Jesabriel ✻ Take time to be a butterfly (+18)

Jake, elle venait de lui échapper, glissant entre ses griffes une fois de plus. Ce qui avait mené à tout cela, elle n’en avait pas la moindre idée, après tout, leur vie de couple semblait avoir repris du poil de la bête depuis qu’elle était revenue lui annonçant qu’elle attendait son enfant. Le sien. Une nouvelle qui l’avait surpris, mais enchanté. Ils pouvaient enfin se construire un petit bonheur à eux et secrètement, Jesabel espérait une fois encore retrouver l’homme dont elle était tombée amoureuse adolescente, cet homme qu’elle avait épousé et dont elle défendait avec vigueur chacun de ses gestes ou paroles. Mais cette fois encore, il avait montré son visage sombre, puant l’alcool et le parfum de femme, la brune avait compris que son idylle s’effritait une fois de plus. Elle ne pouvait y échapper. Cette vision refaisant surface chaque fois qu’elle avait le sentiment que tout allait pour le mieux entre eux. Quittant la maison, elle avait couru jusqu’à avoir un point au niveau de ses côtes. Sous la pluie torrentielle, elle n’avait eu qu’une idée, fuir sans jamais se retourner. Ses pieds faisant clapoter l’eau qui s’accumulait sur la chaussée. Elle ne voyait pratiquement rien avec ses mèches imbibées d’eau qui lui collaient au visage. Elle tentait de se repérer dans cette pénombre ponctuée par les lampadaires bordant la rue. Dire que Jesabel avait un sens aiguisé de l’orientation aurait été un euphémisme. Elle était bel et bien perdue, mais dans ce monde sans doute beaucoup trop cruel pour cette femme brillait quelques lumières. Une voiture s’arrêtant près d’elle, baissait sa vitre pour laisser un visage féminin apparaître. Une femme venant en aide à une autre. La brune échangeait quelques mots avant de monter dans le véhicule en indiquant sa destination. Il y avait plus d’un endroit où elle pourrait se sentir en sécurité et elle le savait. Ces gens qui l’entouraient, la protégeait, elle les connaissait et pourtant, elle choisit de donner l’adresse d’une personne qu’elle tentait d’oublier. C’est la peur au ventre qu’elle laissait la voiture s’éloigner dans la nuit alors qu’elle l’avait déposée devant un immeuble qu’elle n’avait vu que peu de fois, mais dont elle n’avait oublié l’adresse. Sous la pluie elle restait un moment immobile, son regard rivé sur les fenêtres encore allumées. Était-il seul ? Allait-il se coucher ? Lui ouvrait-il la porte ? Accepterait-il de lui parler ? Caressant son ventre légèrement arrondi, elle prenait le peu de courage qui lui restait pour gravir les marches et toquer trois petits coups à la porte.

Une fois encore la journée avait été assez agitée, j'étais passé à la salle de sport après histoire de me défouler un peu et surtout d'extérioriser. Pas la motivation pour aller au club, pas ce soir. Faut dire que je manquais un peu d'envie d'y aller depuis plusieurs mois. Je ne m'attendais pas à ce que Jesabel et sa situation me trotte en tête encore autant alors que je ne l'avais pas vu depuis un moment. Ne pas avoir de nouvelle était encore pire d'ailleurs. J'aurais peut-être dû lui en demander au lieu d'attendre. J'avais tenté une fois d'aller la voir chez sa meilleure amie peu de temps après notre dernière conversation et j'avais appris qu'elle était retournée chez Jake. Elle allait avoir un enfant avec lui et j'avais toujours droit aux mêmes réponses quand je cherchais à l'aider avec son mari. J'avais finis par me dire que je n'étais pas à ma place, que je me préoccupais un peu trop d'elle et m'immisçais un peu trop dans sa vie. C'est vrai que le feeling était tout de suite passé avec elle et que le temps qu'elle avait passé chez moi avait été parfait malgré quelques légères tensions à chaque fois qu'on abordait le sujet Jake. Je pensais avec ça, être un minimum légitime pour lui donner mon avis etc, mais quelques messages avaient suffit à ce que je remette ça en cause. Je m'étais peut-être un peu fait des films, peut-être que j'étais juste un flic qui lui était venu en aide mais rien de plus, c'était ce qu'elle m'avait fait ressentir en tout cas. Alors depuis j'essayais de rester à ma place même si ça me rongeait. Voilà que même sous ma douche je me mettais à penser à elle. Enzo allait finir par me dire que j'étais sacrément atteint. Il me l'avais probablement déjà dit en fait maintenant que j'y pensais... Je secouais la tête et sortais de la douche pour attraper une serviette et me sécher. Suite à ça j'enfilais un boxer et c'est en sortant de ma chambre que j'entendais frapper à la porte. A cette heure ? Enzo peut-être, je ne voyais pas qui d'autre. Enfin dans le doute je retournais dans la salle de bain pour quand même enfiler mon peignoir puis j'allais ouvrir. J'haussais les sourcils quand mes yeux se posèrent sur la petite brune trempée. Mon regard fu forcément attiré par son petit ventre plus rond qu'à son habitude. Je ne m'y attendais pas. Je ne m'y attendais plus en fait. "Jesabel ?" bravo très perspicace Gab "Entre vas y, je vais te chercher de quoi te sécher" je me décalais pour la laisser entrer puis fermais la porte derrière elle avant d'à nouveau entrer dans la salle de bain et d'en revenir avec une serviette propre que je lui posais sur les épaules "Il s'est passé quelque chose ?" je ne pouvais pas m'empêcher de penser que si elle débarquait chez moi après tout ce temps, à cette heure, ayant été dehors même sous la pluie et sans parapluie, c'était qu'il s'était passé quelque chose. Ça ne pouvait pas être sans raison même si j'aurais préféré qu'elle ai juste envie de me voir et que tout aille bien.

Sur le pas de la porte de Gabriel, Jesabel attendait, les secondes lui paressaient être une éternité, alors qu’en vérité ce n’était que quelques secondes ni plus ni moins. Le temps se jouait d’elle, comme il jouait avec ses émotions. Cette boule qui se formait dans son ventre alors qu’elle posait son regard sur la porte qui se trouvait face à elle. Cette simple porte qui la séparait de l’homme qu’elle était venue voir. Pourquoi lui ? Elle aurait pu tout aussi bien débarquer chez sa meilleure amie ou bien même son cousin ou encore avec plus de raison, son frère. Ladite porte s’ouvrait sur le châtain, elle n’avait pas le temps d’ouvrir la bouche pour parler, qu’il l’invitait à entrer. Un geste tout ce qu’il y avait de plus normal, et pourtant, elle hésitait. Elle savait qu’elle avait été ignoble avec lui, qu’il avait tant fait pour elle et c’est avec froideur qu’elle l’avait repoussé avec des mots dont elle n’en pensait pas un seul. Une façon de se protéger. Tout comme de le protéger, même si inconsciemment elle n’aurait jamais pu voir la chose ainsi. Mais l’attachement qu’elle éprouvait pour lui avait bouleversé son cœur au point qu’elle avait préféré l’éloigner d’elle plutôt que de leur faire mal mutuellement. Car au bout du compte, elle savait que ce soit était d’ores et déjà fait. Face à Gabriel, elle le regardait avant de croiser ses bras autour de son frêle corps, entrant chez lui tout en gardant le silence. Il avait fermé la porte et bien vite il était disparu de son champ de vision la laissant seule dans le hall d’entrée, seule avec ses pensées. Est-ce qu’elle ne ferait pas mieux de partir ? Cette idée, elle se la disait en boucle, comme une formule qui ne tarderait à se réaliser, alors qu’en vérité elle ne bronchait pas d’un millimètre. Il revenait serviette en main et elle prenait celle-ci entre ses doigts pour la garder autour de ses épaules. « Merci. » disait-elle, relevant son regard qu’elle posait sur le châtain, analysant les traits de son visage qu’elle n’avait pas vu depuis longtemps. « Je peux dormir ici cette nuit ? » demandait-elle en éludant volontairement sa question, puisque de toute évidence il devait se douter de la réponse : Jake avait encore frappé ! Quoi d’autre l’aurait mené jusqu’à lui ? Dans une autre vie, elle serait sans doute venue que pour le voir, mais dans celle-ci, il n’y avait que son ignoble mari pour les réunir, encore et encore. Une faute qu’il n’avait pas conscience de faire.

Après tout ce temps je n'aurais jamais pensé que c'était elle qui était derrière ma porte mais j'étais content de la voir. Surpris mais content. Après tout si elle débarquait ici c'était qu'elle ne m'avait pas totalement sortis de sa vie hors c'était ce que je m'imaginais de plus en plus me disant qu'il fallait que je tourne la page moi aussi. Bon et malheureusement c'était aussi probablement qu'elle avait des problèmes et non juste que je lui manquais. Elle restait debout, n'osant pas rentrer plus au cœur de l'appartement ni même s'asseoir, pourtant ça n'était pas la première fois qu'elle venait ici. Elle connaissait les lieux, ça avait même été un peu comme chez elle durant un petit temps. "Dormir ici ? Heu oui, oui oui bien sûr que tu peux" je préférais toujours la savoir ici en sécurité que chez son mari à me demander si elle n'était pas en train de vivre l'enfer avec lui. D'ailleurs elle avait soigneusement évité de répondre à ma question ce qui ne présageait rien de bon "Dis moi qu'il n'a pas recommencé" c'était ce que je préférerais entendre, malheureusement avec l'estime que j'avais de ce mec et la présence de Jes ce soir je n'y croyais pas vraiment. Quelle espèce de pourriture pouvait lever la main sur une femme enceinte ?! "Installe toi confortablement, je vais te faire un chocolat chaud. Bon je ne les fais pas aussi bien que toi mais au moins c'est chocolaté et c'est chaud" je souriais légèrement, tentant de la mettre un peu plus à l'aise. Tant que je ne savais pas exactement ce qu'elle attendait de moi je ne pouvais pas faire grand chose de toute façon donc autant faire en sorte qu'elle se sente un peu mieux et qu'elle se confie avec un peu de chance.

C’est avec un faible sourire au coin de ses lèvres qu’elle le remerciait d’accepter qu’elle dorme chez lui ce soir. Demain, elle verrait pour trouver une alternative. Elle n’imaginait pas profiter de son hospitalité plus d’une nuit, trop gêner et honteuse pour en demander plus, mais pour l’heure, elle faisait l’égoïste, parce qu’elle souhaitait être en sa présence et avec nul autre. Ça semblait être devenue une forme de réflexe chez elle. Dès que ça ne tournait plus rond chez elle, Jesabel courrait tête baissée chez le sergent. Peut-être se montrait-elle opportuniste ? Sans doute. C’était simplement plus fort qu’elle, attiré à lui comme un aimant. « Alors laisse-moi garder le silence. » lui disait-elle, montrant que d’aucune façon elle n’avait envie de lui parler de ce qui s’était passé. Elle n’avait pas envie de l’entendre lui reprocher ses décisions. Elle avait fait ce choix, rester avec Jake et même si les jours n’étaient pas toujours roses, ils n’étaient pas non plus sombres. Et ça, il n’y avait qu’elle pour le voir et le comprendre. Remontant la serviette, elle épongeait ses cheveux, son visage où son maquillage avait coulé. La tête dans la serviette, elle relevait son regard noisette vers Gabriel. « Merci. » osait-elle dire avant de replonger son visage dans le tissu pour y cacher cette chaleur qui lui était monter au visage. « Avant que tu ailles faire ça, je peux t’emprunter des vêtements. Je suis trempée et j’aimerais bien éviter de tomber malade alors que je suis... » ne finissant pas sa phrase, elle détournait le regard abaissant la serviette pour cacher son ventre rond. Il ne l’avait jamais vu dans cet état et elle s’en sentait gênée. Pourtant, elle n’aurait pas dû en être gênée. Il la savait enceinte, il savait qu’elle n’avait rien à lui offrir. Et malgré cela, elle se sentait timide de lui montrer son corps arrondi par la grossesse.

Garder le silence, ça confirmait ce que je craignais. Elle ne niait pas. Et visiblement elle n'avait pas vraiment envie de s'étaler sur le sujet. Comme souvent de toute façon. Je n'allais pas insister, j'avais bien compris le message. Un de ses quatre j'allais finir par perdre le contrôle avec son mari, vraiment. Si Jes le détestait pour ce qu'il faisait ça aurait été plus facile mais rien y faisait. Au moins maintenant elle osait partir, c'était malgré tout une progression ! Elle ne restait pas chez elle à subir quoi qu'il fasse. Peut-être qu'elle arrivait au bout de ce qu'elle pouvait encaisser. Elle semblait un peu gênée, et moi je ne savais pas trop comment me comporter la revoyant seulement depuis les sms. Autant dire qu'on avait l'air un peu paumé du coup. Elle ne prononça pas le mot enceinte, comme si ça l'embarrassait ça aussi. En fait elle cacha même son ventre derrière la serviette que je lui avais amené "Oui bien sûr suis moi" C'est vrai j'aurais dû y penser. Elle était trempée il valait mieux qu'elle enfile quelque chose de sec oui. Surtout en étant enceinte effectivement. J'allais jusqu'à ma chambre pour ouvrir un placard et en sortir un tee-shirt que je lui tendais "Bon par contre niveau pantalon tu risques de marcher dessus" en plus de nager dedans, tout comme pour le tee-shirt qui allait lui faire une robe mais ça c'était moins gênant. Ça pouvait même limite lui permettre de ne pas mettre de pantalon mais ça je n'étais pas sûr qu'elle accepte. Je me grattais l'arrière de la tête, réfléchissant à une alternative "Sinon je peux te filer mon peignoir, ça sera peut-être plus simple ?" je pouvais bien me changer moi, mes fringues étaient à ma taille ça serait moins compliqué. Bon certes le peignoir resterait grand pour elle mais c'était moins problématique tout de même.

C’est mal à l’aise qu’elle n’évoquait pas son état physique, dire qu’elle était enceinte ramenait sur le tapis la conversation qu’ils avaient eu quelques mois plutôt. Elle préférait l’éviter même si elle savait qu’elle devrait s’excuser pour celle-ci, bien qu’elle n’eût pas la moindre idée de comment s’y prendre pour lui demander pardon. C’était stupide de garder le silence à ce propos, mais à cet instant ça semblait être la meilleure chose à faire. Elle trouverait bien le moment adéquat pour lui présenter ses excuses. Chaque chose en son temps. Pour l’heure, il était surtout préférable qu’elle se change plutôt que de tomber malade. Surtout qu’en cette période de l’année le froid était bien plus présent, surtout durant la nuit. Elle le suivait, toujours silencieuse continuant d’éponger ses cheveux. Elle prenait le t-shirt qu’il lui tendait, posant son regard sur le peignoir qu’il portait. « Le t-shirt fera très bien l’affaire. » disait-elle d’une toute petite voix, alors qu’elle s’imaginait secrètement ce qu’il pouvait se cacher sous le peignoir. Elle se faisait du mal, elle le savait, mais elle ne pouvait empêcher son esprit de vagabonder vers cette image. Des corps d’homme elle en avait vu, bien plus par le biais de la télévision ou des photos publicitaires, mais en vrai, devant elle, que très peu. Et son attirance pour Gabriel, bien qu’elle la refoulât restait perceptible. Par sa carrure, elle ne l’imaginait pas chétif, sans doute une musculature doucement découpée sous sa peau. Le genre de corps qui une fois en maillot devait attirer tous les regards. Elle se laissait emporter vers des pensées qu’elle ne devrait jamais avoir. « Merci encore. » C’est tout ce qu’elle parvenait à dire, le remercier comme si ça suffisait. Elle regardait autour d’elle, cherchant un endroit pour se changer. Elle avait beau avoir vécu dans son appartement quelque temps, aujourd’hui elle se sentait gêné d’y être. Peut-être parce que malgré leur similitude, les raisons qui la menait à lui était différente. Non pas en lien avec Jake, mais plutôt entre eux deux. Tout avait changé, elle le savait, mais ne pouvait rien y changer.

Bon le tee-shirt lui suffisait apparemment, tant mieux parce qu'à part mon peignoir je ne savais pas quoi lui proposer d'autre. Ça n'était pas comme si j'avais des vêtements de femmes chez moi. J'avais déjà ramené des femmes chez moi oui mais elles repartaient avec leurs fringues elles ne les laissait pas ici. Bon ça ne m'aurait pas gêné de lui filer mon peignoir hein, j'aurais enfilé autre chose, mais du coup pas besoin. Je souriais quand elle me remerciait à nouveau. Elle était la depuis deux minutes même pas et elle m'avait déjà dit merci minimum trois fois. "Aucun soucis" je me rendais compte en la voyant regarder autour d'elle qu'elle voulait se changer et que donc il fallait que je la laisse seule. Elle aurait pu aller dans la salle de bain mais en la regardant je me demandais si elle se souvenait encore d'où elle se trouvait. Elle semblait un peu paumée. Mais ça n'était pas grave ça "Je t'attend à côté" je souriais à nouveau et la laissais dans la chambre, fermant la porte derrière moi avant d'aller dans la cuisine pour lui préparer le chocolat chaud que je lui avais promis. Si j'étais plus doué qu'elle en cuisine, elle était définitivement plus douée que moi pour ça. Moi ça restait basique mais bon c'était toujours ça. Je revenais avec dans le salon et le posais sur la table basse avant de m'asseoir sur le canapé pour l'attendre. Je me mettais contre le dossier et laissais aller ma tête en arrière pour partir dans mes pensées. Pensées qui se tournaient une fois de plus vers la petite femme enceinte dans ma chambre. Rien de surprenant en soit. Je pensais déjà un peu trop souvent à elle quand elle n'était pas la donc forcément ça n'était pas maintenant qu'elle était à quelques mètres que j'allais arrêter.

Elle le regardait partir, poussant un soupir lorsqu’il fermait la porte derrière lui la laissant seule. Elle prenait un instant pour elle, observant ce qui l’entourait avant d’empoigner sa robe à la taille pour la hisser au-dessus d’elle. Collant sur sa peau, elle éprouvait une certaine difficulté à retirer celle-ci, pestant poliment contre son vêtement pour le retirer de peine et de misère. Pourquoi les vêtements mouillés sont si pénibles à retirer ? Elle poussait un second soupir, laissant finalement la robe tomber lourdement sur le sol, avant de retirer son soutif, mais aussi sa culotte lorsqu’elle réalisait que celle-ci était aussi trempée que le reste de ses vêtements. Elle l’abandonnait sur le sol, avant d’enfiler le t-shirt beaucoup trop large pour elle. L’encolure tombant sur une de ses épaules, mais il était assez long pour cacher ce qu’il y avait à cacher — sauf peut-être sa poitrine qui pointait légèrement à cause du froid et son petit ventre rond qui épousait un peu plus le t-shirt. Elle ramassait ses vêtements avant de les étendre sur le dossier d’une chaise, pliant soigneusement la serviette qu’elle déposait sur l’assise. Ce n’est pas parce qu’elle déboulait chez lui, qu’elle se retrouverait à être une déplorable invitée. En voyant son reflet dans un miroir, elle s’empressait de se coiffer rapidement à l’aide de ses doigts. Tentant vainement de se donner une meilleure apparence qu’à cet instant. La pluie avait décidément causé bien des ravages. Même son mascara coulait encore un peu sous ses yeux, malgré ses veines tentatives pour s’en démaquiller totalement avec la serviette. Puis, elle sortait de la chambre suivant l’odeur doucereuse du chocolat pour finalement arriver dans le salon. Sans un mot, elle restait là à le regarder réfléchir. Elle se souvenait que ce n’était pas la première fois qu’elle se posait à cet endroit pour le regarder. Durant cette période où elle avait vécu chez lui, elle n’avait eu de cesse de le regarder. Difficile de faire autrement lorsqu’elle ne savait quoi faire d’autre, ne possédant pas vraiment de loisir. Elle avait donc fait ce qu’elle pouvait et savait faire pour le remercier de son hospitalité. Et parfois, comme ce soir, elle le regardait simplement, sans rien dire, se demandant simplement à quoi pouvait-il penser.

J'avais fermé les yeux un instant puis les avait rouvert pour perdre mon regard dans le vide en face de moi. Je ne bougeais pas jusqu'à me rendre compte qu'une silhouette était rentrée dans mon champ de vision et je tournais la tête vers elle. Elle était la debout, dans mon tee-shirt qui lui servait de robe "Viens t'asseoir tu vas pas rester debout" ça n'était pas un ordre mais plutôt une permission qu'elle semblait attendre. Pas très à l'aise ça se sentait mais pour le coup je ne pouvais rien dire étant plus ou moins dans la même situation. D'ailleurs ça me pesait un peu d'en être revenu à la "Tu n'auras qu'à dormir dans mon lit je dormirais sur le canapé" pas qu'on ne pouvait pas dormir dans le même lit, on était adultes après tout. Mais on en revenait encore une fois à ces messages. "Tu as faim ?" ça m'était tout à coup revenu en tête, les femmes enceintes mangeaient pour deux au sens propre, et je n'étais pas sûr qu'elle ose me demander si elle avait besoin. Enfin quoi que, elle avait bien osé poser la question pour avoir des fringues secs "Si t'as besoin de quoi que ce sois en tout cas dis le moi" je n'étais pas sûr d'avoir de quoi répondre à n'importe quelle attente mais s'il le fallait vraiment je pouvais bien sortir lui trouver ce qu'il fallait. Il y avait des épiceries de nuits et quelques autres trucs ouverts plus tard ça devait être faisable. Je baissais mes yeux sur son ventre "C'est marrant je sais comment aider une femme à accoucher parce qu'on nous apprend ça dans la police en cas de situation d'urgence mais en terme d'envie ou besoin de femme enceinte je n'en connais pas plus que n'importe qui" autrement dit ce qu'on savait plus ou moins grâce à la télé, les fraises, la bouffe, les colères ou l'excitation plus grande à cause de hormones, voilà ça se limitait à ça.