Liberty means responsibility. That is why most men dread it. ✻ Alicia

Derrière la grande baie vitré, la ville de Washington arrivait dans son zénith, un couché de soleil aux teintes pastel, offrait une vue splendide, mais le jeune Howden ne posait même pas son regard sur celui-ci. Attarder une attention quelconque au paysage lui ferait simplement perdre son temps. Le temps c’est tout simplement signe d’argent et c’est bel et bien pour cette raison qu’il n’a jamais réussi à démordre de son boulot. Les heures s’accumulaient de plus en plus, le privant d’une vie personnelle, mais il ne s’en ait jamais plein. Bien au contraire, celle-ci lui a toujours convenue ainsi. Il avait pourtant déjà donné dans les sentiments, une fois, peut-être deux, mais à chaque fois, il se voyait en train de se faire consumer. C’est alors qu’il était devenu ce workholic, cet homme qu’on peinait à voir autre part qu’à son bureau, très peu disponible pour aller boire un verre. Une fois au restaurant, c’est derrière une montagne de papier ou derrière son écran qu’il pouvait passer son repas, toujours accompagné de lui-même. Il avait cherché le pouvoir et pour l’obtenir il avait tiré un énorme trait sur toute sa vie personnelle. Un grand damne pour certaine personne de son entourage, mais ce n’était pas lui qui s’en souciait. Poussant un soupir, il refermait un dossier où il avait apposé sa signature tout en bas de divers documents. Son regard se posait sur l’heure qu’affichait le cadran décoratif qu’il avait un jour posé sur son bureau sans jamais le retirer, mais qui n’avait pas grand intérêt pour lui. Personne pour l’attendre chez lui. Il avait envie de rester, de continuer avec cet acharnement son boulot, mais il devait bien desserrer la bride. Son frère, Nash, lui rappelant sans cesse qu’il finirait par se tuer à la tâche s’il continuait ainsi. Venant de l’ainé Howden c’était presque un exploit, Nash n’était pas bien différent de son cadet. Tout aussi bourreau de travail, il n’y avait que leur méthode pour les différencier. Nash le noble, l’honnête et Rhett l’escroc, le perfide. Ils avaient beau avoir la réputation d’être des requins, Rhett mordait davantage et bien plus fort dans le dos de son frère. Et aujourd’hui, il commençait à en payer le prix, il sentait l’étau se refermer sur lui et il devait prendre de la distance, se tenir tranquille jusqu’à ce qu’on l’oubli un tant soit peu. Plus facile à dire qu’à faire. Ses squelettes dans le placard étaient plus que nombreux et c’était peu dire. Si quelqu’un ouvrait ce dit placard, c’était ensevelit qu’il finirait avant de découvrir des choses où juste que le brun était prêt à aller pour arriver jusqu’à ses fins, jusqu’au pouvoir et au sommet. Si l’acceptation de pot de vin avait été la seule chose qu’il pouvait faire. Son regard déviait de l’horloge pour se poser sur son portable où il pianotait avec rapidité son code en s’assurant qu’il ne soit pas vu. Il avait toujours cette petite manie de vérifier, une peur qu’on le découvre, qu’on entre dans son arme la plus grosse et puissante qu’il possédait : son ordinateur. Il laissait ses yeux balayer l’écran, quelques clics, quelques mots tapés sur son clavier et il fermait le tout, prenant la résolution de rentrer un peu plus tôt chez lui qu’à son accoutume. Il remballait le tout, avant de sortir de l’immeuble s’allumant sa première cigarette depuis des heures. Aspirant une latte de sa clope, il se sentait immédiatement reprendre vie. Il offrait une bouffée d’air à ses poumons, polluée et nuisible pour sa santé, mais qu’importe. D’un signe de la main, il halait un taxi qui s’arrêtait devant lui. Assis à l’arrière du véhicule, il donnait sa destination en posant son regard sur son portable. Il avait manqué quelques appels, rien pour lui qui semblait urgent. Le numéro de sa mère. Celui d’Isobel. Tout ce qui avait de plus banal dans sa vie, mais au moins en gardant son regard plongé sur son portable ça lui évitait de parler avec le chauffeur. Une chose qu’il déteste par-dessus tout. Il a toujours eu en horreur d’entretenir une conversation qui se déroule bien souvent à sens unique. Il se sent obligé d’écouter, alors qu’il n’en a tout simplement pas envie. Il se sent obligé de répondre, alors qu’il n’a rien à dire. Le portable était donc sa meilleure évasion. Il payait sa course, se dirigeant vers son immeuble où il franchissait les portes d’entrer avant de gravir les étages pour se rendre jusqu’à son appartement. Il sortait de l’ascenseur lorsque son regard se posait sur une silhouette. Pas bien grande et de dos, il n’avait pas la moindre idée de qui pouvait être cette personne, mais c’est devant sa porte qu’elle se tenait. Il approchait et lorsqu’elle posait son regard sur lui, sa vision lui fit un sale tour : « Mau… » Mais la jeune femme n’avait rien de son ex, pourtant la ressemblance lui avait semblé frappante à cet instant. Une question de génétique sans doute, puisque ladite demoiselle n’était autre que benjamine Jimenez. « Alicia ? Qu’est-ce que tu fais ici ? » disait-il en sortant les clés de chez lui de la poche de son manteau.  

Alicia avait fait une connerie, et malgré sa pleine conscience de cela, elle ne voulait pas se l'avouer. Inconsciemment, c'était bien plus fort qu'elle. Non, elle n'était pas en tord. Elle pouvait bien faire ce qu'elle voulait de sa vie !  C'est ce qu'elle se répétait en boucle depuis tout à l'heure. Sa soeur Maureen l'avait trouvé en train de fumer avec des potes, non loin de son lycée, et ça avait été le drame. Elle avait bien tenté de désamorcer un peu la situation, de lui faire comprendre que ce n'était pas grave : rien n'y faisait. Mau restait dans son optique que ça risquait de la tuer et ne voulait rien savoir. Sans doute avait-elle raison. Avec son asthme c'était bien une pure connerie de se mettre à fumer. Mais elle avait seize ans, des rêves pleins la tête et les hormones en ébullition. Alors, évidemment qu'elle avait dit oui à ses amis pour fumer, elle n'allait quand même pas se dégonfler devant eux. Maureen l'avait ramené chez elles puis était repartie travailler. C'était tant mieux, parce qu'Ali ne lui adressait plus la parole. Son caractère changeait de plus en plus et la jeune adolescente s'affirmait. Elle qui avait toujours eu un caractère doux et docile, ne se laissait plus faire désormais. En pleine crise d'adolescence, elle se permettait parfois de répondre à sa soeur, qui était bien la seule famille qui lui restait. Sa mère, elle la voyait rarement depuis que les services sociaux lui avait retiré sa garde, et sa soeur, Sofia, avait préféré se barrer loin d'elle. Sûrement qu'elle était un problème pour elle. Mais Mau, c'était un peu toute sa vie. Elle l'admirait tellement même si ça, jamais elle ne lui avouerait. Tout comme le fait qu'elle en pinçait pour son ex, Rhett. Du coup, quand celle-ci était repartie travailler, Alicia resta un temps assisse sur le canapé, comme en train de bouder. Puis, elle eut l'idée de sortir et d'aller voir quelqu'un, quelqu'un qui devrait la comprendre et la soutenir, normalement. Cette personne qui l'avait vu grandir et savait par quoi elle était passée. C'est donc naturellement qu'elle se remaquilla un peu, s'aspergea de parfum, prit son sac et ferma la porte d'entrée. Elle prit le bus, direction Downtown, où Rhett vivait. Elle espérait qu'il soit chez lui, parce qu'elle n'aurait pas vraiment le courage de faire chemin arrière tout de suite. En arrivant devant la porte de son appartement qu'elle connaissait bien pour y être allée plusieurs fois, elle sonna une fois. Deux fois. Une troisième fois. Il n'était pas là... Et merde, elle n'avait plus qu'à repartir. Alors qu'elle le maudissait, elle entendit quelques pas derrière elle. Elle se retournait et Rhett était là. Il l'appela d'ailleurs par le prénom de sa soeur, avant de se rattraper et de lui demander ce qu'elle faisait ici. « Je peux rester un peu chez toi ? » Ce n'était même pas vraiment une question. Il ne pouvait quand même pas lui dire non, si ? Et elle le regardait et elle le trouvait quand même tellement beau ! Elle rentrait en même temps que lui dans son appartement. « Je me suis engueulée avec Mau. » Et ce ton, sous entendait "je n'ai plus envie de la voir". Vraiment pas. Complétement contradictoire puisque c'était aussi la seule personne indispensable à sa vie. Elle était venue ici, comme si Rhett pouvait avoir une solution pour elle. Sa soeur se tournait toujours vers lui quand elle avait un problème, alors c'était naturellement qu'elle avait fait de même.

Si Rhett se retrouvait peu présent pour son ex, préférant faire passer leur petite entente avant autre chose, il lui arrivait d’ouvrir sa porte à la benjamine. Il ne pouvait dire pourquoi, plus d’une décennie les séparaient, ils n’avaient rien en commun, mais comme Mau, ils venaient du même quartier, de la même merde. Il pouvait tendre la main à ces gens qu’il avait vu grandir. Clés entre ses mains, il s’approchait de sa porte, posant son regard verdoyant sur l’adolescente. D’un haussement d’épaule, il s’adressait à elle : « Hum… Si tu veux. » Loin d’aimer la compagnie, quelques heures ne pouvaient pas le tuer et puis il n’aurait qu’à la mettre devant un film s’il voulait être tranquille, comme s’il s’agissait d’un enfant devant qui il se tenait. Ouvrant la porte, il déposait sa serviette près de la porte, fermant celle-ci après que la brunette l’ait suivi à l’intérieur. Il était en train de retirer son manteau de ses épaules lorsqu’elle parlait de nouveau. S’engueuler avec sa sœur, c’était une chose courante entre sœur ou entre frère, mais il savait que c’était qu’une passade. Déposant son manteau sur la patère, il entrait dans son appartement. « Et pourquoi vous vous êtes engueulées ? » demandait-il en réutilisant les mots qu’elle avait elle-même dit. Il s’attendait à une broutille, quelque chose sans grosse conséquence, mais qui pouvait sembler si terrible aux yeux d’une adolescente. Combien de bêtise Maureen et lui avaient faites à l’âge d’Alicia ? Il n’en faisait plus le compte – peut-être parce que des bêtises ils en faisaient toujours autant. Seulement, il ne savait pas plus que cela ce que pouvait bien faire Maureen, en six ans, ils ne se voyaient que pour parler affaire. Elle lui donnait des informations qui lui servait à avoir un avantage quelconque sur ses adversaires. Et des informations, il en avait amassé depuis les années, des têtes il en avait fait tomber et c’est toujours sans scrupule qu’il le faisait. Mais leur relation se résumait à cela, ni plus ni moins. Il avait pourtant essayé de lui faire comprendre qu’il espérait à plus, mais elle avait toujours refusé de donner plus. Un coup dur, lorsqu’on sait qu’il l’a toujours aimé, il n’a même jamais cessé, mais il s’est donné une raison. Ses sentiments, il les noie dans son boulot. Il posait son regard sur Alicia. « Fait comme chez toi. » disait-il avant de poser son regard cette fois sur l’horloge au mur. L’heure du dîner était passé depuis quelques temps, tout du moins si on mange tôt. Ce qui n’était jamais son cas, mais qui ça pouvait bien déranger l’heure à laquelle il pouvait manger ? « Tu as déjà dîner ? Parce que si c’est pas le cas, je peux nous faire quelque chose. Je dois bien avoir quelque chose dans mon frigo. Sinon, on peut toujours se faire livrer. » Il offre cela puisqu’il ne savait pas trop quoi faire avec elle et il ne comptait pas lui tenir la main. Et puisqu’il n’avait pas manger autant faire deux pierres d’un coup !

Aller se réfugier chez Rhett avait presque été comme une évidence pour Alicia. Dans sa vie, elle avait peu de personnes de confiance. Elle avait Maureen, elle avait Sofia, qui était loin, et puis elle avait Rhett. Cette homme qu'elle connaissait depuis sa naissance, il y a seize ans. Il avait pratiquement toujours été dans sa vie, et même si elle avait bien conscience que pour lui, elle n'était que la soeur de Maureen, elle se disait qu'elle devait quand même un peu compter pou lui. Il n'avait pas l'air spécialement enchanté à l'idée qu'elle passe un peu de temps chez lui, mais il ne lui avait pas dit non, alors la jeune fille entra dans son appartement. « Merci. » Elle reprit ensuite la parole pour informer son hôte qu'elle s'était engueulée avec sa soeur. Ce qui expliquait sa présence ici. Rhett lui demanda pourquoi. Ali eut un peu honte de lui dire. Il connaissait sa maladie, il connaissait Maureen, et il saurait qu'elle avait eu raison de s'emporter ainsi. Parce qu'elle avait eu peur. Peur pour elle.« Hum... Parce qu'elle m'a surprise en train de fumer. Et qu'elle a cramé que c'était pas la première fois... » Et leur engueulade était parti plus loin que d'habitude. Alicia s'était senti infantilisée et Maureen s'était vraiment emportée. Elles étaient rentrées à la maison et Alicia avait attendue que sa soeur reparte travailler pour sortir. Elle ne  pouvait pas rester là bas, elle ne voulait plus la revoir. La jeune adolescente espérait que Rhett la comprendrait et serait plus de son côté que de celui de sa soeur. Mais Maureen avait sûrement raison quand elle lui disait que ça aurait pu la tuer. Avec son asthme, fumer était proscrit. Alicia le savait, mais elle avait quand même eut envie de tester, envie de se sentir pleinement adolescente et envie de faire la même chose que ses potes. On ne pouvait pas lui en vouloir pour ça, si ? Elle suivait Rhett, puis prit place dans le canapé, fort confortable d'ailleurs. Elle ne le lâchait pas des yeux. Parce qu'il était beau, mais aussi et surtout parce qu'il n'y avait que lui dans cet appartement. Il lui indiquait de faire comme chez elle, -ce qu'elle avait déjà plus ou moins fait- et lui demandait également si elle avait dîner. « Non, je n'ai pas mangé. T'es sûr que ça te dérange pas ? » C'était un peu tard pour lui demander cela, puisqu'elle ne comptait pas vraiment partir. Pas tout de suite en tout cas. Quand Maureen allait rentrer chez elles et se rendre compte que sa soeur n'était pas là, ça allait être le drame. Ali espérait qu'elle n'aurait pas l'idée de venir la trouver ici.