(topic commun) let's rally together

Rhys avait trouvé ça drôle. Il était tout de même cocasse de retrouver ses péchés étalés sur les marches du congrès; une tapisserie grotesque et bizarrement sensuelle digne des extravagances de la Grèce antique. Un politicien de plus qui se faisait prendre la main dans le sac et qui devait à présent se repentir. La nouvelle de sa tentative de suicide avait, en revanche, bien refroidit Rhys. Ca n’était pas si drôle finalement. Et qui était-il pour se moquer de la misère d’autrui, lui qui dans ses pires heures avait trouvé refuge dans le fond d’une bouteille et aurait tout aussi bien pu finir dans une ambulance. Lui qui n’avait pas non plus supporté que son nom soit traîné dans la boue. L’offense et la portée de la chose étaient loin d’être comparable, mais tout de même. C’est bien pourquoi Rhys avait décidé de faire un geste. Une fois n’est pas coutume, il s’était rendu à la soirée pour apporter son soutien à la cause et non pour profiter de quelconque publicité. C’est habillé plutôt classiquement qu’il arriva sur les lieux. Une estrade avait été aménagée au fond de la grande pièce qui se voulait assez chaleureuse, les drapeaux arc-en-ciel et meubles confortables tranchant avec le style industriel de la bâtisse. Un DJ jouait une musique raisonnable dans le fond, accueillant les convives avant que les discours et autres monologues plein de passions ne commencent. Rhys n’avait jamais milité vocalement envers quoique ce soit dans sa vie, et il n’allait certainement pas commencer aujourd’hui. Il préféra se diriger vers le grand buffet, évitant de se faire reconnaître ou alpaguer dans la moindre conversation avant d’avoir les mains pleines.

Mary et ses idées, celles qu'elle était bien trop têtue pour laisser de côté, profitant du fait que son mari finissait toujours par accéder à ses demandes. Elle lui sortait toujours la même excuse : entretenir l'image de leur couple parfait et intègre. Une fois encore, Malachai avait cédé, l'accompagnant à cette soirée concernant l'affaire Fisher. Bien sûr qu'il savait qu'il était préférable qu'ils y soient vus ensemble plutôt qu'elle seule, mais ça ne l'avait pas empêché de tirer la gueule tout le long du trajet. La vérité était surtout qu'il se fichait pas mal des ragots et de ce que pouvait bien faire untel ou untel mais son épouse, elle, était bien plus craintive de ce qui pourrait leur tomber sur le coin du nez, à eux deux.

Arrivés à la soirée, lui vêtu d'un jean et d'une chemise -tous deux noirs- et elle, accrochée à son bras, portant une longue robe rouge, ils ne tardèrent pas à saluer les personnes qu'ils croisaient. Évidemment, Mary se montrait bien plus bavarde que le Californien qui s'excusa auprès des deux femmes avec lesquelles elle discutait pour se diriger vers le buffet. Un verre ne serait clairement pas de trop. Même plusieurs. Ses prunelles ambrées remarquèrent l'aîné Zimmer dans la foule. Pour l'envie de ne pas faire le moindre effort, il faudrait repasser. Chipant un verre au passage, il se dirigea vers le concerné. « Rhys ! Tu es là pour soutenir la cause ou c'est simplement le buffet qui t'as attiré ? » lança-t-il en un petit sourire de circonstances. Nul doute que cette soirée allait être longue, beaucoup trop.

La sélection qui s’offrait devant lui était assez satisfaisante pour que Rhys  et ses congénères pique-assiette puissent y trouver leur compte. Un coup d’oeil rapide dans la salle l’avait vite conforté sur un point : la majorité des personnes présentes étaient soit des âmes opportunistes à la recherche de nourriture gratuit, soit des gens de la haute venus faire bonne figure et gagner des points de sympathie. Il y avait, bien évidemment, une poignée de personnes vraiment animée par la cause qu’ils étaient censés tous supporter ce soir. Il ne réalisait qu’à présent l’ironie de sa présence ici si l’on en croyait la dernière rumeur qui circulait à son sujet : sa prétendue homosexualité. Rhys avait toujours été très à l’aise avec sa sexualité, merci beaucoup, et n’avait rien à prouver à personne. S’il aimait définitivement les femmes, il se moquait pas mal des rumeurs sur son compte. Ça ne serait ni la première, ni la dernière. Rhys faisait une razzia sur les mini-quiches lorsqu’une voix familière s’adressa à lui. Il se retourna – plus surpris qu’il ne devrait l’être - pour faire face à son beau-frère. « Quoi, ça ne peut pas être les deux? » rétorqua-t-il d’un air nonchalant avant d’avaler un énième petit-four histoire d’appuyer son propos. « Inutile de te demander pourquoi toi tu es là » continua-t-il d’un air amusé en regardant par-dessus l’épaule de son interlocuteur pour voir sa petite sœur charmer les invités. La jeune femme – sans doute la fierté de la famille malgré le parcours non négligeable de ses frangins dans leurs propres domaines –  était toujours la première lorsqu’il s’agissait de faire preuve de philanthropie, et elle réussissait à merveille à ne pas apparaître trop opportuniste. Qu’elle trimballe son mari à chacune de ces occasions n’était qu’une évidence.

J'ai invité Alicia a nous rendre à une soirée qui a lieu sur Downtown, j'en ai entendu parler à l'école de vétérinaire. Un de mes collègues y allait et du coup j'en ai profité pour en parler avec elle en me disant que ça pourrait me donner l'occasion de la voir et de passer un chouette moment en sa compagnie. Et elle a accepté pour mon plus grand bonheur.

Lorsqu'elle arrive je suis déjà là et je l'attends devant la fête, on s'embrasse sur la joue pour se dire bonjour puis elle me demande si on peut rentrer, j'acquiesce alors tout en la prenant par la main et je réalise qu'il y a un videur à l'entrée, je ricane alors tout en me tournant vers elle puis je sors deux cartes de ma poche.

« Tiens prends ça. Ce sont des fausses cartes. Je me dis qu'on pourra faire la fête correctement comme ça. Enfin si ça te va. » Je lui propose à l'abri des regards en souriant.

A elle maintenant de voir si ça lui convient et si elle veut se laisser porter par la fête ou alors si elle va faire la fine bouche ...

Un soufflement un brin amusé avait filé par le nez du Californien à la réponse du blond. Il était là pour les deux ? Vrai qu'il avait entendu cette rumeur qui avait été diffusée à son sujet -Mary le lui avait dit- mais même si elle avait été vraie, ça ne lui aurait fait ni chaud ni froid, comme les trois quarts des trucs qui se trouvaient dans ce fameux blog. Il chipa à son tour de quoi grignoter, arquant un sourcil aux nouveaux mots de Rhys. Un haussement d'épaule plus tard il balançait un simple « inutile en effet » qui illustrait parfaitement la raison de sa propre présence. Sa femme qui avait insisté, comme d'habitude, et son beau-frère le connaissait suffisamment pour qu'il n'ait pas à jouer au gars super impliqué devant lui. Pour autant, il adressa un sourire de circonstance à un type qui croisa son regard, prenant une gorgée de sa boisson. « Je m'attendais pas à te voir ici mais au moins ça me donne une excuse pour ne pas me mêler au reste de la foule » lança-t-il à son aîné alors qu'un peu plus loin, Mary venait de s'apercevoir que son frère était là, son regard témoignant qu'elle viendrait vers eux dès qu'elle ne serait plus tant alpaguée par le reste du peuple.

Lorsque j'arrive ma brune est déjà là et m'attendais visiblement avec grande impatience, je lui souris, la saluant, puis je lui tends deux cartes d'identité, une pour elle et une autre pour moi tout en lui demandant son point de vue et elle semble apprécier l'idée ce qui a eu le don de me faire sourire plus largement.

« Ravi que l'idée te plaise. » Dis-je joyeusement.

Je suis vraiment content et donc aussitôt nous nous dirigeons ensemble jusqu'au videur à l'entrée de la fête en lui montrant nos cartes et il nous laisse passer. J'ai évidemment vu que Alicia était un peu stressée lorsque nous avons passé le videur mais au final tout s'est très bien passé comme je l'espérais donc je suis content. Une serveur vient vers nous, nous proposant des coupes de Champagne ce que nous acceptons en prenant chacun une coupe sur son plateau puis il file vers d'autres personnes.

« Tout à fait d'accord avec toi. » Dis-je avec un sourire lorsqu'elle me dit sur le ton de la complicité que rien que pour ça nous avons bien fait de venir. « Tu veux qu'on aille manger un morceau ? Je crois voir de la pizza sur l'une des tables. » Je propose gaiment.

De toute façon quand il s'agit de bouffe je suis toujours le premier a foncer...

Malachai ne semblait pas particulièrement convaincu par son supposé support de la cause. Rhys ne pouvait pas particulièrement le blâmer, la vérité penchant plutôt du côté de son beau-frère. Il n’était pas insensible aux difficultés de ses concitoyens LGBT, mais n’avait jusqu’alors dans sa vie jamais utilisé sa plateforme pour les aider en quoique ce soit. Peut-être que la raison principale de sa présence – outre la nourriture gratuite, soyons sérieux – était la culpabilité finalement. Il haussa une épaule, peu embarrassé d’admettre qu’il n’était pas plus philanthrope que d’autres. Rhys esquissa un sourire amusé à la réponse de Kai. Cela le titillait de se moquer légèrement de la manière dont sa petite sœur semblait mener à la baguette son mari, mais ça n’était pas tout à fait exact. Ils étaient une équipe, le genre qui se respecte et qui marche ; le genre qui paraît improbable pour un cynique de la vie de couple comme Rhys. « J’te jure, vous êtes meilleurs acteurs que moi » taquina-t-il en voyant sa sœur faire le tour des convives tel un politique en pleine campagne de séduction. « Ravi de servir de prétexte dans ce cas » railla-t-il en buvant une gorgée de sa boisson. « Ca m’évite aussi d’être alpagué par n’importe qui pour le moment » concéda-t-il. Il fut momentanément distrait quand une paire de jeunes gens s’approcha du buffet près d’eux. Rhys aurait pu leur donner quinze ans chacun dans sa plus grande mauvaise foi, si bien qu’il s’amusa des regards furtifs et enthousiastes qu’ils échangeaient. Des mineurs ; il en mettrait sa main à couper. « Vous avez l’âge de boire ça ? » coupa-t-il en désignant leurs coupes d’un signe de tête. Il s’amusait juste à faire le relou, bien trop désintéressé et pas assez hypocrite pour dénoncer des jeunes aux portes des vingt-et-un ans avec un simple verre de champagne.

@Malachai I. Kaines @Alicia Jímenez @Skye Danvers