Beyond your darkness, I'm your light - Jímenez girls.

Boum. Et voilà qu'il avait encore tiré sur ces gars. Encore et encore. Ce cauchemar hantait les nuits d'Alicia depuis une semaine. Depuis cette agression. Elle se sentait fragile, mais elle se sentait chanceuse. Parce qu'elle  n'avait rien eu, parce que ces hommes n'avaient rien eu le temps de lui faire à part lui donner quelques tapes dans le bras pour la faire fléchir. Parce que Trey était venu la sauver avec une arme. Cette même arme, ce flingue, apparemment pas chargé, qui venait la faire sursauter toutes les nuits. Elle avait échappé au pire, largement même. Ali se sentait comme une enfant, une enfant qu'elle n'était plus et qu'elle n'avait jamais vraiment été. Des cauchemars, elle en avait fait petite, comme tout le monde. Mais sa mère la renvoyait systématiquement dans son lit, lui disant qu'elle n'était qu'un bébé. Bonjour l'estime de soi... Malgré ça, Alicia avait réussi à devenir une jeune adolescente assez équilibré pour le moment. Et maintenant, elle était grande, elle n'avait plus besoin de personne pour la consoler de ses cauchemars... Elle se débrouillait seule.
Mais ce matin, la sueur perlait sur son front et elle n'en pouvait plus. Elle devait le dire à Maureen, elle le devait. Elle ne pouvait pas la laisser dans l'ignorance plus longtemps. Sa soeur saurait quoi faire, quoi lui dire pour qu'elle aille mieux. Ali en était persuadée. C'est sa soeur après tout, elle savait toujours tout, elle était toujours là pour elle et elle prenait tant soin d'elle... L'adolescente se leva donc, se dirigeant vers la chambre de sa soeur. Elle devait sûrement encore dormir, mais elle ne lui en voudrait pas. Elle frappa tout de même, sait-on jamais, peut-être que Rhett l'avait rejointe pendant la nuit sans qu'elle n'entende rien, et elle n'avait pas vraiment envie de les retrouver à poil... Surtout que Maureen était rentrée très très tard hier. Sans réponse, elle se risqua quand même à rentrer à pas de loup, sans faire trop de bruit. La brune semblait dormir, elle était encore tout habillée.. Tout ça n'augurait rien de bon d'ailleurs. Ali s'installa à ses côtés dans son lit. Comme quand elle était petite. C'était toujours chez Maureen, parfois chez Sofia, qu'elle allait chercher du réconfort qu'elle ne trouvait pas avec sa mère. Elle passa une main sur son bras, voulant la réveiller avec de douces caresses. Elle murmura à son oreille.  « Mau... s'il te plait, réveille toi... J'ai besoin de toi. » Il fallait qu'elle lui parle. De ces hommes. De ce flingue. De Trey. Qu'elle lui demande si c'était vraiment son ex petit ami aussi. Peut-être lui parler de ses confessions à Rhett... De cette façon, il était possible que ses songes deviennent plus paisibles...

Trouver le sommeil n’avait pas été une tâche aisée et ce n’est quand elle n’y compta plus qu’elle se retrouvait bercée dans les bras de Morphée. Depuis le soir de l’arrestation de son petit ami- à compter qu’il le soit encore. Même si pour l’heure, c’était bien le cadet de ses soucis…-, un soir de cela, elle avait à peine fermé l’œil. Cette soirée avait été la promesse de jours meilleurs, d’une vie meilleure mais tout avait volé en éclat, tout s’était envolé en fumée.  D’abord par son aveux puis par cette putain d’incarcération. Rhett allait faire de la prison, elle le savait, il le savait et tous le monde semblait le savoir. Le mystère résidait sur la durée de la peine qui encourait. Malgré la douceur des caresses qu’elle pouvait sentir sur son bras, le simple contact l’avait déjà fait bondir hors de son léger sommeil en sursaut pour se retourner, ses yeux s’élargissant par cette brève panique pour chasser le peu de sommeil dont elle avait pu profiter. Ses prunelles, striés de vermicelles rouges, signe de son épuisement. Maureen soupira doucement, soulagée de voir qu’il ne s’agissait que de sa fille, honteusement coupable d’être déçue que ce ne fusse pas Rhett à la place. Les mots qu’elle avait prononcé lui revenant doucement en tête. Mots qui prenaient sens alors qu’elle étudiait son doux visage troublé. Doucement Maureen leva sa main pour repousser quelques mèches, dégageant ce visage qui lui faisait tant penser à l’homme qu’elle aimait. L’homme qu’elle ne savait pas si elle pourrait revoir de sitôt. L’homme qui savait à présent qu’il était père. L’angoisse que le sommeil avait brièvement chasser, revenait doucement alimenter cette boule qu’elle avait dans le creux de l’estomac. Elle s’approchait pour prendre l’adolescente dans ses bras, calant sa tête contre sa poitrine. « T’as fait un cauchemar, Lilikins ? », c’était un petit surnom qu’elle lui avait trouvé il y a longtemps. Bien avant que sa vie ne vire au vinaigre et qu’elle se laisse envahir par les regrets et l’amertume. Ces cinq première années de la vie d’Alicia où elle avait pu être par intermittence et sa mère, et sa grande sœur. Anitta avait peut-être accepté d’élever Alicia comme si elle avait été sienne, le fait été que ça signifiait qu’elle ne l’élèverait tout simplement pas et ça, Maureen l’avait bien compris. Elle l’avait nourrit, changé ses couches. Elle lui avait lu des histoires avant qu’elle ne s’endorme, elle l’avait toujours accueilli dans son lit quand elle faisait un cauchemar. Cette période était l’une des plus belle de sa vie. Elle avait Rhett, elle avait Alicia et Sofia et elle devait encore aller conquérir le monde armée d’un bistouri. Elle était si loin de cette vie et de celle qu’elle avait prévu. La brune serra sa fille un peu plus contre elle. « Moi, j’aurais préféré faire un cauchemar. », elle ne voulait pas l’inquiéter mais elle ne voulait pas lui cacher plus de choses qu’elle ne le faisait déjà.

Troublée, c’est comme cela qu’elle s’était retrouvée dans le lit de Maureen. Une Fragile adolescente, voilà ce qu’elle était ce matin là. Elle voulait jouer les grandes, elle voulait se débrouiller seule, mais ce matin, elle n’en pouvait plus. Il fallait qu’elle dise à sa sœur, qu’elle lui dise ce qui lui était arrivé et ce qui hantait ses nuits. C’est dans cette optique qu’elle s’était faufilée dans ce grand lit, aux côtés de son plus grand modèle dans la vie, sa sœur. Par des douces caresses sur son bras, elle l’avait réveillée, non sans préciser qu’elle avait besoin d’elle. Et c’est avec une douceur sans pareille, que Maureen vint replacer ses cheveux, dégageant des mèches, puis la caler contre sa poitrine. Ali se sentit comme une petite fille, comme quand elle avait cinq, six ans. Elle était vulnérable et tellement innocente. Mau avait utilisé son surnom, et Alicia l’affectionnait particulièrement. C’etait le même depuis son enfance. Enfance... chaotique. Malgré tout, elle en gardait des bons souvenirs, parce que c’était une époque où elle avait encore tout le monde à ses côtés. Sa mère, ses sœurs. Aujourd’hui, elle n’avait plus que Maureen. Un cauchemar, oui, mais pas que. « non... enfin oui... c’est compliqué... » Sa voix était calme et posée, encore pleine de sommeil. Ali savait qu’elle devait lui dire les choses, lui parler, mais elle n’avait pas encore réfléchi à comment le faire. Maintenant qu’elle avait commencé à lui cacher les choses, ce n’etait pas évident de trouver les mots. D’habitude, tout était si simple entre elle. Mais avant, elle voulait éclaircir ce que sa sœur venait de lui dire. Elle avait haussé un sourcil, vieille habitude quand l’inquiétude ou le questionnement montait en elle. Là, dans la pénombre de cette grande chambre, Ali voulait comprendre ce que Maureen avait voulu lui dire.« Comment ça ? Qu’est ce qui se passe ? » Est-ce qu’il lui était arrivé quelque chose ? C’est vrai qu’elle n’avait pas l’air au top de sa forme, qu’elle était encore habillée et que ses yeux étaient rouges. Alicia releva sa tête vers sa sœur, attendant une réponse.

Elle se souvenait des premières années de vie de sa fille, ces soirs où elle la pressait tout près de sa poitrine comme aujourd’hui. Doucement, elle se mit à caresser sa courte chevelure brune, massant tendrement son cuir chevelu. Maureen avait perdu tant d’année à être ailleurs qu’elle avait oublié comment être présente pour Alicia. Elle avait même essayé d’oublier jusqu’à son existence et jamais, elle ne saurait se pardonner de cette erreur qui aurait pu lui couter la vie. Quand Alicia était enfin devenue une part entière de sa vie, elle avait tellement grandi qu’elle ne savait juste plus comment faire. Et ces derniers temps, l’envie d’être une véritable mère pour elle, se faisait de plus en plus ressentir mais si elle avait risqué de perdre Rhett, elle ne saurait jamais s’y résoudre avec sa fille. Elle ne saurait même pas par où commencer ou encore si elle était suffisamment mature pour comprendre que l’erreur était humaine. Que même les personnes qu’on pensait être meilleurs que les autres étaient capable d’immondices. Comment pouvait-elle en toute connaissance de cause lui dévoiler que ses parents n’étaient pas ceux qu’elle pensait qu’ils étaient et qu’en plus, ils étaient bien loin d’être ceux qu’elle aurait dû mériter. Maureen serrait sa fille dans ses bras, fermant les yeux fermement alors qu’elle retenait une à une les perles salées qui menaçaient de le lui échapper. De regret et d’amertume. De souffrances en douleurs. Elle n’avait jamais voulu que bien faire. Servir au mieux les intérêt de ses proches, leur éviter toute peine et déception. Mais elle n’avait su faire seulement que le contraire parce qu’elle était loin d’être une personne altruiste. Elle n’avait pas droit au bonheur, quoique Rhett en dise. Mais il y croyait et elle maintenait encore maintenant, sans savoir s’il le pensait toujours dans sa cage de neuf mètres carrés, sa décision d’y croire aussi. « Rien n’est jamais trop compliqué, racontes-moi. », en tout cas, pas aussi compliqué que ce qu’elle devait traverser actuellement, elle en était certaine. Mais Maureen avait été une adolescente et elle savait que souvent, la fin du monde arrivait pour de causes anodines. Elle ouvrait les yeux pour fixer le mur immaculé derrière Alicia, se mordant nerveusement la lèvres alors qu’elle tentait de peser ses mots. L’impact qu’ils pourraient avoir sur sa fille. Leur fille. La latina se détachait légèrement de la jeune femme tout en la gardant toujours dans ses bras. Elle baissait les yeux vers ses larges prunelles vertes, les mêmes que cet homme qu’elle n’était pas prêt de serrer dans ses bras de sitôt. Longuement, elle inspire, cherchant et trouvant le courage de dire les choses. « Rhett a été arrêté. Il va aller en prison. », elle soupirait, cette fois et se maudissait déjà de ce nouveaux mensonge qu’elle allait prononcer. Mais comment pouvait-elle laisser le père de sa fille baisser dans son estime ? « Parfois dans la vie, quand on est peu chanceux. On paie le prix des erreurs des autres. On appelle ça, une injustice. », sa voix tremblait, perturbé par le fouillis de ses émotions.

Alicia connaissait sa soeur. Elle la connaissait depuis sa naissance alors forcément, même si Maureen savait très bien lui cacher ce qu'elle voulait, parfois, elle avait des failles. Et là, Ali sentait bien que quelque chose n'allait pas. Que sa soeur n'était pas dans son état "normal". Certes, elle avait agi normalement en la prenant dans ses bras, en la contenant comme si elle était en danger. Mais ses vêtements, ses yeux... La jeune adolescente n'était pas dupe. Et si elle était venue pour se décharger d'un poids elle, elle voulait d'abord comprendre ce qui arrivait à son ainée. Et peut-être, l'aider. A sa manière, comme elle le pourrait. Les mains de Maureen se baladaient toujours sur son visage, ses joues, elles se voulaient rassurantes pour la jeune Alicia. Vraiment, c'était comme si rien ne pouvait lui arriver tant qu'elle était avec elle, contre elle, dans ses bras. Compliqué. C'était le mot. C'était à la fois ce cauchemar qui la hantait, et à la fois cette réalité à laquelle elle avait fait face qu'elle devait lui raconter. Elle avait échappé au pire, clairement, elle n'avait rien eu si ce n'est une grosse frayeur et quelques bousculades, ainsi que l'envie d'exploser ces hommes si elle les recroisait. Le pire dans tout ça, c'est qu'elle arrivait à s'en vouloir. Elle s'en voulait parce qu'elle avait mit Rhett au courant, mais pas sa soeur, son sang, sa confidente et la personne à qui elle faisait le plus confiance. Ce n'était pas logique, mais elle n'avait pas voulu l'alarmer, l'inquiéter davantage. Son asthme, cette foutue maladie inquiétait déjà suffisamment sa soeur pour ne pas en rajouter une couche. Mais ce matin, Ali sentait que c'était le bon moment pour lui confier. Pourtant, elle voulait avant de lui répondre, comprendre ce que traversait Maureen. C'est la voix un peu plus affolée qu'à l'accoutumée, qu'elle lui demanda ce qui se passait, levant sa tête vers elle. Le langage corporel de son ainée parlait pour elle. Ali pouvait sentir à quel point c'était difficile pour sa soeur de lui annoncer ce qu'elle allait lui dire, et cela ne l'effraya qu'encore plus. « Quoi ? Pour de vrai ? C'est pas possible. » Quand Mau avait prononcé ces mots, Ali s'était relevée. D'un seul coup, toute trace de sommeil ou de fatigue s'était envolés. Comment ça, Rhett va aller en prison ? Elle n'y croyait pas, elle ne pouvait pas y croire. Et sa soeur... sa soeur devait être dévastée et tout s'expliquait. A côté, son agression pouvait largement passer au second plan. Il y avait plus urgent à discuter... « Il a fait quoi ? Ou plutôt qu'est ce qu'il n'a pas fait et qu'il doit payer ? Et ça va ? » Sa question était débile, mais elle était sortie naturellement. Il était tôt, elle était sous le choc. Rhett, il avait été ce mec qu'elle avait vu quasiment tous les jours quand elle était petite. Cet homme chez qui elle se rendait parfois, trouvant de l'amour chez ses parents qu'elle n'avait pas chez elle. Celui qui avait su lui faire comprendre qu'elle était importante, même s'il ne s’intéressait qu'à sa soeur. Ou encore, il avait été celui qui avait su trouver les mots il y a quelques jours quand c'était à lui qu'elle s'était adressée après son agression. Rassurant. Il était important pour la jeune adolescente. Bien moins que pour sa soeur, c'était évident, mais quand même. Et là, on leur avait enlevé. « Mais il faut faire quelque chose.. on va leur dire !! On va leur dire nous, qu'il est innocent et qu'il n'a rien fait. Que Rhett est un homme bien. Il ne peut pas aller en prison ! » Ali était énervée, elle avait envie de taper dans quelque chose. Injustice. Oui Maureen avait raison, c'en était bien une. Il y a avait pleins d'hommes à Washington, pourquoi il avait fallut que ça tombe sur lui ? Elle avait pleins de questions, mais elle n'avait pas envie d'étouffer sa soeur de celles-ci. Elle devait déjà bien assez souffrir de cette situation, elle qui venait juste de le retrouver !