvrait sur Gabriel entrant dans la pièce, Jesabel ressenti une forme de soulagement. Le cœur lourd, la tête dans la brume, elle ne savait qu’à moitié ce qu’elle faisait là. À croire qu’ensemble, ils étaient abonnés à l’hôpital. Par deux fois, ils y étaient allés ensemble. Elle fermait les yeux au contact de ses lèvres contre les siennes, un baiser lui soufflant un souffle de vie, qu’elle désirait éperdument prolonger, mais il prenait place sur la chaise. Brouillé par les larmes, son regard flou, elle s’empressait d’essuyer le surplus de larme qui baigner son visage. « Étrange. » disait-elle en posant son regard sur lui. Elle avait la sensation que quelque chose n’allait pas, que quelque chose lui manquait, ignorant toutefois ce que ça pouvait être. C’était quelque chose qu’elle ressentait au plus profond d’elle-même, mais que la hantise de découvrir ce que ça pouvait être primait sur tout le reste. Ses doigts entrelacés aux siens, lui renvoyait cette chaleur rayonnante, douce et apaisante dont elle avait besoin. Sa relation avec Gabriel, elle la savait interdite, adultère, trahison, ça ne l’empêchait pas de vouloir ressentir que sa présence près d’elle. C’est de lui dont elle avait besoin et de nul autre. Posant ses prunelles noisette sur le visage du châtain, elle fronçait légèrement ses larges sourcils. « On fêtait ton anniversaire. » Elle s’en souvenait, c’est d’ailleurs le premier souvenir qu’elle avait eu en ouvrant les yeux. Cette première pièce de puzzle. Pour le reste, ça lui semblait encore floue, comme si son cerveau tentait de lui faire comprendre qu’elle n’était pas encore prête. Elle pressait la main de Gabriel, pinçant ses lèvres cendrées. « Il y avait Jake. » Ça aussi elle s’en souvenait, pas parfaitement, elle se souvenait de sa présence chez son amant. C’était difficile à croire, comment avait-il pu retrouver sa trace ? Elle n’en avait pas la moindre idée, comme tout ce qui était du reste de cette journée qui aurait dû être festive. Elle baissait son regard sur leur main. « Je… Pour le reste, je ne sais plus trop. » avouait-elle confuse de laisser son esprit être aussi embrumer. Elle souhaitait y voir clair. La porte s’ouvrait une fois de plus, laissant entrer un jeune médecin. Son regard était grave, elle sentait la mauvaise nouvelle. Sur une défensive qu’elle abordait toujours lors de ces moments, elle s’attendait au discours sur ces marques qui peignaient son corps. Ce discours où on voulait la protéger de son mari, elle le connaissait que trop bien et encore plus depuis que Gabriel était entré dans sa vie. Mais avant lui, Elliot n’avait eu de cesse de lui dire et redire que Jake finirait par la tuer. Tête de mule, Jesabel avait toujours garder espoir, l’espoir qu’il allait redevenir comme avant. Une déception qu’elle dissimulait dans le plus grand déni. « Je n’ai pas de bonnes nouvelles. » Serrant la main de son amant, elle observait le médecin, appréhendant cette mauvaise nouvelle qu’il allait lui annoncer. « Malheureusement, la balle a percé le sac amniotique. Nous n’avons pas réussi à sauver le fœtus. » Ces mots, elle laissait résonner dans sa tête. Délaissant les doigts de Gabriel, elle posait sa main sur son ventre. Ce qui semblait lui manquer, ce qu’elle n’arrivait pas à comprendre, ce sentiment de vide, ce manque qu’elle n’arrivait pas à comprendre. Elle fermait les yeux, laissant un sanglot quitter ses lèvres, alors qu’elle s’empressait pour plaquer sa main contre sa bouche. Mais c’était plus fort qu’elle, le chagrin l’envahissait, brisait ce qu’elle était, ternissait son regard alors qu’elle se demandait ce qu’elle ferait sans cet enfant qui ne verrait jamais le jour. Il n’avait même pas eu la chance de connaître ce monde, d’y respirer l’air, de sentir la chaleur des bras de sa mère. « Non. » soufflait-elle désemparée.

Depuis que j'avais passé cette soirée chez Jes et que j'avais découvert et pensé ses blessures j'avais su que j'avais envie de faire mon maximum pour que ça ne se reproduise pas. Pour lui épargner ça. J'avais lamentablement échoué, encore et encore. J'en avais vu des plaies et des bleus sur sa peau de porcelaine. Je l'avais vu plusieurs fois dans un lit d'hôpital et aujourd'hui encore ça recommençait. A chaque fois ça me brisait. On ne s'y habituait jamais, ça ne faisait jamais moins mal. En même temps ça n'était pas quelque chose à laquelle j'avais envie de m'habituer. C'était déjà devenu beaucoup trop courant à mon goût, je voulais juste que ça cesse. Ce qu'il c'était passé aujourd'hui était la preuve que ça allait beaucoup trop loin. Si les limites étaient dépassées depuis longtemps la ça n'était plus possible. Son mari allait être coffré et j'allais surveiller ça de prêt. Je ne voulais plus de lui dans la vie de Jesabel. De toute façon y'avait peu de chance qu'elle le revoit de si tôt. Je ne savais pas encore ce qu'elle allait penser de tout ça mais c'était trop grave pour que ces yeux doux suffissent à présent. Même si ça n'était pas ce qu'elle voulait j'allais le garder loin d'elle, pour sa propre survis. J'avais failli y passer aussi d'ailleurs. Elle m'avait littéralement sauver la vie en s'interposant et en prenant une balle. Maintenant c'était à mon tour de la sauver, elle avait beaucoup trop subis cet enfer. Le pire de ça c'est que du coup je me sentais plus ou moins responsable de cette catastrophe parce que ça ne serait pas arrivé si je n'avais pas dérapé avec Jes même si au final... Les gens comme Jake finissaient bien trop souvent par trouver un prétexte pour aller encore plus loin.

« On fêtait ton anniversaire. » J'avalais difficilement ma salive. Elle n'avait pas l'air de se souvenir, ou bien ça mettait un peu de temps à lui revenir. « Il y avait Jake. » ouais... ça pour être la il avait été la... Je caressais sa main de mon pouce, la gardant toujours dans la mienne « Je… Pour le reste, je ne sais plus trop. » tout tait confus visiblement. Ça aurait probablement été plus facile que ça le soit dans mon esprit aussi mais non, je revisionnais parfaitement les images de ce moment la et elles allaient probablement rester ancrées encore très longtemps. "Tu ne te souviens pas de ce qu'il a fait ?" mais je n'avais pas le temps de vraiment lui expliquer que la porte s'ouvrait à nouveau. Il ne fallu qu'une seconde pour comprendre à son visage que quelque chose n'allait pas. A partir de la je m'attendais au pire. Les secondes me parurent interminables jusqu'à ce qu'il ne crache enfin le morceau et là... Le verdict tombait, aussi tranchant qu'une guillotine. Ça n'était pas mon enfant mais c'était celui d'une femme que j'aimais beaucoup trop. Et même si je lui avais dis ne pas vouloir d'une vie de père, maintenant que ce bébé n'était plus la le choc était violent. J'avais l'impression de l'avoir perdu moi aussi. Mais je ne pouvais pas me permettre de penser comme ça. Non mes pensées devaient aller pour Jes en ce moment, c'était elle que cette catastrophe affectait le plus et elle avait besoin de moi. Sa main plaquée sur sa bouche à tenter d'étouffer ses sanglots je ne su quoi faire d'autre que de la serrer contre moi, les bras enlacés autour d'elle et la joue contre sa tête. De toute façon je ne pouvais pas parler, ma gorge était aussi serrée que mon cœur en ce moment même et je savais que je n'arriverais pas à terminer une phrase. Sourcils froncés je fermais les yeux alors qu'ils commençaient à s'embuer, faisant au passage glisser une larme hors d'un de mes yeux. Je restais silencieux quelques longues minutes, lui laissant un peu de temps et ravalant mes larmes. Rien de ce que je ne pourrais lui dire ne pourrait la réconforter alors le mieux que je puisse faire était de lui donner une explication. Puisqu'elle ne se souvenait pas elle n'avait pas dû comprendre pourquoi le médecin lui avait parlé de balle. Enfin peut-être qu'elle n'avait pas vraiment intégré l'info d'ailleurs puisque celle ci avait été bien vite écrasée par le drame "Jake était armé.. Il a voulu me tirer dessus, en fait il l'a même fait sauf que tu t'es interposée..." je lâchais un long soupire "C'est toi qui a pris la balle Jes" mes bras étaient toujours refermés sur elle. J'étais à moitié assis sur son lit, penché sur le côté pour plus facilement l'enlacé, ça n'était pas très confortable comme position mais ça n'avait absolument aucune importance. "Je suis tellement désolé... ça n'aurait pas dû arriver..." Je secouais la tête "Je n'aurais pas dû laisser ça arriver.."

Il n’y avait pas de sensation plus terrible que celle que la jeune femme éprouvait à cet instant. Tout son univers s’écroulait en millier d’éclats. Sa lèvre inférieure tremblante, sa main sur son ventre, elle plaçait sa seconde main à ses lèvres. Les sanglots, elle les bloquait comme elle le pouvait, mais ce n’était pas une mince affaire. La douleur, la peine, tout lui semblait impossible à surmonter désormais qu’elle avait perdue la chose qui lui avait permis de s’épanouir. Ce n’est pas aujourd’hui qu’elle serait mère, ce qu’elle espérait depuis tellement de temps. Elle ne savait pas quoi dire, quoi penser. La chaleur de Gabriel vint l’envelopper, loin de réduire sa peine, elle appréciait ce contact rassurant. Laissant sa main quitter son ventre, elle venait la poser contre le bras du sergent, laissant ses doigts fins s’agripper à lui comme si sa vie en dépendait désormais. Ses joues s’inondaient de larmes sous le regard désolé du médecin qui ne trouvait plus sa place dans cet endroit. Les secondes filaient et la voix de Gabriel la sortait de ses sombres pensées. L’arme, elle s’en souvenait désormais, elle se souvenait aussi de la détonation alors qu’elle s’était interposée entre eux. Ses sanglots reprenant de plus belle, elle serrait le bras de son amant. Sa vie devenait un cauchemar, elle s’en rendait compte et elle avait été l’artisane de tout ceci. « Tu n’y es pour rien. » parvenait-elle à dire entre quelques sanglots. « Tout est ma faute. » continuait-elle dans un murmure pratiquement inaudible, alors qu’elle se savait la seule coupable de cette tragédie. C’est elle qui avait répondu au charme du policier, elle qui avait laissé des sentiments naître dans ce cœur qui ne devait appartenir qu’à son époux. Elle qui n’en avait fait qu’à sa tête. Elle qui s’était interposé dans tout ceci. C’était elle, rien qu’elle qui avait conduit à cette fatalité. Jake avait peut-être appuyé sur la gâchette, mais elle était le précurseur de ce moment. Elle n’en voulait pas à Gabriel, comment le pourrait-elle ? Il était là, la gardant dans ses bras alors qu’il aurait pu être à mille lieu de là. Le médecin faisait un pas vers eux, gêné, et sans doute préférait-il quitter la chambre au plus vite plutôt que de rester là les regarder. « Nous allons vous faire passer quelques tests, vous garder pendant les prochains jours. » D’un signe de la tête, il quittait prestement la pièce. Désormais que tous les deux, Jesabel se libérait des bras du châtain, elle tournait la tête pour le regarder. « Oh. » soufflait-elle en voyant cette trace humide sur la joue du Californien. Elle posait ses doigts sur sa joue pour y effacer ces larmes, laissant un sourire qui se voulait sincère s’afficher sur ses lèvres. « Ne t’en veux pas. » Elle caressait sa joue d’une main et de l’autre venant essuyer ses propres larmes qui détruisait son visage de porcelaine. Doucement, elle venait lui voler un baiser. Un geste banal dont elle avait besoin à cet instant, un espoir de croire qu’elle n’était pas seule, qu’elle l’avait lui pour surmonter tout cela, même si elle n’avait pas la moindre idée de comment elle pourrait faire pour surpasser la perte d’un enfant. Elle n’avait pas eu la chance de le tenir dans ses bras et pourtant dans sa commode se trouvait une liste de prénom. Cet enfant, elle avait cru qu’il arrangerait tout, mais peut-être qu’il n’y avait plus rien à arranger ? « Qu’est-il arrivé à Jake ? » demandait-elle finalement, réalisant qu’avec toute cette histoire, elle ne savait toujours pas ce qui était arrivé à son mari.

Jesabel jouait de malheur. Quand je l'avais rencontré j'avais compris tout ce qu'elle subissait et depuis ça ne s'était pas vraiment arrangé, ça empirait même. Et voilà que elle perdait un enfant. Heureusement que je n'étais pas croyant parce qu'à ce niveau la j'aurais perdu toute foie en dieu. Pourquoi tant d'acharnement sur quelqu'un d'aussi innocent que Jes. De part mon métier je savais parfaitement bien que la vie était tout sauf juste mais c'était encore plus dur à digérer en étant impliqué. Jesabel était une jeune femme innocente et pleine d'espoir, du genre à garder espoir en une personne comme Jack qui lui donnait pourtant toutes les raisons de le condamner. Voilà qu'elle trouvait un peu de bonheur dans sa vie grâce à ce bébé et il lui était retiré. En plus de ça elle avait manqué d'y perdre la vie, et celui en qui elle gardait l'espoir elle n'était pas prête de le revoir. « Tu n’y es pour rien. » j'aurais voulu y croire, mais je savais que j'étais l'élément en trop dans cette histoire, celui qui avait tout empiré en s'incrustant. Sans moi et cette envie déplacée de vouloir la sauver d'une vie qu'elle acceptait elle n'aurait pas perdu son bébé. Mes pensées étaient plus qu'embrouillées « Tout est ma faute. » j'haussais les sourcils "Quoi ? Non" certainement pas. Elle avait essayé de me repousser, m'avait fait comprendre qu'elle aimait son mari, depuis le début j'avais été celui qui avait insisté. Manquerait plus qu'elle ne se juge comme coupable de la situation en plus de ça. Comme si elle avait besoin de rajouter ça à la liste des drames. Se torturer encore plus avec de telles idées.

Le médecin fila rapidement après avoir annoncé qu'elle devrait rester quelques jours. Normal, il était évident qu'après ce qu'elle venait de vivre elle n'allait pas sortir quelques heures après, elle allait même avoir un suivis psychologique. D'ailleurs ça me faisait penser que j'allais sûrement y avoir droit moi aussi... Je tournais la tête vers la petite brune quand elle se détachait de moi « Oh. » c'était le monde à l'envers, c'était elle qui essuyait une larme en souriant comme pour me rassurer et m'apaiser alors que c'était elle la victime de tout ça « Ne t’en veux pas. » je crispais la mâchoire alors qu'elle essuyait également ses propres larmes "C'est pas possible.." oh que non, je m'en voulais beaucoup trop pour pouvoir effacer ça par la simple volonté de lui faire plaisir. En voyant son visage s'approcher je glissais ma main dans sa nuque et fermait les yeux pour lui rendre tendrement son baiser. Ce baiser avait le don de me détendre un peu. C'est vrai que l'idée m'était passée par l'esprit qu'après tout ça elle ne voudrait peut-être pas me revoir mais les doutes s'envolaient avec ce geste de la part de la brune. « Qu’est-il arrivé à Jake ? » c'était la pente glissante. Je ne savais pas dans quel état d'esprit elle se trouvait par rapport à lui maintenant, si elle le défendait encore après tout ça je crois que c'était moi qui allait perdre espoir. Je doutais que ça soit le cas après avoir pris une balle et perdu son bébé, je doutais qu'elle justifie son geste de vouloir me tuer, jalousie ou non. Mais qui sait ? "Il a été arrêté, il sera jugé pour tentative d'homicide, et plus si jamais tu acceptes de témoigner pour tout ce qu'il s'est passé avant, parce que ça te sera demandé" je préférais qu'elle le sache même si elle devait bien s'en douter "En tout cas moi je vais témoigner contre lui" et ça je le ferais qu'elle soit d'accord ou non. Il avait déjà dépassé les bornes depuis très très longtemps mais la il aurait pu commettre l'irréparable. Il n'avait pas hésité, la balle était belle et bien partie, je serais probablement mort si Jes ne s'était pas interposée et elle elle aurait pu l'être si la balle avait été pus haute. Et puis son bébé lui n'avait pas survécu. Je ne ferais pas preuve de la moindre once de compassion pour lui. "Je sais que je t'ai souvent agacé avec ça mais il est temps que ça se termine Jes, je ferais tout mon possible pour qu'il reste un maximum de temps derrière les barreaux" elle était capable de me comprendre j'en étais sûr, et puis elle était peut-être même d'accord avec moi.