LOTERIE ✻ i want the fairy tale /w Elena & Alicia

La Saint Valentin, quelle fête stupide ! Je ne dis pas ça parce que je ne suis pas en couple, je le dis parce que c'est commercial. Rien d'autre ! Je suis bien placée pour le savoir, moi qui envisage de reprendre mes études pour travailler dans une parfumerie. Je ne suis pas une romantique, les billets doux, les dîners aux chandelles, les rendez vous secrets, c'est du grand n'importe quoi ! Et je ne parles même pas de la galanterie. C'est un truc de vieux, c'est démodé! On est quand même capable d'ouvrir une porte où de tirer une chaise toute seule sans avoir besoin de l'aide d'un homme. C'est comme ça que je vois les choses. Mais voilà, j'ai beau détester la Saint Valentin, trouver la galanterie ringarde et ne pas être romantique, je suis totalement accroc aux films du genre et surtout, surtout, je suis de celles à se lever aux aurores pour ne rien manquer des mariages princiers. Je suis aussi loin d'être la dernière à chialer lors de l'échange des vœux. Paradoxe quand tu nous tiens ! Je connais N'oublie Jamais et Titanic par cœur et bien d'autres encore. Alors quand j'ai entendu dire que Pretty Woman allait être projeter en plein air et le soir de la Saint Valentin, j'ai mis mes principes de côté et j'y suis aller ! Sauf que j'ai bêtement oublier de prendre une couvrante ! J'ai dû aller en réclamer une, ainsi qu'une bonne tasse de chocolat, alors que je préfère le café. Enfin, il me faut trouver une place. J'avise une fille seule, c'est préférable à un couple. "Salut ! Je peux me joindre à vous où vous attendez quelqu'un ?" lui demandais je.

Jamais Alicia n'avait passé la saint Valentin en couple. Et apparemment, ce n'était pas pour sa dix huitième année que cela allait changer. Mais elle ne désespérait pas, son tour allait venir. Un jour. Mais pas aujourd'hui et elle avait décidé d'en profiter quand même. Alors oui, il faisait un froid de canard, mais Ali avait trop besoin de sortir et de voir autre chose que Rhett et son appartement. Elle n'avait rien contre lui, bien au contraire, mais la vie devenait monotone et bien triste. L'un comme l'autre étaient en manque de Maureen, et à part parler d'elle et surtout ressentir sa présence dans toutes les pièces de la maison, la vie était bien difficile pour tous les deux. Pretty Woman, Alicia l'adorait. Elle l'avait vu de nombreuses Fois mais c'était toujours un plaisir immense de le revoir. Elle s'était donc installée, après avoir récupérée une couverture et acheté un chocolat chaud pour se réchauffer. Peu de temps après, une voix de femme la sortit de ses pensées. Elle souhaitait savoir si elle pouvait se joindre à elle... Alicia n'y voyait pas d'inconvénients mais fut un peu surprise par cette proposition. Après tout, c'était préférable de partager un film que de le voir seule se dit-elle. Elle avait juste peur que ça soit une personne lourde qui ne voudrait plus la lâcher, bien qu'elle n'en ait pas l'air. "Non, non, je suis seule, vous pouvez venir." Elle se décala un peu afin de laisser de la place à la jeune femme.

Il y a encore un an, je n’aurais sans doute pas pris la peine de demander la permission de m’assoir. Je l’aurais fait. Et quand bien même on m’aurait dit de partir, qu’on attendait quelqu’un, je ne l’aurait pas fait. Je serais resté. Parce qu’il y a encore un an, j’étais une princesse capricieuse et sans le moindre état d’âme. Je me moquais bien de ce que pouvait penser les gens, j’agissais simplement comme bon me semblait. J’étais méchante, sans pitié. Mais, j’avais changé, j’avais évolué. Le déménagement brutal de ma cousine m’avait beaucoup ébranlé, car était ma seule véritable amie. La seule personne qui me comprenait vraiment. Et me retrouver toute seule, face à toutes celles et ceux que j’avais malmener pendant mon adolescence, m’avait faite vieillir d’un coup. Aujourd’hui, même si j’avais gardé mes grands airs de princesse, je n’étais plus une teigne. Je ne dirais pas que j’étais devenue quelqu’un de bien, mais disons que j’étais une meilleure personne. Je faisais d’avantage attention aux personnes qui m’entouraient. C’est pourquoi, il m’avait sembler logique de demander si je pouvais m’assoir avant de le faire. Cette demande m’avait surprise moi-même, je n’étais pas encore habitué à ce nouveau « moi ». La fille m’indiqua que je pouvais m’installer, qu’elle était seule. « Merci ! » que je dis, avant de m’installer. Je savais que la couverture, bien que chaude, ne serait pas suffisante, alors j’avais mis un gros manteau et un bonnet. Bon sang ! Ce que je pouvais détester l’hiver ! Emmitouflée dans la couverture, je me tournais une nouvelle fois vers elle. « Je m’appelle Elena ! » dis-je, avec un sourire.

Il faisait froid. Très froid. Bon, il fallait s’y attendre, c’était l’hiver, donc la saison du froid. Je ne me voyais pas quitter Washington pour vivre dans un état plus chaud comme l’avait fait Jade, mais pour autant, j’enviais ma cousine. Los Angeles, c’était quand même moins rigoureux l’hiver ! C’est simple, à chaque fois qu’elle m’envoyait des photos, il avait le ciel bleu en arrière-plan. Ici, l’hiver, c’était plutôt la grisaille. Désespérant ! Enfin, le bon côté des choses, c’est que la neige n’était pas au rendez-vous. Si tel avait été le cas, je n’aurais sans doute pas fait le déplacement, même pour Pretty Woman. Je demandais à la jeune inconnue si je pouvais m’assoir, ce qu’elle me confirma. Je m’installais vite fait, avant de faire les présentations d’usage. Non pas que j’allais faire la causette pendant tout le film, mais, c’était toujours plus agréable pour passer le temps avant que ça ne commence. Elle s’appelait Alicia. Un joli prénom. Ma mère s’appelait ainsi. J’agitais vainement mes orteils pour me réchauffer les pieds, j’avais mis deux paires de chaussettes, mais sans succès. J’avais le sentiment désagréable qu’ils allaient finir par tomber. Je hochais la tête pour approuver ses paroles. « Moi aussi ! Je déteste l’hiver ! » soupirais-je. J’avais beau me vêtir à la dernière mode, il fallait bien reconnaitre qu’engoncée dans une doudoune et un gros pullover, l’effet n’était pas le même que dans une robe d’été ! Une conversation avec ma cousine, remontant à notre dernier Thanksgiving en famille me revient en mémoire et je me met à rire intérieurement en m’entendant dire que la neige abimait mes escarpins ! Même si j’avais beaucoup changé, il y a aura toujours une part de superficialité en moi. Je n’y pouvais rien, c’est ainsi que j’étais faite, après tout.

D’une certaine façon, je n’étais jamais contente. Les gens qui me connaissaient bien le savaient plus que n’importe quel autre. Je crois que ce n’était plus un secret, j’étais chiante et je le savais parfaitement. Je trouvais toujours le moyen de râler pour X ou Y raisons. Là, j’avais froid, c’était l’hiver alors je râlais parce que mon sens de la mode était mis à rude épreuve. Qui pouvait admirer mes nouvelles fringues si j’étais obligé de les cacher sous un manteau ? Et l’été, c’était pareil. Cette fois, ce n’était pas à cause de la mode, car l’été on ne cache rien, mais quand il faisait chaud, j’avais vite fait de transpirer des cheveux et les avoir tout plat sur la tête, quelle horreur ! En bref, je trouvais toujours le moyen de râler et pour n’importe quelle raison. C’était chiante, je le savais, mais ce que je savais aussi, c’est que si du jour au lendemain, je venais à fermer ma gueule, on ne comprendrais pas ! On se demanderait ou est passer ma langue. Je suis donc peut-être une râleuse, mais les gens ne sont jamais content ! Je ne suis donc pas la seule dans ce cas. Rassurant, n’est-ce pas ? « C’est sûr. Mais je n’aurais manquer une rediffusion de Pretty Woman pour rien au monde ! » que je réponds, vivement. Autrement dit, même si j’étais morte de froid et que je gelais sur place, j’étais prête à souffrir. Toutefois, oui, je ne cache pas que j’espérais qu’ils démarreraient vite le film histoire que l’on finisse la soirée avec nos doigts de pieds intacts.