nevaeh ☾ sweet but psycho.

→ Nevaeh Isis Hawks. Mes parents n'ont pas été capables de choisir un seul et unique prénom. Ils se chamaillaient comme des enfants sans se mettre définitivement d'accord. Têtu l'un comme l'autre, c'était perdu d'avance et tout le monde savait que jamais ils n'allaient trancher, sauf eux. Du coup, ils continuaient d'avancer des arguments, chacun de leur côté pour savoir lequel serait l'élu. Ma naissance approchant et un point d'interrogation figurant toujours sur mon prénom, ils décidèrent enfin de partager la poire en deux, et de me donner les deux. Mais ce n'était pas la fin de l'histoire, encore fallait-il choisir lequel passait devant l'autre. Déterminée comme jamais, ma mère avait gagné le combat en insistant sur le fait qu'elle avait la priorité puisque c'était elle qui allait supporter la douleur physique. Mon père ne put combattre ce raisonnement et céda devant la femme de sa vie. Ils n'étaient pas souvent d'accord puisque beaucoup de choses les opposaient. Mon père était issu d'une famille d'aristocrate dont la profession principale était d'être membre de la Chambre des Lords. Mais il ne s'intéressa jamais à la politique, voulant enseigner depuis toujours. Il n'en avait que faire des titres et de la réputation à tenir de sa famille. C'est d'ailleurs pour cette raison que je n'ai jamais connu ma famille paternelle. Mon père avait coupé les ponts avec eux lorsqu'il leur avait annoncé qu'il voulait épouser une infirmière, de nationalité américaine. Sans trop de surprise, sa famille avait posé un veto et lui imposa de choisir entre eux et ma mère. Je ne pense pas avoir besoin de détailler son choix aujourd'hui. Ils partirent pour les Etats-Unis, à New-York plus précisément puisque c'était la ville de naissance de ma mère.

→ Nous ne sommes pas dans un conte de fées et pourtant je ne peux pas nier que mon enfance était digne d'une histoire féerique tout droit sortie d'un livre. J'étais un enfant plus que voulu et j'avais fait le bonheur de mes parents, qui voyaient en moi le fruit de leur amour. Ils décidèrent de se contenter de moi, puisqu'ils leur étaient difficiles de prendre la responsabilité d'un enfant supplémentaire au vu de leur emploi du temps. Mon père était devenu un professeur d'université très respecté et il se déplaçait souvent pour des conférences. Sans compter qu'il s'était lancé dans la recherche et que ses projets lui prenaient beaucoup de temps. Quant à ma mère, infirmière à plein temps, c'était encore plus compliqué puisqu'elle devait faire des gardes de nuit plusieurs fois par semaine. Malgré tout cela, je n'ai jamais senti de manque et je ne me suis jamais sentie seule. J'ai toujours été très proche de ma famille maternelle et comme je n'étais pas une enfant à problèmes, j'avais la chance d'être entourée d'amis. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je suis très "famille" et que mes amis comptent autant pour moi.

→ Arrive un moment de la vie où il faut commencer à se poser les bonnes questions pour son avenir. Il faut envisager les choses plus sérieusement et débuter les hypothèses professionnelles. Un temps, où un enfant commence à grandir et se prépare à entrer dans la vie d'adulte. Ce temps, qui ne fut pas difficile pour ma part. Décider vers quel métier se tourner, quelle direction prendre, quelles études faire et choisir une université. Cette source de stress et d'incertitude pour beaucoup. Pour ma part, tout était déjà décidé depuis ma plus jeune enfance : je voulais faire comme maman. Je ne me voyais pas faire autrement et rien d'autre ne m'attirait autant. Je voulais soigner et aider les personnes qui souffraient, leur permettre de guérir et les rassurer. Je voulais leur dire que tout allait bien se passer, leur prendre la main pour leur diffuser un peu de chaleur humaine et leur sourire sincèrement pour leur faire comprendre qu'ils n'étaient pas seuls. Je n'avais pas hésité un seul instant, c'était exactement ce que je voulais faire : devenir infirmière. Ni une, ni deux, je m'étais lancé, tête la première, sans douter un seul instant. Et jamais je n'ai regretté d'avoir pris cette décision. Je savais que c'était dans ce domaine que je voulais dépenser ce trop-plein d'énergie que j'avais en moi. J'étais persuadée que cette vivacité permettrait à d'autres de se sentir mieux et de faciliter leur guérison.

→ Je n'ai pas rencontré de problème particulier au cours de mes études universitaires. C'est sans trop grande surprise que j'ai opté pour la New-York University School of Medecine pour laquelle je n'ai pas eu de difficulté à rejoindre. J'ai toujours été une fille studieuse. Depuis toute jeune, je suis curieuse et en quête de connaissances. J'ai toujours aimé apprendre de nouvelles choses et toucher à plusieurs domaines à la fois. C'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai commencé à apprendre le piano à l'âge de 6 ans pour enchaîner avec des cours de natation et de dessin pour finir par de la danse classique. J'étais une boule d'énergie qu'il était difficile de contenir, tant je voulais découvrir le monde. Cette facilité d'apprentissage m'a ouvert les portes de mon rêve de gosse puisque j'ai obtenu mon Bachelor of Science degree in Nursing au bout de trois ans qui m'a donné mon permis d'exercer avec le National Council Licensure Examination. Mais je ne voulais pas m'arrêter là, alors j'ai continué dans un cursus de Master puisque cela est nécessaire pour pouvoir ensuite se spécialiser. C'est à la fin de ma licence que j'ai pu trouver le service dans lequel je voulais être rattachée. J'hésitais entre la cardiologie et le service des maladies respiratoires. C'était un dilemme que je n'arrivais pas à résoudre. L'un de mes professeurs me proposa alors de partir pour Washington, où se trouvait un Master qui permettait de se spécialiser en maladies cardio-respiratoires au NIH Clinical Center. Cela me brisait le cœur de devoir quitter New-York, ville que je connaissais comme ma poche et que j'aimais plus que tout au monde. Pourtant, c'était exactement ce que j'avais fait, pour poursuivre mon rêve.

→ J'avais donc 20 ans lorsque je suis partie vivre à Washington. Mais je voyais cela plus comme une nouvelle aventure pour m'approcher d'avantage de mon objectif qu'autre chose. Ce fut pleine de vie que j'avais entamé mon master qui était suivi en parallèle de l'aspect pratique de mon enseignement. Je n'eues pas beaucoup de mal à m'intégrer et à m'habituer à cette nouvelle ville. Washington n'était qu'à 4 heures 30 de New-York donc il ne m'était pas difficile de renouer avec ma vie antérieure dès que j'en avais le temps. Plus le temps passait, plus je devenais accro à mon travail. J'avais obtenu mon master et on m'avait par la suite proposé un poste permanent au NIH Clinical Center, chose que j'avais accepté dans la foulée. Je m'étais attachée à cet hôpital et à son personnel. Je m'étais fait de nouveaux amis et j'avais commencé à y construire ma vie. New-York me manquait par moment, mais je n'avais plus vraiment beaucoup de temps d'y penser tellement mon temps était consacrer à mon travail.

→ Aujourd'hui, cela fait 5 ans que je vis et travaille à Washington. Mes journées et mes nuits se confondent par moment, mais pour rien au monde, je ne voudrais pas changer cela. Je ne m'étais jamais sentie aussi bien qu'en ce moment. Je m'épanouissais dans ce que je faisais, même s'il m'arrivait parfois d'en oublier de faire attention à moi-même. Mes patients étaient ma priorité et je me dévouais pleinement. Je tissais un lien particulier avec chacun d'entre eux, ce qui me permettait des prendre soin d'eux séparément. Je n'ai jamais réellement rencontré de problèmes par rapport à cela, même si mes supérieurs n'hésitaient pas à me reprendre pour me signaler que je devais m'imposer une certaine distance avec eux. Ils me trouvaient trop proche de mes patients et me prévenaient sans cesse que cela allait me faire défaut un jour. Je pensais que mes supérieurs tentaient de me protéger et de me préparer à l'éventuelle perte d'un de mes patients, ce qui ne m'était pas encore arrivé. Mais je compris le vrai sens de leurs paroles lorsque je fis la rencontre d'Ely. Un nouveau patient dont j'avais à m'occuper. Il avait une méchante grippe et des problèmes respiratoires, mais tout cela ne l'empêchaient pas de sourire. Il me souriait constamment, toujours prêt à me complimenter et à tenter de me charmer. Un jour, il avait même déclaré qu'il m'inviterait à sortir dès qu'il se serait débarrassé de cette grippe. Je le surprenais par moment à essayer de se recoiffer 5 minutes avant que je ne fasse irruption dans sa chambre pour des soins de routine. Ce qui me fait doucement sourire au départ commençait tout doucement à prendre une toute autre tournure. Je riais à ses plaisanteries et j'en faisais même à mon tour. Je passais plus de temps avec lui qu'avec mes autres patients et j'avais même demandé à changer de planning avec des collègues pour être sûre qu'il soit toujours mon patient. Je me surprenais à ne pas vouloir le partager et à ressentir un manque quand je passais plusieurs heures sans le voir. Je me refusais à m'attacher à lui, c'était mon patient après tout. Il était malade et je devais être présente pour aider les médecins à le guérir. Il fallait fréquemment vérifier ses constantes puisqu'une grippe pouvait lui être fatale. Ely était atteint d'une maladie bien plus importante et il suffisait qu'une infection empire pour lui ôter la vie. C'était quelque chose que je ne pouvais pas accepter et la peur m'envahissait à chaque fois que j'entendais sa sonnette. Je tentais tant bien que mal de dissimuler ma peur puisque je ne devais pas la lui montrer et que cet intérêt que je lui portais était un risque pour mon poste. Il suffisait que quelqu'un découvre que j'étais attachée à Ely bien plus que comme un simple patient, et son dossier me serait retiré. J'étais consciente que je devais imposer une distance entre nous, que je devais même sûrement laisser le dossier à quelqu'un d'autre et passer à autre chose. Je faisais de mon mieux pour rejeter et oublier les sentiments que j'avais à son égard, mais rien n'y faisait, tout me ramener à lui à chaque fois.