Keith Lovecraft † Maybe we have to break ourselves to make something better out of ourselves

Prologue
You're something beautiful

C'est parce que chaque être humain a un passé qu'il possède une histoire, une raison d'être tel qu'il est. Ainsi, la meilleur manière de connaître quelqu'un est de connaître ce qui le compose ; son environnement et son éducation, afin d'y découvrir une multitude de réponses.

Son père est très certainement l'homme que Keith considère le plus en tant que modèle. Duncan Lovecraft est pétri de grands principes qui élèvent l'opinion des pessimistes sur l'humanité, il prêche l'honnêteté et pourchasse la vérité contre vents et marées. Il en a d'ailleurs fait son métier : Journaliste. De ceux qui ne démordent jamais de leur objectif, qui ont du répondant et manient parfaitement la langue de Shakespeare à en faire pâlir les poètes. Une personne qui malgré les atrocités dont il a été témoin au cours de ses voyages reste d'une force mentale inébranlable, et d'un optimisme laissant perplexe. Toujours un sourire sur les lèvres et une lueur joueuse dans le regard qui n'est pas sans rappeler l'espièglerie qui s'efface souvent avec la triste réalité du temps. Mais pas chez lui. Car même après avoir bravé des escapades en terrains hostiles et y avoir vue chaos et désolation, il n'a jamais rapporté l'ombre de son métier dans son attitude envers sa famille. Pas une seule fois il n'a permit à ses émotions de prendre le pas sur la cohésion familiale dont il est le pilier central.

Sa mère est la plus belle représentation de ces personnalités naïves récurrentes des contes. Abigail affectionne la tranquillité et la sécurité bien plus que son époux ne peut aimer le goût du risque et l'adrénaline. Ses talents sont l'empathie et la patience, traits semblant gravés dans la nature même de son âme. Amoureuse des sciences, elle a suivie la trajectoire de sa sensibilité pour sauver des vies en devenant chirurgienne, se spécialisant dans la chirurgie reconstructrice. Elle a besoin du bonheur des autres pour construire le sien, et insuffler de l'espoir aux personnes meurtries remplit parfaitement cette nécessité. Alors aussi surprenante que puisse être cette voie quand on est de ces gens au cœur à vif, sa fragilité psychologique n'entrave pas son épanouissement. C'est la figure parfaite de la mère attentive et discrète qui personnifie les sentiments d'affection et de tendresse. Des grands yeux de biches qui propagent l'amour maternel accompagnés de ces sourires qui convaincs n'importe qui d'être l'être le plus important à son cœur. Elle est ces innombrables connexions qui soudent une famille de liens si bien tressés qu'ils en deviennent indécomposables.

Chapitre I
A contradiction
2 mai 1986

C'est la naissance tant attendue des parfaits jumeaux baptisés Heath et Keith. Beaucoup instinctivement viennent à chercher qui d'un jumeau ressemble le plus à l'autre. Sur un plan physique dissocier les deux aurait demandé un œil expert, tant leur similitudes étaient avérées. Dans la même lignée, faire de leur famille un tableau aurait été un challenge pour tout peintre souhaitant différencier efficacement les traits des frères.

Une fois que l'on se penchait sur le plan psychologique en revanche, il y avait pléthore à épingler. Heath a l'innocence sensible de leur génitrice. Celui avec la timidité presque dévorante qui a pour habitude de ne pas se faire remarquer, qui n'est jamais où il n'est pas supposé être. Sûrement qualifiable de prévisible grâce à sa nature disciplinée. On le trouve généralement sagement assit à dessiner des rêves qu'il compte bien exaucer plus tard. Le jumeau rabâche d'ailleurs qu'il voudrait devenir policier lorsqu'il sera adulte. Qu'il n'y a rien de mieux que de défendre les intérêts de chacun et de venir en aide à ceux qui en avaient besoin. Un peu comme être un héros et être un symbole de loi synonyme de sécurité. Très bien, Heath a toujours aussi été un peu fantaisiste.

Keith, l'aîné de quelques minutes a le mental d'acier de leur géniteur. Celui avec l'assurance indémontable qui n'est pas en mesure de tenir en place, passant son temps à jouer aux aventuriers. Il est tout ce qu'il y a de plus espiègle et aime 'tendre des pièges' à son frère et ses parents. Il va aussi parfois voler la feuille de dessin à Heath pour s'enfuir avec, proclamant qu'un flic doit avoir une bonne forme physique pour attraper les voleurs. Qu'il l'aide en lui faisant faire du sport et qu'il fallait y voir un entraînement. Keith aime particulièrement se faire passer pour son frère afin de voir allait être découvert, ça ou tout autre jeu d'interprétation. Il s'est révélé être un sacré acteur. Le gamin rebelle se vante de vouloir devenir écrivain ou acteur, de pouvoir exprimer sa vision et avoir une certaine reconnaissance. D'assumer n'importe quel rôle avec une perfection déconcertante et se faire passer pour la personne de son choix. Mais Keith a aussi le cœur de cristal de leur mère lorsqu'il s'agit de prendre soin de son entourage.

Pour que ces jumeaux obtiennent un nouveau membre à leur fratrie, il attendirent huit années que la petite sœur nommée Elizabeth pointe le bout de son nez. Et elle allait sans l'ombre d'un doute devenir un reflet aussi fidèle de sa mère qu'Heath l'était, à cela près qu'elle développerait également les mêmes traits féminins.

Chapitre II
I won't let you bury it
22 août 1995

Avez-vous déjà entendu durant votre enfance cette mélodie distincte qu'est la musique du camion de glace ? Keith et Heath eux, du haut de leur neuf ans, étaient plus qu'accoutumés au rituel d'été. À cette heure-ci, Abigail était en train de donner le bain à leur sœur ce qui les empêchaient de pouvoir la harceler jusqu'à ce qu'elle cède et les accompagne acheter une glace. Bien sûr c'était sans compter sur Keith :

« Mom s'occupe de 'Beth là, le camion sera parti bien avant qu'elle ai terminé. C'est de l'autre côté de la route, qu'est-ce qui pourrait arriver. Et en plus c'est pas comme si c'était la première fois.
- C'est pas une raison, Mom nous a déjà dit qu'on a pas le droit.
- C'est ce qui est aussi amusant. Elle s'inquiète trop. T'inquiètes je nous protégerai si de vilains monstres viennent nous attaquer. Et il prenait la pose en disant d'une manière théâtrale ; Si tu veux devenir un officier de police, tu ferais mieux de savoir quand il faut être brave.
- Si elle est fâchée je dirais que c'est toi.
- Je sais. »

À peine la rue traversée prudemment et le duo arrivé devant le précieux véhicule, ils n'eurent droit qu'à un sourire et une désagréable sensation de piqûre, un peu comme un vaccin, avant de perdre connaissance. Parfois forcer la vérité à éclater pouvait avoir des répercussions désastreuses lorsque l'on a un entourage, l'exposant à la dure évidence qu'il était aisément réduit en moyen de pression. En vue des sujets couverts par le journaliste Duncan Lovecraft, ce n'était pas une si grande surprise que d'en arriver à ce tournant. Malgré tout les efforts des équipes dépêchées sur cette affaire de kidnapping, il eut fallut un peu moins de trois mois pour que les deux jumeaux soient retrouvés.

9 novembre 1995

Pour la première fois depuis leur naissance les jumeaux étaient séparés. Dire que les conditions de vie étaient dures était un euphémisme et chaque frère ne pouvait que supposer que l'autre était gratifié d'un traitement identique. La première semaine les ravisseurs en venaient aux mains, potentiellement juste pour s'amuser compte tenu du fait que deux enfants ne pouvaient pas avoir d'informations exploitables quant au père journaliste. Mais rapidement, Keith fut surtout complètement ignoré et seul. L'une des pires choses sûrement, cette l'impression de ne pas exister pour qui que ce soit. Qu'il y ait aucune âme avec laquelle discuter. Simplement entendre une autre voix que la sienne ou sporadiquement celles des malfaiteurs. La peur de savoir comment allait Heath. Le temps infini à ruminer sur les conséquences de ses actes sans personne pour dire que son cheminement de pensées était néfaste et vicié. La malnutrition n'arrangeait rien, l'absence de fenêtre et plus généralement de lumière non plus. Juste quatre murs et un faisceau de lumière accordé par le dessous de l'unique porte mal ajustée à l'encadrement. De quoi avoir une idée des heures de journée et de nuit, bien qu'il avait vite finit par dormir peu et essentiellement de jour. Comprenez, c'était pour être certain que la brusque vague de lumière engendrée par l'ouverture de la porte le réveille lorsque ses tortionnaires daignaient lui rendre une sinistre visite.

Ce neuvième jour de novembre, pas que l'enfant ait tout à fait été certain de la date à l'époque, la réunification avait eut lieu. Alerté en pleine nuit par des coups de feu qui signalait le siège de la planque, Keith avait sans cérémonie été transféré de sa 'cellule' à celle de son frère. C'est également la date précise où il avait constaté des dégâts infligés à Heath. Il était si.. différent. Son jumeau l'ignorait, semblait amorphe. Il n'était qu'un enfant et n'était pas bardé de diplômes pour juger de ce genre de choses mais en croisant le regard de son frère, Keith avait été intimement convaincu de regarder quelqu'un qui n'avait que les traits du jumeau qu'il connaissait. La solitaire phrase qu'il lui avait offert n'avait fait qu'accentuer cet inconnu et nouveau sentiment insupportable de malaise ; « Tu nous as conduit ici. Tu ne peux pas te protéger comment tu veux me protéger moi ? » L'instant suivant, tandis qu'un ravisseur était venu pour finir le travail et les exécuter, Heath était resté aussi immobile qu'une statue dans la ligne de mire, et Keith s'était interposé littéralement bras grands ouverts sur la trajectoire directe. Il ne dût sa vie qu'aux forces d'interventions qui avaient exceptionnellement disposées d'un timing impeccable.

De cette expérience, Keith en retira la colère et la culpabilité, il avait été stupide et avait mit son frère dans cet état. Ironiquement, c'est aussi ce qui a partiellement dû lui permettre de tenir si bien psychologiquement cette période. Quelque part, il avait le sentiment qu'il avait mérité d'être puni pour l'erreur inconsciente qu'il avait commise, celle qui avait condamné son frère en même temps que lui. Heath n'aurait pas dû avoir à traverser ça. Il n'était certainement pas apte à supporter quelque chose de cet ampleur. Pas qu'un quelconque gamin soit censé en être capable, mais Keith avait toujours eut une armure protectrice que son jumeau n'avait jamais possédé. L'aîné se sentait comme un enfant prétentieux qui réalisait pour la première fois que maintenant qu'il avait cassé son jouet favori, rien ne pourrait le recoller et le rendre aussi parfait qu'il l'était à l'origine.

Chapitre III
I won't let you smother it
17 avril 2001

Bientôt ils allaient pouvoir fêter leur quinzième anniversaire. Au fil de ces six longues dernières années le diagnostique certifiant que Heath avait développé une deuxième personnalité devint irréfutable. Cela pouvait être quelques minutes, parfois plusieurs heures, mais le jumeau cédait indéniablement sa place aux commandes à quelqu'un d'autre. Une personnalité qui développa une obsession pour la petite sœur, et qui ne semblait pas apprécier Keith. Tandis que le jumeau admirait Keith le second corrompait cela en une Envie et une jalousie agressive, de celles qui mènent à la violence et aux manigances de mauvais augures. L'un se sentait protégé par lui et appréciait sa compagnie, l'autre avait l'impression de vivre dans son ombre dès qu'il était présent. Qu'il y avait Keith, une personne définie et immédiatement reconnue dès son arrivée, et son jumeau, qui le suivait. Pas un prénom. Au mieux, le jumeau de Keith. Dire que les deux aspects distincts de Heath étaient les deux faces d'une même pièce serait la plus saisissante des manières d'illustrer la chose. Imaginons autrement une maladie qui semble s'infiltrer par tout les pores de la peau tel un poison subtilement vicieux et indétectable. Lent, parfois latent.

Keith de son côté tentait de canaliser son frère et portait son temps libre comme son intérêt aux comportements humains et autres sujets traitant des afflictions le possédant. Il n'était pas envisageable de ne pas tout faire pour comprendre au mieux, de pouvoir adapter son accompagnement aux problèmes qui submergeaient son jumeau. Peu à peu depuis le kidnapping, l'aîné s'était mit en tête d'être Responsable de Heath ainsi que de ses moindres agissements. En conséquence dès son jeune âge, il tourna sa vie entière à être à-même de lui apporter le soutien qu'il lui fallait, tout et n'importe quoi pour le protéger. Le favoritisme de sa mère immanquable pour le frère troublé ne le faisait ciller, il savait que son jumeau avait légitimement davantage besoin d'attention que lui, et sous ce raisonnement, il était inutile de ressentir autre chose que de la compréhension. Leur diplôme fut obtenu avec deux années d'avance à l'âge de seize ans, Heath par le biais de cours à domicile depuis deux ans, Keith dans un cursus classique. Ses priorités étant restées inchangées, le meilleur moyen de suivre cette voie était ainsi d'étudier sous toutes ses formes les différentes approches concernant la psychologie et la psychiatrie. Son attrait pour l'hypnose naquit à la même période.

12 mai 2003

Voilà la date de la première tentative de suicide échouée de Heath, à dix-sept ans. Il jurait pouvoir sentir qu'il souhaitait, non, qu'il allait blesser d'autres personnes. Ou plutôt, l'autre en mourrait d'envie. De s'en prendre à ceux qui nouaient des liens avec leur précieuse sœur Elizabeth. Surtout, il voulait faire souffrir Keith, de toutes les manière possibles et imaginables. Et Heath n'était pas en mesure délibérément de supporter l'idée que son autre personnalité puisse en arriver à de telles extrémités. Il ne pourrait se le pardonner. Mais il avait fallut que Keith l'en empêche, qu'il le sauve, encore et toujours. Car même si petit à petit il devenait aussi dangereux pour lui-même que pour les autres, l'aîné ne pouvait accepter de lâcher prise sur son jumeau. Keith n'était pas assez dupe pour ne pas en avoir pleinement conscience ; Il savait et avait malgré tout décidé de ne rien changer à leur vie. Il ne pourrait jamais abandonner une fois de plus son frère, qu'importait les sacrifices qu'il aurait à faire. Un mois plus tard, la théorie du plus jeune de quelques minutes frappa dans le mile quand il avait tenté d'étrangler Keith dans son sommeil. Plusieurs incidents aux ampleurs différentes dévalaient naturellement afin que Keith soient sans arrêt condamné à arranger et corriger derrière lui, prenant souvent la faute sur son compte. Leur mère jugea néanmoins mieux de séparer les deux frères un temps, éloignant l'aîné sous le giron du paternel. Entre ses dix-sept et dix-huit ans, il accompagna ainsi son père en Irak seul.

Chapitre IV
I won't let you murder it
25 mai 2004

Les paysages de l'Irak ont finalement laissés leur place à ceux d'Italie après une année à principalement étudier et apprendre la langue du pays. Son paternel migrant jusqu'en Sicile pour son travail, Keith se retrouvait à Palerme la première année de sa majorité. Il logeait avec son père au centre de la ville proche de la cathédrale, migrant de place en place pour poursuivre ses études précoces dans des cadres agréables. Comme l'édifice religieux à deux pas, ou le parc Villa Bonanno, lieu où il rencontra une certaine demoiselle prénommée Lilith. Une jeune enfant à la crinière flamboyante. Étrangement ou non, ils ont eut l'occasion de passer du temps au même parc à de nombreuses reprise durant son temps en Italie. C'était d'oubliés et rares moments où puisqu'il n'était pas oppressé à surveiller son jumeau et sa sœur, qui étaient bien loin de lui, il pouvait se détendre et se souvenir d'un temps où tout était aussi innocent que l'enfant. Qu'elle ait neuf ans n'était bien sûr pas sans ajouter son pesant d'importance, lui rappelant que sa propre vie avait brusquement changée à cet âge exact. Elle avait aussi seulement un an d'écart avec Beth'. Ces petits moments de paix sont sans aucun doute parmi les meilleurs qu'il ait eut depuis sa jeune enfance. Enfin un temps où il n'était pas écrasé par le poids de la responsabilité qu'il s'est harnaché sur le dos. Quand elle lui parlait d'elle avec ses grands yeux expressifs, Keith savait pertinemment qu'elle mentait, mais il s'en moquait tout autant. Si c'était la personne qu'elle voulait clamer être, il ne la contredirait pas si elle n'acceptait pas d'en parler. Peut-être avec le temps.

De toutes leurs rencontres, jamais il n'avait parlé, vu ou ne serait-ce qu'aperçu ses parents et pourtant le jeune adulte était particulièrement bien placé pour savoir qu'à son âge, elle se devait d'être accompagnée, en toutes circonstances. Un détail supplémentaire qui ajoutait à son absence de mécontentement à lui tenir compagnie lors de ces entrevues. Duncan Lovecraft finit néanmoins par convier son fils aîné au départ lorsqu'il quitta la Sicile au bout d'un an, menant Keith à faire ses adieux avec une pointe de regret à la jeune Lilith, non sans lui offrir un petit présent ; Une montre à gousset montée en pendentif et customisée. De retour sur le sol Anglais, il entra finalement dans les forces de police à dix-neuf ans et ajouta également de front les études de médecine pour être Psychiatre et hypnothérapeute. Il ne déviait pas de son envie de devenir tout ce que son frère aurait voulu être, et plus encore s'il en était capable. À la majorité absolue de vingt-et-un ans, Keith acquit une confortable indépendance lorsqu'il se décida à louer une maison avec son jumeau, quittant le cocon familial sans en être éloigné pour autant.

13 septembre 2011

Heath et Keith ont maintenant vingt-cinq ans et le cadet tente par tous les moyens de lui nuire quand l'autre personnalité est aux commandes. Vivre sous le même toit ne facilitait alors clairement pas le quotidien du détective. Une fois, Heath était allé jusqu'à usurper son identité pour saboter sa position au sein des forces de police, frappant presque à mort un délinquant lors d'une altercation. Malgré tout suite à ça, et même si c'était contre ses principes naturels, Keith avait maintenu son poste en mentant et assumant la responsabilité, disant qu'un tel incident ne se reproduirait plus à l'avenir. Dans un tout autre domaine, son jumeau avait également couché à son insu avec sa petite amie de l'époque, celle qui devaient avoir eut la plus longue relation avec Keith jusqu'ici, près de quatre ans. La bulle de drame latente éclatée, soit deux mois après les faits, elle le quittait. Et elle n'avait eut de cesse de lui rabâcher les événements passés, au moins de leur temps partagé. L'évidence du comportement d'Heath, le déni de Keith. Puis elle finissait juste par dire que le jumeau l'effrayait trop, qu'elle ne se sentait pas suffisamment en sécurité quand Heath était avec elle sans lui.

« Bordel Keith mais t'es pas superman, tu n'es pas responsable de lui. Tu comptes te condamner toute ta vie comme ça ?
- Tant qu'il aura besoin de moi.
- Il n'a pas besoin de toi, il a tenté de te tuer et nous a nuit plus de fois que je ne suis probablement au courant !
- Tu sais très bien ce ça ce n'est pas lui.
- Je sais surtout que tu pourrais être celui qui a le plus besoin de lui, pas l'inverse. »

Il y avait bien eut un ultimatum : Si Keith refusait de trouver un toit où ils n'auraient pas à vivre avec Heath, danger constant à l'avis de la jeune femme, elle préférait partir. Il lui était inconcevable de pouvoir fonder une famille dans ces conditions, et c'était un projet qu'elle aurait aimé pouvoir considérer prochainement. En réponse lié par son devoir implacable, Keith n'avait pas pût se séparer de son frère et avait sacrifié sa vie sentimentale, sans démordre de ses positions car il était conscient qu'elle ne pourrait avoir une vie heureuse ainsi, bien que c'était quelque chose qu'elle méritait d'obtenir. Éternellement, le détective choisirait la voie de la responsabilité au lieu de celle portée sur le cœur.

9 décembre 2012

Aussi incongru que cela puisse être, il avait retrouvé Lilith tandis qu'elle travaillait à Londres. Lui qui ne l'avait pas vue depuis un certain nombre d'années et n'avait pas franchement eut l'occasion à ce temps-là de pouvoir garder réellement contact, c'était presque un miracle de replacer cette fille ici. Un agréable en tout cas. Il avait d’emblée reconnu les traits féminins de l'enfant, aujourd'hui plus proche d'un corps d'adulte que de celui qu'elle avait à leur dernière discutions. Et évidemment, il n'avait pas résisté pas à l'envie de l'aborder, pour ne pas dire simplement qu'il n'avait pas tenté, établissant un rendez-vous à l'avenir pour se voir et renouer le contact en bonne et due forme. L'innocence des retrouvailles avait cependant avortée quand elle avait voulue l'embrasser. Pas qu'elle n'ait pas d'arguments valides pour convaincre de se laisser faire, il avait reculé pour de multiples raisons. La plus évidente était qu'il y avait ce sentiment de trahison. Elle voulait agir si intimement avec lui alors qu'elle continuait de lui mentir comme une arracheuse de dents, ça crevait les yeux. Visiblement il ne méritait pas de savoir la véritable vie qu'elle avait vécue. Il n'était pas aveugle, il savait au fond quelle personne c'était, il avait uniquement eut envie qu'elle lui raconte l'histoire qui l'avait amenée à être la personne qu'elle était aujourd'hui. Mais non. Sans compter qu'elle n'était pas même majeure. Et, évidemment, il y avait son frère jumeau dont il s'occupait et qui était on-ne-peut-plus déterminé à faire de sa vie un enfer. En vérité, vouloir entretenir une quelconque relation aurait été idyllique et fantasque ; Keith n'aurait jamais le temps nécessaire qu'il voudrait accorder à une femme pour la rendre heureuse, il était trop profondément absorbé par Heath. Au moins, Keith avait l'honnêteté et la maturité de voir les choses de manière réaliste. Alors elle était partie et avait tout bonnement disparue de la circulation. Le membre de forces de l'ordre avait fait le chemin jusqu'à son lieu de travail plusieurs fois. Apparemment, il n'avait pas même un au-revoir digne de ce nom.

Chapire V
You will squeeze the life out of me
8 novembre 2014

Pour la énième et ultime fois, Keith était réquisitionné et n'avait d'autre choix censé -selon lui- que que de revenir en urgence à son domicile, abandonnant son travail à peine son appel téléphonique achevé. Son retour au bureau à la nuit tombée s'était donc soldé d'un supérieur qui lui remontait de nouveau les bretelles dans un discours peu plaisant à l'ouïe, appuyant douloureusement que même avec un parcours comme le sien, ce n'était pas une attitude acceptable pour un tel emploi. N'ayant aucune issue logique et crédible il avait finit par se rendre à l'évidence ; Son ambition et sa volonté, aussi puissante puissent-elles être ne seraient jamais suffisantes pour effectivement accomplir son métier comme il le fallait. Une poignée de jours plus tard, il démissionnait de son poste de détective au sein du CID, sachant que la situation avait peu de chances d'évoluer positivement dans un futur proche qui soit un tantinet plausible. Dès lors, il porta son attention sur l'idée d'ouvrir son cabinet de psychiatre à son compte à domicile, afin d'à la fois conserver un emploi stable et de toujours garder un œil sur son jumeau. Rien de tel que de se trouver sur le lieu de vie d'Heath pour avoir la conscience tranquille. Il avait bien passé des années à étudier et perdre ses rares nuits de véritables repos pour obtenir ces diplômes brillamment, les laisser prendre la poussière officiellement plus longtemps aurait été un gâchis.

29 janvier 2015

Une date inoubliable où les jumeaux approchent des vingt-neuf ans, leur sœur Elizabeth ayant vingt-et-un ans. Lors d'un dîner festif et favorable aux fières annonces, Beth' et son petit-ami annoncent d'heureuses fiançailles prochaines qui éveillent les mauvaises tendances du jumeau. Et il n'en fallait pas davantage pour qu'Heath s'en prenne au fiancé. Le chanceux innocent n'eut qu'une vilaine ecchymose avant que Keith ne l'évacue pour tenter de raisonner son frère dans une atmosphère moins électrique. Rêve utopique menant exclusivement à un pugilat entre deux membres d'une même famille. Heath jumeau tente même d'utiliser l'arme à feu de son grand frère contre lui et Keith refuse en réponse de rétorquer physiquement malgré la menace de mort impossible à ignorer. Puis au fil des secondes et du discours, à entendre son jumeau lui répéter la phrase de leur enfance en captivité, Keith en vient à lâcher petit à petit prise. Visiblement et progressivement, tels les maigres grains d'un sablier effritant son temps paisiblement. Après tout, Heath avait raison, peut-être qu'à défaut de le lui apporter par sa présence à ses côtés, sa mort permettrait à son jumeau de retrouver un équilibre.

« On ne sera jamais libre tant que tu existes. Mais si tu disparais Heath saura qu'il n'a besoin de personne pour le protéger.
- Ce n'est pas l'avis d'Heath.
- Tu sais les autres peuvent être dupés mais au fond nous connaissons la vérité tout les deux ; On est pareils. Quelqu'un de normal ne serait jamais revenu intact de ce qu'on a vécu, Heath y a sans l'ombre d'un doute laissé des morceaux.
- C'est faux.
- Ah ? Et sur quelle figure de bravoure tu crois qu'il s'est basé pour que je vienne squatter sa cervelle ?
- Je ne te cr..
- Tu as toujours eu un comique faible pour la violence, ou toute sorte de rébellion. Ta carrière chez les flics, uniquement pour faire croire que tu étais l'exemplaire héros qui sacrifierait tout pour le bonheur de sa famille. Ça ne pourrait pas être plus éloigné de la vérité ; Tu es juste incapable d'être bon si tu n'as pas le contrôle total sur ton entourage. C'est juste de la peur et de l'égoïsme malveillant puisque tu ne veux pas sauver ton jumeau, tu ne peux juste pas perdre l'emprise que tu as et devoir vivre sans lui. »

La seconde d'après, la sœur s'est précipitée vers l'arme de poing et pressa la détente contre la tempe du jeune jumeau. L'hémoglobine éclaboussa chaleureusement et largement le visage de l'aîné, le corps inerte du frère lui coupant une respiration déjà suspendue sous le choc visuel et auditif. L'espace d'un clignement de paupières il s'est sentit étourdit, puis la réalité du drame et l'adrénaline avaient tirés ses pieds sur Terre, forçant violemment à reprendre ses esprits et s'occuper de Beth'. Ne voulant pas qu'un traumatisme la transforme en un autre reflet désastreusement torturé et la connaissant aussi sensible que lui comme leur mère, il en vint à l'hypnotiser pour altérer un faible détail ; Elle s'est précipitée pour tenter de les arrêter et Keith n'a pas eut d'autres choix pour sauver sa vie que de tuer son jumeau d'une balle dans la tête.

Suite à l'événement Abigail se renferma complètement sur elle, accusant et blâmant Keith, lui qui savait peut-être mieux que quiconque encore que le jumeau était malade. Il n'aurait jamais dût avoir recours à un tel acte abject et irréversible. En résumé, dorénavant dans l'incapacité de supporter la présence de son fils restant, elle le dévisageait avec un malsain mélange de haine et d'étouffante tristesse.

« Me soutenir ? Comment pourrais-tu me soutenir ? Je .. Je ne peux pas supporter de te voir en face de moi ou d'entendre ta voix. »

Trois mois après l'enterrement d'Heath, Keith finit par prendre la décision de laisser derrière lui sa chère ville natale de Londres, bien qu'Elizabeth resta en Angleterre auprès de leur mère Abigail.

Épilogue
Our time is running out
1 juillet 2017

Le frère restant qu'est Keith a fêté ses trente-et-un étés. Bien que certains faits se soient honteusement tassés derrière deux trop courtes -ou trop longues ?- années à vivre avec ce vide intérieur que représentait le décès d'Heath, d'autres n'ont eut de cesse d'évoluer. Nombreux sont ceux qui se qualifient eux ou leur entourage comme mélancoliques, mais il n'y avait sûrement qu'une maigre poignée à l'utiliser à bon escient. La génitrice Abigail à titre d'exemple était empreinte d'une intense, profonde et vertigineuse mélancolie. Une qui semblait modifier jusqu'au code génétique de la personne pour lui inculquer des sentiments destructeurs, sans forcément toujours avoir recours à l'agitation, la violence était connue pour pouvoir être subtile, invisible et insidieuse. Deux ans et demi après la mort du jumeau, la triste continuité des choses a voulue que la mère qui ne pouvait plus supporter ne serait-ce que la vue de Keith finit par mettre fin à ses jours en laissant une lettre. C'était le tableau classique de la femme qui en venait à taillader plus que de raison verticalement les tendres chaires de ses poignées pour se permettre un dernière voyage relaxant depuis le fond de sa baignoire où l'eau était parfaitement tiède et agréable. Dans sa lettre, elle s'excusait, car elle savait qu'elle s'était conduite seule jusqu'au dénouement de cette histoire, que personne n'était à blâmer hormis elle. Elle avait franchie la ligne entre amour et haine, maudissant son fils puisqu'il avait juré de protéger Heath, elle avait ce sentiment de reproche qui la rongeait, cet acide corrosif qui tendait à lui faire croire à l'illusion que Keith aurait échoué à plusieurs reprises. Et en parallèle il y avait ces rayons éclatant de lucidité qui la transperçait de temps à autres ; Une part d'elle savait son raisonnement faux et rien ne pouvait atténuer le dégoût qu'elle nourrissait pour sa propre personne. En tant que mère, c'était son travail d'être capable d'aimer et soutenir comme elle le devrait son fils. Mais fatalement, c'était un effort et une épreuve devenue insurmontables depuis le drame.

25 mai 2019

Nous en arrivons enfin à cette date butoir qu'est le présent, où il est âgé de trente-trois ans. L'ancien détective est parvenu à poser solidement ses bagages à Washington depuis quatre années, son cabinet de psychiatre ayant un carnet de clients suffisamment important pour qu'il n'ai pas à s'inquiéter de l'avenir de cette micro entreprise, au contraire. Aussi, il est relativement fréquent de le voir travailler de garde à l'hôpital, de jour ou de nuit suivant les besoins. Démarche qui avait dans un premier temps contribué à étoffer sa clientèle, avant qu'il ne finisse par simplement poursuivre son quota établi et ses coup de mains lorsque le service était surchargé.