✝ Do you care for the blind ? ((Elio))

[TW : Perte de vue, violences domestiques, mort]

001. Disséminé çà et là plus haut, mais un des éléments les plus importants lorsque l'on parle d'Elio : petit à petit, le jeune Pasteur est en train de perdre la vue. Ça a commencé il y a cinq ans, et ça a empiré ces derniers mois, tant et si bien que cela l'empêche de voir correctement, de lire même. Les lignes se déforment, il peine à reconnaître les visages à cause de tâches obscures devant lui. Même ses lunettes ne lui suffisent plus. Les médecins sont formels, il perdra la vue sous peu. C'est opérable, mais cela coûtera très cher, et il faut agir très vite. Elio n'a plus qu'à prier pour un miracle de la part du Tout Puissant. 002. Parlant de miracle, la naissance d'Elio en est un. Un père considéré comme infertile, ils ont tenté des années durant d'avoir un enfant - jusqu'à ce que celui-ci pointe enfin le bout de son nez. Ils n'ont jamais pu en avoir un autre, et tant mieux : mère soumise et père alcoolique et violent, Elio a passé une enfance assez difficile. Il lui arrivait d'être enfermé dans le noir, dans sa chambre, et de devoir lire à la lumière de la lune, pendant 24h, en guise de punition. Cette éducation en a fait un enfant sage et docile, mais également craintif des autres. La situation s'est débloquée avec l'adolescence. 003. Destiné au Dieu unique. Ses parents étant très croyants, son avenir était tout tracé, et il l'a accepté sans broncher : cette voie-là lui plaisait, et au moins il n'avait pas à réfléchir comme ses camarades sur quoi faire de sa vie. Ainsi, il a suivit tous les cursus possibles et imaginables de la petite enfance jusqu'à son diplôme et son initiation en tant que pasteur à en devenir, jusqu'à l'être pour de bon. 004. C'est en 2005 que le drame survient : son père, ivre, conduisait la voiture qui a finit dans une autre, sans que sa mère à la place du mort ne puisse faire quoi que ce soit. Il avait 16 ans quand il a du passer reconnaître les corps à la morgue et signer des papiers pour l'enterrement. À partir de là, ce sont ses grands-parents qui l'ont élevé. Hispaniques, le dialogue avec eux a été compliqué au début. 005. Depuis, il est complètement bilingue en espagnol et en anglais, ce qui n'aide en rien à son intégration. 006. Sa délicatesse et sa douceur sont légendaire auprès des croyants et croyantes qui viennent à la Cathédrale. On dit de lui qu'il apaise par sa simple voix. Certains le pensent même être envoyé par Dieu pour enlever un peu du mal de ce monde - il n'a pas cette prétention, cependant, et remercie chaque jour son père et sa mère pour l'avoir fait être comme il est aujourd'hui. Dieu lui a appris le pardon. 007. Il allait être diplômé quand ses grands-parents sont morts - malades, ils ont choisi de partir ensemble. Depuis, il vit seul, et fait absolument tout seul. Les membres de la paroisse sont devenu sa famille, mais pour lui qui a reçu l'éducation qu'on lui a donné, ils ne peuvent la remplacer. Ainsi, beaucoup constatent la dégradation de sa vue sans pouvoir rien y faire - il n'en parle pas, et tient les gens à l'écart de cette histoire. 008. Toute sa vie, il a rencontré le problème de ses origines. Son père avait un accent lorsqu'il parlait, alors son prénom a vite été latinisé, tant et si bien qu'il est incapable de le prononce comme les anglophones aujourd'hui. S'appeler De la Cruz ne lui a pas servit non plus. Les moqueries et mises à l'écart étaient nombreuses. Enfin, il en est toujours victime aujourd'hui. Certains pratiquants voient d'un mauvais œil que le pasteur qui fasse la messe le dimanche soit un fils d'immigrés. 009. Sa vie entière est un grand non-dit. Il ne dira pas qu'il aime tous les genres et sexes, ça ne regarde que lui. Il ne dira pas qu'il a fait ses expériences, comme tout adolescent et jeune adulte du monde. Non plus qu'il parle espagnol, encore moins qu'il perd la vue. Et certainement pas son goût pour les spectacles de danse contemporaine, progressistes et violentes au possible. 010. Quand il lisait à la lumière de la lune, ce n'était pas que la bible. Il a eu la chance de subtiliser les autres livres de ses parents et de découvrir des auteurs en tout genres, de toutes les nationalités, de tous les styles. Ça a dessiné et affiné son goût pour les arts de la scène. Hélas, une chose en entraînant une autre, il fréquente moins les salles de théâtre - voir des formes floues et obscures se promener dans un espace distordu ne l'intéresse plus, et le ramène trop à sa condition. 011. Depuis quelques semaines, il se déplace avec une canne blanche, apprend à lire le braille et fait réciter ses textes par un comparse évangélique, ou un enfant de chœur. Une chance qu'il connaisse la plupart des sacres par cœur.