Tell us a story we'll never forget
Fall to Rise
Los Angeles – 'Til daylight diesUn gamin rayonnant, plein de vie et bien décidé à refaire le monde à sa manière. Avec plein de couleurs, d'espoir, de promesses. C'était
ce gosse là qu'était Malachai. Une bonne humeur communicative qui ravissait sa mère, agaçait son père, et renfrognait son grand-père maternel. Ce dernier se décida bien vite à lui mener la vie dure afin de lui montrer quel homme il devrait devenir. Le genre de type fort, sûr de lui, de la trempe qui écrase les autres pour s'élever toujours plus haut et avancer. Irving était cet homme, craint de beaucoup. Mais rien ne semblait pouvoir ébranler le côté joyeux du garçonnet qui parvenait à trouver du positif dans chaque situation, bien qu'une part de lui était effrayée par son grand-père. Il ne comprit que longtemps plus tard, la veille de la mort de ce dernier, alors qu'il n'avait que treize ans, que si son aïeul avait été si dur c'était parce-qu'il était son préféré, celui qui porterait une partie de son héritage. Vouloir le forger à son image sans laisser entrevoir toute l'affection qu'il avait pour le jeune était sans doute le meilleur moyen qu'il avait trouvé. Et Kai l'avait craint -presque détesté- jusqu'à le voir lors de sa veillée funéraire. Il était allongé là, un corps sans vie qui, pourtant, avait l'air apaisé. Il était presque
beau et ce fut précisément cette image qu'il souhaitait garder de
lui. Celle d'un homme abîmé par le temps qui était finalement serein même dans la mort. C'est à cet instant précis que le brun décida que lui aussi voulait pouvoir accorder la sérénité à ceux qui partaient, rendre une dernière image de leur personne, la plus belle qui soit.
Malachai a une sœur, Evy, de deux ans sa cadette. Au début il n'a pas été simple pour lui de partager, trop possessif, trop jaloux, trop envieux. Les années passant, ils ont fini par devenir réellement proches. Il la protégeait et elle l'écoutait parler de ses projets pour le monde entier. Des projets d'enfant qui ne verraient jamais le jour mais qui, à cet instant là, étaient de réelles promesses pour le brun. Ils étaient fusionnels, sans doute un peu trop. Trop pour qu'il parvienne à lui pardonner sa trahison.
A l'école, Kai a toujours été intéressé par tout, attentif et sociable. Il s'est d'ailleurs fait beaucoup d'amis, parvenant toujours à avoir de bonnes notes tout en apprenant en parallèle le piano. Son groupe d'amis s'est doucement agrandi. Certains partaient, d'autres venaient, les plus importants restaient. Mais le brun dû rapidement se rendre à l'évidence que
personne ne restait pour toute la vie. Il était alors en deuxième année d'études de médecine, avait son cercle d'amis proches avec qui il se voyait déjà poursuivre son évolution, avec qui il se voyait
vieillir. Jusqu'à ce que tout ne s'arrête brutalement. Une soirée banale d'une cinquantaine de personnes. Kai avait un petit ami à ce moment là -Ewan-, depuis deux ans déjà. Il était amoureux, sans doute trop. Il n'aura pas fallu plus de deux minutes pour que tout bascule. Trouver sa sœur dans les bras de son propre mec, apprendre que tous ses potes étaient au courant depuis des mois mais qu'ils avaient jugé préférable de ne rien dire, rentrer chez lui, brisé, et entendre par sa mère qu'Evy était enceinte d'Ewan mais qu'elle avait promis de ne rien dire tant que la cadette Kaines n'était pas décidée quant au sort de l'enfant. Bien trop dur à encaisser pour le jeune homme sensible qu'il était à ce moment là. Il l'aimait. Il les aimait tous les deux,
Evy et Ewan. Et tous ces autres qu'il considérait comme une
famille. Et ils avaient tout foutu en l'air.
Il l'avait senti, son cœur se briser dangereusement, à l'instar de celui qu'il était. Il l'avait senti et avait cru en mourir. Et il s'était souvenu des paroles de son grand-père, s'en imprégnant encore et encore jusqu'à ce que son cœur ne se refroidisse, que la peine laisse place à la rage, l'affection à l'indifférence, la joie à un cynisme bien trop froid. Une semaine après, Malachai quittait Los Angeles, laissant derrière lui tous ceux qui l'avaient traîné vers le fond. Se laissant
lui-même. Et il ne se retourna pas.
Washington D.C. – Beginning againNouvelle ville. Nouveau départ. Pourquoi Washington ? Parce-que c'était l'endroit le plus éloigné où il pouvait aller sans pour autant avoir à quitter le pays. Seul son père a droit à quelques nouvelles de temps en temps mais le jeune homme ne veut rien savoir de sa sœur ni même de sa mère. Le Malachai d'avant avait été définitivement laissé dans sa ville de naissance, ne laissant que le nouveau lui. Ce type condescendant, froid et indépendant qu'était son grand-père. Au final, le vieux avait réussi à le forger à son image. Sûr que s'il y avait un
là-haut, il devait être fier. Si les débuts à la capitale n'ont pas été simples, le Californien ne se laissa pas abattre, bien décidé à ne plus laisser rien ni personne l'atteindre. Il termina sa licence en médecine à vingt-et-un ans, major de promo. C'est également lors de cette dernière année qu'il rencontra la seule et unique personne en qui il a aujourd'hui une confiance aveugle :
Mary Zimmer.
Exécrable, distant, acerbe. Tant de défauts et de tentative de se protéger qui n'ont pourtant pas suffit pour que la jeune femme lâche le morceau. Elle a persévéré, percevant sans doute une part de celui qu'il était
avant, et deux ans plus tard, Kai terminant sa formation de thanatopracteur, s'est rendu à l'évidence que, peut-être, il pourrait lui faire confiance. Suffisamment pour nourrir une réelle affection à son égard. Ils se marièrent un an plus tard, ayant tous les deux vingt-quatre ans. À ce moment là, Malachai travaillait dans un centre funéraire de la ville. Il n'y avait qu'elle. Il n'y a toujours qu'elle, même
maintenant. Elle est la seule à le connaître, à savoir lire derrière sa froideur, à passer outre cette carapace qu'il s'est forgé pour ne pas se laisser détruire. À leur vingt-cinq ans, le Californien puise dans l'héritage de son grand-père afin de leur offrir une grande maison au cœur de Capitol Hill. Ils y ouvrent dans la foulée un funérarium, Kai s'occupant de la préparation des défunts dans le sous-sol aménagé de l'habitation tandis que Mary gère tout l'aspect commercial. Il ne vaut mieux pas se leurrer : personne ne voudrait d'un type tel que lui pour assister des familles en deuil. L'arrière du rez-de-chaussée et tout l'étage est interdit au public, étant leur espace personnel.
Tout se passe pour le mieux pour le couple jusqu'à ce que, quelques mois à peine après le début de leur activité, un voile sombre vient immiscer son ombre dans leur quotidien. Ils sont tous deux chez eux quand des coups sont frappés à la porte. Les personnes qu'ils laisseront entrer n'ont rien de clients
normaux. Des menaces sont lancées envers les parents Zimmer qui auraient des dettes avec un groupe peu fréquentable. Ce n'est que quelques jours plus tard que Kai rencontre le dirigeant de ce groupe : Mathis Schroeder. Ils trouvent un arrangement qui exemptera les Zimmer de leurs dettes : Malachai se chargera de faire disparaître les corps que lui ramènera l'organisation. Un acte qui défie tous les codes de la morale mais qui laisse le Californien complètement indifférent. Il crée sa propre morale et autant dire que celle-ci n'est pas des plus exemplaire. Mary accepte de garder le secret, principalement par peur des représailles. Les Zimmer n'en sauront jamais rien.
Elle voulait un enfant. Il lui en aurait fait un pour lui faire plaisir. Lorsque la jeune femme apprend qu'elle est stérile c'est comme un rêve qui se brise. Et Malachai est là, soulagé pour lui, blessé pour elle. Au fil du temps, leur relation n'est plus la même qu'auparavant. Leur couple n'a plus rien d'un
couple, hormis le fait qu'ils vivent sous le même toit et se présentent en public comme le duo marié qu'ils sont censés être. L'affection est toujours présente mais ils ne vibrent plus l'un pour l'autre et conviennent d'une relation platonique tout en restant ensemble, toujours aussi soudés tels des jumeaux qui se comprennent sans même avoir à se parler. Même la famille de la jeune femme n'est pas au courant de cette mascarade et tous deux sont d'accord qu'entretenir les apparences est ce qu'il y a de plus important. Pour leur entreprise, pour leur secret. Pour
elle qui a besoin de son épaule afin de digérer le fait qu'elle ne pourra être mère. Pour
lui qui ne peut se séparer de la seule personne qui le voit tel qu'il est sans qu'il n'ait à craindre qu'elle le trahisse.