Hakuna Matata - Cam

Ma mère fit des yeux ronds en voyant l'horrible coupe de cheveux de la petite voisine. Ni une ni deux "CAMERON !" Je descendais les escaliers et me rendais dans la cuisine "Je peux savoir pourquoi tu lui as fait ça ?!" je tournais la tête vers la voisine, qui avait un an de moins que moi et qui venait souvent ici, sous la garde de ma mère quand sa mère à elle partait faire les courses. "Elle m'a coupé les cheveux alors je lui ai coupé les siens" pas touche à mes cheveux ! Ça avait mis trop longtemps à pousser ! "Tu plaisantes j'espère ! Elle t'as coupé une mèche ! Tu lui as fait une coupe à la garçonne ! Comment je vais expliquer ça à sa mère moi ?!" je croisais les bras avec un air boudeur avant de grommeler dans ma barbe que je n'avais pas encore "Et comment elle expliquerait elle que sa fille m'aie coupé les cheveux" "Pardon ?!" "Non rien.." dès que ma mère tournait le regard la ptite voisine me tira la langue et je fis la même en louchant. "Tu me descends cette paire de ciseaux qui n'a rien à faire dans ta chambre puis tu y retournes et tu y restes, tu es punis" j'haussai les épaules et fis demi-tour pour remonter les escaliers d'un pas lent. Je manquais de me casser la gueule sur les cheveux qui traînaient dans ma chambre et redescendais les ciseaux comme elle me l'avait demandé, n'y mettant bien sûr aucun entrain. Ça sentait bon dans la cuisine, ça faisait chier de pas pouvoir y rester alors que la voisine pouvait rester elle. "Moi je trouve que ça lui va mieux les cheveux comme ça, je suis un artiste" En tout cas j'étais sûr que si j'étais un artiste connu tout le monde aurait trouvé ça extra-ordinaire et aurait trouvé plein de significations sorties de nulle part à cette magnifique coupe de cheveux. Les cheveux courts avec quelques mèches plus longues parsemées par ci par là ça finirait bien par devenir à la mode non ? "Tu continus en plus ? Très bien, privé de dessert" mon visage se décomposa "Oh non pas ça !" Elle tourna la tête vers moi, un air parfaitement sérieux collé au visage "Quelque chose à rajouter ?" je soupirais mais secouais la tête "Bien" je savais que si je râlais encore la punition ne ferait que s'agrandir. Je retournais donc dans ma chambre sans rien dire. Est ce que ma mère était trop strict ? Non pas du tout, j'étais bien content qu'elle me donne une éducation au final. J'en avais besoin, gamin un peu trop surexcité et impulsif. Il me fallait des limites et elle m'en avait mis. Elle m'avait aussi inculqué le respect comme d'autres valeurs. Elle avait de l'autorité et ça ne l'empêchait pas d'être une maman adorable avec qui j'avais beaucoup de fous rire et de moments plus tendres. Mon père était un peu moins présent parce qu'il travaillait en dehors de la maison. Mais niveau exemple parental je n'étais clairement pas à plaindre, même si, forcément, comme tout petit garçon il fallait bien que je me plaigne quand même quand ça n'allait pas dans mon sens, mais bon.

Quitter l'Australie pour New-York. Ça allait me faire bizarre, un gros changement. J'étais habitué aux grosses bèbètes d'ici, au climat, aux gens, aux vagues. J'étais pas vraiment prêt à quitter cet endroit mais à dix ans ça n'était pas vraiment moi qui allait décider. Et puis ça n'était pas sans raison non plus. Ma tante, que je n'avais jamais rencontré, la sœur de ma mère, était morte et mon oncle aussi. Je n'avais vu que des photos d'eux donc ça ne m'affectait pas autant que mes parents forcément mais j'étais triste de me dire qu'au final je ne les rencontrerais jamais. Je ne connaissais qu'une branche de ma famille, celle de mon père, celle qui vivait en Australie. Mais du coup ça allait changer. Et puis ma mère avait envie de connaitre ses nièces et son neveux. Ça lui permettrait aussi de revoir ses parents. Le voyage avait été très long pour arriver dans ce pays froid. La rencontre avec l'autre pan de ma famille s'était faite pendant l'enterrement du coup, autant dire qu'on avait pas vraiment beaucoup fait connaissance ce jour la. En revanche plus tard oui. Mes parents les invitaient à venir de temps en temps, et parfois c'était chez les grand-parents vu qu'ils vivaient là-bas. Les repas de noël, les anniversaires, toujours de bonnes occasions de se retrouver. Inévitablement j'étais un peu plus proche d'Heath qui n'avait qu'un an de moins que moi mais je m'entendais aussi très bien avec les deux plus petites, Jesabel et Allie. Et bien sûr, avec la nouvelle vie, le nouveau chez sois, il y avait aussi la nouvelle école. Mes cheveux amusaient beaucoup des filles qui adoraient me faire des supers coiffures. Il y avait de quoi en rire vu ce que ça donnait la plus part du temps mais le fait que je fasse déjà une tête de plus que tout le monde à cette époque faisait qu'on ne se risquait pas trop aux moqueries. Il y en avait bien certains qui avaient essayé, pour tâter le terrain, mais n'ayant jamais été du genre à me laisser marcher dessus, ils s'étaient vite ravisés. Pour autant je n'ai jamais été moi même du genre à traumatiser mes p'tits camarades, j'étais plutôt du genre à m'entendre avec tout le monde en fait, je n'ai jamais eu trop de problème pour me lier d'amitié avec les autres. En général, du moment où on est cool avec eux ils le sont aussi.

Ado je pratiquais plusieurs sports différents. Accro à l'adrénaline, l'endorphine, la dopamine, je passais mon temps en dehors de la maison. Si bien que mes notes en ont pâti, forcément. D'ailleurs j'ai arrêté les cours généraux assez tôt pour partir dans une formation qui m'intéressait déjà plus. Surveillant pénitentiaire. Oui c'est assez particulier comme envie de boulot, on entendait rarement un gosse dire que plus tard il voulait être maton. C'était pas vraiment un boulot à la mode, on s'en faisait facilement tout un cliché comme quand quelqu'un annonçait être croc-morts. Mais il en fallait bien non ? Après ça bien sûr il a fallut que je passe les concours nécessaires. Pour le reste, ayant un casier vierge et une bonne condition physique, ça n'a pas vraiment buté. Je me suis retrouvé à exercer dans dans deux prisons, à mis temps dans celle des femmes, à mis temps dans celle des hommes. Toujours à New-York. Autant dire que dans ce boulot il fallait savoir garder son calme en sachant qu'on est obligé de fréquenter certains types de criminels qu'on laisserait bien crever si on s'écoutait. Les voleurs, les p'tits dealer tout ça c'était gentillet, mais les violeurs, pédophiles, tueurs, y'en a qu'on laisserait bien se faire tabasser par les autres. Mais on ne pouvait pas trier, on était pas payé pour fermer les yeux. D'ailleurs les femmes en prison ne sont pas forcément plus gérables que les mecs ! J'en ai même une en tête particulièrement. Qui aurait cru que je me prendrais d'affection pour une tueuse ? Bon sa situation était particulière, c'était quelque chose entre un réflexe et un accident suite à une attaque à main armée, mais il n'en restait pas moins que le mec était mort. J'ai dû intervenir dans les premiers jours de son incarcération. Pas pour la défendre mais plutôt pour protéger la fille en face qui bien sûr, avait voulu montrer qu'elle était la reine des abeilles. Ça a fini en cellule d'isolement. Mon boulot étant aussi de participer à la réinsertion des détenus je ne devais pas seulement me contenter de "faire régner l'ordre" et communiquer un minimum avec les détenus n'était pas en option, contrairement à ce qu'on pourrait croire avec tout ce qu'on voit dans les films. C'est de cette façon que j'ai appris à connaitre un peu mieux Erika. Une vraie tête brûlée avec un caractère de cochon. Du genre à refuser de se laisser marcher sur les pieds et qui, à côté, protégeait sa camarade de cellule qui, elle, était un peu plus faiblarde. C'est aussi via la prison que j'ai fait une autre rencontre sympathique et pourtant ça n'était ni une personne qui y bossait ni une personne qui y était enfermée. Une journaliste, du nom de Joy, venant de Boston, qui venait pour faire un reportage sur la vie en prison. Très peu de mes collègues s'étaient montrés coopératifs. Les médias tout ça, ils étaient rarement bien accueillit. Pour ma part j'avais accepté qu'elle me pose quelques questions autour d'un verre après le boulot, elle avait l'air sympa après tout. Quand j'ai su qu'elle allait devoir se loger en ville le temps du reportage je lui ai proposé de squatter ma caravane. Parce que oui, je vivais dans une belle caravane que je m'étais acheté dès que j'avais économisé suffisamment d'argent pour. Pas une caravane de merde, après tout je comptais bien y passer encore quelques années. Du coup il y avait largement la place pour deux personnes et ça c'était très bien passé ! En deux mille treize j'ai troqué ma caravane contre un appartement à Washington DC par besoin de changement. J'ai également quitté mes jobs après avoir trouvé de quoi travailler là-bas mais avant de partir j'ai fait apprendre mon numéro de téléphone à Erika pour qu'elle m'appelle quand elle sortirait. Vu le bourrage de crâne elle ne risquait pas de l'oublier et doit probablement s'en rappeler encore aujourd'hui.

En prenant mon appart j'ai aussi pris ma grosse bestiole, Luigi ! Ce nom ne lui allait pas du tout mais je m'en fichais un peu à vrai dire. Et je pense que le chat s'en fichait aussi. Passer d'une caravane à un appart ne me changea finalement pas trop puisque cet appart était une boite à chaussure, rien de très volumineux ! Mais suffisant quand on vivait seul. J'ai commencé mon job dans la prison d'hommes mais mon autre mis-temps en revanche a changé. J'ai été embauché en tant que vigile au club de strip du coin ! Ça changeait un peu bien que vu le boulot on ne pouvait pas dire non plus que j'étais dépaysé. En tout cas pour une fois, la plus belle vue, on la découvrait quand on regardait à l'intérieur et non dehors. C'était d'ailleurs un peu le risque aussi, se laisser distraire par les danseuses et oublier de faire son boulot, on jette inévitablement quelques petits coups d’œil ! J'ai retrouvé plusieurs personnes ici ! Jesabel habite là avec son mari que je n'ai vu qu'une fois au final. Lors de leur mariage. Tout ce que je savais sur lui c'était qu'Heath ne l'aimait pas mais j'avais toujours pris ça comme une réaction de frère un peu surprotecteur avec sa petite sœur, après tout c'était courant. D'ailleurs plus récemment j'avais aussi revu mon cousin, tout comme Erika qui était venue vivre ici à sa sortie de prison et avec qui je passais beaucoup de temps, et même Joy, la journaliste qui avait partagé ma caravane ! Au final j'avais bien fait d'emménager ici puisque tout le monde s'y regroupait ! Mais j'ai aussi fait beaucoup de rencontres, énormément même ! Et c'est une petite strip-teaseuse avec qui je parlais de temps en temps qui m'a proposé de partager son appartement après m'avoir entendu parler de recherche de colocation. Effectivement j'en avais un peu marre de ma boite à chaussure. J'ai donc emménagé chez Devon début septembre deux mille dix-huit, avec Luigi et quelques cartons !