lilith ✿ always a foot in the past.

Anecdotes :
(un) Née le 4 avril 1995 à Londres sous le prénom originel Dottie Mc Carthy, notre Lilith était entourée d'une merveilleuse famille. Un père écossais, Awen Mac Cárthaigh, à l'époque remis au goût de l'Angleterre en Mc Carthy. Mais aussi d'une Maman, Erin Mc Carthy, épouse d'Awen. Suivait alors, le premier enfant, Curtis qui possédait le même nom. L'écart des deux enfants était de cinq années, enfin, lorsque les deux avaient encore l'occasion de se voir.

(deux) Dottie, était promise à un bel avenir dorée et joyeux. Tout semblait parfait, la famille Mc Carthy possédait une grande richesse, grâce à de nombreux projets de constructions et évidemment, pas mal de résidences pour l'élite de la ville.

(trois) comme trois ans. C'est l'âge où la vie de Dottie se mit à être chamboulée. À cause d'une jalousie excessive, et l'immense projet de détruire le bonheur de la famille Mc Carthy, la soeur d'Erin se mit en tête de voler la petite dernière. Lors d'une garde totalement banale, comme tous les mardis, la sœur et tante de Dottie vint à abandonner l'enfant de seulement trois ans aux portes d'un orphelinat, promettant une grosse somme d'argent si l'enfant était envoyé loin de Londres, ainsi que changée de son identité.

(quatre) c'est alors qu'une jolie petite rouquine vint apparaître dans le petit orphelinat de Palerme, sous la nouvelle identité Lilith Fielding, âgée d'à peine trois ans. A l'époque, tout le monde pensait que la rouquine trouverait rapidement une famille, de part sa beauté, mais un mystère planait au dessus de la petite, seule une personne connaissait la vérité de la petite Lilith, et elle avait l'ordre de refuser toutes les familles d'accueil ou d'adoption voulant prendre l'enfant.

(cinq) nous faisons un bond en avant, hors du passé inconnu de Lili. Tu es désormais une enfant âgée de bientôt neuf ans, tu as beaucoup de mal à comprendre la raison de ton séjour interminable dans cet orphelinat. Tu vois partir tes amis, ils te promettent tous de continuer à t'envoyer des lettres, mais tu n'en as jamais reçu. Si plus jeune, ta bouille angélique faisait craquer tant de monde, aujourd'hui, tu es une rouquine garçon manqué et rebelle. Pourtant, l'orphelinat est très bien, tu devrais t'y sentir bien avec le personnel plus que gentils. Mais non, tu es une sale gamine, qui fuit tous les trois jours pour sortir hors du périmètre obligatoire. Bien sûr, à chaque fois ils te retrouvent, tu vas simplement t'asseoir dans un parc. La Villa Bonanno, tu aimes y aller parce-qu'il y a toujours du monde, et il y a pleins d'oiseaux. Au final, tu es presque sûr que le personnel te laisse fuir, puisqu'ils sont certains de te retrouver, et tu coopères à chaque fois pour rentrer.

(six) tandis que les jours passent, nous sommes le quatre avril 2004, et ta fidèle amie vient de partir de l'orphelinat. Tu es triste, tu t'enfuis de nouveau au parc, pour oublier cette journée, censée être joyeuse. Tu vois toujours des enfants se balader avec leurs parents, tu rêves secrètement d'une vie équilibrée, mais tu n'as que neuf ans, tu n'arrives pas à assimiler tous tes sentiments. Mais lors de cette journée, à part la tristesse infinie, c'est surtout la date de ta première rencontre avec un homme, plus vieux, tout juste majeur. Pourquoi lui, sincèrement, tu ne sais pas. Mais avant Keith, fuir pour aller au parc était simplement pour fuir. Depuis sa rencontre, ta première intention était de tenter de le retrouver. Ce n'était pas facile, mais plusieurs fois, tu auras pu le retrouver. C'était comme être une enfant normale. Tu lui mentais, sur tout et n'importe quoi. Tu te vantais d'avoir des parents géniaux et "cool", que tu pouvais rester plus tard que toutes tes copines, ou encore le fait d'avoir une grande sœur. Clairement, ça se sentait que tu mentais, mais tu n'avais pas conscience de ça. En y repensant, il avait au moins la gentillesse de t'écouter, toi, ennuyeuse rouquine aux cheveux emmêlés, jogging sale et parfois même troué aux genoux. Il t'écoutait, et tu aimais ça.

(sept) Il y avait une chose que tu appréciais plus que tout à l'orphelinat, et qui réussissait à te garder une après-midi entière dans l'établissement sans t'ennuyer ou t'enfuir, c'était le tir à l'arc ! On t'avait fait commencer en septembre, avec deux autres enfants, tu t'étais de suite démarqué de part ton aisance à tirer et ne jamais rater ta cible. Rares fois, tu ne touchais pas l'objectif, tu semblais totalement neutre dans ses moments-là, tu contenais tous tes sentiments. Tandis que les autres enfants de ton âge, avaient tendance à s'énerver ou pleurer, tu étais exceptionnellement calme. Tu étais une enfant chanceuse, que de pouvoir exercer des sports, très certainement grâce à la contribution de ta très chère tante, mais tout ça, tu n'en avais pas conscience. Tu exerçais en parallèle l'équitation, mais comme toujours, tu te démarquais en faisant du polo et du horse-ball, ou encore (peu étonnant) du tir à l'arc à cheval. Avec la natation en plus, tu n'avais pas vraiment le temps de penser à une adoption, c'était d'ailleurs la seule façon qu'avait trouvé le personnel, de te sortir de ta chambre et ne pas rester sur ton lit à lire seule. Ou fuir de l'internat.

(huit) Il fallait bien qu'un jour tout s'effondre, enfin une bonne partie. Tu t'étais enfin faite "un ami", le gentil Keith. Même si votre différence était grande, que ça pouvait être embêtant pour lui de s'afficher avec une gamine de dix ans, il n'avait jamais fait attention aux messes basses des inconnus du parc. Il devait repartir chez-lui, tu avais simplement appris à cacher tes sentiments, acceptant presque religieusement la nouvelle, souhaitant de façon mature, une bonne continuation. Tu souhaitais évidemment qu'il reste, tu t'amusais bien à ses côtés, ça rendait ton temps moins long, tu rigolais toujours à ses côtés. Tu devais à tout prix le suivre. Tu étais trop jeune, mais tu avais dans un coin de ta tête, cet objectif. // Deux années de réflexion intense, deux longues années. En rencontrant un gang de rue, très accueillant malgré les gueules cassées de la plupart de ses membres, ils t'ont conseillé et aidés pour trouver un petit job. Tu n'avais que douze ans, mais tu avais une maturité d'une jeune fille de quinze, voir seize ans. Enfin, tu arrivais avec quelques mensonges de plus, à duper les gens. Ton premier travail était ingrat, et tu ne devais pas le dire au personnel de l'orphelinat. Trois fois par semaine, tu te faufilais de l'internat, pour aller dans le centre de Palerme, tu nettoyais le restaurant d'un cousin, d'un membre du gang. Ce n'était pas fortement payé, mais c'était pour toi le seul moyen d'économiser pour rejoindre Londres, pays que tu ne connaissais pas, bien qu'inconsciemment, c'était ton pays de naissance.

(neuf) En une année, tu avais enfin réussi à mettre suffisamment de côté. En trois années, tu avais mis en place un plan fabuleux. Aidé de ses gentils messieurs du gang de rue, tu devais t'échapper de nuit pour rejoindre le centre-ville. La même nuit, tu partais en voiture pour rejoindre Messine et son port, pour rejoindre le côté avoisinant, toujours en Italie. De là, tu savais que tu avais minimum trois jours pour rejoindre Londres, entre voiture et ferie. Tu quittais enfin l'Italie, en priant fort que tout se passe à merveille. Pour une enfant têtue de treize ans, c'était de grandes vacances, de nouveaux paysages. Tu quittais ta terre, pour retrouver Keith et honorée ta propre promesse. Il était le seul en qui tu avais confiance, même si tu avais conscience que dans la vie, il fallait ouvrir son cœur à plus de monde pour être aidé. Italie, France et enfin, L'Angleterre. Après un long trajet, épuisant, tu n'avais plus un sou. Tout était parti en fumée pour la traversée. Il te restait quelques pièces prévues, pour te loger deux soirs dans un hôtel délabré, mais suffisamment réconfortant et douillet. Tu n'étais pas encore prête à affronter la rue, et la personne qui jusque-là t'avait aidé, ne pouvait plus rien faire sur le sol anglais. Si ce n'était un câlin d'encouragement et très certainement un adieu. Tu l'avais regardé de la chambre d'hôtel, partir. Le monde était terrorisant, mais tu avais fait ce choix, c'était une destinée, tu en étais sûre.

(dix) L'horloge de la ville sonnait treize heures, c'était aussi l'heure pour laquelle tu devais quitter ta chambre, où tu t'étais installée pour deux jours. En sortant du vieil hôtel, la première impression qui te vint à l'esprit était... "Cette ville est belle" et pourtant, au fond de toi, tu avais peur, car tu savais pertinemment que tu avais devoir dormir dehors. La première nuit, avec un peu de ruse, tu avais réussi à dormir dans la cage d'escalier d'un immeuble tout aussi vieux que l'hôtel. La nuit avait était courte, tu avais dû fuir en courant au petit matin, à cause de l'homme de ménage du dit immeuble, qui t'avait menacé d'appeler la police. Heureusement, tu avais des notions de la langue fabuleuse de Shakespeare, ça pourrait un peu t'aider pendant ta recherche intense. La troisième journée à Londres, fut la plus intense. Tu avais marché longtemps, tu avais perdu ton petit sac avec tes quelques affaires, tu avais failli plusieurs fois te faire renverser par des adultes le nez sur leurs téléphones. Mais tu étais toujours vivante, c'était le plus important. Et tu avais eu raison de persister ! Tu n'avais pas encore atteint ton but, mais tu avais reçu en cette troisième journée, l'aide d'une jeune fille, d'à peu près ton âge. Au départ, elle t'avait proposé de la suivre, pour voir si c'était possible de dormir chez-elle avec sa famille. Tu avais baragouiné des excuses, mais elle avait finit par comprendre après une longue discussion, ta situation. Grâce à cette fille, au doux prénom d'Elizabeth, qui une fois sortit de la bouche de celle-ci, raisonnait comme une chanson, tu avais étais aiguillée vers un centre pour sans domiciles fixes. Elle t'avait donné une adresse et un numéro de téléphone, au cas où, pour la joindre. Elle était repartie par la suite, comme un ange. Merci Elizabeth pour cette aide si précieuse.

(onze) Grâce à cette précieuse aide, tu avais pu te relever. Avec l'aide de bénévoles, tu savais que tu pouvais dormir tous les soirs dans le centre, et par du bouche à oreille, tu avais obtenue ton (second) premier job à Londres ! Cette fois-ci, il n'était plus question de nettoyage et de tâches ingrates, tu devais simplement aider au rangement des livres dans une librairie très âgée, l'odeur et l'ambiance du lieu t'émoustillait, tu te sentais presque comme chez-toi. Le gérant et sa femme étaient d'une infinie gentillesse, et te donnaient toujours un peu plus discrètement, pour t'acheter chaque mois quelque chose pour toi. Parfois, c'était un nouveau vêtement, une autre fois, c'était un bon petit repas au snack du coin, c'était le grand luxe pour toi. Tu étais simplement heureuse de pouvoir te doucher tous les soirs, dormir dans un endroit chauffé, travailler avec deux personnes adorables. Mais au fond, tu avais envie d'abandonner. Tu n'étais pas loin de quinze ans, et tu n'avais pas la moindre piste pour retrouver Keith. Enfin, c'est ce que tu pensais... En plus de ton petit emploi à la librairie, tu avais réussi à avoir deux autres petits job, en toute illégalité, tu vivais constamment dans les problèmes, mais tu savais qu'un jour la chance tournerait pour toi. Le premier emploi, était dans une poissonnerie, tu devais aider à vider les poissons du jour, à la chaîne avec deux autres employés. Bien sûr, ça te dégoûtait, mais ça payait franchement bien pour de l'argent au black. Le second, était un peu plus difficile mentalement, tu avais très honte d'ailleurs. Deux soirées par semaine, tu travaillais pour satisfaire les fantasmes de vieux dans un club aussi vieux que ses membres. Encore une fois, tu avais dû mentir. Tu avais annoncé pour âge, dix sept ans, promettant le fait que la majorité n'était pas loin. C'était évidemment faux : tu allais fêter tes quinze ans. Mais tant que tu n'avais pas ses fameux dix-huit ans, tu savais que tu devais seulement offrir de jolies vues à ses hommes, tu n'avais pas à aller plus loin. Tes rêves la nuit, se mêlaient, et un même cauchemar revenait. La peur au ventre d'être dévorée par ses hommes et te perdre dans un néant.

(douze) Grâce à une petite annonce, tu avais pu trouver une collocation dans un appartement pas franchement grand, mais terriblement douillet. L'homme qui vivait dans cet appartement s'appelait Franck, il arrivait presque sur la soixantaine, et était un chic type. Il était l'une des rares personnes, à connaître toute la vérité, ou du moins ce que tu en disais. Tous les soirs, quand tu arrivais exténuée de tes divers jobs, tu pouvais retrouver une ambiance familiale. Le week-end, c'était commande de plats préparés et marathon de films jusque très tard, ou plutôt jusque très tôt le lendemain matin. La semaine, Franck travaillait chez un dentiste réputé de la ville, il effectuait un peu toutes les tâches qu'on lui donnait. Il avait tendance à te dire qu'il s'en fichait du salaire, puisqu'il était heureux d'aller travailler pour un homme aussi gentil et droit que le dentiste. Derrière tout ça, il t'aidait à chercher ce jeune homme que tu tentais de retrouver, éperdument. Tu ne savais même pas si un jour, tu réussirais à le trouver, mais tu continuais, tant qu'il y avait de l'espoir.

(treize) Et puis un matin, Franck pourtant toujours joyeux d'aller travailler, ne put y aller. Il était étendu dans son lit, très sage, presque un sourire ravi, ce foutu sourire qu'il avait tous les matins en te préparant un petit-déjeuner avant d'aller en sifflotant et chantonnant, au travail. Mais ce matin, Franck n'irait pas travailler, car il avait rejoint les portes tant admirées par les hommes, celles du Paradis. Tu n'avais que quinze ans, tu n'avais jamais vécu une mort aussi tragique, et encore moins un cadavre. Quand la vie semblait soudainement joyeuse, c'était presque une obligation que quelque chose vienne tout gâcher. Tu avais dû fuir de l'appartement, car la police qui était sur les lieux, avait pris contacte avec les services sociaux, qui avaient trouvé un avis de recherche datant de quelques années déjà, de l'orphelinat italien. Tu avais dû fuir, parce-que tu n'avais pas réussi à acheminer ta quête. Franck, merci pour ton soutien, repose en paix, je vais retrouver Keith.

(quatorze) Pendant quelques jours, voir quelques semaines, tu avais dû trouver une solution pour te "loger". Vu ton âge, tu avais cette chance de pouvoir dormir de temps à autre à l'organisme pour les sans domiciles fixes. Mais à cause de tes horaires tardifs, la plupart du temps, il n'y avait plus de place ou l'accueil était fermé. Donc tu passais le trois quart de ton temps à dormir dans la rue, cherchant toujours les endroits les plus sécurisés. Fort heureusement, tu avais réussi à négocier avec l'un de tes patrons, de te retenir une part de ton "salaire" pour te laisser dormir dans l'établissement la nuit, tu avais promis de ne pas faire de problèmes et que ça resterait temporaire. Tu as alors à ce moment-là, dix-sept ans et toutes tes dents. Mais surtout, tu avais promis de rester temporairement à dormir dans l'établissement.

(quinze) Un matin, très tôt, un petit miracle s'était enfin abattu sur ta vie. Alors que tout semblait être morose et sans grand intérêt, tu avais fini par perdre espoir et oublier totalement ton réel but à Londres. Après une nuit au club, tu devais prendre le premier horaire au poissonnier. Qui dit le premier horaire, dit nettoyage des poissons, mais aussi vente. Ce que tu détestais, c'était de devoir faire face aux clients réguliers, au courant de tous les petits ragots. Tu avais forcément peur qu'un jour un client te voit au club ou inversement, tu vivrais très mal la situation. Les lèves-tôt enfin partis, venait le grand creux, c'était le moment où la clientèle était basse, voir presque inexistante. Tandis que tu étais occupée à ranger les "nouveaux" poissons sur la glace, dans la vitrine, ton prénom raisonne doucement dans la boutique. Tu es seule, et tu te démarques forcément avec ta chevelure rouquine, dans un environnement très claire. Tu lèves les yeux et tombes nez à nez sur Keith. Il y a de ça deux ans, tu aurais fait une danse de la joie, tu aurais fini par pleurer. Mais peut-être que la vie t'avait épuisé, traîné dans les emmerdes et montré les atrocités de ce bas monde, pour que tu te rendes enfin compte à quel point tu étais imbécile. Mais tu souris à l'homme, et vous convenez alors d'un rendez-vous pour discuter ensemble. Car ça fais longtemps, la dernière fois, c'était il y a sept années.

Alors, tu bloques une après-midi pour le voir, profiter un peu de discuter avec lui. Si en arrivant à Londres, tu étais prête à lui expliquer ta venue en Angleterre de manière rapide, aujourd'hui, il en était autrement. Réservée, tu avais finis par sortir une connerie, mentant encore et toujours à Keith. Mais, au fur et à mesure de la discussion, tu apprends à connaître le nouveau garçon, similaire et pourtant totalement différent du Keith de dix-huit ans. Tu apprends simplement à l'apprécier avec de nouveaux yeux, de nouvelles idéologies, une certaine maturité. C'est peut-être l'euphorie de la rencontre, mais tu te retrouves à quelques centimètres de ses lèvres, prête à l'embrasser pour lui témoigner un sentiment que tu ne connais pas, mais un réflexe et une envie, un besoin de pouvoir l'atteindre autrement que par la parole.

Sans vraiment comprendre, il recule. Tu te sens mal à l'aise, et tu finis finalement par apprendre qu'il connaît tous tes mensonges. Une vague de mal-être vient t'envahir, tu finis par jeter quelques pièces sur la pièce pour la boisson, avant de partir sans te retourner. Honteuse de ne jamais avoir pu lui expliquer le pourquoi, de tous ses mensonges, tu préfères abandonner ton but. Tu ne peux plus lui expliquer tout ça, tu ne te sens pas capable en vérité de lui afficher une mauvaise partie de toi-même, cette foutue zone noire dans ta vie. S'il savait.

(seize) Soudainement, tout se bouscule dans ta vie à la suite de cet incident. Tu apprends que tu as une tante pas loin de Washington, aux portes même de la ville. Elle veut que tu la rejoignes, après mûre réflexion, tu acceptes, car elle connaît peut-être tes parents, tu veux lui faire confiance. Tu lâches tout, tes jobs, toutes tes économies passent dans le billet pour rejoindre l'Amérique. Tu as pu dire au revoir à Elizabeth de manière pas franchement sympathique, tu es partie vraiment très vite. Tu lui as juste envoyé une lettre à l'adresse qu'elle t'avait donné, il y a de ça quelques années. En espérant qu'elle n'est jamais déménagée depuis le temps. Tes quelques affaires dans la valise, une dernière bise et de derniers câlins aux propriétaires de la librairie, tu ne te retourneras jamais en arrière, pas même à l'aéroport. Peut-être que tes rêves de jeunesse, étaient inaccessibles. Tu devais oublier définitivement Keith et avancer.

(dix-sept) En arrivant chez ta tante, tu te rends compte que ce n'est pas aussi joyeux que tu l'avais pensé. Elle ne veut pas répondre à tes questions sur la famille, l'ambiance qui y règne est étrangement dérangeante, mais tu mets ça sur le compte de l'inconnu, après-tout, et d'après ses dires, tu as étais kidnappé quand tu avais trois ans, et ils ont fini par perdre espoir de te retrouver. Tu trouves bien évidemment tout ça bizarre, mais tu te comprend un peu mieux la situation, l'orphelinat, le fait que tu ne sois jamais adopté... Tu te mets à douter soudainement d'eux, te demandant tout de même pourquoi toi, et pas une autre. Tu finis par lâcher l'affaire et aider ta tante financièrement en travaillant dans une grande chaîne, reconnue pour ses boissons et ses prénoms sur les gobelets.

(dix-huit) À tes dix-huit ans, tu apprends par un coup de fil chez ta tante, que tes parents sont décédés de ça quelques temps, et puisque tu avais était retrouvée, tu devenais la principale héritière d'une fortune impressionnante. Tu n'arrives simplement pas à y croire, tu n'auras donc jamais connu ses personnes, mais c'est au notaire, que tu apprends enfin l'identité de ses deux personnes, et c'est au cimetière que tu visionnes pour la première fois et découvres leur visage. Tu n'arrives pas à pleurer, sûrement le contre coup, l'impuissance de n'avoir jamais pu les connaître. Mais une part de toi se dit, que tu es enfin débarrassé de cette ombre, qui tiraillait tes entrailles.

(dix-neuf) Dès le lendemain, ta tante devient soudainement bizarre. Elle te demande de faire un testament, t'explique qu'il faut le faire à tout prix, en cas de problèmes. Qu'elle doit être dessus, qu'elle est prête à t'aider. Tu ne sais pas pourquoi tu sens simplement très mal la situation. Et tu avais raison, un matin, tu te réveilles soudainement suffoquant, la gorge nouée de ses deux mains. Son regard est vide, peut-être une pointe de haine. Tu réussis à t'échapper de l'habitation, te dégageant difficilement de son emprise sur toi. Tu pars en courant, sans aucune affaire. Simplement un sac que tu as pris au vol avant de t'enfuir, contenant tes nouveaux papiers américain. Tu choppes la première voiture prête à t'emmener à Washington, où tu es sûre de pouvoir trouver une solution sur le long terme.

(vingt) Depuis cette histoire, tu as trouvé un logement ou tu y vis seule, tu as toujours très peur que ta tante te retrouve et tente de nouveau de te tuer. Mais tu n'es pas prête à abandonner la vie, tu fais tout ton possible désormais pour oublier tes expériences passées, tu dois te ressaisir, trouver une nouvelle quête à ta vie. Tu peux enfin te permettre ça, grâce à tes parents, tu es désormais certaine d'une chose... Tu as étais aimée par des parents, fut un temps. Et même s'ils ne sont jamais venus te chercher à l'école, tu chéris les quelques photos retrouvées de vous, chez ta tante. Tu sais par ailleurs, qu'une partie de ta vie est là-bas, et qu'il faudra un jour, l'affronter pour connaître ton passé. Du moins, celui que tu ne connais pas, le véritable.