dream on : shawn

Anecdotes : un j’ai été élevé dans un océan de billets verts, on m’a pourri gâté dès ma naissance sans jamais me refuser quoi que ce soit. on m’a mêlé à des gosses bien habillés, au langage soutenu, aux politesses bien apprises mais j’ai jamais su m’y identifier. peut-être parce que je me suis toujours senti plus proche du côté de ma mère, fille de parents normaux, avec un revenu modeste et qui n’ont jamais vraiment approuvé le mariage de leur fille. malgré tout ils n’ont jamais cherché à garder leur distance, c’est même eux qui m’ont fait voyager pour la première fois, avec le peu de moyens qu’ils avaient quand mes parents étaient en voyage d’affaires. deux mon père a toujours voulu que je lui ressemble et j’ai passé une grande partie de ma vie à vouloir lui plaire. être la fierté de ses parents, c’est le vœu de n’importe quel gosse et pendant longtemps j’ai pensé pouvoir y arriver. mais avec les années, je me suis rendu compte que ma vie, on me l’avait tracée sans que je puisse prendre la moindre décision. alors peu à peu, j’ai commencé à faire des conneries dans leur dos, je suis allé à l’encontre des principes qu’on m’a inculqué et j’ai pris mon pied. trois j’ai dépensé pas mal de tunes, que ce soit dans des club de strip-tease, lors de parties de poker au noir ou encore pour m’acheter de l’herbe. un temps j’ai hésité à toucher à la drogue, j’avais envie de jouer avec les limites et de confronter mon père mais je suis tombé sur le mauvais dealer, un flic sous couverture. il m’a foutu en garde à vue mais on m’a rapidement relâché, ma mère a fait parlé nos avocats et elle a même réussi à faire en sorte que rien ne remonte jusqu’aux oreilles de mon père. pourtant j’aurais tellement voulu voir sa tête, parfois j’hésite à lui le dire, juste pour effacer ce sourire qu’il a sur les lèvres quand il parle de moi, pensant que je suis un exemple. mais il est tellement aveuglé par l’entreprise familiale qu’il ne voit pas que je cherche à attirer son attention. quatre j’ai jamais pensé au suicide, je suis pas lâche à ce point. par contre j’ai cherché à me faire du mal, ce besoin de jouer avec certaines limites pour voir jusqu’où je suis capable d’aller, pour dépasser ces lignes que l’on m’a interdit de franchir. j’ai plus envie d’être le fils modèle, j’ai envie de vivre pour moi et même à trente ans, j’ai besoin de me prouver des choses. quitte à cacher certaines cicatrices sous des tatouages, comme ceux sur l'avant de mon bras droit. cinq même si on m'a tout donné pour réussir, j'en reste pas moins quelqu'un d'intelligent, suffisamment pour terminer ses études de management dans une Université qui ne m'aurait sûrement pas accepté sans l'argent de mon père. Parfois je me demande si mes résultats ont été influencés par ce que versait mon père, ça me brûle la langue parfois de lui le demander mais j'ai pas envie d'être déçu, pas plus que je ne le suis déjà. six contrairement à mon père, j'ai jamais su prendre goût au golf. c'est lent, long et sans grand intérêt, à l'inverse de la natation. j'ai toujours eu ce besoin de me dépenser et si pendant de nombreuses années c'était en pratiquant le ju-jitsu, c'est désormais dans les bassins que j'aime me retrouver à bout de force… quand ce n'est pas dans un lit en charmante compagnie. sept bien qu’inutile, j’ai appris le langage des signes le jour où on m’a lancé le défi de sortir avec une malentendante. j’ai passé des mois à suivre des cours, d’abord dans un groupe et puis avec elle. j’ai trouvé ça marrant pendant un moment et quand les choses ont commencé à devenir sérieuses, je me suis rendu compte que ce n’était pas le genre de fille qui méritait que l’on se foute d’elle. j’ai pas cherché à lui cacher la vérité et je lui l’ai balancée en pleine gueule. j’espérais simplement que ça lui fasse suffisamment mal pour qu’elle ne cherche pas à me pardonner et ça a fonctionné. mon père m’a appris beaucoup de choses et se faire détester est certainement la meilleure leçon qu’il m’ait appris. huit je suis pas un mauvais type, ni un bon. je suis quelqu’un de plutôt normal bien qu’un peu égoïste sur les bords. j’aime bien penser qu’à mon bien être, j’ai trop souvent pensé aux autres avant moi et ça ne m’a jamais réussi. c’est trop facile de se faire trahir par des gens en qui on croit. alors depuis quelques années, je profite des autres, j’hésite pas à mentir pour obtenir ce que je veux car j’ai compris que c’est comme ça que les choses fonctionnaient. c’est pas la meilleure façon de se faire apprécier mais à quoi bon de toute façon? les gens vont et viennent, autant obtenir ce que l’on peut d’eux avant qu’ils ne disparaissent du paysage. neuf j’aime la photographie, j’aime capturer des moments afin de les immortaliser. parfois j’aimerais bien exposer certains de mes clichés, j’aurais le fric pour ouvrir une galerie mais ce serait trop facile. alors je tiens un site web sous un faux nom, j’essaie d’attirer l’œil de certaines galeries dans l’espoir d’être contacté un jour. c’est pas un objectif en soit, mais une sorte de rêve, toujours dans l’optique de faire quelque chose de différent. peu importe ce que représentent ces photos, j’ai envie que des gens soient capables de ressentir quelque chose à travers elles, je veux pouvoir passer des émotions, celles que je garde dans l’ombre de l’entreprise familiale. dix l’alcool est devenu l’un de mes points faibles, suffisamment pour ne plus savoir à quel moment je dois m’arrêter. c’est devenu récurrent depuis quelques années, parce que j’ai cette impression d’avoir raté une grosse partie de ma vie. alors je fais des conneries, je joue les mecs qui décident de se rebeller. je viens d’avoir trente ans et comme tous les autres, je devrais avoir plan de carrière, je devrais songer à fonder une famille mais j’en ai pas envie. pourtant ma carrière commencera le jour où mon père arrêtera la sienne et d’ici là, je sais qu’on s’attend à ce que j’aie épousé une femme qui deviendra la mère de mes enfants. j’ai trente ans et j’aimerais en avoir vingt, pour faire toutes les conneries qu’on accepterait de me pardonner. mais j’ai tout raté dans ma vie et je ne sais pas si j’ai envie de changer ça.